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UE : campagne de lobbies contre Tonio Borg
Le Parlement européen
sert des intérêts privés :
<< ROME, 13 novembre 2012 (ZENIT.org) – Tonio Borg, candidat à un poste à l’Union européenne, est victime d’une campagne de dénigrement, estime l’organisation non gouvernementale European Dignity Watch. Il ne s’agit pas, souligne l’organisation, d’un débat public sur les valeurs européennes ; ce qui est en jeu, c’est qu’une personne qualifiée se voit nier le droit d'occuper un poste de haut rang dans l'Union européenne (UE) pour le seul fait d’être chrétien.
M. Tonio Borg, actuellement ministre des Affaires étrangères de Malte, est le candidat de son pays au portefeuille de la Santé et la Politique des consommateurs de la Commission européenne, un poste récemment libéré par John Dalli. Avec des qualifications académiques en droit administratif et en droits humains, et des décennies d'expérience dans les ministères de la Justice et des Affaires intérieures de son pays, Tonio Borg est considéré come un « candidat idéal ». Borg est aussi un chrétien catholique et, c’est cela, selon l’ONG, qui a déchaîné une « campagne coordonnée s'opposant à sa nomination ».
Le commissaire désigné a été entendu pendant trois heures, ce 13 novembre, par le Parlement européen, qui a quasiment un droit de veto sur les confirmations des nouveaux commissaires. Dans des circonstances normales, proteste l’ONG, il n'y aurait aucune raison pour le Parlement de douter de l'aptitude du candidat pour le poste.
Mais depuis des semaines, une coalition de groupes d'intérêts spéciaux et d’ONG a monté une campagne agressive de dénigrement contre l’homme politique maltais. A travers des articles et des messages postés sur des blogs et sur Twitter, ses adversaires ont concentré leurs attaques sur la foi chrétienne de Borg et sur ses points de vue personnels concernant des questions comme l'avortement, le « mariage » pour personnes du même sexe et le divorce. Aucun de ces sujets ne relève de la compétence de l'UE ou n’a quelque chose à voir avec le portefeuille dont Tonio Borg hériterait s’il était confirmé. Et pourtant, ses adversaires, en dépit du principe de subsidiarité inscrit dans les traités de l'UE, affirment que ses positions ne sont pas des « valeurs européennes ». Ils vont même jusqu'à affirmer qu'il a des « valeurs extrémistes ».
L’ONG fait observer que cela aurait certainement surpris les « pères fondateurs » de l'intégration européenne, dont beaucoup étaient de « fervents chrétiens » qui ont fondé le projet européen sur des principes chrétiens tels que la « subsidiarité », ainsi que « la dignité humaine » et la « solidarité ». La grande majorité des citoyens européens, aujourd'hui, sont chrétiens, fait observer la même source, qui estime que présenter le christianisme comme un « extrémisme » est de la propagande « haineuse » et « intolérante ».
Mais cette campagne ne recherche pas, estime European Dignity Watch, un « débat public » sur les valeurs européennes, il s'agit de « nier à une personne qualifiée le droit d'occuper un poste de haut rang dans l'UE parce qu'elle est chrétienne ».
Le préambule de la Charte européenne des droits fondamentaux, qui parle de « respect de la diversité des cultures et des traditions des peuples d’Europe » reconnaît aussi explicitement « le patrimoine spirituel et moral » de l’Europe, dont Borg est un digne représentant, rappelle la même source. Et l'annexe XVII du règlement du Parlement, qui stipule que les commissaires européens doivent être désignés « sur la seule base de leur compétence » et de leur « connaissance de leur portefeuille potentiel » : « les croyances personnelles de Monsieur Borg ne devraient donc pas et ne peuvent pas être utilisées pour évaluer son aptitude pour le poste », estime l’ONG européenne.
En outre, ce devrait être un sujet de préoccupation pour l’opinion publique que certaines des ONG qui cherchent à classer les valeurs chrétiennes de Tonio Borg comme « non-européennes » soient financées par la Commission européenne elle-même, déplore l’organisation. « Chaque année, le Parlement européen présente son Prix Sakharov à un défenseur de la liberté de pensée dans le monde. Il faut, bien sûr, qu’il soit cohérent et défende cette liberté dans sa propre maison aussi. Sinon, c’est la crédibilité même du Parlement européen qui est en jeu », exhorte European Dignity Watch.
Et de conclure : « Les valeurs de M. Borg sont tout à fait cohérentes avec les valeurs européennes énoncées dans la Charte des droits fondamentaux. Toutes les attaques malveillantes, intolérantes et haineuses portées contre lui doivent être considérées pour ce qu'elles sont, un écran de fumée derrière lequel des groupes d'intérêts spéciaux radicaux tentent de faire avancer leur propre agenda. » >>
13/11/2012 | Lien permanent | Commentaires (4)
U.E. : le catholique Borg ”gèle” les OGM
Le nouveau commissaire européen à la Santé gèle les autorisations d'OGM exigées par Barroso ! Analyse de l'affaire. Et retour sur la campagne anti-Borg (menée par des eurodéputés amis à la fois du mariage gay et de l'industrie biotech) :
L'exécutif européen renonce à imposer la mise en culture des OGM sur le continent – coercition pourtant promise par José Manuel Barroso depuis plusieurs années.
C'est une décision du nouveau commissaire à la Santé : l'ex-ministre maltais des Affaires étrangères, Tonio Borg.
Lors de sa nomination, en novembre 2012, Borg avait été la cible d'une attaque d'europarlementaires : ceux-ci lui reprochaient d'être catholique [1] et demandaient que sa nomination à la Commission soit annulée pour cette raison : voir la note de notre blog, ici. L'attaque anti-Borg était menée par un conglomérat de partisans du mariage homosexuel et d'amis de l'industrie biotechnologique... (il faudrait disséquer cette alliance tant elle paraît significative). Mais l'attaque avorta, les autorités ayant estimé que les "opinions" prêtées à Borg par ses adversaires n'étaient pas incompatibles avec le poste de commissaire à la Santé.
La décision que Borg vient de prendre au sujet des OGM révèle pourquoi des eurodéputés voulaient l'empêcher de prendre ce poste : le lobby de l'industrie biotechnologique se dissimulait derrière le lobby gay.
Les biotechnologies ne se limitent pas aux OGM. Elles englobent toutes les manipulations du vivant. Conseillons donc aux opposants français à la réforme du mariage de méditer cette affaire Borg, et de ne pas se laisser détourner de cette méditation par ceux d'entre eux qui (par ailleurs) militent pour l'ultralibéralisme...
Cela dit, l'arrogant lobbying OGM à Bruxelles n'est "gelé" que jusqu'à la fin du mandat de l'actuelle Commission, en 2014. Le combat reprendra alors. Huit pays du continent (France, Allemagne, Luxembourg, Autriche, Hongrie, Grèce, Bulgarie et Pologne) interdisent chez eux la culture des OGM autorisés par Barroso, et ont brisé l'offensive lancée par celui-ci pour faire condamner leur décision. Rappelons donc aux souverainistes écolophobes (il en reste) que l'Agence européenne de sécurité des aliments a systématiquement validé les demandes d'autorisation présentées par l'industrie biotech, pour aider Barroso à les imposer aux gouvernements nationaux. Coincés entre leur souverainisme et leur amour du transgénique par haine de l'écologie, les souverainistes écolophobes se condamnent – comme l'âne de la fable entre ses deux mangeoires – à mourir de faim : c'est-à-dire de bêtise.
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[1] cela se dit « avoir des opinions extrémistes », en euro-langage.
22/01/2013 | Lien permanent | Commentaires (2)
Bruxelles : le lobby OGM contre-attaque
...et force Borg à se désavouer :
Ouf ! L'UE reste soumise à l'industrie biotech. On avait craint, hier, que Bruxelles n'ait des velléités d'émancipation – mais le démenti est venu aussitôt :
Le Monde, 23/01 : << La Commission européenne a démenti, mardi 22 janvier, tout gel du processus d'autorisation de culture d'organismes génétiquement modifiés (OGM) jusqu'à la fin de son mandat, en 2014, corrigeant ainsi une information de l'Agence France-Presse (AFP) reprise par de nombreux médias. Six demandes d'autorisation de mise en culture pour des soja et maïs transgéniques ont été déposées à Bruxelles, ainsi qu'une demande de renouvellement d'autorisation pour le maïs MON810 de Monsanto, qui date de... 2007. "La Commission continue d'examiner ces dossiers, et n'a pas encore décidé de lancer ou pas le processus d'autorisation", indique Frédéric Vincent, porte-parole du nouveau commissaire à la santé, le Maltais Tonio Borg. >>
On rappelait hier dans quelles conditions, et pour quelles raisons, Borg avait failli être éliminé de la Commission en novembre (notre blog, 22/01). La manoeuvre avait échoué de justesse. Mais le lobby biotech reste aux commandes... Pour échapper à Monsanto et Syngenta, les Etats nationaux ne doivent compter que sur eux-mêmes.
23/01/2013 | Lien permanent
L'UE sur sa vache folle
La directive de la Commission réautorisant les farines animales indigne l'opinion. Boycottons les ultralibéraux de Bruxelles !
Au moment où l'escroquerie de la viande de cheval révèle des pirateries agro-alimentaires fonctionnant en réseau dans l'UE, Bruxelles continue – mécaniquement – à imposer le laisser-faire et la dérégulation. A la fin de cette semaine, la Commission vient d'annoncer qu'elle ré-autorisait les farines animales dans l'alimentation des poissons d'élevage, et qu'elle allait les ré-autoriser aussi dans l'alimentation des porcs et des volailles ! "Cela revient, ni plus ni moins, à renouer avec une pratique d'élevage dont les dérives ont provoqué l'une des plus graves catastrophes sanitaires qu'ait connues le continent, il y a moins de vingt ans : la crise de la vache folle", écrivent les éditorialistes de la presse quotidienne [1].
Les experts sont formels : l'industrie agro-alimentaire est trop corrompue pour qu'on la laisse fabriquer ce type d'aliment pour un bétail destiné à nourrir les foules humaines.
C'est pour cette raison que l'Agence française de sécurité sanitaire de l'alimentation, en octobre 2011, a émis un avis négatif quant au retour des farines animales.
Bruxelles boycotte cet avis ? Boycottons Bruxelles ! La Commission est en relations incestueuses avec ce que Benoît XVI a nommé "une classe cosmopolite de managers qui bien souvent ne répondent qu'aux indications des actionnaires de référence, constitués en général par des fonds anonymes". Si cette Europe n'est que l'outil des pires intérêts privés, comme on le voit en permanence à propos du biotechnologique [2], il est temps de construire autre chose... (Et certainement pas de faire le "saut fédéral" dont rêvent les mêmes éditorialistes ; l'incohérence mentale est d'ailleurs le premier symptôme de la maladie de Creutzfeld-Jacob).
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[1] « C'est parce qu'elles étaient nourries avec des ''farines de viandes et d'os'', recyclant toutes sortes de carcasses et préparées sans précautions, que des dizaines de milliers de vaches ont été infectées par l'encéphalopathie spongiforme bovine... C'est à cause de ces farines que des centaines de consommateurs développent, parfois des années après avoir mangé des steaks infectés, la maladie mortelle de Creutzfeld-Jacob... » (Le Monde, 17/02).
[2] Voir l'affaire Tonio Borg : notre blog, notes des 23/01 et 22/01
http://plunkett.hautetfort.com/archive/2013/01/23/bruxelles-le-lobby-ogm-contre-attaque.html#more
16/02/2013 | Lien permanent | Commentaires (3)
Document du pape François sur l'amour dans la famille (2)
La conférence de presse du Vatican ce matin :
Cardinal Baldisseri
<< Au coeur du Jubilé de la Miséricorde
C'est un honneur et une joie pour moi de présenter l'exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia, signée par le Pape en la solennité de St.Joseph (19 mars). A lui va toute notre reconnaissance pour offrir à l'Eglise cet important document sur l'amour vécu au sein de la famille. Je remercie aussi tous ceux qui, à divers titres, y ont contribué, les pères des deux assemblées synodales, le rapporteur général et le secrétaire spécial, le Conseil pontifical pour la famille et son président. Amoris Laetitia est publiée en plein Jubilé de la Miséricorde, dont il cite par trois fois la bulle d'indiction. Ce document couronne deux années de travail synodal, dont la large réflexion a touché toutes les facettes d'une institution familiale largement en crise. Affligées par des conflits et autres tensions, les sociétés ont besoin de réconciliation et de pardon, à commencer par leur cellule base qu'est la famille. Ainsi le Jubilé de la Miséricorde est-il un excellente nouvelle pour les familles du monde, tout particulièrement pour celles qui sont blessées ou humiliées.
Le titre
Amoris Laetitia est dans le sillage de l'exhortation Evangelii Gaudium, qui porte de la joie de l'Evangile à celle de l'amour vécu au sein de la famille. Le Synode a exposé la beauté de la famille en parlant de l'amour qui constitue le fondement de l'institution familiale. Trine, Dieu n'est pas solitude mais amour partagé. Dans son exhortation, approfondissant l'Evangile du mariage et de la famille, le Pape offre des orientations pastorales concrètes, porteuses dans la continuité de nouvelles dynamiques.
L'ensemble des interventions des pères, attentivement écoutées, écrit-il (nº 4), m'a proposé l'image du polyèdre, une image géométrique figurant déjà dans Evangelii Gaudium. De fait, le résultat des travaux synodaux rassemble une pluralité d'expériences et de positions des Eglises particulières. L'échange des opinions s'est fait en toute liberté et franchise, ce qui a permis un résultat presque unanimement partagé.
Le principe selon lequel le temps est supérieur à l'espace (nº 3, 261) rappelle que prendre du temps est nécessaire et qu'il existe diverses modalités pour atteindre les solutions les plus adaptées cas par cas. L'exhortation ne dit-elle pas que si, dans l'Eglise, l'unité de doctrine et de pratique est nécessaire, cela n'interdit pas divers modes d'interprétation de certains aspects doctrinaux, ni les conséquences en dérivant (nº 3). Ainsi le texte signale-t-il trois situations qui nécessitent de temps, la préparation au mariage (nº 205 - 216), l'éducation des enfants (nº 261) et le deuil familial (nº 255).
La clef de lecture
En harmonie avec le temps jubilaire que vit l'Eglise, la bonne clef de lecture de l'exhortation est la logique de la miséricorde pastorale (nº 307 - 312). Au chapitre III notamment, le Pape affirme clairement la doctrine sur mariage et famille, proposée comme un idéal indispensable. Et à propos des jeunes, il écrit que pour éviter toute dérive d'interprétation, l'Eglise ne peut en aucune façon renoncer à proposer l'idéal complet du mariage comme projet de Dieu. En vue de prévenir sa rupture, l'effort pastoral de consolidation de l'union matrimoniale doit avoir le pas sur une pastorale de l'échec (nº 307). Et puis le Pape n'oublie pas de se pencher sur la fragilité comme sur l'échec du mariage en reprenant un passage d'Evangelii Gaudium (nº 44): Sans diminuer la valeur de l'idéal évangélique, il faut accompagner avec miséricorde et patience la croissance des personnes, jour après jour et en donnant toute sa place à la miséricorde du Seigneur qui nous encourage à faire le bien possible (nº 308).
La structure
Amoris Laetitia s'articule en neuf chapitres, subdivisés en 325 paragraphes, 391 notes et une prière finale adressée à la Ste.Famille. Expliquant le déroulement du document (nº 6), le Pape souligne qu'il s'inspire à l'Ecriture (chapitre 1), qui lui fournit le ton adéquat. Puis il passe à l'exposé sur la situation de l'institution familiale au regard de l'enseignement de l'Eglise (chapitre III). La place centrale du document est réservée à l'amour matrimonial (chapitre IV), qui devient fécond au sein de la famille (chapitre V). Suivent des orientations pastorales destinées à bâtir des familles solides et fécondes selon le projet de Dieu (chapitre 6) et à renforcer l'éducation des enfants (chapitre VII). Le chapitre VIII est quant à lui une invitation au discernement pastoral face aux situations ne répondant pas pleinement à l'idéal que propose le Seigneur. Le dernier chapitre propose des lignes de spiritualité familiales.
Dans l'introduction, le Pape explique l'inévitable extension du texte, et sa réflexion sur le cheminement synodal justifie qu'il englobe divers sujets qui ne sont pas strictement inhérents à la famille. C'est pourquoi, même si elle n'est pas forcément continue, une lecture approfondie est nécessaire selon l'intérêt des lecteurs (nº 7).
Les sources
Importante expression du pontificat, cette exhortation post-synodale constitue une belle synthèse de la question abordée et un projection vers l'horizon. Sa base sont les documents conclusifs des deux assemblées synodales (52 citations de la Relatio 2014 et 84 de la Relatio 215. Ainsi le Pape a-t-il attribué une part majeure au travail collégial du Synode.
Enrichi de nombreuses citations patristiques, le texte propose aussi celles de grands maîtres de la théologie, de St.Thomas d'Aquin à St.Ignace de Loyola, de St.Robert Bellarmin à St.Jean de la Croix, et de théologiens ou d'écrivains contemporains comme Joseph Pieper, Antonin Sertillanges, Gabriel Marcel, Erich Fromm, Ste.Thérèse de Lisieux, Dietrich Bonhoeffer, Jorge Luis Borges, Octavio Paz, Mario Benedetti ou Martin Luther King. Des Papes, sont cités Casti Connubii de Pie XI, Mystici Corporis Christi de Pie XII, Humanae Vitae de Paul VI, les catéchèses sur l'amour humain et Familiaris Consortio de Jean-Paul II, Deus Caritas Est de Benoît XVI, sans oublier Evangelii Gaudium et les catéchèses sur la famille du Pape François. En outre les documents conciliaires sont cités 22 fois, le Catéchisme de l'Eglise catholique 13 fois, ainsi que d'autres documents du Saint-Siège et de diverses conférences épiscopales.
Aux nº 297, 299 et 302, le Pape salue une bonne vingtaine de fois le travail accompli en deux ans par les évêques et leurs Eglises.
Points saillants
1. Le document met largement l'accent sur la beauté de l'amour conjugal et de la vie de famille, malgré le contexte de crise de cette institution. Aux chapitres IV et V est développé de façon originale, tant dans le contenu que dans la forme, l'aspect fécond de l'amour. Chacune des références à l'amour de l'hymne à la charité de Paul (Cor 13,4 - 7) constitue une méditation spirituelle et existentielle pour la vie des époux. Proposées avec profondeur, elles sont des lignes guide spirituelles pour la croissance de la charité conjugale.
2. L'évêque a la charge de conduire le peuple de Dieu à l'exemple du Bon Pasteur, qui appelle une à une ses brebis (Jean 10,3), et ce service pastoral inclut l'exercice du jugement. Par ses Motu Proprio Mitis Iudex Dominus Iesus et Mitis et Misericors Iesus, le Pape a voulu rendre évident le fait que chaque évêque dans l'Eglise dont il est le pasteur et le chef est le juge des fidèles (nº 244). Il en découle par le biais des prêtres et autres agents pastoraux bien préparés qu'il prépare des mesures appropriées en faveur des époux en crise.
3. Comme tout pasteur, le Pape veut appliquer sa paternelle sollicitude à une innombrable variété de situations (nº 300). Il écrit notamment qu'on ne saurait attendre du synode comme de l'exhortation une nouvelle loi canonique applicable à l'ensemble des cas. C'est pourquoi, comme l'a affirmé le synode, il faut tenir compte des différents degrés de responsabilité et procéder avec discernement pastoral et responsabilité au cas par cas.
Les baptisés remariés doivent être inclus, et l'exhortation est très claire sur ce point: Si leur participation peut s'exprimer dans divers services ecclésiaux, il convient de discerner celles des actuelles formes d'exclusion qui pourront être surmontées (n1 299).
Pour accompagner et intégrer les fidèles en situation irrégulière, les pasteurs doivent traiter ces personnes une à une. Les prêtres ont le devoir d'accompagner ces personnes sur la voie du discernement selon l'enseignement de l'Eglise et les orientations de l'évêque (nº 300). En l'occurrence, il sera utile d'effectuer un examen de conscience au moyen de moments de réflexion et de repentance. Les divorcés remariés devront s'interroger sur leur comportement envers leurs enfants lors de la crise du couple, s'ils ont tout tenté pour la réconciliation, dans quelle situation se trouve le conjoint abandonné, quelles conséquences a eu la nouvelle relation sur le tissu familial et la communauté d'appartenance, quel mauvais exemple ils peuvent avoir offert aux jeunes qui se préparent au mariage.
Ce discernement se produit grâce au dialogue avec le prêtre qui, au for interne, forme un jugement qui, correct, ne doit pas faire obstacle à une plus large participation de ce fidèle à la vie de l'Eglise (nº 300).
4. En vue de l'accomplissement de l'idéal matrimonial, l'exhortation souligne l'importance de la préparation des fiancés au sacrement, de manière à leur fournir les éléments nécessaires à sa réception dans les meilleurs conditions et dans la perspective d'une vie familiale solide (nº 207). Dans cette préparation, rappelle le Pape, on doit insister sur les convictions doctrinales et les grandes ressources spirituelles dont dispose l'Eglise, et s'appuyer aussi sur des parcours, des conseils et des stratégies tirées de l'expérience et des choix psychologiques (nº 211). Le document montre également la nécessité de poursuivre ce cheminement après la célébration, en particulier durant les premières années du mariage. Le Pape rappelle aux jeunes époux que le mariage ne doit pas être considéré comme chose conclue, et qu'il faut tabler sur l'avenir en bâtissant jour après jour avec la grâce de Dieu.
5. Amoris Laetitia rappelle encore que les pères synodaux ont envisagé aussi le cas du seul mariage civil voire de l'union libre dans lesquels, faites les différences, il existe une stabilité du lien, une affection profonde, une responsabilité envers les enfants et une capacité à affronter les difficultés de la vie. Ceci doit être vu comme des occasions d'accompagner ces couples dans une démarche tendant au sacrement du mariage (nº 293).
6. Dans la prise en charge ou l'accompagnement des fragilités, dans le soin des blessures, le principe de la gradualité pastorale doit refléter la pédagogie divine. A l'image de Dieu qui prend soin de tous ses fils, à commencer par les plus faibles et éloignés, l'Eglise doit témoigner de son amour envers ceux des siens qui prennent part de manière imparfaite à la vie de la communauté ecclésiale (nº 78). Tous doivent pouvoir y prendre part. Personne, écrit-il, ne peut être condamné à jamais. Ce n'est pas la logique de l'Evangile (nº 297). En ne se limitant pas aux situations irrégulières, l'exhortation apostolique post-synodale ouvre donc le vaste horizon de la grâce imméritée et de la miséricorde inconditionnelle à chacun, quelle que soit sa situation (nº 297). Face aux grands bouleversements du monde, ainsi découvre-t-on la grandeur de Dieu et son amour pour l'homme qui, constamment blessé, a besoin d'être accueilli et soigné par le Christ, le Bon Samaritain de l'humanité. Dieu offre à l'humanité sa miséricorde car la société ne saurait être seulement régie par le rapport droits devoirs. C'est la dimension de la gratuité qui doit primer, et avant tout la miséricorde et la communion (nº 6). D'où la nécessité de dépasser la vision humaine de la justice par un saut en avant qui ne peut venir que de l'amour miséricordieux face à la fragilité humaine. Amoris Laetitia entend toucher le coeur de l'Evangile et faire du bien à l'homme blessé: La miséricorde est la plénitude de la justice, écrit le Pape François, et la manifestation la plus éclatante de la vérité de Dieu (nº 311). >>