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La mort zappée : la société libérale-libertaire rompt avec la culture chrétienne et avec 60 000 ans d'humanité
Civilisations et christianisme face à la "barbarie douce" :
L'une des premières sépultures connues en Europe remonte à 60 000 ans : c'est celle de La-Chapelle-aux-Saints (Lot), découverte en 1908. Les archéologues y découvrirent le squelette d'un homme d'une cinquantaine d'années, inhumé dans une fosse et selon un rite : dépôt de fleurs et d'outils de pierre, traces d'ocre rouge. Les fouilles du mont Carmel (1931) et surtout celles de Shanidar (1960) confirmèrent l'existence de rites funéraires néandertaliens : litière végétale, fleurs en grande quantité, restes d'animaux... Découverte en 1954, la sépulture du Regourdou en Dordogne est encore plus ancienne (70 000 ans) et plus explicite : la tombe était couverte d'une dalle de pierre.
Dès l'aube de l'humanité a ainsi émergé la pensée symbolique, qui exprime la différence fondamentale entre l'homme et les autres animaux. Toutes les cultures en sont nées.
L'abandon accéléré de tout rite funéraire, dans l'Occident du XXIe siècle, est donc un symptôme sans précédent : aucune société ne l'avait présenté avant la nôtre. C'est une véritable rupture d'avec toute civilisation. Une régression vers le pré-humain.
Un livre récent* analyse le boom de la crémation en France (déjà 32 % des décès, et sans doute 50 % dans une dizaine d'années) : ce n'est qu'une façon d'effacer le mort – et cela n'a rien à voir, par exemple, avec la crémation japonaise issue du rite shinto et portant un contenu symbolico-rituel. Les incinérations à la française n'expriment souvent que du nihilisme. Elles peuvent s'accompagner de « dernières volontés » effarantes, comme de faire disperser les cendres sur la pelouse du crématoire : donc les vouer à toutes les dégradations possibles de la part des animaux ou des machines. Que des personnes veuillent finir ainsi, en dit long sur la prostration mentale où mène le matérialisme mercantile.
La plupart de ceux qui veulent être incinérés ne vont pas jusqu'à vouloir l'abjection pour leurs restes : ils comptent que les cendres, contenues dans une urne, seront remises à leur famille. Qu'en fera celle-ci ? La perte du sens des rites et l'absence de législation (autre signe des temps : la société ne reconnaît plus les symboles) font que les urnes peuvent être traitées n'importe comment, oubliées derrière des livres ou finir au grenier... ou au vide-grenier, constate Damien Le Guay dans son livre.
D'où vient ce mépris du funéraire ?
– du désir inconscient d'oublier que nous deviendrons vieux et que nous mourrons : tare intolérable dans une société qui tourne le dos aux non-consommateurs (le nouveau-né et le vieillard) au point de s'en débarrasser ;
– du désir conscient de ne pas coûter d'argent (funérailles) à notre famille, voire de ne pas occuper de façon improductive un espace (le caveau) dans l'agglomération urbaine.
La société matérialiste mercantile approuve tacitement ces deux désirs... qu'elle nous infuse. Elle approuve tacitement aussi l'euthanasie, qui libère des lits d'hôpitaux et remédie au déficit de la sécurité sociale, comme on le voit en Belgique et aux Pays-Bas.
D'où mon désaccord avec le sociologue Jean-Pierre Le Goff, qui accuse « l'écologisme »** d'être la cause du déni actuel de la mort : selon lui – et toute la droite baptisée par oxymore « libérale-conservatrice » –, « l'écologisme » nous aurait persuadés que l'homme n'est qu'un animal comme les autres, d'où son mépris pour ses propres funérailles. Je ne sais ce que dit « l'écologisme » (ni s'il existe ailleurs que dans la tête des libéraux-conservateurs), mais je sais que l'écologie réelle invoque la responsabilité de l'homme (s'il est le responsable de la planète il n'est pas un animal comme les autres) ; qu'elle respecte les cultures authentiques ; et qu'elle critique le boom marchandisé de la crémation. Exemple d'analyse écologique :
« Entre 1975 et 2004, la proportion des crémations aux Etats-Unis est passée de 6 à 31%. Aujourd’hui il y a plus de 1 800 crématoires dans le pays, et 200 nouvelles installations sont construites chaque année. Ces installations nécessitent de l’énergie, en l’occurrence des carburants fossiles, et le procédé d’incinération dégage des dioxines et du mercure (jusqu’à 6 grammes par corps). L’Agence américaine de protection de l’environnement estime que les crématoires émettent 145 kilogrammes de mercure par année (essentiellement des plombages dentaires) mais des défenseurs de l’environnement affirment que le chiffre exact pourrait atteindre trois tonnes... »
L'industrie de la crémation, et les épouvantables techniques nouvelles proposées – très cher – pour se débarrasser des morts, sont un nouveau business de masse. Ce business peut pousser l'imposture jusqu'à se réclamer de l'écologie (avec autant de crédibilité que l'industrie automobile ou les multinationales de l'eau). C'est donc contre le marketing de masse que Le Goff devrait se retourner, au lieu d'accuser les écologistes... L'écologie réelle lutte contre la tyrannie de l'économique, qui nie le sens de la vie en niant les dimensions spirituelles et culturelles de l'homme.
Et qu'en disent les croyants ? L'un des premiers Pères de l'Eglise, le Grec smyrniote Irénée (deuxième évêque de Lyon entre les années 177 et 202), souligne que « sans l'Esprit de Dieu, la chair est morte » : celui qui n'a pas en lui l'Esprit est mort dans sa chair pour le Royaume éternel, alors que Dieu a créé l'homme pour qu'il « devienne Dieu », semant en lui un germe d'immortalité – corps et âme – qui va éclore grâce à la Résurrection de Jésus Christ. Le théologien Irénée explique cela dans un traité intitulé Adversus Haereses, « Contre les hérésies », et destiné à réfuter la grande hérésie des premiers siècles : la Gnose, mélange de christianisme et de paganisme néo-platonicien. Les gnostiques ont de l'esprit une autre idée que la Grande Eglise : pour eux, seule compte la psychè ; le corps n'est qu'une prison pour l'esprit qui doit s'en libérer. C'est l'inverse de la foi chrétienne, qui promet l'éternité glorieuse à l'homme tout entier, âme et corps ressuscité dans le sillage du Christ. Et c'est l'aspect le plus mystérieux de la panne de foi actuelle en Europe : une partie des chrétiens retourne à l'attitude de la Gnose antique.
Mais ceux qui gardent la foi des Apôtres savent que Dieu ressuscitera l'homme entier, corps et âme inséparablement. Cette foi n'est pas un fétichisme autour de restes décomposés et disparus, mais une confiance dans le Créateur. La résurrection commencera à partir de l'homme, et entraînera la transfiguration du monde. « Viens, Seigneur Jésus. ...» (Apocalypse, épilogue, v. 20).
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* La mort en cendres – la crémation aujourd'hui, que faut-il en penser ? (Cerf).
** Attention, mot piégé : les libéraux qui l'emploient font semblant de distinguer entre : a) on ne sait quelle pure « écologie » idéale, concept impalpable qu'ils feignent d'approuver en théorie ; b) un terrible « écologisme », qui « remplace aujourd'hui le communisme », qu'il faut « donc » combattre, et auquel ils amalgament toutes les luttes concrètes pour l'environnement. Ces partisans d'une écologie non écologiste vous expliquent qu'il faut forer partout pour pomper le gaz de schiste, et que toute critique du système économique rouvrirait les goulags.
Le débat sur Radio Notre-Dame :
http://radionotredame.net/emission/le-debat-de-la-semaine/02-11-2012/
02/11/2012 | Lien permanent | Commentaires (20)
JMJ : l'homélie de Benoît XVI hier soir (texte intégral)
Aéroport Cuatro Vientos de Madrid, samedi 20 août 2011 :
VEILLÉE DE PRIÈRE AVEC LES JEUNES
J’adresse un salut à tous, et particulièrement aux jeunes qui m’ont posé leurs questions et je les remercie de la sincérité avec laquelle ils ont exprimé des inquiétudes qui, d’une certaine manière, traduisent votre aspiration unanime à faire quelque chose de grand dans votre vie, quelque chose qui vous donne le bonheur en plénitude.
Mais comment un jeune peut-il être fidèle à la foi chrétienne et vivre en cherchant à atteindre de grands idéaux dans la société actuelle ?
Dans l’évangile que nous avons écouté, Jésus nous donne une réponse à cette question importante : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour » (Jn 15, 9).
Oui, chers amis, Dieu nous aime. Telle est la grande vérité de notre vie, celle qui donne sens à tout le reste.
Nous ne sommes pas le fruit du hasard ou de l’irrationnel, mais, à l’origine de notre existence, il y a un projet d’amour de Dieu.
Demeurer dans son amour, c’est vivre enraciné dans la foi, parce que la foi n’est pas la simple acceptation de vérités abstraites, mais une relation intime avec le Christ qui nous amène à ouvrir notre cœur à ce mystère d’amour et à vivre comme des personnes qui se savent aimées de Dieu.
Si vous demeurez dans l’amour du Christ, enracinés dans la foi, vous rencontrerez, même au milieu des contradictions et des souffrances, la source de la joie et de l’allégresse. La foi ne s’oppose pas à vos idéaux les plus élevés ; au contraire, elle les exalte et les porte à leur perfection.
Chers jeunes, ne vous conformez pas à moins qu’à la Vérité et à l’Amour, ne vous conformez pas à moins qu’au Christ.
C’est précisément maintenant, au moment où la culture relativiste dominante refuse et déprécie la recherche de la vérité – la plus haute aspiration de l’esprit humain –, que nous devons proposer avec courage et humilité la valeur [1] universelle du Christ comme sauveur de tous les hommes et source d’espérance pour notre vie.
Lui, qui a pris sur lui nos afflictions, connaît bien le mystère de la douleur humaine et montre sa présence aimante à tous ceux qui souffrent.
Ceux-ci, à leur tour, unis à la passion du Christ, participent de plus près à son œuvre de rédemption. En outre, notre attention désintéressée envers les malades et les personnes dans le besoin sera toujours un témoignage humble et silencieux du visage de la compassion de Dieu.
Chers amis, qu’aucune adversité ne vous paralyse. N’ayez pas peur du monde, ni de l’avenir, ni de votre faiblesse. Le Seigneur vous a donné de vivre en ce moment de l’histoire, pour que, grâce à votre foi, son Nom retentisse sur toute la terre.
En cette veillée de prière, je vous invite à demander à Dieu de vous aider à découvrir votre vocation dans la société et dans l’Église, et à persévérer en elle avec joie et fidélité. Il vaut la peine de sentir en nous-mêmes l’appel du Christ et de suivre avec courage et générosité le chemin qu’il nous propose.
Le Seigneur appelle beaucoup d’entre vous au mariage, où un homme et une femme, en ne formant qu’une seule chair (cf. Gn 2, 24), se réalisent en une profonde vie de communion. C’est un horizon tout à la fois lumineux et exigeant, un projet d’amour véritable qui se renouvelle et s’approfondit chaque jour par le partage des joies et des difficultés, et qui se caractérise par une offrande de la personne tout entière. C’est pourquoi reconnaître la beauté et la bonté du mariage, c’est être conscient du fait que seul un contexte de fidélité et d’indissolubilité ainsi que d’ouverture au don divin de la vie est en accord avec la grandeur et la dignité de l’amour des époux.
À d’autres, en revanche, le Christ lance un appel à le suivre de plus près dans le sacerdoce et la vie consacrée. Que c’est beau de savoir que Jésus te cherche, te fais confiance et, avec sa voix reconnaissable entre toutes, te dit aussi à toi : « Suis-moi » (cf. Mc 2, 14).
Chers jeunes, pour découvrir et suivre fidèlement la forme de vie à laquelle le Seigneur appelle chacun, il est indispensable de demeurer dans son amour comme des amis.
Or, comment se conserve l’amitié sinon par la fréquence des rencontres, la conversation, le fait d’être ensemble et de partager les joies et les peines ? Sainte Thérèse de Jésus [*] disait que la prière consistait à « parler de l’amitié en étant bien souvent seuls pour parler avec celui dont nous savons qu’il nous aime » (cf. Le livre de la vie, 8).
Je vous invite encore à demeurer maintenant dans l’adoration du Christ réellement présent dans l’Eucharistie, à dialoguer avec Lui, à Lui exposer vos questions et à L’écouter.
Chers amis, je prie pour vous de tout cœur ; je vous supplie de prier aussi pour moi. En cette nuit, demandons au Seigneur qu’attirés par la beauté de son amour, nous vivions toujours fidèlement comme ses disciples. Amen.
Salutation en français
Chers jeunes francophones, soyez fiers d’avoir reçu le don de la foi, c’est elle qui illuminera votre vie à chaque instant. Appuyez-vous sur la foi de vos proches, sur la foi de l’Église ! Par la foi, nous sommes fondés dans le Christ. Retrouvez-vous avec d’autres pour l’approfondir, fréquentez l’Eucharistie, mystère de la foi par excellence. Le Christ seul peut répondre aux aspirations que vous portez en vous. Laissez-vous saisir par Dieu pour que votre présence dans l’Église lui donne un élan nouveau !
Salutation en anglais
Chers jeunes, en ces moments de silence devant le Saint Sacrement, tournons notre esprit et notre cœur vers Jésus-Christ, le Seigneur de nos vies et de notre avenir. Puisse-t-il répandre son Esprit sur nous et sur l’Église tout entière afin que nous devenions un phare de liberté, de réconciliation et de paix pour le monde entier.
Salutation en allemand
Chers jeunes chrétiens de langue allemande ! Au fond de nos cœurs, nous désirons ce qui est grand et beau dans la vie. Ne laissez pas tomber dans le vide vos vœux et vos désirs, mais rendez-les fermes en Jésus Christ. Lui-même est le fondement qui porte, et le point de référence sûr pour une vie en plénitude.
Salutation en italien
Je me tourne maintenant vers les jeunes de langue italienne. Chers amis, cette veillée restera comme une expérience inoubliable de votre vie. Gardez la flamme que Dieu a allumée cette nuit en vos cœurs : faites en sorte qu’elle ne s’éteigne pas ! Alimentez-la chaque jour, partagez-la avec les compagnons de votre âge qui vivent dans la nuit et cherchent une lumière pour leur chemin. Merci ! Au revoir et à demain matin !
Salutation en portugais
Chers amis, j’invite chacun et chacune de vous à nouer un dialogue personnel avec le Christ, en Lui exposant vos propres doutes et surtout en l’écoutant. Le Seigneur est ici et vous appelle ! Jeunes amis, cela vaut la peine d’écouter au fond de nous la Parole de Jésus et de marcher sur ses pas. Demandez au Seigneur de vous aider à découvrir votre vocation dans la vie et dans l’Église, et à y persévérer avec joie et fidélité, sachant qu’Il ne vous abandonne jamais et qu’il ne trahit jamais. Il est avec nous jusqu’à la fin du monde.
Salutation en polonais
Chers jeunes amis venus de Pologne, notre veillée de prière est traversée par la présence du Christ. Sûrs de son amour, approchez-vous de Lui avec la flamme de votre foi. Il vous remplira de Sa vie. Construisez votre vie sur le Christ et sur son Évangile. Je vous bénis de tout cœur.
Chers jeunes, Avant de vous laisser, je désire vous souhaiter à tous une bonne nuit. Reposez-vous bien. Merci pour le sacrifice que vous êtes en train de faire, et je ne doute pas que vous l’offrirez généreusement au Seigneur. Si Dieu le veut, nous nous verrons demain pour la célébration eucharistique. Je vous attends tous ! Merci beaucoup.
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[1] Ici le mot "valeur" a un sens transcendant, sans aucun équivalent : le Christ transvalue toute la vie humaine. (Il ne s'agit donc pas "des valeurs" au sens relativiste de l'idéologie d'aujourd'hui).
[2] Sainte Thérèse d'Avila, Oeuvres complètes, DDB.
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21/08/2011 | Lien permanent | Commentaires (2)
Vietnam : les autorités catholiques soutiennent les manifestations de prière des paroissiens de Thai Ha
Nous recevons ce message de Hanoï :
< Manifestation catholique à Hanoï.
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<< Deux hautes personnalités religieuses viennent d'apporter publiquement leur soutien aux manifestations pacifiques de la paroisse de Thai Ha, à Hanoi, en prière et en lutte pour la récupération d'une propriété d'Eglise accaparée par une entreprise soutenue par l'Etat. Ces manifestations, dont les premières avaient eu lieu au tout début de l'année, ont, en effet, pris un nouveau tournant et ont redoublé d'intensité au cours du mois d'août devant l'obstination du gouvernement à nier la réalité des faits. Tour à tour, l'archevêque de Hanoi, Mgr Joseph Ngô Qiang Kiêt, en voyage aux Etats-Unis, et le P. Vincent Pham Trung Thanh, supérieur provincial de la congrégation des rédemptoristes (religieux en charge de la paroisse concernée), ont exprimé leur communion avec le mouvement engagé par les paroissiens et ont sollicité la solidarité des chrétiens du Vietnam avec cette lutte.
Répondant, le 22 août dernier, à une lettre du curé de la paroisse de Thai Ha l'informant des résultats décevants d'une rencontre entre les responsables de la paroisse et les responsables civils d'un arrondissement de Hanoi, l'archevêque de la capitale a proclamé sa « communion profonde » avec le mouvement de prières des pasteurs et du peuple chrétien de Thai Ha. Il prie pour que justice leur soit rendue et appelle les chrétiens à communier avec eux (1). La lecture de cette lettre à l'issue des cinq messes, célébrées le dimanche 24 août, dans la paroisse en question, a provoqué de longs applaudissements et a été suivie de cinq processions de prière sur le terrain revendiqué par la paroisse, devenu, depuis le 15 août dernier, un lieu de culte marial.
Le 24 août, une autre lettre, signée du P. Vincent Pham Trung Thanh , supérieur de la province vietnamienne des rédemptoristes, était diffusée sur Internet. Ce texte, destiné aux membres de la congrégation, après avoir exposé en détail l'historique et les raisons de la lutte pacifique des paroissiens et rapporté les faits les plus récents (3), appelle tous les religieux vietnamiens à se mobiliser et à se montrer solidaires de la lutte des paroissiens de Thai Ha. Le supérieur leur demande de sensibiliser leur entourage à cette cause et de diffuser la version authentique des faits que la presse officielle ainsi que les déclarations des autorités civiles ont totalement déformés. Le religieux, annonce qu'une célébration eucharistique sera organisée à l'église Notre-Dame du Perpétuel Secours, à Saigon, le 28 août, en union avec la paroisse de Thai Ha.
Ce soutien des autorités religieuses fait suite à la nouvelle tournure prise par les manifestations à la veille de la fête de l'Assomption. Jusque-là, les processions de prière se déroulant quotidiennement devant le terrain paroissial accaparé, les réclamations et les plaintes adressées aux autorités n'avaient pas émoussé l'obstination du gouvernement. Au contraire, le 30 juin et le 2 juillet dernier, les autorités de Hanoi avaient de nouveau repoussé les revendications de la communauté catholique, accusée de violer la loi et de troubler l'ordre public. Dans la nuit du 13 au 14 août dernier, les paroissiens ont transporté une statue de la Vierge à l'intérieur du terrain actuellement accaparé par l'entreprise Chien Thang protégée par le gouvernement. Le lendemain, on ne notait aucune réaction des forces de l'ordre alors que les fidèles se réunissaient autour de la Vierge pour prier. Le jour de l'Assomption, les paroissiens ouvraient un passage dans le mur de clôture vers l'intérieur du terrain et y apportait en procession une grande croix et une autre statue de la Vierge, plus grande.
Dans les jours qui ont suivi, en particulier à partir du 19 août, alors que de nombreux chrétiens participaient aux prières de la paroisse, la chaîne de télévision de Hanoi, un certain nombre de journaux, parmi lesquels le Ha Noi Moi, le Lao Dông (organe du syndicat), l'An Ninh Thu Do (organe de la Sûreté de la capitale), ainsi que le Nhân Dân (organe du parti communiste vietnamien), ont livré au public une version particulièrement orientée de l'affaire, niant les droits de la communauté catholique sur le terrain réclamé et l'accusant de violer la loi. De leur côté, les responsables de la paroisse de Thai Ha, dans des rapports envoyés aux autorités religieuses et des comptes-rendus adressés aux responsables civils, affirmaient leur droit et rétablissaient la version des faits mis à mal par les médias officiels. C'est à ce même type de confrontation qu'a donnée lieu la rencontre qui a eu lieu le 22 août entre les prêtres accompagnés de quelques laïcs de la paroisse de Thai Ha, et les représentants du Comité populaire de l'arrondissement Dong Da de Hanoi. Un long monologue du président du Comité populaire a repris la version des faits et les accusations déjà diffusées par la presse officielle. Même si les prêtres présents ont eu l'occasion de réfuter les arguments de leur interlocuteur, aucun dialogue véritable n'a pu avoir lieu (4). >>
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(1) La lettre de l'archevêque de Hanoi a été publiée en vietnamien par VietCatholic News, le 23 août.
(2) La lettre du provincial des rédemptoristes a été mise en ligne sur le site Cong Giao Vietnam.
(3) La lettre du provincial reprend une grande partie du rapport publié le 18 août précédent par le curé de la paroisse de Thai Ha. La photocopie de ce rapport a été diffusée par VietCatholic News.
(4) Le compte-rendu de cette rencontre a été envoyé à l'archevêque de Hanoi et publié par VietCatholic News, le 23 août.
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www.viettan.org/article.
<< 19. 01. 2008 : La tension monte entre l’Eglise et les autorités << Le 11 janvier 2008, la mairie de Hanoi a écrit à l’archevêque Ngo Quang Kiet pour demander aux catholiques de cesser les veillées de prières tenues quasi quotidiennement depuis près d’un mois. Les catholiques réclament la restitution de plusieurs bâtiments appartenant à l’Eglise Vietnamienne et saisis dans les années 1950 et 1970. Mi-décembre, l’archevêque de Hanoi, Mgr Ngo Quang Kiet, a demandé à ses paroissiens de prier pour la restitution des biens de l’Eglise vietnamienne saisis par les autorités. Les premières veillées de prière ont commencé le 18 décembre 2007 à Hanoi devant l’ancienne nonciature apostolique (ambassade du Vatican). Le 6 janvier 2008, un autre rassemblement s’est déroulé à Ha Dong devant un ancien presbytère transformé en mairie dans les années 70 et inutilisé depuis un an. Une autre veillée de prière se tient à Thai Ha devant une ancienne bâtisse de l’Eglise vietnamienne saisie dans les années 50 et transformée en usine. L’usine est en cours de démolition et les autorités locales veulent revendre le terrain aux investisseurs étrangers. Dans sa lettre, Mme Ngo Thi Thanh Hang, maire-adjointe de Hanoi, accuse l’Eglise vietnamienne de "profiter de la liberté religieuse pour soulever des protestations contre le gouvernement". Elle demande aux dirigeants catholiques de faire cesser les "activités illégales " et autres actions défiant l’état vietnamien. Elle ajoute : "Ces activités perturbent l’ordre public, nuisent aux relations entre l’état et l’Eglise vietnamienne et donnent une mauvaise image de la communauté catholique vietnamienne." Les rassemblements ont donné "un prétexte aux personnes malintentionnées pour semer la discorde et empêchent l’amélioration des relations entre le Vietnam et le Vatican." Dans sa réponse écrite du 14 janvier, Mgr Ngo Quang Kiet affirme que "si les catholiques de Hanoi n’ont d’autres choix que de prier pacifiquement pour attirer l’attention du gouvernement sur les injustices dont l’Eglise vietnamienne est victime", c’est parce que "leurs plaintes sont restées lettre morte". L’archevêque de Hanoi ajoute qu’il ne cédera pas devant les pressions de la mairie et les veillées de prières continueront jusqu’à ce que justice soit rendue. Mgr Paul Nguyen Van Hoa, évêque de Ban Me Thuot et ancien président de la conférence épiscopale du Vietnam, Mgr Francis Nguyen Van Sang, évêque de Thai Binh, Mgr Joseph Vu Van Thien, évêque de Hai Phong, et Mgr Joseph Ngoc Ngan, évêque de Lang Son ont publié des déclarations écrites exprimant leur solidarité et soutien aux catholiques de Hanoi. Par ailleurs, l’archidiocèse de Saigon a rendu public une lettre du cardinal-archevêque Pham Minh Man, archevêque de Saigon, datant du 17 décembre 2007 et destinée au gouvernement vietnamien. Le 16 novembre 2007, le gouvernement a envoyé une lettre officielle au cardinal-archevêque Pham Minh Man, en réponse à une demande dont il a fait en 2004 pour la restitution d’un bâtiment qui hébergeait les missionnaires étrangers et sur le point d’être vendu par lot à des acquéreurs privés. Dans sa lettre au gouvernement vietnamien, Mgr Pham Minh Man fait part de son "choc sur les raisons du refus de sa requête mais aussi du délai de la réponse". En effet, il a fallu trois à l’administration pour envoyer une réponse écrite tenant sur 5 lignes. Le bâtiment réclamé par l’archevêché de Saigon se situe au n° 11 rue Nguyen Du. C’était la résidence des Missions Etrangères de Paris jusqu’en 1976, date à laquelle le gouvernement vietnamien a expulsé les derniers prêtres étrangers et confisqué le bâtiment. >>
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30/08/2008 | Lien permanent | Commentaires (1)
Le pape aux ambassadeurs : un discours à lire intégralement !
..et non dans les versions tronquées :
DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES VŒUX DU
CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉ PRÈS LE SAINT-SIÈGE
Lundi 7 janvier 2013
[Vidéo]
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous accueillir, comme au début de chaque nouvelle année, distingués membres du corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, pour vous adresser mes salutations et mes vœux personnels, que j’étends volontiers aux chères nations que vous représentez, les assurant de mon souvenir constant et de ma prière. Je suis particulièrement reconnaissant au doyen, l’ambassadeur Alejandro Valladares Lanza, et au vice-doyen, l’ambassadeur Jean-Claude Michel, pour les paroles déférentes qu’ils m’ont adressées au nom de vous tous. De manière spéciale, je désire ensuite saluer ceux qui prennent part pour la première fois à cette rencontre. Votre présence est un signe significatif et apprécié des rapports fructueux que, dans le monde entier, l’Église catholique entretient avec les autorités civiles. Il s’agit d’un dialogue qui a à cœur le bien intégral, spirituel et matériel, de chaque homme, et cherche à en promouvoir partout la dignité transcendante. Comme je l’ai rappelé dans mon Allocution à l’occasion du dernier Consistoire ordinaire public pour la création de nouveaux Cardinaux, « l’Église, depuis ses origines, est orientée kat’holon, c’est-à-dire qu’elle embrasse tout l’univers » et avec lui chaque peuple, chaque culture et chaque tradition. Cette “orientation” ne représente pas une ingérence dans la vie des diverses sociétés, mais elle sert plutôt à illuminer la conscience droite de leurs citoyens et à les inviter à travailler pour le bien de chaque personne et pour le progrès du genre humain. C’est dans cette perspective, et pour favoriser une collaboration fructueuse entre l’Église et l’État au service du bien commun, que l’année dernière, ont été signés des accords bilatéraux entre le Saint-Siège et le Burundi ainsi qu’avec la Guinée Équatoriale, et que celui avec le Monténégro a été ratifié. Dans le même esprit, le Saint-Siège participe aux travaux de diverses organisations et institutions internationales. À ce propos, je suis heureux qu’au mois de décembre dernier sa demande pour devenir observateur extrarégional dans le système d’intégration de l’Amérique centrale ait été accueillie, en raison aussi de la contribution que l’Église catholique offre dans plusieurs secteurs des sociétés de cette région. Les visites de divers chefs d’État et de gouvernement que j’ai reçues au cours de l’année écoulée, comme aussi les inoubliables voyages apostoliques que j’ai effectués au Mexique, à Cuba et au Liban, ont été des occasions privilégiées pour raffermir l’engagement civique des chrétiens de ces pays ainsi que pour promouvoir la dignité de la personne humaine et les fondements de la paix.
En ce lieu, il m’est également agréable de mentionner le précieux travail accompli par les représentants pontificaux, dans un dialogue constant avec vos gouvernements. Je désire rappeler en particulier l’estime dont a joui Monseigneur Ambrose Madtha, nonce apostolique en Côte d’Ivoire, qui a péri tragiquement, il y a un mois, dans un accident de la route, avec le chauffeur qui l’accompagnait.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
L’évangile de Luc relate que, dans la nuit de Noël, les bergers entendent les chœurs angéliques qui glorifient Dieu et invoquent la paix sur l’humanité. L’évangéliste souligne ainsi l’étroite relation entre Dieu et le désir ardent de l’homme de tous les temps de connaître la vérité, de pratiquer la justice et de vivre dans la paix (cf. Jean XXIII, Pacem in terris : AAS 55 [1963], 257). Aujourd’hui, on est quelquefois amené à penser que la vérité, la justice et la paix sont des utopies et qu’elles s’excluent mutuellement. Connaître la vérité semble impossible et les efforts pour l’affirmer semblent souvent aboutir à la violence. D’autre part, selon une conception désormais diffuse, l’engagement pour la paix ne consiste que dans la recherche de compromis qui garantissent la cohabitation entre les peuples ou entre les citoyens à l’intérieur d’une nation. Dans l’optique chrétienne, au contraire, il existe un lien intime entre la glorification de Dieu et la paix des hommes sur la terre, si bien que la paix ne vient pas d’un simple effort humain, mais participe de l’amour même de Dieu. Et c’est justement l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence. En effet, quand on cesse de se référer à une vérité objective et transcendante, comment est-il possible de réaliser un dialogue authentique ? Dans ce cas, comment peut-on éviter que la violence, déclarée ou cachée, ne devienne la règle dernière des rapports humains ? En réalité, sans une ouverture transcendante, l’homme devient facilement la proie du relativisme et, ensuite, il réussit difficilement à agir selon la justice et à s’engager pour la paix.
Aux manifestations de l’oubli de Dieu on peut associer celles dues à l’ignorance de son vrai visage, qui est la cause d’un fanatisme pernicieux de matrice religieuse, qui, en 2012 aussi, a fait des victimes dans certains pays, ici représentés. Comme je l’ai déjà dit, il s’agit d’une falsification de la religion elle-même, alors que celle-ci, au contraire, vise à réconcilier l’homme avec Dieu, à éclairer et à purifier les consciences et à rendre clair que chaque homme est image du Créateur.
Donc, si la glorification de Dieu et la paix sur la terre sont étroitement liées entre elles, il apparaît évident que la paix est, en même temps, don de Dieu et tâche de l’homme, parce qu’elle exige sa réponse libre et consciente. Pour ce motif, j’ai voulu intituler le Message annuel pour la Journée mondiale de la Paix [1] : Heureux les artisans de paix. C’est avant tout aux autorités civiles et politiques qu’incombe la grave responsabilité d’œuvrer pour la paix. Elles sont les premières à être appelées à résoudre les nombreux conflits qui continuent d’ensanglanter l’humanité, à commencer par cette région privilégiée dans le dessein de Dieu qu’est le Moyen Orient. Je pense d’abord à la Syrie, déchirée par des massacres incessants et théâtre d’effroyables souffrances parmi la population civile. Je renouvelle mon appel afin que les armes soient déposées et que prévale le plus tôt possible un dialogue constructif pour mettre fin à un conflit qui ne connaîtra pas de vainqueurs, mais seulement des vaincus, s’il perdure, ne laissant derrière lui qu’un champ de ruines. Permettez-moi, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, de vous demander de continuer à sensibiliser vos autorités, afin que soient fournies de façon urgente les aides indispensables pour affronter la grave situation humanitaire.
Je regarde ensuite avec une vive attention vers la Terre Sainte. Suite à la reconnaissance de la Palestine comme État observateur non membre des Nations Unies, je renouvelle le souhait que, avec le soutien de la communauté internationale, Israéliens et Palestiniens s’engagent pour une cohabitation pacifique dans le cadre de deux États souverains, où le respect de la justice et des aspirations légitimes des deux peuples sera préservé et garanti. Jérusalem, deviens ce que ton nom signifie ! Cité de la paix et non de la division ; prophétie du Royaume de Dieu et non message d’instabilité et d’opposition !
Tournant ensuite ma pensée vers la chère population irakienne, je souhaite qu’elle parcoure le chemin de la réconciliation, pour arriver à la stabilité désirée.
Au Liban – où, au mois de septembre dernier, j’ai rencontré ses diverses réalités constitutives – que la pluralité des traditions religieuses soit cultivée par tous comme une vraie richesse pour le pays, comme aussi pour toute la région, et que les chrétiens offrent un témoignage efficace pour la construction d’un avenir de paix avec tous les hommes de bonne volonté !
En Afrique du Nord aussi, la collaboration de toutes les composantes de la société est prioritaire et, à chacune d’elles doit être garantie la pleine citoyenneté, la liberté de professer publiquement sa religion et la possibilité de contribuer au bien commun. J’assure tous les Égyptiens de ma proximité et de ma prière, en cette période où se mettent en place de nouvelles institutions.
Tournant le regard vers l’Afrique subsaharienne, j’encourage les efforts pour construire la paix, surtout là où demeurent ouvertes les plaies des guerres et là où pèsent de graves conséquences humanitaires. Je pense particulièrement à la région de la Corne de l’Afrique, comme aussi à l’est de la République démocratique du Congo, où les violences se sont ravivées, obligeant de nombreuses personnes à abandonner leurs maisons, leurs familles et leur cadre de vie. En même temps, je ne peux passer sous silence d’autres menaces qui se profilent à l’horizon. À intervalles réguliers, le Nigéria est le théâtre d’attentats terroristes qui font des victimes, surtout parmi les fidèles chrétiens réunis en prière, comme si la haine voulait transformer des temples de prière et de paix en autant de centres de peur et de division. J’ai ressenti une grande tristesse en apprenant que, même dans les jours où nous célébrions Noël, des chrétiens ont été tués d’une façon barbare. Le Mali est aussi déchiré par la violence et il est marqué par une profonde crise institutionnelle et sociale, qui doit susciter une attention efficace de la part de la communauté internationale. En République centrafricaine, je souhaite que les pourparlers annoncés pour les jours qui viennent ramènent la stabilité et épargnent à la population de revivre les affres de la guerre civile.
La construction de la paix passe toujours de nouveau par la protection de l’homme et de ses droits fondamentaux. Cette tâche, même si elle est menée avec des modalités et une intensité diverses, interpelle tous les pays et doit constamment être inspirée par la dignité transcendante de la personne humaine et par les principes inscrits dans sa nature. Parmi ceux-ci figu
08/01/2013 | Lien permanent | Commentaires (4)
Polarisé sur l'extrême droite, Valls devrait aller à Riga
M. Valls était hier en Pologne, pour tonner que "l'extrême droite monte partout en Europe". Il ne croyait pas si bien dire :
...S'il avait eu le temps de prendre un vol Varsovie-Riga et d'attendre cinq jours, il aurait vu la plus extrême des extrêmes droites : une extrême droite vintage, avec traçabilité jusqu'en 1941. L'atmosphère est en effet spéciale en Lettonie, pays de 2 millions d'habitants dont trois cent mille russophones, nés là, mais auxquels on refuse le droit du sol... et contre lesquels les « nationalistes » lettons sont en campagne de provocation permanente. Or on trouve cette info dans Libération de ce matin, alors même que les troupes américaines se déploient en Lettonie :
<< Prochaine date marquée par un feu clignotant : le défilé annuel du 16 mars des anciens de la légion lettone de la Waffen-SS, considérés par les nationalistes lettons, malgré leurs crimes, comme des combattants pour l'indépendance du pays. >>
Le 16 mars 2014, cette commémoration annuelle réunissait encore 1500 alte Kameraden entourés de militants. Ceux-ci sont aussi virulents (et aussi authentiques) dans les Pays baltes qu'en Ukraine ; à ce degré on ne trouve rien de comparable en Europe occidentale. Car les trois pays baltes sont membres de l'UE, contrairement à l'Ukraine...
Le site Histoire et société publie ce témoignage :
<< Au sein des trois pays baltes, la situation est très préoccupante. Les gouvernements de ces pays, tout en maintenant un discours officiel qui tente de mettre sur un même plan communisme et nazisme […], traitent les vétérans nazis comme des « combattants pour la liberté », comme certains ministres ont osé les définir.
► Ainsi, l’Estonie est devenue le lieu habituel de réunion des vétérans nazis des Waffen-SS avec l’appui du gouvernement, qui envoie également des messages de salutations aux participants et qui trouve dans le ministre de la Défense un de ses principaux propagandistes. Après des années de défilés, initiatives et rassemblements exaltant le nazisme, en 2004, apparaît la nouvelle dans la presse internationale sur l’intention d’ériger un monument pour les SS en Estonie et pour les vétérans de la 20ème division Waffen SS Grenadier 1/Estonie, qui ont collaboré avec les nazis et qui continuent à organiser librement des réunions dans le pays. Il ne s’agit pas de petits groupes isolés: 60 à 70 000 Estoniens ont rejoint les détachements nazis, combattant aux côtés de l’Allemagne d’Hitler.
A Sinimäe, où eut lieu la principale bataille entre l’armée allemande et les troupes soviétiques pendant la deuxième guerre mondiale, se rassemblent habituellement chaque année plusieurs centaines de personnes, accompagnées des autorités locales et des vétérans nazis de Lettonie, Lituanie, Danemark et d’Autriche ainsi que d’anciens membres des Waffen-SS, défilant sous les drapeaux nazis. Une de leurs revendications est que soit érigé un monument à Tallinn, la capitale estonienne, pour les vétérans de la « Seconde guerre de libération », comme ils appellent leur participation aux côtés des nazis pendant la guerre. Après 1945, nombre de ces nazis ont continué à combattre l’Armée rouge dans des guérillas qui eurent le soutien de la CIA américaine et des services secrets britanniques, jusqu’à leur disparition dans les années Cinquante. Les livres de Mart Laar (qui fut premier ministre de l’Estonie et actuel ministre de la Défense) comme La légion estonienne et Le Soldat estonien pendant la seconde guerre mondiale, dans lequel il conserve la mémoire et défend les agissements de ces hommes rangés aux côtés des nazis, sont habituellement vendus dans ces initiatives de propagande fasciste, sous la protection officielle du gouvernement estonien.
Autour de ces initiatives nazies, prolifèrent d’autres initiatives. Des groupes musicaux comme Untsakad ont publié des disques avec des chants nazis estoniens et en 2008 toutes les bibliothèques du pays offraient un calendrier avec des dizaines d’affiches de propagande de la 20ème division Waffen-SS. En dépit des protestations des citoyens de gauche, des groupes démocratiques et antifascistes, le gouvernement a continué à tolérer et protéger les activités nazies qui s’étendent aux pays voisins. A Helsinki, profitant d’une exposition annuelle promouvant les produits estoniens, sont souvent vendus des t-shirts glorifiant la légion estonienne des SS et des opuscules de guerre avec des appels à la guerre contre la Russie et à la destruction de Moscou. Le Comité anti-fasciste d’Estonie, qui cherche à limiter la diffusion des idées nazies, dénonce la justification dans ce pays des crimes contre l’humanité commis par les membres estoniens de la Waffen-SS.
[…] En outre, on célèbre chaque année la « Marche d’Erna », en mémoire du bataillon spécial des Waffen-SS, avec un nom qui rappelle le parcours menant de Tallinn à une ancienne base militaire nazie, sur près de 150 kms. Sous prétexte de réaliser un événement sportif, la marche est une glorification du nazisme et des actions de la Légion estonienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Le soutien du gouvernement est allé tellement loin que la 17ème marche, en 2010, a été ouverte par l’ancien ministre de la Défense, Jaak Aaviksoo. Elle se déroule depuis 18 ans.
[…] Le soutien non-dissimulé du gouvernement estonien à ces manifestations va jusqu’à les annoncer sur les pages web des organismes officiels, dans une tentative de faire des héros à partir des criminels d’hier. [...]
► En Lettonie, officiellement se déroule chaque 16 mars un hommage à la Légion lettone des Waffen-SS : initiative créée en 1994, peu après la chute de l’URSS. La légion lettone, qui a rassemblé jusqu’à 100 000 hommes, a participé au siège nazi de Leningrad qui a tué plus d’1 million de citoyens soviétiques. […] A Lestene, se trouve un monument en hommage aux nazis lettons, qui a été inauguré par des ministres du gouvernement et par des organisations comme Daugavas Vanagi qui soutiennent ouvertement les parades nazies. Daugavas Vanagi (« Faucons de Daugava ») est une organisation créée en Belgique en 1945 pour aider les prisonniers nazis lettons et qui a des bureaux aux Etats-Unis, Canada, Australie et dans d’autres pays où elle continue à être épaulée par des groupes de jeunes aux tenues paramilitaires.
La parade actuelle de la Légion Waffen-SS a été interdite par le conseil municipal de Riga, mais les juges ont abrogé leur décision, recevant le soutien du président du pays jusqu’en 2011, Valdis Zatlers, qui a défendu publiquement les cérémonies rendant hommage aux vétérans nazis. Les Lettons qui ont collaboré avec l’Allemagne nazie dans les camps d’extermination furent particulièrement sanguinaires. Les affrontements entre les participants aux marches nazies et les antifascistes (qui ont parfois défilé vêtus comme des prisonniers de camps d’extermination) ont été fréquents et la police lettone n’a pas hésité à arrêter les militants antifascistes comme le député Victor Dergunov. La complicité avec les nazis a atteint un tel point que l’ancien président letton, Valdis Zatlers, a déclaré en mars 2008 que l’opinion publique internationale se trompait lorsqu’elle qualifiait de nazis les anciens lettons membres de la Waffen-SS.
[…] L’obsession anti-communiste et anti-russe a porté le Parlement letton, le Seim, en février 2004, à annuler le droit des citoyens lettons à pouvoir éduquer leurs enfants dans la langue russe, avec l’adoption d’une loi discriminatoire qui institue une véritable ségrégation pour les citoyens lettons russophones. C’est incroyable que cela se déroule au sein de l’Union européenne, mais le nationalisme letton nie la citoyenneté à près de 20% de la population, qui n’ont pas de droit, transformant des citoyens en apatrides bien qu’ils soient nés en Lettonie ; ils ne peuvent pas voter non plus. L’entrée dans l’OTAN et dans l’UE a encouragé les tentations ségrégationnistes du gouvernement conservateur, qui a considéré que ni l’alliance militaire occidentale, ni Bruxelles, ne s’opposeraient à cette décision, comme ce fut effectivement le cas. Même le gouvernement letton a entamé le processus de révision de la Seconde guerre mondiale. […]
► En Lituanie, où les nazis ont tué plus de 200 000 juifs, les gouvernements conservateurs ont cherché d’effacer de l’histoire les massacres, l’implication du nationalisme et des volontaires lituaniens nazis. [...] Ce n’est pas un hasard si le ministre de la Défense Jukneviciene Rasa, lors de sa visite aux États-Unis, a effectué une visite sur la tombe du général Povilas Plechavicius. Plechavicius est arrivé en Lituanie avec les troupes nazies pendant l’opération Barbarossa et a combattu avec eux contre les Polonais anti-fascistes, comme des milliers de nationalistes lettons. Le président du pays de 2004 à 2009, Valdas Adamkus, a combattu pendant la Seconde Guerre mondiale contre l’armée soviétique, aux côtés des troupes nazies, et quand la guerre fut finie, il est parti en Allemagne avec sa famille, et il ne s’agit pas d’un cas isolé parmi les politiciens nationalistes. […] En mai 2010, dans un acte révélateur, les tribunaux lituaniens ont établi que la swastika nazie faisait partie du « patrimoine culturel du pays » et que pour cette raison elle pouvait être utilisée, à la différence de la faucille et du marteau... >>
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* Merci à Trofim.
12/03/2015 | Lien permanent | Commentaires (5)
Fautes d'impression(s)
L'évangile d'aujourd'hui. Examen de conscience :
► Jean 7, 1-30 :
Après cela, Jésus parcourait la Galilée : il ne voulait pas parcourir la Judée car les Juifs cherchaient à le tuer.
La fête juive des Tentes était proche.
Alors les frères de Jésus lui dirent : « Ne reste pas ici, va en Judée pour que tes disciples aussi voient les œuvres que tu fais.
On n’agit pas en secret quand on veut être un personnage public. Puisque tu fais de telles choses, il faut te manifester au monde. »
En effet, les frères de Jésus eux-mêmes ne croyaient pas en lui.
Jésus leur dit alors : « Pour moi, le moment n’est pas encore venu, mais pour vous, c’est toujours le bon moment.
Le monde ne peut pas vous haïr, mais il a de la haine contre moi parce que je témoigne que ses œuvres sont mauvaises.
Vous autres, montez à la fête ; moi, je ne monte pas à cette fête parce que mon temps n’est pas encore accompli. »
Cela dit, il demeura en Galilée.
Lorsque ses frères furent montés à Jérusalem pour la fête, il y monta lui aussi, non pas ostensiblement, mais en secret.
Les Juifs le cherchaient pendant la fête, en disant : « Où donc est-il ? »
On discutait beaucoup à son sujet dans la foule. Tandis que les uns disaient : « C’est un homme de bien », d’autres répliquaient : « Mais non, il égare la foule. »
Toutefois, personne ne parlait ouvertement de lui, par crainte des Juifs.
On était déjà au milieu de la semaine de la fête quand Jésus monta au Temple ; et là il enseignait.
Les Juifs s’étonnaient et disaient : « Comment est-il instruit sans avoir étudié ? »
Jésus leur répondit : « Mon enseignement n’est pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé.
Quelqu’un veut-il faire la volonté de Dieu, il saura si cet enseignement vient de Dieu, ou si je parle de ma propre initiative.
Si quelqu’un parle de sa propre initiative, il cherche sa gloire personnelle ; mais si quelqu’un cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, celui-là est vrai et il n’y a pas d’imposture en lui.
Moïse ne vous a-t-il pas donné la Loi ? Et aucun de vous ne met la Loi en pratique. Pourquoi cherchez-vous à me tuer ? »
La foule répondit : « Tu as un démon. Qui donc cherche à te tuer ? »
Jésus leur répondit : « Pour une seule œuvre que j’ai faite, vous voilà tous dans l’étonnement.
Moïse vous a donné la circoncision – en fait elle ne vient pas de Moïse, mais des patriarches –, et vous la pratiquez même le jour du sabbat.
Eh bien ! Si, le jour du sabbat, un homme peut recevoir la circoncision afin que la loi de Moïse soit respectée, pourquoi vous emporter contre moi parce que j’ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ?
Ne jugez pas d’après l’apparence, mais jugez selon la justice. »
Quelques habitants de Jérusalem disaient alors : « N’est-ce pas celui qu’on cherche à tuer ?
Le voilà qui parle ouvertement, et personne ne lui dit rien ! Nos chefs auraient-ils vraiment reconnu que c’est lui le Christ ?
Mais lui, nous savons d’où il est. Or, le Christ, quand il viendra, personne ne saura d’où il est. »
Jésus, qui enseignait dans le Temple, s’écria : « Vous me connaissez ? Et vous savez d’où je suis ? Je ne suis pas venu de moi-même : mais il est véridique, Celui qui m’a envoyé, lui que vous ne connaissez pas.
Moi, je le connais parce que je viens d’auprès de lui, et c’est lui qui m’a envoyé. »
On cherchait à l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui parce que son heure n’était pas encore venue...
► Saint Augustin (Sermon 28 sur saint Jean) :
Jésus leur dit : “Mon temps n'est pas encore venu, tandis que pour vous le temps est toujours bon.” […] Les disciples ne voyaient que le terme du chemin, sans considérer le chemin qui devait y conduire. Le Seigneur les a donc appelés à la véritable route, pour qu'ils parviennent à la patrie comme on doit le faire. La patrie, c'est la vie du Christ ; la route, c'est sa mort. La patrie, c'est la demeure du Christ ; la route, c'est sa Passion. Ayons donc le coeur droit ; le temps de notre gloire n'est pas encore arrivé. Ecoutons dire à ceux qui aiment ce monde, comme les frères du Seigneur : “Votre temps est toujours bon, le nôtre n'est pas encore venu.” Osons le dire, nous aussi.
► Parole et prière, mars 2015 :
<< La parole de Dieu échappe heureusement à l'emprisonnement que je veux tant de fois lui imposer en l'aseptisant, en lui ôtant toute capacité à me remettre en question. Il faut toujours chercher le Christ pour le trouver, et le trouver pour le chercher encore. C'est Lui qui me saisit et non l'inverse. >>
► « Pour moi, le moment n’est pas encore venu ; mais pour vous c’est toujours le bon moment... » La mise en garde s'impose à nous tous. Donc à moi. Réagissant à ma note du 18/03 (Le tapage de la semaine), un lecteur m'a tweeté : « injures, sophismes, condamnations et compagnie... Pas à dire vous êtes en forme pour votre carême ! » Je lui ai répondu : « Je regrette de vous avoir donné cette impression, mais je ne la comprends pas. » En effet : je ne vois pas en quoi mes commentaires (sur un passage du livre d'Ariane Chemin et Vanessa Schneider) ont pu donner à ce lecteur l'impression de sophismes. Ni celle d'injures et de condamnations... Je maintiens qu'on a le devoir* de polémiquer contre une attitude consistant à répandre, en tant que catholiques, des idées contraires à la pensée sociale catholique : ce confusionnisme est un abus. C'est un obstacle sur le chemin de l'Eglise.
Mais si ce lecteur (qui tweete sous son nom, chose rare et digne d'éloges) m'accuse en public d'injures et de condamnations, c'est qu'il se sent sincèrement indigné.
En ce cas je dois avoir été en faute dans ma façon d'exprimer les choses. Si la faute était avérée, le fait de ne pas voir en quoi elle a consisté serait une circonstance aggravante. J'avais cru ne m'en prendre qu'à ce que certaines personnes ont fait ou dit ; si ce lecteur juge que j'ai voulu m'en prendre («injures et condamnations ») à ce que sont ces personnes, alors que cette intention n'était pas la mienne, c'est que j'avais écrit trop vite... Ecrire trop vite ôte à la parole de Dieu « toute capacité » de remettre en question celui qui écrit. Si c'est arrivé en la circonstance, je suis prêt à le reconnaître.
PP
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