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30/08/2023

Un exemple de désinformation : LCI et "la foule de Moscou" censée prendre le deuil de Prigojine

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Les obsèques de Prigojine n'ont pas donné l'insurrection attendue par nos médias.

Facile de s'en prendre à des journalistes, mais on doit réagir quand la désinformation saute aux yeux. En voici un beau cas tout récent :


Lundi 28 août sur LCI, dans la tranche 22 h-minuit, Eric Brunet annonce avec feu un radio-trottoir pris “dans les rues de Moscou”. On y voit, dit-il, la foule moscovite encenser la mémoire de Prigojine. (Derrière cette annonce on sent une idée fixe de nos télés : l’imminence d’une chute du “maître du Kremlin”). Brunet diffuse ensuite la séquence. Ce qu’elle montre n’est pas un vrai radio-trottoir. La scène achetée par LCI a été tournée (par qui ?) dans un petit rassemblement de l’ultradroite, devant une sorte d’autel funèbre élevé en l’honneur de Prigojine : photos, drapeaux de Wagner et de cercles ultras, lumignons, affichettes. Une trentaine de personnes sont réunies là. Leur tendre le micro, c’est évidemment recueillir des professions de foi ultra. La séquence, de quelques minutes, n’enregistre donc que le point de vue d’un petit milieu. Mais que se passe-t-il après, sur le plateau de LCI ?  Brunet et presque tous ses invités – parmi lesquels l’ex-grand reporter Anne Nivat (peu informée de la Russie de 2023) – commentent la séquence comme si c’était un vrai radio-trottoir auprès de passants pris au hasard !  Le but est de lancer dans le public l’idée que “Poutine craint les obsèques de Prigojine” (cette phrase s’affiche longuement au bas de l’écran). Parce que, n’est-ce pas, ces obsèques vont forcément attirer l’immense foule des Russes forcément soulevés contre le “maître du Kremlin”, etc… On est en plein wishful thinking parisien. (1)

Lundi soir, un seul des nombreux invités de Brunet, le chroniqueur Renaud Pila, parlera en professionnel capable de comprendre une scène politique de rue, sa mise en scène et son genre de public. Là on avait affaire, dira-t-il, à un très petit cercle, en rien représentatif de la foule moscovite ordinaire ! Sur le plateau de LCI on voit alors se fermer la physionomie d’Anne Nivat, l’ex-spécialiste qui n’a reconnu ni les drapeaux, ni les slogans et qui a commenté ce “reportage” suspect comme s’il s’agissait d’un vrai radio-trottoir…  La note comique, c’est que, dans un passé récent (8/12/2021) mais déjà sur LCI, Brunet avait qualifié Pila de “journaliste le mieux informé ”.

Je vous ai raconté cette petite histoire parce qu’elle situe ce que devient le journalisme à l’ère de l’info-show et du conformisme orchestré. Et le bidonnage à propos de Moscou se produit aussi dans d’autres domaines, sans que le public puisse vérifier ce qu’on lui raconte...

NB - Pour achever le tableau : la fameuse “info alternative” sur les réseaux sociaux charrie encore plus de bidonnages que l’info officielle.

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(1) Là aussi LCI se trompe : ces obsèques auront lieu dans le calme et la discrétion, le lendemain à Saint-Pétersbourg,.

 

 

Prigojine, Poutine, médias

 

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