Banlieues, intégration : la France en panne morale, et la leçon de John Sentamu

La France échoue à "intégrer" ses fils d'immigrés, nés français : parce qu'elle est moralement en panne...

(Ci-contre : l'archevêque anglican d'York, J. Sentamu)

 

 

La France et le reste de la "vieille Europe" sont en déficit démographique irréversible. Un continent sans enfants est un appel à l'immigration des peuples jeunes : c'est le simple mouvement de la vie, depuis l'aube des temps.

Les fils et filles d'immigrés sont français, puisqu'ils sont nés en France.

Mais qu'a-t-on fait pour que ces enfants-là aient envie de voir la France comme une famille ouverte, une histoire et un avenir dont ils désireraient faire partie  - et  non comme un hypermarché gardé par des vigiles ? Rien. 

Au contraire : les médias s'ingénient à faire passer l'histoire de France pour quelque chose d'assez méprisable et qui se résumerait à "un lourd passé". Un exemple de cet acharnement fut donné à France Inter pendant les émeutes : un journaliste poussait Azouz Begag à dire que les jeunes incendiaient les banlieues pour protester contre "le passé colonial de la France" ; Begag répliquait qu'au lieu de dire ça, on ferait mieux de donner aux jeunes des raisons d'aimer ce pays. 

Des raisons de coeur et d'esprit, en plus des raisons économiques et sociales...

Tant que la classe politico-médiatique n'élargira pas sa conscience jusqu'à comprendre cela, son attitude n'aboutira qu'à mettre de l'huile sur le feu. 

P.P.

 

ps/ Je développe cette interrogation dans ma chronique des Signes des temps, dans le Spectacle du Monde de décembre.

 

>  ps2 - ajout du 23 novembre / Sur la question centrale de l'intégration  - vue de Londres -, lire le remarquable article sur l'archevêque Sentamu, dans le journal Le Monde daté de ce jour. Extraits :

<< La dernière en date des critiques contre ce modèle [NDLR : le "multiculturalisme" communautariste] émane d'un  personnage influent et respecté, d'origine ougandaise, John Sentamu, archevêque d'York, et numéro deux de l'Eglise anglicane. Dans un entretien au Times, publié mardi 22 novembre, il attaque vivement le multiculturalisme (...) [Celui-ci, explique-t-il] est un concept qui a échoué à montrer ce que recouvre le fait d'être Anglais : "L'Angleterre est la culture dans laquelle j'ai vécu, et que j'aime. Mes enseignants étaient Anglais. C'est la culture que j'ai connue en grandissant". L'archevêque d'York, nommé en juin à ce poste, et qui sera officiellement intronisé le 30 novembre, estime que les Anglais devraient avoir une opinion plus favorable de leur identité et de leur Histoire : "Je parle en tant qu'étranger. Les Anglais sont embarrassés à propos  de certaines des bonnes choses qu'ils ont faites. Ils ont fait des choses terribles, mais l'Empire n'était pas totalement une mauvaise idée."

John Sentamu conseille aux Anglais, par exemple, de célébrer leur fête nationale le 23 avril, jour de la St George. L'échec à renouer avec leur identité ne fera, selon lui, qu'alimenter l'extrémisme. Le dignitaire anglican n'aime pas le mot "tolérance", qui implique que les communautés se contentent de "se supporter". il préfère le mot "magnanimité", qui renvoie à une compréhension et une aide mutuelle.

[A propos des banlieues françaises, l'archevêque anglo-ougandais a déclaré] : "Ce que la France n'a pas fait, c'est de faire sentir à tous ceux qui vivent chez elle qu'ils en font vraiment partie. Ils parlent français, mais ils savent qu'ils ne sont pas Français."  >>

Merci au prélat anglican : il a tout dit.  

(Détail, qui concerne la traduction par Le Monde : si l'on tient compte du contexte du raisonnement de Mgr Sentamu, sa dernière phrase a plutôt le sens de : "...mais ils ne se sentent pas Français.")

 

>  ps 3, ajout du 12 décembre - Ne pas manquer l'entretien de Gaston Kelman :  http://www.linternaute.com/sortir/auteurs/gaston-kelman/g...