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12/03/2015

Polarisé sur l'extrême droite, Valls devrait aller à Riga

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M. Valls était hier en Pologne, pour tonner que "l'extrême droite monte partout en Europe".  Il ne croyait pas si bien dire :


 

...S'il avait eu le temps de prendre un vol Varsovie-Riga et d'attendre cinq jours, il aurait vu la plus extrême des extrêmes droites : une extrême droite vintage, avec traçabilité jusqu'en 1941. L'atmosphère est en effet spéciale en Lettonie, pays de 2 millions d'habitants dont trois cent mille russophones, nés là, mais auxquels on refuse le droit du sol... et contre lesquels les « nationalistes » lettons sont en campagne de provocation permanente. Or on trouve cette info dans Libération de ce matin, alors même que les troupes américaines se déploient en Lettonie :

<< Prochaine date marquée par un feu clignotant : le défilé annuel du 16 mars des anciens de la légion lettone de la Waffen-SS, considérés par les nationalistes lettons, malgré leurs crimes, comme des combattants pour l'indépendance du pays. >>

Le 16 mars 2014, cette commémoration annuelle réunissait encore 1500 alte Kameraden entourés de militants. Ceux-ci sont aussi virulents (et aussi authentiques) dans les Pays baltes qu'en Ukraine ; à ce degré on ne trouve rien de comparable en Europe occidentale. Car les trois pays baltes sont membres de l'UE, contrairement à l'Ukraine...

 

Le site Histoire et société publie ce témoignage :

 

<< Au sein des trois pays baltes, la situation est très préoccupante. Les gouvernements de ces pays, tout en maintenant un discours officiel qui tente de mettre sur un même plan communisme et nazisme […], traitent les vétérans nazis comme des « combattants pour la liberté », comme certains ministres ont osé les définir.

Ainsi, l’Estonie est devenue le lieu habituel de réunion des vétérans nazis des Waffen-SS avec l’appui du gouvernement, qui envoie également des messages de salutations aux participants et qui trouve dans le ministre de la Défense un de ses principaux propagandistes. Après des années de défilés, initiatives et rassemblements exaltant le nazisme, en 2004, apparaît la nouvelle dans la presse internationale sur l’intention d’ériger un monument pour les SS en Estonie et pour les vétérans de la 20ème division Waffen SS Grenadier 1/Estonie, qui ont collaboré avec les nazis et qui continuent à organiser librement des réunions dans le pays. Il ne s’agit pas de petits groupes isolés: 60 à 70 000 Estoniens ont rejoint les détachements nazis, combattant aux côtés de l’Allemagne d’Hitler.

A Sinimäe, où eut lieu la principale bataille entre l’armée allemande et les troupes soviétiques pendant la deuxième guerre mondiale, se rassemblent habituellement chaque année plusieurs centaines de personnes, accompagnées des autorités locales et des vétérans nazis de Lettonie, Lituanie, Danemark et d’Autriche ainsi que d’anciens membres des Waffen-SS, défilant sous les drapeaux nazis. Une de leurs revendications est que soit érigé un monument à Tallinn, la capitale estonienne, pour les vétérans de la « Seconde guerre de libération », comme ils appellent leur participation aux côtés des nazis pendant la guerre. Après 1945, nombre de ces nazis ont continué à combattre l’Armée rouge dans des guérillas qui eurent le soutien de la CIA américaine et des services secrets britanniques, jusqu’à leur disparition dans les années Cinquante. Les livres de Mart Laar (qui fut premier ministre de l’Estonie et actuel ministre de la Défense) comme La légion estonienne et Le Soldat estonien pendant la seconde guerre mondiale, dans lequel il conserve la mémoire et défend les agissements de ces hommes rangés aux côtés des nazis, sont habituellement vendus dans ces initiatives de propagande fasciste, sous la protection officielle du gouvernement estonien.

Autour de ces initiatives nazies, prolifèrent d’autres initiatives. Des groupes musicaux comme Untsakad ont publié des disques avec des chants nazis estoniens et en 2008 toutes les bibliothèques du pays offraient un calendrier avec des dizaines d’affiches de propagande de la 20ème division Waffen-SS. En dépit des protestations des citoyens de gauche, des groupes démocratiques et antifascistes, le gouvernement a continué à tolérer et protéger les activités nazies qui s’étendent aux pays voisins. A Helsinki, profitant d’une exposition annuelle promouvant les produits estoniens, sont souvent vendus des t-shirts glorifiant la légion estonienne des SS et des opuscules de guerre avec des appels à la guerre contre la Russie et à la destruction de Moscou. Le Comité anti-fasciste d’Estonie, qui cherche à limiter la diffusion des idées nazies, dénonce la justification dans ce pays des crimes contre l’humanité commis par les membres estoniens de la Waffen-SS.

[…] En outre, on célèbre chaque année la « Marche d’Erna », en mémoire du bataillon spécial des Waffen-SS, avec un nom qui rappelle le parcours menant de Tallinn à une ancienne base militaire nazie, sur près de 150 kms. Sous prétexte de réaliser un événement sportif, la marche est une glorification du nazisme et des actions de la Légion estonienne pendant la Seconde Guerre mondiale. Le soutien du gouvernement est allé tellement loin que la 17ème marche, en 2010, a été ouverte par l’ancien ministre de la Défense, Jaak Aaviksoo. Elle se déroule depuis 18 ans.

[…] Le soutien non-dissimulé du gouvernement estonien à ces manifestations va jusqu’à les annoncer sur les pages web des organismes officiels, dans une tentative de faire des héros à partir des criminels d’hier.  [...]

 En Lettonie, officiellement se déroule chaque 16 mars un hommage à la Légion lettone des Waffen-SS : initiative créée en 1994, peu après la chute de l’URSS. La légion lettone, qui a rassemblé jusqu’à 100 000 hommes, a participé au siège nazi de Leningrad qui a tué plus d’1 million de citoyens soviétiques. […] A Lestene, se trouve un monument en hommage aux nazis lettons, qui a été inauguré par des ministres du gouvernement et par des organisations comme Daugavas Vanagi qui soutiennent ouvertement les parades nazies. Daugavas Vanagi (« Faucons de Daugava ») est une organisation créée en Belgique en 1945 pour aider les prisonniers nazis lettons et qui a des bureaux aux Etats-Unis, Canada, Australie et dans d’autres pays où elle continue à être épaulée par des groupes de jeunes aux tenues paramilitaires.

La parade actuelle de la Légion Waffen-SS a été interdite par le conseil municipal de Riga, mais les juges ont abrogé leur décision, recevant le soutien du président du pays jusqu’en 2011, Valdis Zatlers, qui a défendu publiquement les cérémonies rendant hommage aux vétérans nazis. Les Lettons qui ont collaboré avec l’Allemagne nazie dans les camps d’extermination furent particulièrement sanguinaires. Les affrontements entre les participants aux marches nazies et les antifascistes (qui ont parfois défilé vêtus comme des prisonniers de camps d’extermination) ont été fréquents et la police lettone n’a pas hésité à arrêter les militants antifascistes comme le député Victor Dergunov. La complicité avec les nazis a atteint un tel point que l’ancien président letton, Valdis Zatlers, a déclaré en mars 2008 que l’opinion publique internationale se trompait lorsqu’elle qualifiait de nazis les anciens lettons membres de la Waffen-SS.

[…] L’obsession anti-communiste et anti-russe a porté le Parlement letton, le Seim, en février 2004, à annuler le droit des citoyens lettons à pouvoir éduquer leurs enfants dans la langue russe, avec l’adoption d’une loi discriminatoire qui institue une véritable ségrégation pour les citoyens lettons russophones. C’est incroyable que cela se déroule au sein de l’Union européenne, mais le nationalisme letton nie la citoyenneté à près de 20% de la population, qui n’ont pas de droit, transformant des citoyens en apatrides bien qu’ils soient nés en Lettonie ; ils ne peuvent pas voter non plus. L’entrée dans l’OTAN et dans l’UE a encouragé les tentations ségrégationnistes du gouvernement conservateur, qui a considéré que ni l’alliance militaire occidentale, ni Bruxelles, ne s’opposeraient à cette décision, comme ce fut effectivement le cas. Même le gouvernement letton a entamé le processus de révision de la Seconde guerre mondiale. […]

 En Lituanie, où les nazis ont tué plus de 200 000 juifs, les gouvernements conservateurs ont cherché d’effacer de l’histoire les massacres, l’implication du nationalisme et des volontaires lituaniens nazis. [...] Ce n’est pas un hasard si le ministre de la Défense Jukneviciene Rasa, lors de sa visite aux États-Unis, a effectué une visite sur la tombe du général Povilas Plechavicius. Plechavicius est arrivé en Lituanie avec les troupes nazies pendant l’opération Barbarossa et a combattu avec eux contre les Polonais anti-fascistes, comme des milliers de nationalistes lettons. Le président du pays de 2004 à 2009, Valdas Adamkus, a combattu pendant la Seconde Guerre mondiale contre l’armée soviétique, aux côtés des troupes nazies, et quand la guerre fut finie, il est parti en Allemagne avec sa famille, et il ne s’agit pas d’un cas isolé parmi les politiciens nationalistes. […] En mai 2010, dans un acte révélateur, les tribunaux lituaniens ont établi que la swastika nazie faisait partie du « patrimoine culturel du pays » et que pour cette raison elle pouvait être utilisée, à la différence de la faucille et du marteau... >>

 

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* Merci à Trofim.

 

11:40 Publié dans Europe, Histoire | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : europe

Commentaires

TOUT

> Cette problématique des pays baltes ne me surprend pas. Contre le gros ours menaçant d'à côté, tout est bon : les Américains comme les "patriotes", peu importe leurs écussons et tatouages. Le passif est persistant et on se demande s'il va un jour se résorber.
Le film "Crosswind - La croisée des vents" de Martti Helde, sorti cette semaine, évoque les déportations de masse des Estoniens par Staline en 1941. Retraçant dans un style très symbolique (le temps suspendu, comme une interminable parenthèse hors de la vraie vie), il finit sur un rappel du nombre de victimes de "l'holocauste soviétique" – peu importe que le terme "holocauste" soit approprié ou non.
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Écrit par : Albert Christophe / | 12/03/2015

(Désolé, j'ai oublié un morceau de phrase :)
Retraçant l'itinéraire d'une femme brutalement séparée de son époux, dans un style très symbolique...
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Écrit par : Albert Christophe / | 12/03/2015

DÉTAILS

> à Albert Christophe - Vous oubliez deux détails :
- la participation active des nazis baltes à l'extermination des populations juives. Cela n'a rien à voir avec les tsars, Staline, les cosaques etc.
- Et que des mouvements nazis baltes (les Perkonkruts etc) tenaient le haut du pavé à Vilnius, Tallin et Riga quand les trois pays baltes étaient indépendants, jusqu'en 1939. La renaissance de ces mouvements aujourd'hui renoue avec la situation des indépendances d'avant-guerre.
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Écrit par : justus / | 12/03/2015

ON EN PARLE

> "Bonne extrême-droite" = compatible avec la mondialisation-américanisation.
"Mauvaise extrême-droite" = incompatible, mais épouvantail utile pour discréditer l'idée d'indépendance nationale et diviser la droite. Donc on en parle quand-même pour la faire monter.

PH


[ PP à PH - Ou plus précisément : on ne parle que de la "mauvaise". Quant à la "bonne", on nie son existence : le blason du bataillon Azov apparaît sans problème sur les écrans de nos chaînes d'info, qui feignent d'ignorer que cet insigne vient ouvertement de celui de la division Das Reich. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 12/03/2015

RUSSES

> Pendant ce temps, les geeks russes s'amusent: http://www.youtube.com/watch?v=T65SwzHAbes&feature=youtube_gdata_player
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Écrit par : Pierre Jova / | 13/03/2015

@ justus :

> je ne citais qu'un facteur, mais qui me semble toujours prégnant aujourd'hui dans la population en général, d'autant plus après l'occupation soviétique. J'admets que pour les néo-nazis confirmés, ceux des années 1930 comme ceux d'aujourd'hui, il s'agit moins d'un élément fondateur que d'un prétexte.

AC


[ PP à AC - D'autant qu'il ne s'agit pas de néonazis, mais d'authentiques nationaux-socialistes d'origine, par transmission ininterrompue sur plusieurs générations depuis les années 1940 ! Phénomène de sociologie idéologique sans équivalent dans d'autres régions de l'Union européenne : ce qui rend d'autant plus troublant le silence de nos médias, si prompts à dénoncer l'extrême droite ailleurs ; une extrême droite bien timide par comparaison avec les bataillons baltes ou ukrainiens.]

réponse au commentaire

Écrit par : Albert Christophe / | 14/03/2015

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