Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : mont saint-michel

La mort zappée : la société libérale-libertaire rompt avec la culture chrétienne et avec 60 000 ans d'humanité

Civilisations et christianisme face à la "barbarie douce" :


L'une des premières sépultures connues en Europe remonte à 60 000 ans : c'est celle de La-Chapelle-aux-Saints (Lot), découverte en 1908. Les archéologues y découvrirent le squelette d'un homme d'une cinquantaine d'années, inhumé dans une fosse et selon un rite : dépôt de fleurs et d'outils de pierre, traces d'ocre rouge. Les fouilles du mont Carmel (1931) et surtout celles de Shanidar (1960) confirmèrent l'existence de rites funéraires néandertaliens : litière végétale, fleurs en grande quantité, restes d'animaux... Découverte en 1954, la sépulture du Regourdou en Dordogne est encore plus ancienne (70 000 ans) et plus explicite : la tombe était couverte d'une dalle de pierre.

Dès l'aube de l'humanité a ainsi émergé la pensée symbolique, qui exprime la différence fondamentale entre l'homme et les autres animaux. Toutes les cultures en sont nées.

L'abandon accéléré de tout rite funéraire, dans l'Occident du XXIe siècle, est donc un symptôme sans précédent : aucune société ne l'avait présenté avant la nôtre. C'est une véritable rupture d'avec toute civilisation. Une régression vers le pré-humain.

Un livre récent* analyse le boom de la crémation en France (déjà 32 % des décès, et sans doute 50 % dans une dizaine d'années) : ce n'est qu'une façon d'effacer le mort et cela n'a rien à voir, par exemple, avec la crémation japonaise issue du rite shinto et portant un contenu symbolico-rituel. Les incinérations à la française n'expriment souvent que du nihilisme. Elles peuvent s'accompagner de « dernières volontés » effarantes, comme de faire disperser les cendres sur la pelouse du crématoire : donc les vouer à toutes les dégradations possibles de la part des animaux ou des machines. Que des personnes veuillent finir ainsi, en dit long sur la prostration mentale où mène le matérialisme mercantile.

La plupart de ceux qui veulent être incinérés ne vont pas jusqu'à vouloir l'abjection pour leurs restes : ils comptent que les cendres, contenues dans une urne, seront remises à leur famille. Qu'en fera celle-ci ? La perte du sens des rites et l'absence de législation (autre signe des temps : la société ne reconnaît plus les symboles) font que les urnes peuvent être traitées n'importe comment, oubliées derrière des livres ou finir au grenier... ou au vide-grenier, constate Damien Le Guay dans son livre.

D'où vient ce mépris du funéraire ?

du désir inconscient d'oublier que nous deviendrons vieux et que nous mourrons : tare intolérable dans une société qui tourne le dos aux non-consommateurs (le nouveau-né et le vieillard) au point de s'en débarrasser ;

du désir conscient de ne pas coûter d'argent (funérailles) à notre famille, voire de ne pas occuper de façon improductive un espace (le caveau) dans l'agglomération urbaine.

La société matérialiste mercantile approuve tacitement ces deux désirs... qu'elle nous infuse. Elle approuve tacitement aussi l'euthanasie, qui libère des lits d'hôpitaux et remédie au déficit de la sécurité sociale, comme on le voit en Belgique et aux Pays-Bas.

D'où mon désaccord avec le sociologue Jean-Pierre Le Goff, qui accuse « l'écologisme »** d'être la cause du déni actuel de la mort : selon lui – et toute la droite baptisée par oxymore « libérale-conservatrice » –, « l'écologisme » nous aurait persuadés que l'homme n'est qu'un animal comme les autres, d'où son mépris pour ses propres funérailles. Je ne sais ce que dit « l'écologisme » (ni s'il existe ailleurs que dans la tête des libéraux-conservateurs), mais je sais que l'écologie réelle invoque la responsabilité de l'homme (s'il est le responsable de la planète il n'est pas un animal comme les autres) ; qu'elle respecte les cultures authentiques ; et qu'elle critique le boom marchandisé de la crémation. Exemple d'analyse écologique :

«  Entre 1975 et 2004, la proportion des crémations aux Etats-Unis est passée de 6 à 31%. Aujourd’hui il y a plus de 1 800 crématoires dans le pays, et 200 nouvelles installations sont construites chaque année. Ces installations nécessitent de l’énergie, en l’occurrence des carburants fossiles, et le procédé d’incinération dégage des dioxines et du mercure (jusqu’à 6 grammes par corps). L’Agence américaine de protection de l’environnement estime que les crématoires émettent 145 kilogrammes de mercure par année (essentiellement des plombages dentaires) mais des défenseurs de l’environnement affirment que le chiffre exact pourrait atteindre trois tonnes... »

L'industrie de la crémation, et les épouvantables techniques nouvelles proposées – très cher – pour se débarrasser des morts, sont un nouveau business de masse. Ce business peut pousser l'imposture jusqu'à se réclamer de l'écologie (avec autant de crédibilité que l'industrie automobile ou les multinationales de l'eau). C'est donc contre le marketing de masse que Le Goff devrait se retourner, au lieu d'accuser les écologistes... L'écologie réelle lutte contre la tyrannie de l'économique, qui nie le sens de la vie en niant les dimensions spirituelles et culturelles de l'homme.

Et qu'en disent les croyants ? L'un des premiers Pères de l'Eglise, le Grec smyrniote Irénée (deuxième évêque de Lyon entre les années 177 et 202), souligne que « sans l'Esprit de Dieu, la chair est morte » : celui qui n'a pas en lui l'Esprit est mort dans sa chair pour le Royaume éternel, alors que Dieu a créé l'homme pour qu'il « devienne Dieu », semant en lui un germe d'immortalité – corps et âme – qui va éclore grâce à la Résurrection de Jésus Christ. Le théologien Irénée explique cela dans un traité intitulé Adversus Haereses, « Contre les hérésies », et destiné à réfuter la grande hérésie des premiers siècles : la Gnose, mélange de christianisme et de paganisme néo-platonicien. Les gnostiques ont de l'esprit une autre idée que la Grande Eglise : pour eux, seule compte la psychè ; le corps n'est qu'une prison pour l'esprit qui doit s'en libérer. C'est l'inverse de la foi chrétienne, qui promet l'éternité glorieuse à l'homme tout entier, âme et corps ressuscité dans le sillage du Christ. Et c'est l'aspect le plus mystérieux de la panne de foi actuelle en Europe : une partie des chrétiens retourne à l'attitude de la Gnose antique.

Mais ceux qui gardent la foi des Apôtres savent que Dieu ressuscitera l'homme entier, corps et âme inséparablement. Cette foi n'est pas un fétichisme autour de restes décomposés et disparus, mais une confiance dans le Créateur. La résurrection commencera à partir de l'homme, et entraînera la transfiguration du monde. « Viens, Seigneur Jésus. ...» (Apocalypse, épilogue, v. 20).

 

_________

* La mort en cendres – la crémation aujourd'hui, que faut-il en penser ? (Cerf).

** Attention, mot piégé : les libéraux qui l'emploient font semblant de distinguer entre : a) on ne sait quelle pure « écologie » idéale, concept impalpable qu'ils feignent d'approuver en théorie ; b) un terrible « écologisme », qui « remplace aujourd'hui le communisme », qu'il faut « donc » combattre, et auquel ils amalgament toutes les luttes concrètes pour l'environnement. Ces partisans d'une écologie non écologiste vous expliquent qu'il faut forer partout pour pomper le gaz de schiste, et que toute critique du système économique rouvrirait les goulags.

 

 Le débat sur Radio Notre-Dame :

 http://radionotredame.net/emission/le-debat-de-la-semaine/02-11-2012/

 

 

Lire la suite

JMJ : l'homélie de Benoît XVI hier soir (texte intégral)

Aéroport Cuatro Vientos de Madrid, samedi 20 août 2011 :

VEILLÉE DE PRIÈRE AVEC LES JEUNES


J’adresse un salut à tous, et particulièrement aux jeunes qui m’ont posé leurs questions et je les remercie de la sincérité avec laquelle ils ont exprimé des inquiétudes qui, d’une certaine manière, traduisent votre aspiration unanime à faire quelque chose de grand dans votre vie, quelque chose qui vous donne le bonheur en plénitude.

Mais comment un jeune peut-il être fidèle à la foi chrétienne et vivre en cherchant à atteindre de grands idéaux dans la société actuelle ?

Dans l’évangile que nous avons écouté, Jésus nous donne une réponse à cette question importante : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour » (Jn 15, 9).

Oui, chers amis, Dieu nous aime. Telle est la grande vérité de notre vie, celle qui donne sens à tout le reste.

Nous ne sommes pas le fruit du hasard ou de l’irrationnel, mais, à l’origine de notre existence, il y a un projet d’amour de Dieu.

Demeurer dans son amour, c’est vivre enraciné dans la foi, parce que la foi n’est pas la simple acceptation de vérités abstraites, mais une relation intime avec le Christ qui nous amène à ouvrir notre cœur à ce mystère d’amour et à vivre comme des personnes qui se savent aimées de Dieu.

Si vous demeurez dans l’amour du Christ, enracinés dans la foi, vous rencontrerez, même au milieu des contradictions et des souffrances, la source de la joie et de l’allégresse. La foi ne s’oppose pas à vos idéaux les plus élevés ; au contraire, elle les exalte et les porte à leur perfection.

Chers jeunes, ne vous conformez pas à moins qu’à la Vérité et à l’Amour, ne vous conformez pas à moins qu’au Christ.

C’est précisément maintenant, au moment où la culture relativiste dominante refuse et déprécie la recherche de la vérité – la plus haute aspiration de l’esprit humain –, que nous devons proposer avec courage et humilité la valeur [1] universelle du Christ comme sauveur de tous les hommes et source d’espérance pour notre vie.

Lui, qui a pris sur lui nos afflictions, connaît bien le mystère de la douleur humaine et montre sa présence aimante à tous ceux qui souffrent.

Ceux-ci, à leur tour, unis à la passion du Christ, participent de plus près à son œuvre de rédemption. En outre, notre attention désintéressée envers les malades et les personnes dans le besoin sera toujours un témoignage humble et silencieux du visage de la compassion de Dieu.

Chers amis, qu’aucune adversité ne vous paralyse. N’ayez pas peur du monde, ni de l’avenir, ni de votre faiblesse. Le Seigneur vous a donné de vivre en ce moment de l’histoire, pour que, grâce à votre foi, son Nom retentisse sur toute la terre.

En cette veillée de prière, je vous invite à demander à Dieu de vous aider à découvrir votre vocation dans la société et dans l’Église, et à persévérer en elle avec joie et fidélité. Il vaut la peine de sentir en nous-mêmes l’appel du Christ et de suivre avec courage et générosité le chemin qu’il nous propose.

Le Seigneur appelle beaucoup d’entre vous au mariage, où un homme et une femme, en ne formant qu’une seule chair (cf. Gn 2, 24), se réalisent en une profonde vie de communion. C’est un horizon tout à la fois lumineux et exigeant, un projet d’amour véritable qui se renouvelle et s’approfondit chaque jour par le partage des joies et des difficultés, et qui se caractérise par une offrande de la personne tout entière. C’est pourquoi reconnaître la beauté et la bonté du mariage, c’est être conscient du fait que seul un contexte de fidélité et d’indissolubilité ainsi que d’ouverture au don divin de la vie est en accord avec la grandeur et la dignité de l’amour des époux.

À d’autres, en revanche, le Christ lance un appel à le suivre de plus près dans le sacerdoce et la vie consacrée. Que c’est beau de savoir que Jésus te cherche, te fais confiance et, avec sa voix reconnaissable entre toutes, te dit aussi à toi : « Suis-moi » (cf. Mc 2, 14).

Chers jeunes, pour découvrir et suivre fidèlement la forme de vie à laquelle le Seigneur appelle chacun, il est indispensable de demeurer dans son amour comme des amis.

Or, comment se conserve l’amitié sinon par la fréquence des rencontres, la conversation, le fait d’être ensemble et de partager les joies et les peines ? Sainte Thérèse de Jésus [*] disait que la prière consistait à « parler de l’amitié en étant bien souvent seuls pour parler avec celui dont nous savons qu’il nous aime » (cf. Le livre de la vie, 8).

Je vous invite encore à demeurer maintenant dans l’adoration du Christ réellement présent dans l’Eucharistie, à dialoguer avec Lui, à Lui exposer vos questions et à L’écouter.

Chers amis, je prie pour vous de tout cœur ; je vous supplie de prier aussi pour moi. En cette nuit, demandons au Seigneur qu’attirés par la beauté de son amour, nous vivions toujours fidèlement comme ses disciples. Amen.

Salutation en français

Chers jeunes francophones, soyez fiers d’avoir reçu le don de la foi, c’est elle qui illuminera votre vie à chaque instant. Appuyez-vous sur la foi de vos proches, sur la foi de l’Église ! Par la foi, nous sommes fondés dans le Christ. Retrouvez-vous avec d’autres pour l’approfondir, fréquentez l’Eucharistie, mystère de la foi par excellence. Le Christ seul peut répondre aux aspirations que vous portez en vous. Laissez-vous saisir par Dieu pour que votre présence dans l’Église lui donne un élan nouveau !

Salutation en anglais

Chers jeunes, en ces moments de silence devant le Saint Sacrement, tournons notre esprit et notre cœur vers Jésus-Christ, le Seigneur de nos vies et de notre avenir. Puisse-t-il répandre son Esprit sur nous et sur l’Église tout entière afin que nous devenions un phare de liberté, de réconciliation et de paix pour le monde entier.

Salutation en allemand

Chers jeunes chrétiens de langue allemande ! Au fond de nos cœurs, nous désirons ce qui est grand et beau dans la vie. Ne laissez pas tomber dans le vide vos vœux et vos désirs, mais rendez-les fermes en Jésus Christ. Lui-même est le fondement qui porte, et le point de référence sûr pour une vie en plénitude.

Salutation en italien

Je me tourne maintenant vers les jeunes de langue italienne. Chers amis, cette veillée restera comme une expérience inoubliable de votre vie. Gardez la flamme que Dieu a allumée cette nuit en vos cœurs : faites en sorte qu’elle ne s’éteigne pas ! Alimentez-la chaque jour, partagez-la avec les compagnons de votre âge qui vivent dans la nuit et cherchent une lumière pour leur chemin. Merci ! Au revoir et à demain matin !

Salutation en portugais

Chers amis, j’invite chacun et chacune de vous à nouer un dialogue personnel avec le Christ, en Lui exposant vos propres doutes et surtout en l’écoutant. Le Seigneur est ici et vous appelle ! Jeunes amis, cela vaut la peine d’écouter au fond de nous la Parole de Jésus et de marcher sur ses pas. Demandez au Seigneur de vous aider à découvrir votre vocation dans la vie et dans l’Église, et à y persévérer avec joie et fidélité, sachant qu’Il ne vous abandonne jamais et qu’il ne trahit jamais. Il est avec nous jusqu’à la fin du monde.

Salutation en polonais

Chers jeunes amis venus de Pologne, notre veillée de prière est traversée par la présence du Christ. Sûrs de son amour, approchez-vous de Lui avec la flamme de votre foi. Il vous remplira de Sa vie. Construisez votre vie sur le Christ et sur son Évangile. Je vous bénis de tout cœur.

Chers jeunes, Avant de vous laisser, je désire vous souhaiter à tous une bonne nuit. Reposez-vous bien. Merci pour le sacrifice que vous êtes en train de faire, et je ne doute pas que vous l’offrirez généreusement au Seigneur. Si Dieu le veut, nous nous verrons demain pour la célébration eucharistique. Je vous attends tous ! Merci beaucoup.

 

 

_________

[1]  Ici le mot "valeur" a un sens transcendant, sans aucun équivalent : le Christ transvalue toute la vie humaine. (Il ne s'agit donc pas "des valeurs" au sens relativiste de l'idéologie d'aujourd'hui).

[2]  Sainte Thérèse d'Avila, Oeuvres complètes, DDB.

-

Lire la suite

Vietnam : les autorités catholiques soutiennent les manifestations de prière des paroissiens de Thai Ha

Manifestation_catholique_a_Ha_Noi[1].jpgNous recevons ce message de Hanoï :

< Manifestation catholique à Hanoï.

 

>

<< Deux hautes personnalités religieuses viennent d'apporter publiquement leur soutien aux manifestations pacifiques de la paroisse de Thai Ha, à Hanoi, en prière et en lutte pour la récupération d'une propriété d'Eglise accaparée par une entreprise soutenue par l'Etat. Ces manifestations, dont les premières avaient eu lieu au tout début de l'année, ont, en effet, pris un nouveau tournant et ont redoublé d'intensité au cours du mois d'août devant l'obstination du gouvernement à nier la réalité des faits. Tour à tour, l'archevêque de Hanoi, Mgr Joseph Ngô Qiang Kiêt, en voyage aux Etats-Unis, et le P. Vincent Pham Trung Thanh, supérieur provincial de la congrégation des rédemptoristes (religieux en charge de la paroisse concernée), ont exprimé leur communion avec le mouvement engagé par les paroissiens et ont sollicité la solidarité des chrétiens du Vietnam avec cette lutte.

 

Répondant, le 22 août dernier, à une lettre du curé de la paroisse de Thai Ha l'informant des résultats décevants d'une rencontre entre les responsables de la paroisse et les responsables civils d'un arrondissement de Hanoi, l'archevêque de la capitale a proclamé sa « communion profonde » avec le mouvement de prières des pasteurs et du peuple chrétien de Thai Ha. Il prie pour que justice leur soit rendue et appelle les chrétiens à communier avec eux (1). La lecture de cette lettre à l'issue des cinq messes, célébrées le dimanche 24 août, dans la paroisse en question, a provoqué de longs applaudissements et a été suivie de cinq processions de prière sur le terrain revendiqué par la paroisse, devenu, depuis le 15 août dernier, un lieu de culte marial.

 

Le 24 août, une autre lettre, signée du P. Vincent Pham Trung Thanh , supérieur de la province vietnamienne des rédemptoristes, était diffusée sur Internet. Ce texte, destiné aux membres de la congrégation, après avoir exposé en détail l'historique et les raisons de la lutte pacifique des paroissiens et rapporté les faits les plus récents (3), appelle tous les religieux vietnamiens à se mobiliser et à se montrer solidaires de la lutte des paroissiens de Thai Ha. Le supérieur leur demande de sensibiliser leur entourage à cette cause et de diffuser la version authentique des faits que la presse officielle ainsi que les déclarations des autorités civiles ont totalement déformés. Le religieux, annonce qu'une célébration eucharistique sera organisée à l'église Notre-Dame du Perpétuel Secours, à Saigon, le 28 août, en union avec la paroisse de Thai Ha.

 

Ce soutien des autorités religieuses fait suite à la nouvelle tournure prise par les manifestations à la veille de la fête de l'Assomption. Jusque-là, les processions de prière se déroulant quotidiennement devant le terrain paroissial accaparé, les réclamations et les plaintes adressées aux autorités n'avaient pas émoussé l'obstination du gouvernement. Au contraire, le 30 juin et le 2 juillet dernier, les autorités de Hanoi avaient de nouveau repoussé les revendications de la communauté catholique, accusée de violer la loi et de troubler l'ordre public. Dans la nuit du 13 au 14 août dernier, les paroissiens ont transporté une statue de la Vierge à l'intérieur du terrain actuellement accaparé par l'entreprise Chien Thang protégée par le gouvernement. Le lendemain, on ne notait aucune réaction des forces de l'ordre alors que les fidèles se réunissaient autour de la Vierge pour prier. Le jour de l'Assomption, les paroissiens ouvraient un passage dans le mur de clôture vers l'intérieur du terrain et y apportait en procession une grande croix et une autre statue de la Vierge, plus grande.

 

Dans les jours qui ont suivi, en particulier à partir du 19 août, alors que de nombreux chrétiens participaient aux prières de la paroisse, la chaîne de télévision de Hanoi, un certain nombre de journaux, parmi lesquels le Ha Noi Moi, le Lao Dông (organe du syndicat), l'An Ninh Thu Do (organe de la Sûreté de la capitale), ainsi que le Nhân Dân (organe du parti communiste vietnamien), ont livré au public une version particulièrement orientée de l'affaire, niant les droits de la communauté catholique sur le terrain réclamé et l'accusant de violer la loi. De leur côté, les responsables de la paroisse de Thai Ha, dans des rapports envoyés aux autorités religieuses et des comptes-rendus adressés aux responsables civils, affirmaient leur droit et rétablissaient la version des faits mis à mal par les médias officiels. C'est à ce même type de confrontation qu'a donnée lieu la rencontre qui a eu lieu le 22 août entre les prêtres accompagnés de quelques laïcs de la paroisse de Thai Ha, et les représentants du Comité populaire de l'arrondissement Dong Da de Hanoi. Un long monologue du président du Comité populaire a repris la version des faits et les accusations déjà diffusées par la presse officielle. Même si les prêtres présents ont eu l'occasion de réfuter les arguments de leur interlocuteur, aucun dialogue véritable n'a pu avoir lieu (4). >>

 

_____

(1)  La lettre de l'archevêque de Hanoi a été publiée en vietnamien par VietCatholic News, le 23 août.

(2)  La lettre du provincial des rédemptoristes a été mise en ligne sur le site Cong Giao Vietnam.

(3)  La lettre du provincial reprend une grande partie du rapport publié le 18 août précédent par le curé de la paroisse de Thai Ha. La photocopie de ce rapport a été diffusée par VietCatholic News.

(4)  Le compte-rendu de cette rencontre a été envoyé à l'archevêque de Hanoi et publié par VietCatholic News, le 23 août.

 

 

 

> 

 

  www.viettan.org/article.php3?id_article=5126. 

 

<<  19. 01. 2008 : La tension monte entre l’Eglise et les autorités

 <<  Le 11 janvier 2008, la mairie de Hanoi a écrit à l’archevêque Ngo Quang Kiet pour demander aux catholiques de cesser les veillées de prières tenues quasi quotidiennement depuis près d’un mois. Les catholiques réclament la restitution de plusieurs bâtiments appartenant à l’Eglise Vietnamienne et saisis dans les années 1950 et 1970.

Mi-décembre, l’archevêque de Hanoi, Mgr Ngo Quang Kiet, a demandé à ses paroissiens de prier pour la restitution des biens de l’Eglise vietnamienne saisis par les autorités. Les premières veillées de prière ont commencé le 18 décembre 2007 à Hanoi devant l’ancienne nonciature apostolique (ambassade du Vatican). Le 6 janvier 2008, un autre rassemblement s’est déroulé à Ha Dong devant un ancien presbytère transformé en mairie dans les années 70 et inutilisé depuis un an. Une autre veillée de prière se tient à Thai Ha devant une ancienne bâtisse de l’Eglise vietnamienne saisie dans les années 50 et transformée en usine. L’usine est en cours de démolition et les autorités locales veulent revendre le terrain aux investisseurs étrangers.

Dans sa lettre, Mme Ngo Thi Thanh Hang, maire-adjointe de Hanoi, accuse l’Eglise vietnamienne de "profiter de la liberté religieuse pour soulever des protestations contre le gouvernement".  Elle demande aux dirigeants catholiques de faire cesser les "activités illégales " et autres actions défiant l’état vietnamien. Elle ajoute : "Ces activités perturbent l’ordre public, nuisent aux relations entre l’état et l’Eglise vietnamienne et donnent une mauvaise image de la communauté catholique vietnamienne." Les rassemblements ont donné "un prétexte aux personnes malintentionnées pour semer la discorde et empêchent l’amélioration des relations entre le Vietnam et le Vatican."

Dans sa réponse écrite du 14 janvier, Mgr Ngo Quang Kiet affirme que "si les catholiques de Hanoi n’ont d’autres choix que de prier pacifiquement pour attirer l’attention du gouvernement sur les injustices dont l’Eglise vietnamienne est victime", c’est parce que "leurs plaintes sont restées lettre morte". L’archevêque de Hanoi ajoute qu’il ne cédera pas devant les pressions de la mairie et les veillées de prières continueront jusqu’à ce que justice soit rendue.

Mgr Paul Nguyen Van Hoa, évêque de Ban Me Thuot et ancien président de la conférence épiscopale du Vietnam, Mgr Francis Nguyen Van Sang, évêque de Thai Binh, Mgr Joseph Vu Van Thien, évêque de Hai Phong, et Mgr Joseph Ngoc Ngan, évêque de Lang Son ont publié des déclarations écrites exprimant leur solidarité et soutien aux catholiques de Hanoi.

 Par ailleurs, l’archidiocèse de Saigon a rendu public une lettre du cardinal-archevêque Pham Minh Man, archevêque de Saigon, datant du 17 décembre 2007 et destinée au gouvernement vietnamien. Le 16 novembre 2007, le gouvernement a envoyé une lettre officielle au cardinal-archevêque Pham Minh Man, en réponse à une demande dont il a fait en 2004 pour la restitution d’un bâtiment qui hébergeait les missionnaires étrangers et sur le point d’être vendu par lot à des acquéreurs privés. Dans sa lettre au gouvernement vietnamien, Mgr Pham Minh Man fait part de son "choc sur les raisons du refus de sa requête mais aussi du délai de la réponse".  En effet, il a fallu trois à l’administration pour envoyer une réponse écrite tenant sur 5 lignes.

Le bâtiment réclamé par l’archevêché de Saigon se situe au n° 11 rue Nguyen Du. C’était la résidence des Missions Etrangères de Paris jusqu’en 1976, date à laquelle le gouvernement vietnamien a expulsé les derniers prêtres étrangers et confisqué le bâtiment. >>

 

 

 

Lire la suite

Le pape aux ambassadeurs : un discours à lire intégralement !

sala stampa.jpg



..et non dans les versions tronquées :



 

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES VŒUX DU
CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉ PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Lundi 7 janvier 2013

[Vidéo]

 

 

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de vous accueillir, comme au début de chaque nouvelle année, distingués membres du corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, pour vous adresser mes salutations et mes vœux personnels, que j’étends volontiers aux chères nations que vous représentez, les assurant de mon souvenir constant et de ma prière. Je suis particulièrement reconnaissant au doyen, l’ambassadeur Alejandro Valladares Lanza, et au vice-doyen, l’ambassadeur Jean-Claude Michel, pour les paroles déférentes qu’ils m’ont adressées au nom de vous tous. De manière spéciale, je désire ensuite saluer ceux qui prennent part pour la première fois à cette rencontre. Votre présence est un signe significatif et apprécié des rapports fructueux que, dans le monde entier, l’Église catholique entretient avec les autorités civiles. Il s’agit d’un dialogue qui a à cœur le bien intégral, spirituel et matériel, de chaque homme, et cherche à en promouvoir partout la dignité transcendante. Comme je l’ai rappelé dans mon Allocution à l’occasion du dernier Consistoire ordinaire public pour la création de nouveaux Cardinaux, « l’Église, depuis ses origines, est orientée kat’holon, c’est-à-dire qu’elle embrasse tout l’univers » et avec lui chaque peuple, chaque culture et chaque tradition. Cette “orientation” ne représente pas une ingérence dans la vie des diverses sociétés, mais elle sert plutôt à illuminer la conscience droite de leurs citoyens et à les inviter à travailler pour le bien de chaque personne et pour le progrès du genre humain. C’est dans cette perspective, et pour favoriser une collaboration fructueuse entre l’Église et l’État au service du bien commun, que l’année dernière, ont été signés des accords bilatéraux entre le Saint-Siège et le Burundi ainsi qu’avec la Guinée Équatoriale, et que celui avec le Monténégro a été ratifié. Dans le même esprit, le Saint-Siège participe aux travaux de diverses organisations et institutions internationales. À ce propos, je suis heureux qu’au mois de décembre dernier sa demande pour devenir observateur extrarégional dans le système d’intégration de l’Amérique centrale ait été accueillie, en raison aussi de la contribution que l’Église catholique offre dans plusieurs secteurs des sociétés de cette région. Les visites de divers chefs d’État et de gouvernement que j’ai reçues au cours de l’année écoulée, comme aussi les inoubliables voyages apostoliques que j’ai effectués au Mexique, à Cuba et au Liban, ont été des occasions privilégiées pour raffermir l’engagement civique des chrétiens de ces pays ainsi que pour promouvoir la dignité de la personne humaine et les fondements de la paix.

En ce lieu, il m’est également agréable de mentionner le précieux travail accompli par les représentants pontificaux, dans un dialogue constant avec vos gouvernements. Je désire rappeler en particulier l’estime dont a joui Monseigneur Ambrose Madtha, nonce apostolique en Côte d’Ivoire, qui a péri tragiquement, il y a un mois, dans un accident de la route, avec le chauffeur qui l’accompagnait.

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

L’évangile de Luc relate que, dans la nuit de Noël, les bergers entendent les chœurs angéliques qui glorifient Dieu et invoquent la paix sur l’humanité. L’évangéliste souligne ainsi l’étroite relation entre Dieu et le désir ardent de l’homme de tous les temps de connaître la vérité, de pratiquer la justice et de vivre dans la paix (cf. Jean XXIII, Pacem in terris : AAS 55 [1963], 257). Aujourd’hui, on est quelquefois amené à penser que la vérité, la justice et la paix sont des utopies et qu’elles s’excluent mutuellement. Connaître la vérité semble impossible et les efforts pour l’affirmer semblent souvent aboutir à la violence. D’autre part, selon une conception désormais diffuse, l’engagement pour la paix ne consiste que dans la recherche de compromis qui garantissent la cohabitation entre les peuples ou entre les citoyens à l’intérieur d’une nation. Dans l’optique chrétienne, au contraire, il existe un lien intime entre la glorification de Dieu et la paix des hommes sur la terre, si bien que la paix ne vient pas d’un simple effort humain, mais participe de l’amour même de Dieu. Et c’est justement l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence. En effet, quand on cesse de se référer à une vérité objective et transcendante, comment est-il possible de réaliser un dialogue authentique ? Dans ce cas, comment peut-on éviter que la violence, déclarée ou cachée, ne devienne la règle dernière des rapports humains ? En réalité, sans une ouverture transcendante, l’homme devient facilement la proie du relativisme et, ensuite, il réussit difficilement à agir selon la justice et à s’engager pour la paix.

Aux manifestations de l’oubli de Dieu on peut associer celles dues à l’ignorance de son vrai visage, qui est la cause d’un fanatisme pernicieux de matrice religieuse, qui, en 2012 aussi, a fait des victimes dans certains pays, ici représentés. Comme je l’ai déjà dit, il s’agit d’une falsification de la religion elle-même, alors que celle-ci, au contraire, vise à réconcilier l’homme avec Dieu, à éclairer et à purifier les consciences et à rendre clair que chaque homme est image du Créateur.

Donc, si la glorification de Dieu et la paix sur la terre sont étroitement liées entre elles, il apparaît évident que la paix est, en même temps, don de Dieu et tâche de l’homme, parce qu’elle exige sa réponse libre et consciente. Pour ce motif, j’ai voulu intituler le Message annuel pour la Journée mondiale de la Paix  [1] : Heureux les artisans de paix. C’est avant tout aux autorités civiles et politiques qu’incombe la grave responsabilité d’œuvrer pour la paix. Elles sont les premières à être appelées à résoudre les nombreux conflits qui continuent d’ensanglanter l’humanité, à commencer par cette région privilégiée dans le dessein de Dieu qu’est le Moyen Orient. Je pense d’abord à la Syrie, déchirée par des massacres incessants et théâtre d’effroyables souffrances parmi la population civile. Je renouvelle mon appel afin que les armes soient déposées et que prévale le plus tôt possible un dialogue constructif pour mettre fin à un conflit qui ne connaîtra pas de vainqueurs, mais seulement des vaincus, s’il perdure, ne laissant derrière lui qu’un champ de ruines. Permettez-moi, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, de vous demander de continuer à sensibiliser vos autorités, afin que soient fournies de façon urgente les aides indispensables pour affronter la grave situation humanitaire.

Je regarde ensuite avec une vive attention vers la Terre Sainte. Suite à la reconnaissance de la Palestine comme État observateur non membre des Nations Unies, je renouvelle le souhait que, avec le soutien de la communauté internationale, Israéliens et Palestiniens s’engagent pour une cohabitation pacifique dans le cadre de deux États souverains, où le respect de la justice et des aspirations légitimes des deux peuples sera préservé et garanti. Jérusalem, deviens ce que ton nom signifie ! Cité de la paix et non de la division ; prophétie du Royaume de Dieu et non message d’instabilité et d’opposition !

Tournant ensuite ma pensée vers la chère population irakienne, je souhaite qu’elle parcoure le chemin de la réconciliation, pour arriver à la stabilité désirée.

Au Liban – où, au mois de septembre dernier, j’ai rencontré ses diverses réalités constitutives – que la pluralité des traditions religieuses soit cultivée par tous comme une vraie richesse pour le pays, comme aussi pour toute la région, et que les chrétiens offrent un témoignage efficace pour la construction d’un avenir de paix avec tous les hommes de bonne volonté !

En Afrique du Nord aussi, la collaboration de toutes les composantes de la société est prioritaire et, à chacune d’elles doit être garantie la pleine citoyenneté, la liberté de professer publiquement sa religion et la possibilité de contribuer au bien commun. J’assure tous les Égyptiens de ma proximité et de ma prière, en cette période où se mettent en place de nouvelles institutions.

Tournant le regard vers l’Afrique subsaharienne, j’encourage les efforts pour construire la paix, surtout là où demeurent ouvertes les plaies des guerres et là où pèsent de graves conséquences humanitaires. Je pense particulièrement à la région de la Corne de l’Afrique, comme aussi à l’est de la République démocratique du Congo, où les violences se sont ravivées, obligeant de nombreuses personnes à abandonner leurs maisons, leurs familles et leur cadre de vie. En même temps, je ne peux passer sous silence d’autres menaces qui se profilent à l’horizon. À intervalles réguliers, le Nigéria est le théâtre d’attentats terroristes qui font des victimes, surtout parmi les fidèles chrétiens réunis en prière, comme si la haine voulait transformer des temples de prière et de paix en autant de centres de peur et de division. J’ai ressenti une grande tristesse en apprenant que, même dans les jours où nous célébrions Noël, des chrétiens ont été tués d’une façon barbare. Le Mali est aussi déchiré par la violence et il est marqué par une profonde crise institutionnelle et sociale, qui doit susciter une attention efficace de la part de la communauté internationale. En République centrafricaine, je souhaite que les pourparlers annoncés pour les jours qui viennent ramènent la stabilité et épargnent à la population de revivre les affres de la guerre civile.

La construction de la paix passe toujours de nouveau par la protection de l’homme et de ses droits fondamentaux. Cette tâche, même si elle est menée avec des modalités et une intensité diverses, interpelle tous les pays et doit constamment être inspirée par la dignité transcendante de la personne humaine et par les principes inscrits dans sa nature. Parmi ceux-ci figu

Lire la suite

Polarisé sur l'extrême droite, Valls devrait aller à Riga

 140316-LatviaRigaFascistMarch-StoptheMarch16March-01.jpg

M. Valls était hier en Pologne, pour tonner que "l'extrême droite monte partout en Europe".  Il ne croyait pas si bien dire :

 

...S'il avait eu le temps de prendre un vol Varsovie-Riga et d'attendre cinq jours, il aurait vu la plus extrême des extrêmes droites : une extrême droite vintage, avec traçabilité jusqu'en 1941. L'atmosphère est en effet spéciale en Lettonie, pays de 2 millions d'habitants dont trois cent mille russophones, nés là, mais auxquels on refuse le droit du sol... et contre lesquels les « nationalistes » lettons sont en campagne de provocation permanente. Or on trouve cette info dans Libération de ce matin, alors même que les troupes américaines se déploient en Lettonie :

<< Prochaine date marquée par un feu clignotant : le défilé annuel du 16 mars des anciens de la légion lettone de la Waffen-SS, considérés par les nationalistes lettons, malgré leurs crimes, comme des combattants pour l'indépendance du pays. >>

Le 16 mars 2014, cette commémoration annuelle réunissait encore 1500 alte Kameraden entourés de militants. Ceux-ci sont aussi virulents (et aussi authentiques) dans les Pays baltes qu'en Ukraine ; à ce degré on ne trouve rien de comparable en Europe occidentale. Car les trois pays baltes sont membres de l'UE, contrairement à l'Ukraine...

 

Le site Histoire et société publie ce témoignage :

 

<< Au sein des trois pays baltes, la situation est très préoccupante. Les gouvernements de ces pays, tout en maintenant un discours officiel qui tente de mettre sur un même plan communisme et nazisme […], traitent les vétérans nazis comme des « combattants pour la liberté », comme certains ministres ont osé les définir.

Ainsi, l’Estonie est devenue le lieu habituel de réunion des vétérans nazis des Waffen-SS avec l’appui du gouvernement, qui envoie également des messages de salutations aux participants et qui trouve dans le ministre de la Défense un de ses principaux propagandistes. Après des années de défilés, initiatives et rassemblements exaltant le nazisme, en 2004, apparaît la nouvelle dans la presse internationale sur l’intention d’ériger un monument pour les SS en Estonie et pour les vétérans de la 20ème division Waffen SS Grenadier 1/Estonie, qui ont collaboré avec les nazis et qui continuent à organiser librement des réunions dans le pays. Il ne s’agit pas de petits groupes isolés: 60 à 70 000 Estoniens ont rejoint les détachements nazis, combattant aux côtés de l’Allemagne d’Hitler.

A Sinimäe, où eut lieu la principale bataille entre l’armée allemande et les troupes soviétiques pendant la deuxième guerre mondiale, se rassemblent habituellement chaque année plusieurs centaines de personnes, accompagnées des autorités locales et des vétérans nazis de Lettonie, Lituanie, Danemark et d’Autriche ainsi que d’anciens membres des Waffen-SS, défilant sous les drapeaux nazis. Une de leurs revendications est que soit érigé un monument à Tallinn, la capitale estonienne, pour les vétérans de la « Seconde guerre de libération », comme ils appellent leur participation aux côtés des nazis pendant la guerre. Après 1945, nombre de ces nazis ont continué à combattre l’Armée rouge dans des guérillas qui eurent le soutien de la CIA américaine et des services secrets britanniques, jusqu’à leur disparition dans les années Cinquante. Les livres de Mart Laar (qui fut premier ministre de l’Estonie et actuel ministre de la Défense) comme La légion estonienne et Le Soldat estonien pendant la seconde guerre mondiale, dans lequel il conserve la mémoire et défend les agissements de ces hommes rangés aux côtés des nazis, sont habituellement vendus dans ces initiatives de propagande fasciste, sous la protection officielle du gouvernement estonien.

Autour de ces initiatives nazies, prolifèrent d’autres initiatives. Des groupes musicaux comme Untsakad ont publié des disques avec des chants nazis estoniens et en 2008 toutes les bibliothèques du pays offraient un calendrier avec des dizaines d’affiches de propagande de la 20ème division Waffen-SS. En dépit des protestations des citoyens de gauche, des groupes démocratiques et antifascistes, le gouvernement a continué à tolérer et protéger les activités nazies qui s’étendent aux pays voisins. A Helsinki, profitant d’une exposition annuelle promouvant les produits estoniens, sont souvent vendus des t-shirts glorifiant la légion estonienne des SS et des opuscules de guerre avec des appels à la guerre contre la Russie et à la destruction de Moscou. Le Comité anti-fasciste d’Estonie, qui cherche à limiter la diffusion des idées nazies, dénonce la justification dans ce pays des crimes contre l’humanité commis par les membres estoniens de la Waffen-SS.

[…] En outre, on célèbre chaque année la « Marche d’Erna », en mémoire du bataillon spécial des Waffen-SS, avec un nom qui rappelle le parcours menant de Tallinn à une ancienne base militaire nazie, sur près de 150 kms. Sous prétexte de réaliser un événement sportif, la marche est une glorification du nazisme et des actions de la Légion estonienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Le soutien du gouvernement est allé tellement loin que la 17ème marche, en 2010, a été ouverte par l’ancien ministre de la Défense, Jaak Aaviksoo. Elle se déroule depuis 18 ans.

[…] Le soutien non-dissimulé du gouvernement estonien à ces manifestations va jusqu’à les annoncer sur les pages web des organismes officiels, dans une tentative de faire des héros à partir des criminels d’hier.  [...]

 En Lettonie, officiellement se déroule chaque 16 mars un hommage à la Légion lettone des Waffen-SS : initiative créée en 1994, peu après la chute de l’URSS. La légion lettone, qui a rassemblé jusqu’à 100 000 hommes, a participé au siège nazi de Leningrad qui a tué plus d’1 million de citoyens soviétiques. […] A Lestene, se trouve un monument en hommage aux nazis lettons, qui a été inauguré par des ministres du gouvernement et par des organisations comme Daugavas Vanagi qui soutiennent ouvertement les parades nazies. Daugavas Vanagi (« Faucons de Daugava ») est une organisation créée en Belgique en 1945 pour aider les prisonniers nazis lettons et qui a des bureaux aux Etats-Unis, Canada, Australie et dans d’autres pays où elle continue à être épaulée par des groupes de jeunes aux tenues paramilitaires.

La parade actuelle de la Légion Waffen-SS a été interdite par le conseil municipal de Riga, mais les juges ont abrogé leur décision, recevant le soutien du président du pays jusqu’en 2011, Valdis Zatlers, qui a défendu publiquement les cérémonies rendant hommage aux vétérans nazis. Les Lettons qui ont collaboré avec l’Allemagne nazie dans les camps d’extermination furent particulièrement sanguinaires. Les affrontements entre les participants aux marches nazies et les antifascistes (qui ont parfois défilé vêtus comme des prisonniers de camps d’extermination) ont été fréquents et la police lettone n’a pas hésité à arrêter les militants antifascistes comme le député Victor Dergunov. La complicité avec les nazis a atteint un tel point que l’ancien président letton, Valdis Zatlers, a déclaré en mars 2008 que l’opinion publique internationale se trompait lorsqu’elle qualifiait de nazis les anciens lettons membres de la Waffen-SS.

[…] L’obsession anti-communiste et anti-russe a porté le Parlement letton, le Seim, en février 2004, à annuler le droit des citoyens lettons à pouvoir éduquer leurs enfants dans la langue russe, avec l’adoption d’une loi discriminatoire qui institue une véritable ségrégation pour les citoyens lettons russophones. C’est incroyable que cela se déroule au sein de l’Union européenne, mais le nationalisme letton nie la citoyenneté à près de 20% de la population, qui n’ont pas de droit, transformant des citoyens en apatrides bien qu’ils soient nés en Lettonie ; ils ne peuvent pas voter non plus. L’entrée dans l’OTAN et dans l’UE a encouragé les tentations ségrégationnistes du gouvernement conservateur, qui a considéré que ni l’alliance militaire occidentale, ni Bruxelles, ne s’opposeraient à cette décision, comme ce fut effectivement le cas. Même le gouvernement letton a entamé le processus de révision de la Seconde guerre mondiale. […]

 En Lituanie, où les nazis ont tué plus de 200 000 juifs, les gouvernements conservateurs ont cherché d’effacer de l’histoire les massacres, l’implication du nationalisme et des volontaires lituaniens nazis. [...] Ce n’est pas un hasard si le ministre de la Défense Jukneviciene Rasa, lors de sa visite aux États-Unis, a effectué une visite sur la tombe du général Povilas Plechavicius. Plechavicius est arrivé en Lituanie avec les troupes nazies pendant l’opération Barbarossa et a combattu avec eux contre les Polonais anti-fascistes, comme des milliers de nationalistes lettons. Le président du pays de 2004 à 2009, Valdas Adamkus, a combattu pendant la Seconde Guerre mondiale contre l’armée soviétique, aux côtés des troupes nazies, et quand la guerre fut finie, il est parti en Allemagne avec sa famille, et il ne s’agit pas d’un cas isolé parmi les politiciens nationalistes. […] En mai 2010, dans un acte révélateur, les tribunaux lituaniens ont établi que la swastika nazie faisait partie du « patrimoine culturel du pays » et que pour cette raison elle pouvait être utilisée, à la différence de la faucille et du marteau... >>

 

_______________

* Merci à Trofim.

 

Lire la suite

Fautes d'impression(s)

L'évangile d'aujourd'hui. Examen de conscience :

 

► Jean 7, 1-30 :

Après cela, Jésus parcourait la Galilée : il ne voulait pas parcourir la Judée car les Juifs cherchaient à le tuer.

La fête juive des Tentes était proche.

Alors les frères de Jésus lui dirent : « Ne reste pas ici, va en Judée pour que tes disciples aussi voient les œuvres que tu fais.

On n’agit pas en secret quand on veut être un personnage public. Puisque tu fais de telles choses, il faut te manifester au monde. »

En effet, les frères de Jésus eux-mêmes ne croyaient pas en lui.

Jésus leur dit alors : « Pour moi, le moment n’est pas encore venu, mais pour vous, c’est toujours le bon moment.

Le monde ne peut pas vous haïr, mais il a de la haine contre moi parce que je témoigne que ses œuvres sont mauvaises.

Vous autres, montez à la fête ; moi, je ne monte pas à cette fête parce que mon temps n’est pas encore accompli. »

Cela dit, il demeura en Galilée.

Lorsque ses frères furent montés à Jérusalem pour la fête, il y monta lui aussi, non pas ostensiblement, mais en secret.

Les Juifs le cherchaient pendant la fête, en disant : « Où donc est-il ? »

On discutait beaucoup à son sujet dans la foule. Tandis que les uns disaient : « C’est un homme de bien », d’autres répliquaient : « Mais non, il égare la foule. »

Toutefois, personne ne parlait ouvertement de lui, par crainte des Juifs.

On était déjà au milieu de la semaine de la fête quand Jésus monta au Temple ; et là il enseignait.

Les Juifs s’étonnaient et disaient : « Comment est-il instruit sans avoir étudié ? »

Jésus leur répondit : « Mon enseignement n’est pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé.

Quelqu’un veut-il faire la volonté de Dieu, il saura si cet enseignement vient de Dieu, ou si je parle de ma propre initiative.

Si quelqu’un parle de sa propre initiative, il cherche sa gloire personnelle ; mais si quelqu’un cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, celui-là est vrai et il n’y a pas d’imposture en lui.

Moïse ne vous a-t-il pas donné la Loi ? Et aucun de vous ne met la Loi en pratique. Pourquoi cherchez-vous à me tuer ? »

La foule répondit : « Tu as un démon. Qui donc cherche à te tuer ? »

Jésus leur répondit : « Pour une seule œuvre que j’ai faite, vous voilà tous dans l’étonnement.

Moïse vous a donné la circoncision – en fait elle ne vient pas de Moïse, mais des patriarches –, et vous la pratiquez même le jour du sabbat.

Eh bien ! Si, le jour du sabbat, un homme peut recevoir la circoncision afin que la loi de Moïse soit respectée, pourquoi vous emporter contre moi parce que j’ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ?

Ne jugez pas d’après l’apparence, mais jugez selon la justice. »

Quelques habitants de Jérusalem disaient alors : « N’est-ce pas celui qu’on cherche à tuer ?

Le voilà qui parle ouvertement, et personne ne lui dit rien ! Nos chefs auraient-ils vraiment reconnu que c’est lui le Christ ?

Mais lui, nous savons d’où il est. Or, le Christ, quand il viendra, personne ne saura d’où il est. »

 Jésus, qui enseignait dans le Temple, s’écria : « Vous me connaissez ? Et vous savez d’où je suis ? Je ne suis pas venu de moi-même : mais il est véridique, Celui qui m’a envoyé, lui que vous ne connaissez pas.

Moi, je le connais parce que je viens d’auprès de lui, et c’est lui qui m’a envoyé. »

On cherchait à l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue...

 

► Saint Augustin  (Sermon 28 sur saint Jean) :

Jésus leur dit : “Mon temps n'est pas encore venu, tandis que pour vous le temps est toujours bon.” […] Les disciples ne voyaient que le terme du chemin, sans considérer le chemin qui devait y conduire. Le Seigneur les a donc appelés à la véritable route, pour qu'ils parviennent à la patrie comme on doit le faire. La patrie, c'est la vie du Christ ; la route, c'est sa mort. La patrie, c'est la demeure du Christ ; la route, c'est sa Passion. Ayons donc le coeur droit ; le temps de notre gloire n'est pas encore arrivé. Ecoutons dire à ceux qui aiment ce monde, comme les frères du Seigneur : “Votre temps est toujours bon, le nôtre n'est pas encore venu.” Osons le dire, nous aussi.

 

► Parole et prière, mars 2015 :

<< La parole de Dieu échappe heureusement à l'emprisonnement que je veux tant de fois lui imposer en l'aseptisant, en lui ôtant toute capacité à me remettre en question. Il faut toujours chercher le Christ pour le trouver, et le trouver pour le chercher encore. C'est Lui qui me saisit et non l'inverse. >>

 

 

« Pour moi, le moment n’est pas encore venu ; mais pour vous c’est toujours le bon moment... » La mise en garde s'impose à nous tous. Donc à moi. Réagissant à ma note du 18/03 (Le tapage de la semaine), un lecteur m'a tweeté : « injures, sophismes, condamnations et compagnie... Pas à dire vous êtes en forme pour votre carême ! » Je lui ai répondu : « Je regrette de vous avoir donné cette impression, mais je ne la comprends pas. » En effet : je ne vois pas  en quoi mes commentaires (sur un passage du livre d'Ariane Chemin et Vanessa Schneider) ont pu donner à ce lecteur l'impression de sophismes. Ni celle d'injures et de condamnations... Je maintiens qu'on a le devoir* de polémiquer contre une attitude consistant à répandre, en tant que catholiques, des idées contraires à la pensée sociale catholique : ce confusionnisme est un abus. C'est un obstacle sur le chemin de l'Eglise. 

Mais si ce lecteur (qui tweete sous son nom, chose rare et digne d'éloges) m'accuse en public d'injures et de condamnations, c'est qu'il se sent sincèrement indigné.

En ce cas je dois avoir été en faute dans ma façon d'exprimer les choses. Si la faute était avérée, le fait de ne pas voir en quoi elle a consisté serait une circonstance aggravante. J'avais cru ne m'en prendre qu'à ce que certaines personnes ont fait ou dit ; si ce lecteur juge que j'ai voulu m'en prendre («injures et condamnations ») à ce que sont ces personnes, alors que cette intention n'était pas la mienne, c'est que j'avais écrit trop vite... Ecrire trop vite ôte à la parole de Dieu « toute capacité »  de remettre en question celui qui écrit. Si c'est arrivé en la circonstance, je suis prêt à le reconnaître.

                                                                                  PP

 

_______________

Lire la suite

20/03/2015 | Lien permanent

Isère : détruire une forêt pour faire un ”Center Parcs” !

 arton6615-db641.jpg

Saccager la nature pour la remplacer par des zones de béton commerciales et « ludiques » : programme des marchands d'inutile, droite et gauche confondues. Ici l'Isère est visée. La Vienne va suivre.  Mais la colère monte : 

 zone_n_o-7b05a.jpg

 

Reporterre lance l'alerte :

 

À Roybon, en Isère, le massacre de la forêt

a commencé

Andrea Barolini (Reporterre)

http://www.reporterre.net/spip.php?article6615

 

carte-5-08344.jpg

 

En Isère, le projet de Center Parcs de Roybon continue son passage en force. Avis défavorable de la commission d’enquête, opposition des habitants, scandale environnemental... rien n’y fait. Les travaux de défrichement de la forêt sont en cours. Les opposants ont déposé des recours juridiques et lancé des actions de désobéissance civile.

À Roybon, au cœur des Chambarans, l’une des plus grandes et des plus typiques forêts d’Isère, la société Pierre et Vacances a reçu en octobre le feu vert du préfet pour l’implantation d’un immense Center Parcs.

Quelques jours plus tard, le maire de Roybon, Serge Perraud, a signé le contrat qui établit la vente du terrain où devra être édifié le village-vacances : « C’est une formidable opportunité pour les chefs d’entreprises, je suis surtout content pour eux », avait-il déclaré.

Après la délibération du préfet de l’Isère, Pierre et Vacances a immédiatement commencé les travaux : dès le 20 octobre, une petite équipe d’ouvriers, munie d’un tracteur et de deux fourgons, arrachait la végétation au bord de la route qui mène aux bois.

 

Accès au chantier interdit

Un mois plus tard, l’entrée du site est surveillée par une société de police privée. Et depuis la route qui longe la forêt, on ne voit pas les travaux. Impossible de s’enfoncer dans le bois. « Pas de photos de l’intérieur du chantier, s’il vous plaît », dit l’un des vigiles.

Le va-et-vient des camions et le ronflement en continu des tronçonneuses confirment que les travaux se déroulent sans arrêt. « Mais on ne peut pas parler d’un vrai chantier pour l’instant, affirme à Reporterre Éric Magnier, directeur des grands projets de Pierre & Vacances, car on n’est que dans une première phase de défrichement, voire d’abattage d’arbres, qu’il faut achever en hiver, pour minimiser les risques pour la biodiversité ».

« Le mois de novembre a été très chaud, réplique Stéphane Péron, président de l’association des opposants Pour les Chambarans sans Center Parcs (PCSCP), et toute la faune était encore là. Pourtant, les travaux ont démarré, sans aucune réflexion sur les conséquences environnementales ».

Des photos prises par des militants le 19 novembre (ci-dessus), depuis un ballon dirigeable, témoignent de la quantité d’arbres abattus : au mois une moitié de la zone Nord-Ouest a déjà été rasée. Des abattages sont aussi visibles dans la zone Nord-Est.

Les opposants ont indiqué l’avancement des travaux dans une carte : 28 hectares de bois ont déjà été abattus, soit 35 % du total prévu.

 

La commission d’enquête émet, à l’unanimité,

un avis défavorable

À la place de la forêt, la multinationale touristique espère fonder une véritable ville de presque six mille habitants, déployée sur deux cents hectares. De fait, le projet prévoit la construction d’environ mille cottages, le défrichement de plus de quatre-vingt-dix hectares, l’imperméabilisation de trente-et-un hectares et la dégradation de soixante-deux hectares de zones humide.

Ce parc de vacances, déplorent les opposants, représente une menace pour de nombreuses espèces protégées, et aura une consommation en eau potable équivalente à celle d’une ville de plus de sept mille habitants (dans une zone où les épisodes de sécheresse ne sont pas rares).

Les arguments des militants avaient été confortés, en juillet, quand la commission d’enquête publique « Loi sur l’eau » expliquait qu’« à l’examen de toutes les observations, tant écrites qu’orales, du public [...] et après avoir auditionné des experts », elle n’avait pu qu’émettre, unanimement, « un avis défavorable au projet ».

« Nous avons bien réfléchi sur les problèmes soulignés par les trois commissaires, avec lesquels on a eu des échanges. On a écouté les remarques, on a répondu aux doutes, on a modifié et amélioré le projet », soutient Éric Magnier.

Mais selon Jean-Marie Brun, habitant de Roybon et membre de l’association PCSCP, « l’un des points majeurs remarqués lors de l’enquête publique n’a pas du tout été changé : soixante-seize hectares de zone humide seront détruits ou impactés. » « En tout cas, ils disent avoir amélioré le dossier : et bien s’ils ont vraiment apporté des changements importants, il faudrait une deuxième commission d’enquête publique pour évaluer le nouveau projet », ajoute M. Péron.

Sur ce point, comme sur la protection des espèce vulnérables, l’association PCSCP s’est engagée dans une bataille légale : deux recours sont en train d’être déposés auprès du tribunal administratif contre la décision du préfet de l’Isère.

 

Argent public et emplois précaires

Dans l’attente d’une réponse des juges, Pierre et Vacances et la mairie de Roybon accélèrent les travaux, en s’appuyant sur un soutien politique presque unanime.

« Ici, on est dans une zone économiquement en difficulté,avait expliqué lors d'une manifestation fin octobre, Myriam Laïdouni-Denis, porte-parole des Verts de l’Isère, le seul parti qui s’oppose au projet, et ils ont décidé de financer le parc aquatique avec quatre-vingt millions d’euros. Il s’agit d’argent public qui a été soustrait au tourisme local et qu’on aurait pu utiliser autrement ».

Les premiers sept millions ont déjà été débloqués par le Conseil général de l’Isère. « L’argent public, réponde Magnier, sera utilisé pour des ouvrages comme des réseaux de gaz, eau potable et électricité, qui sont externes au site. Ils desserviront bien évidemment le Center Parcs, mais pas uniquement. Et puis, par exemple, cela va permettre de moderniser le système hydrique, qui présente aujourd’hui des fuites importantes ».

Les partisans du parc misent sur des centaines de nouveaux emplois créés d’abord par le chantier et ensuite par le village-vacances. « Ils disent qu’ils vont apporter localement de la prospérité, ajoute Péron, mais la moitié des emplois proposés seront à 240 euros par mois pour neuf heures de travail par semaine. Est-ce le futur qu’on imagine pour nos enfants ? »

Au contraire, Magnier est convaincu que le Center Parcs donnera une bouffée d’oxygène à l’économie locale : « On va créer sept cents emplois, dont la plupart à durée indéterminée, car nous serons ouverts toute l’année. Au Center Parc, dans le département de la Moselle, 91 % des employés viennent de la région. Et pour le nouveau parc dans la Vienne, on a reçu mille candidatures. Ces emplois, évidemment, conviennent aux habitants ».

 

Désobéissance civile

Mais pour l’instant la réaction des Isérois n’a pas été aussi accueillante que le prétend Pierre et Vacance : une partie des opposants, dont plusieurs habitants des communes du plateau de Chambaran, s’est déjà lancée dans des actions de sabotage. Des piquets de balisage du chantier et des petits grillages ont été enlevés par des groupes, sur le terrain.

« On a tout essayé,a expliqué une militante interrogée par France 3,les gens ont suivi le processus démocratique et ils se sont rendus compte que cela n’a servi à rien. Maintenant il faut lutter avec d’autres moyens.»

 

[ Fin de la reproduction de l'article de Reporterre ]

 

 

Lire la suite

Etranges propos sur le pape François

...de la part d'un journaliste catholique :

 

 

« Vaticaniste » dans la presse quotidienne, Jean-Marie Guénois publie un livre intitulé Jusqu'où ira François ? Il donne ce soir une conférence sur son livre à la librairie parisienne de la Procure : chose logique.

Il était reçu ce matin – chose non moins logique – par Radio Notre-Dame.

Durant le deuxième tiers de l'émission, il reconnaît au pape François le mérite de faciliter par son comportement « une vraie compréhension du christianisme dans la société moderne », notamment par sa façon de « déminer » les polémiques sociétales. C'est ce qui attire à l'Eglise une vague d'intérêt de la part des foules déchristianisées : c'est donc le chemin de la nouvelle évangélisation. Un journaliste catholique ne peut que s'en féliciter.

Alors pourquoi, durant les deux autres tiers de l'émission, multiplie-t-il les jugements péjoratifs – et graves – envers le pape François ?

« Benoît XVI a fait une synthèse parfaite mais n'a pas organisé sa succession », affirme-t-il (comme si les papes organisaient leur succession). Il parle même de « succession ratée » à propos du conclave de 2013 :« Arrive un pape qui incarne l'esprit du concile qu'avait combattu en partie Benoît XVI... »

Tout est faux dans cette phrase, car :

1. Benoît XVI n'a pas combattu « en partie » l'esprit du concile : il l'a combattu totalement, parce que « l'esprit » du concile (mythe fabriqué en 1965 par des lobbies) n'avait rien à voir avec les textes du concile, fruit de longues confrontations entre évêques en présence du Saint-Esprit ;

2. en amalgamant le concile et « l'esprit du concile », Jean-Marie Guénois parle comme l'évêque schismatique Bernard Fellay [1] ; il ressuscite l'erreur de vision qui empêcha nombre de catholiques français de comprendre le concile (et qui permit les ravages des années 1970) ;

3. en amalgamant le pape François à « l'esprit du concile », M. Guénois semble l'accuser de vouloir en revenir à ces ravages.

C'est difficilement excusable de la part du chroniqueur religieux d'un journal lu par une partie des catholiques français : ceux, précisément, parmi lesquels monte, depuis six mois, un malaise d'origine économique et sociale à l'encontre du pape François (qualifié de « marxiste » par Forbes Magazine)... Au lieu d'aider à dissiper cette « fumée de Satan », comme aurait dit Paul VI, le chroniqueur allume un fumigène supplémentaire.

Il en allume même d'autres, qui ne sentent pas bon.

Deux fois de suite, il qualifie sarcastiquement François de « pape normal »: ce qui revient à le comparer à un autre François – dont le moins qu'on puisse dire est qu'il ne jouit pas de l'estime du public.

Après quoi il attaque sa simplicité de vie, ses façons de faire, et même sa « petite voiture » qu'il a trouvée « ridicule » dans les cortèges de limousines officielles lors du voyage en Corée... [2]

Il accuse aussi le pape de « pipeuliser » (de people) et de « personnaliser » sa fonction : personnalisation envers laquelle il se dit « très réservé » (car « à trop affaiblir l'institution... », etc).

Et il taxe de« dépeçage » et de « satellisation » le pouvoir doctrinal « reconnu », paraît-il, aux évêques : « on va vers une perte de substance et d'autorité dans l'Eglise », en déduit-il – oubliant que le pouvoir doctrinal n'a pas à être « reconnu » puisqu'il fait partie de la mission des évêques, successeurs des Apôtres, de façon collégiale autant qu'individuelle ! (Catéchisme de l'Eglise catholique, §§ 77-78, 861-862, 877-878, 883-884).

 

Jean-Marie Guénois au cours de cet entretien s'est livré à une violente attaque envers l'épiscopat français, qu'il inculpe d'« opposition à la Manif pour tous » : opposition qu'exprimerait – selon lui – l'entretien du président de la conférence épiscopale française  à La Croix. On retrouve là l'animosité (envers la CEF)  d'une certaine droite sociologique, celle dont notre blog a souvent critiqué le confusionnisme politico-religieux.

Polarisés sur des combats « sociétaux » à forte charge partisane, les catholiques de cette droite sont installés depuis 2013 dans une ambiguité : ils réduisent l'engagement chrétien à ces seuls combats.

Ces combats ont leur légitimité. Mais les catholiques français ne doivent pas oublier :

a) l'urgence de faire découvrir le Christ aux foules déchristianisées d'aujourd'hui : c'est ce que le pape François rappelle en nous disant de ne pas nous hypnotiser sur le sociétal, et de ne pas engluer la foi dans la partisanerie ;

b) ce que disent Mgr Pontier [3] et LMPT, chacun à sa manière : que LMPT n'est pas un mouvement d'Eglise mais une manifestation « pour tous ». Aujourd'hui 80 % des Français ne sont pas chrétiens ; présenter LMPT comme un mouvement religieux serait à la fois une faute (du point de vue des manifs) et un faux-fuyant (du point de vue catholique).

Je le dis d'autant plus fermement que je serai dans la rue dimanche à Paris : car « l'humain n'est pas une marchandise » !

Et à ce propos, regrettons que M. Guénois n'ait pas mentionné ce matin, parmi les prises de position papales qui attirent au christianisme l'intérêt de non-chrétiens, le combat de François contre l'idole Argent et la marchandisation du monde.

 

__________ 

[1] Jean-Marie Guénois répétait naguère que les lefebvristes allaient revenir à Rome en triomphateurs, Benoît XVI leur ouvrant (paraît-il) la porte sans conditions. « Impensable », disait un curé de paroisse de mes amis : « Affirmer ça est une honte ! Quand on connaît Joseph Ratzinger et son attachement au véritable concile, personne ne peut croire une minute qu'il le sacrifierait – même pour résorber un schisme. Qui d'ailleurs ne se résorberait pas entièrement... » On sait ce qu'il en fut.

[2] Il aurait dû imiter Jésus, qui évitant le petit âne ridicule entra dans Jérusalem porté par vingt esclaves parfumés sur une litière prêtée par Ponce Pilate.

[3] Mgr Pontier à La Croix, 1/10 : « La Manif pour tous n’étant pas un mouvement d’Église, il n’est pas de mon rôle de commenter leur choix politique de manifester dans les rues. La manifestation est l’une des formes de la liberté d’expression dans nos démocraties. Mais cela ne peut pas devenir le seul moyen. » C'est à peu près ce que la Manif pour tous dit d'elle-même ! On en comprend donc pas la fureur de M. Guénois ce matin contre Mgr Pontier et les trois quarts des évêques français... Plus papal que le pape, plus catho que les évêques, M. Guénois est plus LMPT que LMPT. 

 

Lire la suite

Contre la marchandisation de l'humain

 affiche 5.png

Malaise à Libération, perplexité au Monde :

  

 

       1.  Libération zappe l'essentiel et aplatit le débat

 LMPT est le chiffon rouge qui irrite le taureau libéral-libertaire. Bernadette Sauvaget (Libération de ce matin) intitule bizarrement son article : Manif pour tous, la famille catholique divisée. Elle commence cependant par constater l'indignation toute neuve de beaucoup de citoyens, catholiques ou non, devant la GPA et la PMA non médicale. Une « catholique des Hauts-de-Seine » lui déclare : « Je n'y suis pas allée (à la Manif pour tous) en 2013, ni en février 2014. Mais la PMA et la GPA, c'est quelque chose, de mon point de vue, de très grave... » Pourquoi très grave ? Parce que « l'humain n'est pas une marchandise », proclame LMPT, sur son affiche qui rappelle volontairement celles de mai 1968. Mais ce slogan peu libéral ne concorde pas avec l'idée que les médias – de gauche à droite – se font des catholiques ; ou plus exactement, des « catholiques de droite », identité supposée de LMPT. Libération ne le signale donc pas à ses lecteurs.

Ce qu'il faut penser de LMPT, la journaliste préfère le demander au caricatural Alain Escada ! Comme il fallait s'y attendre, le chef de ligue « catholique » [1] lui répond, dit-elle, qu'il autorise ses militants à manifester demain. Bingo  ! Il ne reste plus qu'à faire croire que Ludovine de la Rochère est « en déphasage avec le pape François ». Aucun élément ne permet de supposer ça de la part de la présidente de LMPT. Mais la journaliste a son idée... Déphasage il y a forcément, puisque LMPT est : a) un mouvement « catholique », b) un mouvement « conservateur », et que, c), « l'heure n'est plus au conservatisme d'un Jean-Paul II ou d'un Benoît XVI » ! La journaliste demande donc à Mme de la Rochère si elle est « sur la même ligne » que François. La présidente de LMPT ne peut répondre à cette question privée de sens, puisque LMPT n'est pas un mouvement confessionnel ; la journaliste en conclut aussi sec que Mme de la Rochère est « embarrassée » (sic), suggérant ainsi – CQFD – que LMPT est plus proche de M. Escada que du pape François.

On est dans l'absurde. Et pour voir à quel point, il faut lire les dernières lignes de l'article :

« Récemment, il (le pape) a baptisé l'enfant d'une mère célibataire, et marié, tout aussi publiquement, des couples qui avaient des enfants. Un modèle de famille très éloigné de celui défendu par la Manif pour tous. »

Que veut dire Bernadette Sauvaget ? Que l'enfant de cette mère célibataire n'avait pas été engendré par un homme ? Ou que le pape a marié des couples homos ?

 

 manif pour tous

  

 2.  Le Monde approche de l'essentiel, mais le contourne

 Dans Le Monde Culture-Idées du 4/10, deux pages intitulées La Manif pour tous, acte II. Jean-Baptiste de Montvalon semble vouloir traiter le sujet sous son véritable angle :

<<  Dans son pavillon de Montreuil (Seine-Saint-Denis), François de Singly prend connaissance du tract de la Manif pour tous appelant à de nouveaux rassemblements à Paris et Bordeaux, dimanche 5 octobre. Grand spécialiste de la famille contemporaine, le sociologue semble désemparé. Surmontant un dessin à « l’esthétique d’extrême gauche », il y a ce slogan, «l’humain n’est pas une marchandise », qui, dit-il, ne déparerait pas sur les panneaux de sa ville, un bastion communiste que le PCF a repris lors des dernières élections municipales. Le tract appelle en outre à la défense de « l’intérêt supérieur de l’enfant », que nul ne songe à contester… De la belle ouvrage, digne des belles heures des mouvements sociaux de la gauche. « Il n’est pas si facile de leur répondre », soupire François de Singly. >>

 

L'article constate que LMPT est un courant qui monte, alors que la pratique religieuse des catholiques français continue à descendre... Cet indice devrait inciter les journalistes (ainsi que la gauche cathophobe et l'ultra-droite cathomane) à ne plus réduire la Manif pour tous à une expression du catholicisme, et à cesser de prétendre que les manifs sont « la nouvelle mission des catholiques français ». [2]

Reste le désarroi de la gauche établie, face à la contestation de ses mesures sociétales... qui ne sont que le sous-produit de la société de marché. Les notables interviewés par Le Monde (Singly, Brustier, Théry, Camus) voudraient réduire cette contestation à une menée « identitaire » catholique : si c'était le cas, il suffirait de mettre en place un cordon sanitaire autour des méchants cléricaux qui menacent la République. Ce fut essayé en 2013, et ce fut un échec. Pourquoi ? Parce que, visiblement, la loi Taubira n'était que le premier pas vers l'artificialisation de la reproduction humaine et la marchandisation de la femme et de l'enfant, revendiquées par le LGBT et appuyés par les multinationales biotech... mais dénoncées de leur côté par des contestataires radicaux aussi peu calotins que Pièces et Main d'oeuvre, L'Ecologiste ou La Décroissance !

Découvrant cette convergence virtuelle, découvrant la dimension économique (ultralibérale) de la crise anthropologique contemporaine, les organisateurs de LMPT savent que leur mouvement est l'une des expressions de la résistance : défense de ce que les uns appellent nature humaine et les autres condition humaine. Les organisateurs de LMPT rappellent, depuis l'origine, que leur mouvement n'est pas confessionnel – même si beaucoup de catholiques en font partie...

On comprend ainsi que Le Monde biaise le sujet quand il fait dire par Jean-Yves Camus que LMPT exprime « un vrai renouveau de la pensée catholique conservatrice ». C'est trois fois inexact, car :

a) le christianisme catholique n'est « conservateur » ou « progressiste » que s'il dégénère. Par nature – ou surnature – il est tout autre chose ;

b) le mouvement de résistance à l'artificialisation de l'humain est tendanciellement une contestation du néolibéralisme, voire du capitalisme : le qualifier de « conservateur » est ainsi une ânerie ;

c) ce mouvement de résistance surgit de divers secteurs de la société, et ne saurait être réduit au secteur catholique français. Secteur dont la grande majorité des membres sont d'ailleurs loin d'avoir pris conscience de la véritable nature du combat... Cette conscience ne fait pas encore consensus dans les paroisses, même si elle progresse comme le montre le débat (Se libérer du libéralisme) ouvert ce mois-ci par La Nef  et le diocèse de Toulon.

Sur la Manif pour tous, laissons conclure l'historien Grégoire Kauffmann dans Le Monde : « Une partie de la gauche fait totalement l'impasse sur la complexité de ce mouvement », explique-t-il. C'est exact. Il pourrait ajouter que cette partie de la gauche ne voit pas (ne veut pas voir ?) que ses « réformes sociétales » sont des sous-produits de la société de marché ; et que la droite ne veut pas le voir non plus.

Une fois que l'on comprend ça, on devine que la « complexité du mouvement » peut mener certaines de ses branches très loin du « conservatisme ».

 

__________ 

[1]  En fait de catholicisme, la ligue de M. Escada (Civitas) dépend de la FSSPX schismatique qui a dit non à Benoît XVI, insulté la canonisation de Jean-Paul II, et qui accuse François de saborder l'Eglise.

[2] « Mission » est ici un terme inexact. Toute mission doit se recevoir d'une instance supérieure ; ce n'est pas le cas en l'occurrence, comme l'a indiqué avant-hier le président de la Conférence épiscopale. Et le pape ne le contredira pas, puisqu'il a indiqué à plusieurs reprises la hiérarchie des priorités : manifester contre des projets déshumanisants (avec des gens de tous horizons), oui

Lire la suite

Le Covid-19 et... le général de Gaulle

degaulleetlesgrands.jpg

Eric Branca, qui vient de publier un indispensable De Gaulle et les Grands (Perrin), répond à une question originale venue du Québec : 

https://bookmarc.ca/2020/04/16/de-gaulle-et-la-covid-19

 

<< Est-ce que Charles de Gaulle serait bien équipé pour affronter une crise comme celle de la Covid-19 et pourquoi?

Eric Branca – Vous savez, il est toujours imprudent de refaire l’histoire avec des « si »! Mais votre question est pleine d’intérêt parce que, dans ce cas précis, on sait très exactement ce que de Gaulle aurait fait… puisqu’il l’a fait ! De Gaulle ou plutôt la France redevenue une très grande puissance économique grâce à son action...  On l’a oublié aujourd’hui, mais le monde a connu une crise sanitaire très semblable à celle de 2020 : la grippe de Hong-Kong de 1968 qui a tué non pas 130 000 personnes dans le monde, comme le Covid-19 à la mi-avril, mais largement plus d’un million, à une époque où la planète comptait moins de 4 milliards d’hommes. La moitié moins qu’aujourd’hui… En France, cette même grippe de 1968 a tué 17 000 personnes, sur une population de 50 millions d’habitants (contre 65 millions en 2020). C’est dire si l’alerte a été sévère. Pour autant, le système de santé n’a pas été débordé, on n’a pas confiné toute une population chez elle, l’économie ne s’est pas arrêtée, bref, personne n’a pensé une seconde qu’une grippe, aussi contagieuse soit-elle, allait provoquer un collapsus économique planétaire semblable à la crise de 1929.

Pourquoi ? Parce que l’ouragan néo-libéral n’avait pas encore rendu nos sociétés si fragiles ni surtout détruit nos réflexes de survie sous prétexte de rationalité comptable. Parce que la santé publique était encore considérée comme un sanctuaire. Bref, parce que nos hôpitaux avaient les moyens de recevoir tout le monde dans de bonnes conditions, y compris les personnes âgées les plus fragiles. Pensez qu’entre 1980 et 2020 la France a perdu 40 000 lits d’hôpitaux! 1000 par an pendant 40 ans. Sous prétexte de « bonne gestion » on a généralisé les soins dits « ambulatoires », au point qu’en 2019, la doctrine officielle du ministère français de la Santé, c’était qu’un établissement de santé bien géré était un établissement avec zéro lit disponible. Zéro lit disponible, comme zéro stock disponible pour une entreprise prétendument « bien gérée » elle aussi !

Le flux tendu, en fait, c’est la pensée zéro. Le primat de l’immédiateté sur la mémoire, donc sur la projection dans l’avenir. Flux tendu et rationnement (sauf pour les stock options), voilà pourtant le maître-mot du néolibéralisme dans tous les domaines. Y compris d’ailleurs pour la Défense nationale. Est-ce utile d’épiloguer sur le résultat ? Si un ministre avait expliqué cela à de Gaulle, c’est lui que le Général aurait envoyé en confinement immédiatement… Et définitivement. Pas les Français!

Bref, pour lui comme d’ailleurs pour la plupart des dirigeants de l’époque, soyons juste, l’idée que l’hôpital ne possède pas une force de réserve pour faire face à une épidémie de grande ampleur était aussi stupide que d’envisager une économie dépendante de l’étranger pour ses stocks stratégiques, une armée dont les soldats tiennent dans le stade de France et une police qui renonce à entrer dans certains quartiers…  J’ajoute que si la situation n’était pas aussi tragique, on aurait envie de rire en entendant ceux qui ont désarmé la France nous expliquer qu’elle est en « guerre ».

De Gaulle qui, c’est le moins qu’on puisse dire, savait ce qu’était la guerre, n’employait jamais ce mot à tort et à travers. Faire avancer la cause de la paix (en s’opposant à l’hégémonie des super grands) et œuvrer à long terme pour la prospérité et la sécurité des Français dont il avait la responsabilité suffisait à son bonheur. Qui peut dire qu’il n’a pas réussi dans le temps si court qui lui fut imparti et au milieu des crises qu’il eut à affronter?

Quelle fut, selon vous, la pire crise affrontée par le général de Gaulle et comment y a-t-il répondu ?

 Celle, justement qui l’a fait émerger dans l’histoire : l’effondrement de la France et de ses élites, ou prétendues telles, en moins de six semaines, au printemps 1940. Lisez ou relisez les Mémoires de guerre, tout est dit en peu de mots sur ce traumatisme originel quand, le 16 mai 1940, alors que lui-même monte au front, il croise des soldats qui refluent en troupeau et auxquels les Allemands ont seulement confisqué leurs armes en leur criant : « Nous n’avons pas le temps de vous faire prisonniers! ». Il écrit : « Alors, au spectacle de ce peuple éperdu et de cette déroute, au récit de cette insolence méprisante de l’adversaire, je me sens soulevé d’une fureur sans bornes. Ah! c’est trop bête! La guerre commence infiniment mal. Il faut donc qu’elle continue. Il y a, pour cela, de l’espace dans le monde. Si je vis, je me battrai, où il faudra, tant qu’il faudra, jusqu’à ce que l’ennemi soit défait et lavée la tache nationale. Ce que j’ai pu faire, par la suite, c’est ce jour-là que je l’ai résolu. »

Serait-il exagéré de comparer la crise actuelle au péril nazi qui a déferlé sur la majeure partie de l’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale ?

Non seulement exagéré, mais injurieux pour la mémoire des 50 millions de morts de ce conflit. Comparer un virus à un ennemi est un biais utilisé par les dirigeants incapables pour dissimuler leur propre impéritie. Les virus et les microbes ont toujours fait partie de la vie : ils ne sont ni mauvais ni bons, ils existent.

Ce n’est pas le Covid-19 qui a dévoré les stocks de masques dont nos hôpitaux disposaient pour protéger nos soignants ; ce n’est pas le Covid-19 qui a englouti le gel hydro-alcoolique que nous n’avions pas;  ce n’est pas le Covid-19 qui a empêché le gouvernement d’acheter, en temps voulu, les tests qui auraient permis de détecter sur une grande échelle et de soigner à temps ceux qui en sont atteints, au lieu de mettre une population entière aux arrêts de rigueur ; ce n’est pas le Covid-19 qui a rendu notre pays dépendant des molécules que nos laboratoires (quand ils existent encore) ne produisent plus et que fabriquent à leur place les Chinois ! Ce n’est pas le Covid-19 qui a convaincu nos dirigeants de fermer les dizaines et dizaines de petits hôpitaux qui pourraient aujourd’hui servir à accueillir dans de bonnes conditions les personnes âgées ou les patients non justiciables des urgences, afin que nos structures les mieux équipées se consacrent à l’essentiel !

En un mot comme en cent, ce n’est pas le Covid-19, mais le virus néo-libéral qui empêche nos dirigeants de penser… Enfin pas tous : puisqu’en Allemagne, en Suisse et en Corée du Sud, où, que je sache, l’économie de marché n’est pas sacrifiée – bien au contraire – on dispose d’assez de tests pour déterminer qui doit être « confiné » et qui peut aller travailler, avec, bien sûr, les précautions qui s’imposent. Et où, surtout, on a gardé assez de lits disponibles (9 pour 1000 habitants en Allemagne, contre 6 pour la France) pour ne pas avoir à choisir qui a le droit d’être soigné et qui ne l’a pas…  >>

 

 

 

 

3086823077_1_3_wqWk28Dc.jpg

2e DB, 1944

 

 

 

Lire la suite

Page : 18 19 20 21 22 23 24 25 26