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29/11/2005

Nouvelles Mœurs et catholicisme : relisons "Marianne"

Pourquoi l’Eglise romaine serait-elle obligée de dire comme tout le monde ?


 

 

Les mentalités d’aujourd’hui avaient été choquées (à juste titre) en découvrant que des prêtres homosexuels s’étaient livrés à des actes pédophiles. 

En 2005, le Vatican demande aux directeurs de séminaires de ne pas accepter d’homosexuels comme candidats à la prêtrise : et voilà que les mentalités d’aujourd’hui sont de nouveau choquées, cette fois dans l’autre sens ! L’incohérence marque notre époque.

Relisons plutôt ce que Marianne, hebdomadaire parfaitement laïque, écrivait en avril 2005 à propos des Nouvelles Mœurs en général  :

«  La civilisation n’aurait strictement rien à gagner à ce que ne résonne plus, depuis le Vatican, une voix qui condamne la marchandisation de l’amour, la mercantilisation du sexe,  l’envahissement pornographique, la prostitution des cœurs,  la dissolution de la famille, l’automatisation et la matérialisation des rapports entre personnes, la livraison de toutes les valeurs au seul impératif de la rentabilité du capital, la culture de la jouissance, l’hédonisme triomphant…

…Que veut-on ? Un pape qui normaliserait le divorce, justifierait l’homosexualité, banaliserait l’avortement. C’est-à-dire qui se transformerait en leader social-démocrate branché, un de plus. Mais dont le libéralisme « relativiste » pourrait, du même coup, s’appliquer au domaine économique et social… 

…Pourquoi faudrait-il que l’Eglise renonce à toutes ses différences, se laïcise elle aussi, et qu’on lui intime en quelque sorte l’ordre de penser en tout point, en toute manière, exactement comme nous  ?  Allons plus loin : pour devenir vraiment moderne, le pape ne devrait-il pas renoncer à croire en Dieu ? »

 

Ajout du 15 décembre - Une lettre du Québec

D'un médecin québécois (soins palliatifs aux cancéreux en phase terminale, après avoir été spécialisé dans les soins aux sidéens) :

<< C'est avec joie et intérêt que j'ai lu votre livre Benoît XVI et le plan de Dieu. J'ai enfin pu mettre un visage humain sur ce grand personnage qu'est Joseph Ratzinger devenu Benoîit XVI, et je tenais à vous en remercier. Je dois vous avouer quie j'ai éprouvé un moment d'hésitation lorsqu'on a annoncé le nom du nouveau pape, mais je me suis rapidement ressaisi en me disant que ce choix ne pouvait qu'être inspiré par l'Esprit Saint. Votre livre situe bien, non seulement la personne de Benoît XVI, mais également les enjeux de l'Eglise face à notre époque. Cela m'a rassuré de me sentir syntone en tout point avec votre perception -et naturellement celle de l'Eglise- de ces enjeux.

En 1986, suite à la Lettre pastorale aux évêques de l'Eglise catholique sur la condition homonsexuelle, j'avais rédigé une critique sévère de cette lettre pastorale. J'avais alors acheminé cette critique au cardinal Ratzinger, ainsi qu'à mon évêque de l'époque, Mgr Maurice Couture, archevêque de Québec. Naturellement, il n'y eut aucun suivi à cette missive. J'oeuvrais alors auprès des personnes sidéennes à titre de médecin. En 1993, après lecture de Veritatis Splendor et étude de cette encyclique dans le cadre de mes études en théologie, j'ai fait une relecture de la lettre pastorale de 1986. J'ai alors rédigé un amendement de ma critique et acheminé cette mise au point aux même destinataires. Ce fut une grande consolation pour moi de recevoir une lettre d'encouragement du cardinal Ratzinger par l'intermédiaire du nonce apostolique, ainsi que de Mgr Couture. Je viens de terminer la lecture du dernier livre de Tony Anatrella, Le règne de Narcisse. Cet ouvrage mérite également d'être connu, car il situe bien plusieurs enjeux abordés dans votre livre. Malheureusement, les médias ne sont pas ouverts à cette vision de la réalité.

Votre livre se termine sur une note d'optimisme face aux défis à relever et cela m'a plu. J'ai commandé plusieurs exemplaires de votre ouvrage afin de l'offrir en présent à l'occasion des Fêtes. Oeuvrant maintenant en soins palliatifs auprès des personnes en phase terminale de cancer, je suis confronté aux requêtes d'euthanasie. Cet enjeu rejoint ma souffrance spirituelle qui est de constater que la richesse de la foi chrétienne échappe à nombre de mes contemporains. Quel dommage !>>

Commentaires

> Il me semble que ce qui choque, c'est l'idée que l'on puisse attribuer majoritairement la pédophilie aux homosexuels. Je n'ai aucune stat à ce sujet. Et vous ?

Et puis, comment savoir s'il est plus difficile à certains homosexuels, particulièrement sensible à leurs désirs de les contrôler qu'à certains hétéros, pas tellement moins enclins au "badinage" ?

On s'interroge d'autant plus après les déclarations de l'Abbé Pierre... même si, bien sûr, les déclarations d'un seul prêtre ne sauraient traduire la réalité de la vie de tant d'autres prêtres, pour la seule raison qu'il fait partie des"français préférés des français"...

Car, après tout, homosexuel ou non, tant qu'il reste chaste, le prêtre est fidèle au sacrement reçu.

J'imagine que l'Eglise a pu observer d'autres comportements (cf le billet de René Poujol, du Pélerin : http://phosphore.typepad.com/renepoujol/2005/11/prtre_et_homose.html ) qui justifient sa précaution.

Pour le reste de votre billet, je suis très sensible au propos développé chez Marianne (d'ailleurs, vous m'en excuserez, je l'espère, mais je vous pique la citation), assez surprenant compte tenu de l'hebodmadaire, mais à mettre à son crédit.

Écrit par : koz | 04/12/2005

> Tout à fait d'accord avec Koz, je suis choqué de lire ici le parallèle établi entre homosexualité et pédophilie. C'est navrant.

Pour le reste, encore d'accord : il me semble que l'abstinence est inhumaine et source des dysfonctionnements de l'Eglise sur le plan des moeurs. Ce qui vaut autant pour un homosexuel que pour un hétérosexuel.

Jeter l'anathème sur les homosexuels est compréhensible du point de vue de l'Eglise, réactionnaire ou, au mieux, conservatrice. Mais laisser croire que les homosexuels sont plus à l'origine des actes pédophiles que les hétérosexuels, c'est nauséabond.

On en attendait pas moins de Benoit 16, pape réputé archaïque. Que peut-on espérer de l'Eglise, sinon qu'elle poursuive le meilleur de JP II, l'oecuménisme par exemple, la lutte contre le totalitarisme aussi.

Ecrit par : Praxis | 05.12.2005



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[Réponse de P.P. à Praxis et Koz, en les remerciant de leur attention et de leurs réflexions :

Rome ne fait pas d'amalgame général entre homosexualité et pédophilie. Son problème était particulier et très "ciblé" : dans le clergé, presque TOUS les problèmes de pédophilie ont été de type homosexuel... Obligée d'y remédier, et sachant (par l'expérience des années 1980) qu'un grand nombre des homosexuels entrant au séminaire avaient des tendances pédophiles, l'Eglise avait-elle un autre moyen que de dissuader les homosexuels d'entrer dans les séminaires ?

D'autre part : si vous lisez le document en question, et tous les passages de textes du Vatican parlant de l'homosexualité, vous y trouverez un respect des personnes, un sens des nuances - et une absence de discrimination "homophobe" - qui vous étonneront. Prendre connaissance des textes originaux vaut mieux que de croire les médias ! ]
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Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Praxis | 05/12/2005

> La polémiquette sur les séminaristes n'est vraiment bonne qu'à faire vivre les médias de masse. Repris sur la radio belge (RTBF), le sujet était traité en deux temps : 1) l'Eglise a sorti un texte bla bla bla, 2) écoutons avec respect le témoignage de untel, responsable d'une association de chrétiens homosexuels qui va nous dire son indignation.
No comment.

Écrit par : Renaud | 05/12/2005

> De Koz à P.P. : merci de votre réponse. C'est entre autres cela qui fait un bon blog.

Soyez certain que je n'ai pas d'a priori contre l'Eglise. TRES loin de là. J'ai juste le souci de comprendre pour pouvoir, à mon tour, argumenter.

Il est certain que, au-delà des débats théoriques, si la pratique démontre qu'une grande majorité des cas de pédophilie provenait de prêtres homosexuels, alors la décision est valable. Surtout dans la mesure où l'on peut difficilement s'enquérir des "tendances pédophiles" des candidats...

Écrit par : koz | 05/12/2005

> Praxis nous dit : "Pour le reste, encore d'accord : il me semble que l'abstinence est inhumaine et source des dysfonctionnements de l'Eglise sur le plan des moeurs.".

Il s'agit là dun arguement bien faible qui ne s'élève pas au-dessus de la pensée relativiste de la société.

Le problème ne vient pas de là : regardez les Evêques et les Cardinaux, ils sont très bien dans leur peau.
Mieux, tous ceux qui rencontrent des moines sont étonné de rencontrer des gens aussi épanouïs.

Pour l'Eglise "conservatrice" : où avez-vous vu ou lu de manière officielle (de la part de l'Eglise) qu'elle avait décidé de moderniser ses points de vues et de changer son discours ? L'Eglise actuelle reste dans la grande Tradition bimillénaire de son existence, Tradition vivante certes qui fait que la forme du message donné peut légèrement évoluer mais pas le fond et si il y a évolution, il n'y aura jamais révolution. Donc oui l'Eglise est conservatrice sur le fond et une grande partie de la forme, et en même temps elle est progressive car elle est dans le monde et que ce dernier évolue. Donc elle continue à apporter des réponses nouvelles aux questions nouvelles.

UdP,
Bob

Écrit par : Bob | 07/12/2005

> J'ai lu les textes originaux (catéchismes etc) et j'émettrai une réserve. Il y a une différence énorme entre respecter en théorie la personne et les faits. Le respect, pour être réel, passe nécessairement par une volonté de comprendre l'autre, d'aller vers l'autre. La fameuse parabole sur le samaritain est très parlante: il ne suffit de considérer l'autre comme son prochain, il faut se considérer le prochain de l'autre. Nuance de taille.
Revenons à l'homosexualité vue par l'Eglise. Comme le souligne le regretté X. Thevenot, c'est un sujet extrêmement complexe dont on ne peut se contenter d'une définition qui clôt l e sujet; fut-ce "charitable". Ce qui me gène, c'est qu'elle est trop "passive" sur ce sujet et donc court le risque important de tenir les homosexuels, dans les faits, comme des "étrangers" et non comme des chrétiens au même titre que les autres. Elle refuse de les écouter. Certes "les gays" sont outranciers mais j'estime que les homosexuels ont des choses à dire.
Enfin, pour la pédophilie au sein du clergé. Je n'ai pas le temps de m'attarder mais il faut distinguer viol et homosexualité. On peut violer un homme ou un garçon et être "hétéro" (cf ce qui se passe en prison.), on peut violer un enfant et ne pas être pédophile. Le pédophile, c'est celui qui porte un attachement malsain et quasi-exclusif envers l'enfant (cf le chanteur Jackson). Le pédophile type, c'est le monsieur qui va en Asie pour pouvoir se taper des gosses. Le violeur, lui, viole ce qui est "le plus disponible".
D'après des statistiques, il y a la même proportion de violeurs quelque soit l'orientation sexuelle. Bien sûr si au sein du clergé, il y proportionnellement plus d'homosexuels, le viol homosexuel est plus élevé. Bref, l'homosexualité dans les séminaires est à mon humble avis un faux problème. Le vrai problème, c'est la solitude des prêtres et la négligence des évêques.

Écrit par : Etienne | 07/12/2005

> Je souscris à votre analyse même si je pense que ce type de communication ne mérite pas une communication aussi large et devrait rester un document adressé aux séminaristes eux-mêmes et à leurs évêques, souvent confrontés à des discernements difficiles dans un contexte peu favorable aux vocations.
Sur un sujet proche et non moins délicat, j'en profite pour vous recommander le livre d'un ami, X. Lacroix aux Editions Bayard :
La confusion des genres
Réponses à certaines demandes homosexuelles sur le mariage et l'adoption

Sur un sujet aussi sensible que les relations familiales s'expriment aujourd'hui des revendications inédites. Le droit envisage un statut pour la vie commune entre partenaires de même sexe sur le modèle de la fondation d'une famille par un homme et une femme. " Époux " pourrait bientôt ne plus renvoyer à " Épouse ". Avec les avancées des techniques de procréation, " parents " ne signifierait plus " père et mère ", et l'on se demande s'il est nécessaire que le " père " soit de sexe masculin. Que des situations complexes existent est une chose. Qu'à cause d'elles la définition de la famille doive être modifiée en est une autre. Toute différence est souvent dénoncée comme " discrimination " et la confusion s'installe entre les places, les genres et les mots. Sur des questions passionnelles, si souvent livrées à la pression médiatique ou idéologique, ces pages visent à offrir des outils d'analyse, pour favoriser un débat raisonné. Elles suggèrent des concepts et des critères de jugement en un domaine où les points d'ancrage pour une argumentation objective sont parfois difficiles à trouver pour les non-spécialistes.

Cet ouvrage comporte trois chapitres :

* - Chapitre I : Le terme " homoparentalité a-t-il un sens ? -
* - Chapitre II : Sur le " mariage " homosexuel -
* - Chapitre III : Argumentaire : réponses à quelques arguments courants en faveur de l'adoption homosexuelle.
152 pages 9,80 euros

Écrit par : Claude H. | 17/12/2005

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