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17/10/2020

Après l’atrocité de Conflans, quelques suggestions

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L’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, et sa cause, les dessins de Charlie Hebdo republiés, confirment ce qui apparaissait déjà lors de la tentative de meurtres du 25 septembre :


Lutter réellement (radicalement) contre l’islamisme exigerait une double tâche politico-culturelle : 1. mettre au jour les vraies raisons françaises de relever le défi islamiste ; 2. amener les musulmans de France à modifier, dans l’islam, tout ce qui semble autoriser l’islamisme actuel.

Ce point 2 exige que l’autorité “républicaine” n’ait pas l’air de combattre la religion musulmane en elle-même. Il exige aussi d’être mené en connaissance de cause : comment intervenir auprès de musulmans si l’on ne comprend pas leur religion ? ni d’ailleurs aucune religion…

► Or les dessins de Charlie Hebdo sont ignares au sujet de toutes les religions (conchiées stupidement par ce journal depuis des années). Ils prennent la forme d’outrages. Rappelons que le dessin montré aux élèves par le malheureux prof d’histoire-géo de Conflans et qui a déclenché d’abord la fureur de parents d’élèves (puis l’intrusion homicide du “jeune réfugié tchétchène” Abdoullah Abouyezidvitch), représentait Mahomet nu et accroupi, une étoile peinte sur la fesse, avec cette légende : “Une étoile est née” 1. Cette insulte inepte fait partie de ce que M. Macron présente comme “la liberté de ne pas croire”.

Au lieu du combat politico-culturel qu’il faudrait mener contre l’islamisme, l’Etat a en effet choisi l’inepte : sacraliser Charlie Hebdo, et faire entrer ses dessins anti-Mahomet (mais très cons) dans les programmes des lycées et collèges – avec les conséquences que l’on sait. C’est une erreur contre-productive ; on n’a pas fini d’en subir les conséquences.

Dire ces vérités sur le rôle de Charlie Hebdo et le vide mental des pouvoirs publics, ce n’est en aucun cas “se coucher devant les islamistes” comme le clament nos excités. Au contraire, c’est vouloir donner au combat contre l’islamisme un contenu adéquat : autre chose que ce que l’on appelle maintenant “valeurs de la République” et qui réside surtout dans les “avancées sociétales” venues des USA, qui scandalisent jusqu’à l’os les musulmans pieux. Du coup, ceux-ci se sentent coincés entre le marteau (une phobie antireligieuse présentée comme “française”) et l’enclume (l’islamisme importé d’ailleurs).

Le président de la République devrait savoir que son “ils-ne-passeront-pas” d’hier soir est historiquement le cri d’une défaite : celle de la République espagnole, vaincue parce qu’elle ne se donna pas les moyens d’empêcher les franquistes de “passer”… Ne pas prendre les moyens aujourd’hui, c’est se tromper de terrain dans la lutte contre l’islamisme ; c’est prendre Charlie Hebdo comme phare intellectuel et moral ; c’est choquer et re-choquer les musulmans en donnant le label RF à de mauvaises caricatures ; c’est donc favoriser la stratégie d’islamistes dont le seul but est de prendre en main les musulmans français.

Plutôt que d’aider stupidement l’ennemi en refusant de comprendre quel type de guerre il nous fait, mieux vaudrait le combattre intelligemment, donc efficacement. Si l’on veut “faire nation” contre lui, comme dit M. Macron, on ne le fera pas avec des idéaux fumeux et de la haine contre toutes les religions. Assez de grands mots et de petits dessins !

 

1. Allusion absurde au film de Wellman  A star is born (1937) : on est cinéphile, à Charlie.

 

 

Drapeau de la wilaya tchétchène de Daech

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Commentaires

MODIFIER DES SOURATES

> Vous avez raison sur ce point 2.
La république et son "autorité" ne veulent pas comprendre cette religion.
Personne n'amènera les musulmans à modifier ce que disent le Coran et certaines sourates, qui mènent à l'islamisme et qui sont l’islamisme.
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Écrit par : Fil / | 17/10/2020

UN ISLAM RONGÉ DE L'INTÉRIEUR

> Votre analyse, à laquelle je souscris, rejoint celle de Bernard Cazeneuve, pour qui "l'islamisme est une idéologie qui ronge de l'intérieur l'islam de France, dévoiement d'une religion par un petit nombre d'individus", taclant au passage "certaines petites lâchetés et concessions médiocres face au communautarisme, et "l'islamo-gauchisme qui regarde avec les yeux de Chimène certaines organisations communautaristes qui ont en elles une défiance, pour ne pas dire une forme de haine de la République".
Là où Cazeneuve se trompe, c'est lorsqu'il affirme qu'en tuant un enseignant qui "à travers un débat sur les caricatures, [a] fait un cours sur la liberté d'expression, on a voulu abattre un symbole de la République". Tout comme me semble non avenue la proposition du député LR Damien Abad de panthéoniser le professeur décapité, qualifié de "martyr de la République".
Force est en effet de constater que ces caricatures de mauvais goût présentées à de jeunes élèves heurtent les sentiments non des seuls islamistes mais des musulmans dans leur ensemble : un élève de Samuel Paty affirmait ainsi hier "il a insulté notre prophète ; on en parlait en cour de récréation".
On peut évoquer la liberté d'expression sans heurter de plein fouet la foi d'autrui, a fortiori lorsque cette atteinte concerne un interdit religieux généralement considéré comme tel dans l'islam sunnite (reproduire une image du prophète Mahomet). De la même manière, le dessin de Plantu représentant Benoît XVI en train de sodomiser un enfant ne contribuait en rien à la lutte contre la pédocriminalité dans l’Église et ailleurs.
Le propre d'une société civilisée, c'est de savoir exprimer ses idées sans heurter à dessein les sentiments d'autrui : cela s'appelle tout simplement le respect. Sans évidemment cautionner un seul instant l'assassinat perpétré vendredi, peut-être pourrait-on souhaiter que le débat à venir sur la liberté d'expression et d'enseignement prenne en considération cet aspect, en particulier à l'égard du fait religieux. Si les musulmans ne se sentent pas respectés, comment peut-on leur demander à eux aussi de "faire société" ?
PV


[ PP à PV Mais le culte de la dérision a métastasé dans la société française au point d'inhiber tous es organes centraux. Quand une secrétaire d'Etat se présente publiquement comme utilisatrice du site YouPorn, on sait que le point de non-retour est franchi... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 18/10/2020

LE DISCOURS ARTIFICIEUX DU GOUVERNEMENT

> M. Castex affirme sur Twitter : « nos enseignants continueront à éveiller l'esprit critique des citoyens de la République, à les émanciper de tous les totalitarismes et de tous les obscurantismes ».
Si nous étions musulmans (non islamistes), comment recevrions-nous une telle déclaration ? Présenter Mahomet caricaturé nu éveille-t-il l'esprit critique ? Que regroupent les totalitarismes et les obscurantismes ? L'islam ? L'islamisme ? Les religions de manière générale ? En quoi présenter une caricature offensant à dessein les sentiments des fidèles musulmans émanciperait-il de l'obscurantisme ? 'Écrasons l'infâme' serait-elle devenue la devise de la République ?
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 18/10/2020

LE CULTE OFFICIEL DE LA DÉRISION

> Je suis très étonné qu'un prof aujourd'hui, pour faire cours, puisse donner comme références culturelles, pour illustrer la liberté, des dessins de presse satiriques. De mon temps, un élève qui aurait fait passer dans l'enceinte de l'établissement scolaire un tel document aurait été susceptible d'une sanction grave. Je suis donc abasourdi par ce que j'apprends, même si une telle ineptie pédagogique, montrer les caricatures de Mahomet à des élèves musulmans, ne valait évidemment pas qu'on se fasse décapiter. Un jour, il va falloir revenir à moins de folie, de toutes parts...
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Écrit par : Bégand / | 18/10/2020

POURQIUOI DES TCHETCHENES ?

> La justesse de votre propos ne supprime pas une question de bon sens: pour quels motifs ce Tchetchene et sa famille avaient acquis le statut de réfugiés ? Il ne suffit pas d'être "migrant" pour devenir la figure intouchable de "l'autre"....

Cordouan

[ PP à Cordouan – La Tchétchénie est actuellement en paix : certes ce n'est pas une démocratie parlementaire, mais son régime politique est ostensiblement hallal.
Alors pourquoi la France donne-t-elle automatiquement le titre de réfugié à tous les arrivants tchétchènes et à leurs descendants ?
On peut poser la même question à propos des autres "réfugiés" arrivant de pays sans guerre civile : Géorgiens, Kosovars, etc.
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Écrit par : Cordouan / | 18/10/2020

D'UN PRÊTRE

> Votre texte est absolument remarquable, cher Patrice.
Merci du fond du coeur.
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Écrit par : Bernard / | 18/10/2020

DEUX TRAINS

> Deux trains sont lancés à très grande vitesse et en sens inverse sur une voie unique. Le premier c'est l'islamisme avec dans son chargement l'islamo-gauchisme, le second c'est le laïcisme sectaire, avec dans son chargement la dérision imbécile. Aux catholiques fidèles il faut dire une seule chose: écartez vous de la voie !
J'emprunte cette image à Ségolène Royal lors de sa campagne présidentielle. Elle ne l'avait pas du tout appliquée au contexte religieux mais à des controverses internes au parti socialiste. Mais je trouve que cette image s'adapte aussi à que nous vivons.
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Écrit par : B.H. / | 18/10/2020

TCHETCHENES

> Oui mais en ajoutant un point : les Tchétchènes sont des réfugiés qui ont connu une expérience traumatisante en Russie. Au cas particulier il s'agit plutôt des parents de l'assassin...mais ne sous estimons leur haine de la chrétienté (orthodoxe en Russie ou catholique par assimilation ) et la banalisation de la violence dans le Caucase...
Ils sont de ce point de vue très différents des migrants venus d Afrique noire.
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Écrit par : Phil / | 18/10/2020

DISCUSSION

> Il ne faudrait peut-être pas surenchérir sur l'accusation de blasphème et de haine des religions à l'égard de Charlie Hebdo. Des journaux plus sérieux en font tout autant même si c'est de façon plus feutrée (et encore…) : leur sérieux même rend la chose beaucoup plus choquante, mais je ne crois pas pour autant qu'il faille rétablir la censure.
Il ne faudrait pas non plus prendre les Musulmans pour des mineurs qu'il suffirait d'éduquer contre l'islamisme. Les vrais musulmans existent mais ils sont moins défendus que les islamistes parce que ceux-ci crient à l'islamophobie et sont ainsi assurés du soutien des bonnes âmes chrétiennes ou libérales.
Il ne faudrait pas non plus crier au "droit au blasphème" pour défendre la liberté d'expression, comme on criait à "la défense de la laïcité" pour libérer les filles du voile. La religion n'a pas à être attaquée dans sa foi, et elle n'a donc pas non plus à être défendue (dans la situation actuelle).
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Écrit par : Guadet / | 18/10/2020

> Un grand merci pour votre réflexion à laquelle je souscris totalement.
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Écrit par : Françoise Pillon / | 18/10/2020

LE RETOUR DE VALLS L'INCENDIAIRE

> Consternant : Manuel Valls estime que "dans toutes les écoles, il faut montrer les caricatures" de Charlie Hebdo

https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/enseignant-decapite-dans-les-yvelines/video-enseignant-decapite-manuel-valls-estime-que-dans-toutes-les-ecoles-il-faut-montrer-les-caricatures-de-charlie-hebdo_4145425.html

Donc si l'on suit ce raisonnement :

- Un irresponsable athée a été tué par des islamistes en raison de son islamophobie donc il faut montrer des dessins islamophobes aux enfants ?

- si des Juifs assassinaient des négationnistes, il faudrait lire des extraits des livres de Faurisson dans toutes les écoles ?

- Des gens éprouvent de la haine envers "la religion" donc il faut montrer leurs dessins haineux aux enfants sous prétexte de liberté d'expression ?
Donc on va montrer des dessins antisémites ? Misogynes ? Racistes ? Pédophiles ?

L'enseignement de la haine et du mépris va devenir une matière obligatoire à l'école ?
Il va y avoir "une minute de la haine" comme dans 1984 ?
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Écrit par : E Levavasseur | 18/10/2020

PP à JS

> Merci. Ce que je dis de cette affaire est en totale cohérence avec mes autres positions, elles-mêmes en lien (dans la mesure de mes moyens) avec l'enseignement du pape François...
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Écrit par : PP à JS / | 18/10/2020

LA CARICATURE HAINEUSE N'EST PAS DE L'HUMOUR

> Quand on lit le n°283 (et 284) de Fratelli Tutti on trouve ce qui suit: "C’est pourquoi « le terrorisme détestable qui menace la sécurité des personnes, aussi bien en Orient qu’en Occident, au Nord ou au Sud, répandant panique, terreur ou pessimisme n’est pas dû à la religion – même si les terroristes l’instrumentalisent – mais est dû à l’accumulation d’interprétations erronées des textes religieux, aux politiques de faim, de pauvreté, d’injustice, d’oppression, d’arrogance ; pour cela, il est nécessaire d’interrompre le soutien aux mouvements terroristes par la fourniture d’argent, d’armes, de plans ou de justifications, ainsi que par la couverture médiatique, et de considérer tout cela comme des crimes internationaux qui menacent la sécurité et la paix mondiale. Il faut condamner ce terrorisme sous toutes ses formes et ses manifestations »"
Tuer au nom de Dieu n'a rien à voir avec Dieu. Ceci étant, je partage votre avis, les gens de Charlie Hebdo et bon nombre de concitoyens ne connaissent rien de la religion chrétienne, musulmane, etc. Je me souviens d'avoir entendu un des membres de Charlie Hebdo s'exprimer sur une radio sur les religions et le peu d'efforts qu'il avait fait pour les connaître, et ...c'était d'une pauvreté affligeante. Et probablement ne s'en rendait il pas compte.
La caricature est à mon sens incompatible avec le dialogue. Car quand Charlie Hebdo caricature Mahomet, ce n'est pas tant Daech qui est visé que tous les musulmans. A moins que les musulmans ne soient qu'un dégât collatéral, mais je ne pense pas que soit le cas.
Comment dialoguer après avoir caricaturé? C'est tout simplement impossible. Celui qui se moque d'une manière générale se fait supérieur aux autres. Difficile après d'entrer en dialogue qui suppose au moins une certaine égalité, voire une certaine humilité.
Caricaturer, n'a à mon sens rien à voir avec l'humour. Si on veut avoir de l'humour, on peut se moquer de soi-même. Celui qui fait cela ne nuira à personne, et se fera des amis. Dans Fratelli Tutti (48 à 50, par exemple), le pape donne des pistes pour le dialogue sans sombrer dans le relativisme. Mais à mon sens celui qui caricature se ferme au dialogue. Et contre les gens qui se ferment, on ne peut rien.
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Écrit par : ND / | 18/10/2020

> Bonsoir et un immense merci pour votre article. J’ai cherché partout une réaction sensée et édifiante. Je n’en n’ai pas trouvé. Je me suis dit “ je vais lire ce que dit Patrice de Plunkett, je suis sûre de clairvoyance et de sa charité.” Vous avez une pensée lucide et une droiture d’esprit trop rares dans la profession. Merci encore. Je prie pour vous et tous vos lecteurs et auditeurs.
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Écrit par : Joelle Belloir / | 18/10/2020

'CHARLIE' DÉFORME

> https://charliehebdo.fr/2020/10/proces-attentats/trente-quatrieme-jour-lhorreur-et-la-pensee/

La déclaration publiée sur le site de 'Charlie Hebdo' suite à la décapitation de vendredi déforme quelque peu les raisons de cet assassinat.
D'abord, Samuel Paty n'a pas été tué parce qu’il a "essayé d’expliquer, comme tous les enseignants, qu’on ne tue pas quelqu’un qui ne pense pas comme vous", mais parce qu'en présentant une caricature insultant Mahomet, il a - aux yeux de son meurtrier - gravement porté atteinte à la religion musulmane.
Or 'Charlie' élimine cette possibilité : "selon la loi et la raison, et aussi selon le bon sens, il n’y a pas d’offense, aucune volonté d’offenser, et aucune raison de se sentir offensé. L’intelligence comprend cela." L'intelligence, peut-être, mais la foi, non. Or s'il est un domaine sacré qui doit être respecté pour tout individu, c'est bien la vie spirituelle (qu'elle soit religieuse ou non), d'où l'obligation morale pour toute personne de ne pas offenser cette foi en cherchant à transgresser volontairement ses interdits fondamentaux.
'Charlie' poursuit : M. Paty a "expliqué pourquoi il n’y avait pas offense, il a fait ce que font tous les enseignants : non pas imposer leur pensée, mais se mettre à la place de leurs élèves, et leur expliquer". Mais précisément, un enseignant de la République n'a pas à imposer au for intérieur de ses élèves qu'il ne saurait y avoir offense là où leur religion affirme le contraire. La République n'a pas à se substituer à quelque autorité théologique : qu'il y ait ou non offense ne la regarde en rien.
Et de conclure, citant Nietzsche : « un homme offensé est un homme qui ment ». Phrase terrible et monstrueusement fausse. "Un homme qui chérit sa foi n’est jamais offensé, surtout pas par l’humour" : si, il peut l'être, et même profondément, par ceux qui font preuve d'irrespect et de condescendance, par ceux qui s'imaginent que les religions sont l'obscurantisme, par cette volonté des soi-disant Lumières d'écraser l'infâme. Parler de religion est évidemment une bonne chose, mais cette démarche implique toujours un respect mutuel.

PV


[ PP à PV – REt en quoi le fait de dessiner Mahomet à poil, une étoile peinte aux fesses, serait-il de "l'humour" ? Ce que les Franchouillards appellent "humour", à l'ère de la diarrhée verbale narcissique, c'est simplement l'insulte. Qui est le contraire de l'humour. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 19/10/2020

RESPONSABILIUÉ

> Merci de votre courage pour faire prévaloir le bon sens dans notre situation délétère.
La provocation de 'Charlie' a sa part de responsabilité dans ce drame.
Je partage entièrement votre position.
Merci aussi pour vos commentaires de l encyclique qui fidèle a l Évangile nous trace le chemin.
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Écrit par : Claude Delaunay / | 19/10/2020

On se focalise ici sur le dévoiement, incontestable, de la presse et des "valeurs de la république". C'est un peu court.
Si on prend le problème de plus haut, pour mémoire, aucun des 57 membres de l'OCI ne reconnaît la liberté religieuse, ni la distinction du spirituel et du temporel. Leur projet politique assumé est bel et bien une expansion de l'islam, de gré ou de force. Relativiser cette réalité en prétextant que ce fut le cas de la chrétienté il y a plusieurs siècles c'est se raconter des histoires. C'est aussi projeter de manière religiocentriste mais fausse notre conception du christianisme sur l'islam qui est historiquement une orthopraxie politique, a contrario du christianisme et quels que soient les égarements des chrétiens par ailleurs. La spiritualité musulmane qu'analyse avec brio un Adrien Candiard correspond elle à la réalité socio-politique de cette religion depuis plus d'un siècle (de ce qu'en écrivait Charles de Foucauld, à ce que nous observons aujourd'hui de l'hubris impérial neo ottoman) ?
Au delà des multiples façons individuelles et communautaires de pratiquer l'islam dans le monde, la charia reste sacralisée par les deux principales autorités sunnites de Medine en Arabie et Al Azhar au Caire, lesquelles appellent aujourd'hui en l'occurrence à une judiciarisation planétaire de l'insulte aux religions (le Pakistan montre la voie)...Croire que l'islam en France pourrait exister décorrellé de cet islam mondial est une illusion (circuits financiers, diaspora migratoires... bref dynamique géopolitique globale).L'islam est en crise et la confrontation à un Occident post moderne lui même en crise ne fait qu'accentuer les lignes de fracture.
Plus concrètement avez vous analysé froidement les remontées de terrain de nos services de renseignements qui s'accumulent depuis des années, elles ne vont pas dans le sens d'une majorité qui voudrait adapter paisiblement les prescriptions de la Charia à la république ni même à la France. La majorité dite paisible et silencieuse n'a pas encore choisi son camp qu'elle se voit a priori exonérée de toute remise en question par nos professionnels de la victimisation et autres beaux esprits toujours plus prompts à battre leur coulpe plutôt que de prendre le risque d'une confrontation incertaine.
Bref à un moment et sans a priori belliqueux il faut être prêt à résister fermement, à assumer politiquement non pas des valeurs dévoyées mais un héritage civilisationnel et culturel, point.

Pierre


[ PP à Pierre – Ne caricaturez pas ce que j'ai dit, et ne faites pas comme s'il existait une recette miracle.
Que veut-dire "résister", à votre avis :
– croire que tous les musulmans présents en France sont des ennemis par nature, et rêver de déclencher contre ces millions de gens une inconcevable guerre civile ?
– ou entreprendre d'isoler les islamistes de la masse des musulmans de l'Hexagone, seul moyen de briser le processus islamo-révolutionnaire en cours ?
Le réalisme n'est pas nécessairement du côté d'une politique du pire. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre / | 19/10/2020

PROPOSITIONS

> Merci cher Patrice pour votre texte, clair et pondéré.
Je perçois des signaux plus ou moins forts depuis mon lycée de province profonde, et ce depuis quelques années. Dès le premier vendredi en cette rentrée, la récré étant à 16h, un élève de Première me demande si je peux le laisser seul 5' dans la salle tous les vendredis sur ce créneau, "pour prier"... Je l'ai incité à prier silencieusement, dans un coin, dans le sanctuaire de sa conscience, tout en sachant que je lui proposais ainsi une définition plutôt chrétienne de la prière.
Ce vendredi dernier, le matin, je peinais à faire comprendre le scandale du 'Dom Juan' de Molière aux quelques élèves musulmans d'une classe de Seconde : il m'a fallu expliquer la Trinité, les diverses branches du christianisme, la libre pensée et le libertinage, Descartes, les Lumières, la Révolution française et ses persécutions antireligieuses féroces, les Chouans... On a terminé sur la notion de liberté religieuse, étrangère à la pensée musulmane actuelle pour l'immense majorité de ces croyants. Et le soir, l'horreur de ce collègue assassiné.
On laisse depuis trop longtemps nos concitoyens musulmans dans des ghettos géographiques, sociaux, économiques, culturels, spirituels. Leur ignorance de la France, de son histoire et de sa culture judéo-chrétienne est très profonde.
Je me dis depuis des années qu'il faut un enseignement des religions à l'école publique, pas seulement dans les programmes d'histoire qui parlent des "faits religieux" et souvent avec hostilité voire malveillance, d'un point de vue politique, social, etc. Il faudrait que la CEF et le CFCM, par exemple, fassent un contrat et puissent proposer des interventions théologiques croisées par un binôme formé d'un prêtre et d'un imam, qui iraient dans les collèges et lycées pour expliquer les données fondamentales de leur foi respective, montrer un exemple de dialogue apaisé, clair et précis. Ils pourraient aussi répondre aux questions des élèves... et des professeurs qui, dans leur majorité, comme les politiciens et les journalistes, n'y connaissent pas grand-chose, voire rien, et sont démunis face à leurs élèves quand il faut enseigner tel événement, telle période, telle oeuvre ou telle pensée.
Ainsi sortira-t-on peut-être un peu des caricatures, approximations et ignorances mutuelles et approfondies, en se rendant compte au passage que les religions sont aussi des pensées, et même des pensées rationnelles parfois (la comparaison en deviendra intéressante). Ces échanges permettraient aussi aux divers courants de l'islam d'évoluer, de se réformer, de se repenser ?
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Écrit par : Alex / | 19/10/2020

NOS PROPRES JUGES

> A propos de cette famille tchetchène: l'asile lui avait été refusé par la Pologne pourtant bienveillante envers les opposants à Moscou ! Refusé aussi par notre administration, décision cassée par la Justice.
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Écrit par : PF Huet / | 19/10/2020

CHEZ LES FÊLÉ.E.S

> Un des syndicats de l'EN nous balance, en objet de son mèl-de-réaction-à-l'horreur, "Choqué.es, révolté.es, mais déterminé.es", ce qui du coup s'affiche en hyperlien dans ma messagerie : je clique sur le premier et le navigateur internet bloque en ne trouvant pas la page (supposée espagnole !) http://www.choqué.es/
Voilà qui situe le niveau de réaction dont on est capable, aujourd'hui, en écriture inclusive, face à la barbarie... Deux idéologies extrêmes et opposées, murées dans leurs délires. Miséricorde !
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Écrit par : Alex / | 19/10/2020

AVEUGLES

> Attendre de la République française qu'elle mette en oeuvre le point 2. évoqué dans votre note serait comme espérer qu'un aveugle de naissance arrive à intégrer la notion de couleurs complémentaires... J'en ai bien peur.
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Écrit par : Feld / | 19/10/2020

RENÉ POUJOL

> Merci Patrice pour votre note à laquelle je souscris complètement.
Une autre trop rare et remarquable réaction dans le même sens que la vôtre, celle de René Poujol : "Décapité pour cause de blasphème"
https://www.renepoujol.fr/decapite-pour-cause-de-blaspheme/
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Écrit par : Michel de Guibert / | 20/10/2020

L'HEURE DE COMPRENDRE

> Je suis en désaccord avec les 3/4 de l'analyse, mais je serai brève : vous faites comme si ce meurtre n'était pas la suite d'une longue succession d'actes barbares sur notre sol, pas nécessairement lié à des caricatures. Centrer autour de la question des caricatures fausse le problème.

Maud

[ PP à Maud :
– Je ne réduis rien du tout.
– J'explique que donner à nos compatriotes musulmans (oui : compatriotes) l'impression qu'on les insulte en insultant leur religion, c'est faire exactement le jeu de l'islamisme. Il vise à séparer la minorité musulmane française du reste de la population, et il le fait par les moyens les plus atroces. Si nous voulons éradiquer l'islamisme en France, nous devons commencer par l'empêcher d'opérer la séparation totale et ainsi de subjuguer définitivement les banlieues... Mais si nous attaquons la religion musulmane en tant que telle – comme le fait 'Charlie Hebdo' –, nous coopérons à la stratégie des réseaux islamistes en repoussant encore plus les populations musulmanes vers eux.
Alors l'heure est venue d'arrêter de trépigner dans l'entre-soi et de proférer des abracadabra ("il n'y a qu'à les convertir") !
L'islamisme nous fait une guerre politique révolutionnaire dont l'enjeu est une certaine population. Ou bien nous lui riposterons par ds moyens de fermeté intelligents et adéquats, ou bien nous refuserons de comprendre et nous coopérerons à notre propre catastrophe. Choisissez. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Maud / | 20/10/2020

à Pierre :

> Le problème tient surtout au fait que la "majorité paisible et silencieuse" risque de se lasser des provocations de 'Charlie', érigées aujourd'hui au rang de "valeurs de la République"
Le dessin représentant Mahomet nu n'avait d'ailleurs rien de risible :
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/decapitation-de-samuel-paty-signalements-appels-menacants-plaintes-videos-onze-jours-d-engrenage-20201018
Tout dans ce croquis relève de l'insulte : le fait de représenter le prophète dans une pose qui fait davantage songer à un acte sexuel qu'à la prière musulmane, les organes génitaux étant volontairement dessinés avec soin ; l'anus - non la tête - est le point focal de la caricature, remplacé par une étoile mais aisément imaginable par toute personne.
En d'autres termes, un Mahomet sur le point de se faire sodomiser. Pour l'immense majorité des musulmans, l'abject est moins la publication d'un tel dessin par un journal en réalité très peu lu que l'élévation de ce type de publication, pourtant gratuitement insultante, au rang des valeurs républicaines.
'Charlie' considère qu'il n'y a rien d'offensant dans la caricature : il est à espérer que les programmes d'éducation civique ne soutiennent pas la même position. Que dirait-on si nos enseignants étaient obligés d'inviter leurs élèves, chrétiens compris, à accepter 'Piss Christ' comme une œuvre non offensante ?
Il n'y a pas de police de la pensée en France : la caractérisation de l'offense relève du for interne. Celle-ci devrait tout particulièrement être respectée en matière religieuse, tout au moins à l'égard des interdits fondamentaux (comme la représentation du prophète Mahomet, a fortiori dans une pose aussi dégradante), à défaut de quoi on risque fort de pousser dans les bras de l'islamisme des milliers de fidèles musulmans jusqu'à présent "paisibles et silencieux".
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 20/10/2020

LOGICIEL

> Rappelons qu'en 1970, 'Hara Kiri' fut interdit par le pouvoir pompidolien pour "Bal tragique à Colombey". Comparer ce type d'humour "bête et méchant" à la caricature d'un Mahomet exhibé jusque dans ses parties les plus intimes montre que l'on a changé de logiciel...
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 20/10/2020

AVENIR

> Merci pour ce commentaire "peu consensuel" mais qui semble tellement plus porteur d'avenir que les imprécations de certains.
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Écrit par : planet / | 20/10/2020

LE BON COMBAT

> Précisément, Maud, menons le bon combat !
N’acceptons pas que l’on ne puisse parler en classe de la Shoah ou du génocide arménien, n’acceptons pas que les filles aient leurs règles toutes les semaines pour ne pas aller à la piscine, n’acceptons pas toute cette dictature intégriste, mais n’utilisons pas les caricatures de Mahomet pour combattre cet intégrisme, les choses seront plus claires ainsi.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 20/10/2020

NE PAS PROVOQUER INUTILEMENT

> J’apporterai mon son de cloche, mais avec prudence car je sais que cela scandalisera certains dans les circonstances dramatiques de cet odieux assassinat.
Je pense profondément que le « vivre ensemble » nécessaire à la paix civile, que garantit précisément la laïcité, nous fait également une obligation, au moins morale, de ne pas provoquer l’autre inutilement, quelle que soit sa croyance.
D’un point de vue pédagogique, une amie, qui est enseignante, me faisait remarquer qu’elle n’aborderait pas en classe des problématiques trop passionnelles, comportant des aspects comme ces caricatures qui ne seraient pas « montrables » à tous les élèves.
Je sais bien que c’est par délicatesse vis-à-vis des musulmans de sa classe que ce professeur leur permettait de ne pas regarder ces caricatures ou de sortir de la classe, mais cela est forcément incompréhensible pour certains d’entre eux.
Il y a moyen de faire réfléchir sur la liberté d’opinion en prenant des tas d’autres exemples moins sensibles.
Je ne m’associe pas à ceux qui veulent que ces caricatures soient distribuées et affichées partout en réponse à ce drame, ce serait irresponsable, n’ajoutons pas au trouble en jetant de l’huile sur le feu.
Loin de moi l’idée qu’il faudrait céder à ce qui n’est pas juste pour préserver la paix, loin de moi cette subtile lâcheté qui conduit au pire.
Je suis un peu atterré par le climat politiquement correct qui se développe après ce terrible drame.
Il ne s’agit en aucun cas de trouver la moindre excuse au sinistre assassin.
Mais il ne s’agit pas de cela ici, mais de l’opportunité de choquer des enfants de 4ème musulmans en leur montrant des caricatures de Mahomet ou en les priant de sortir pour ne pas voir ce que l’on montre aux autres élèves.
Il s’agit seulement du respect de l’autre et de ce que l’autre peut ressentir comme une agression.
Le souci de l’autre doit demeurer notre boussole.
Je ne dirais évidemment pas la même chose s’il s’agissait de cautionner de quelque façon l’application de la charia.

MG


[ PP à MG – Absolument. D'autant que la "caricature" (?) lontrée par le malheureux Paty était la plus violemment inepte (l'étoile sur l'anus) et ne pouvait donc susciter que l'indignation : réaction inévitable que les tueurs ont exploitée pour faire leur coup d'éclat sanglant.
Paty aurait pu montrer la "une" de Cabu montrant un Mahomet navré d'être "soutenu par des cons" : c'était violent mais ça aurait pu ouvrir sur une discussion. Mais il a préféré le dessin inepte. Pourquoi ? Question que personne n'ose poser publiquement, parce qu'elle met en cause l'effondrement du niveau général à l'ère de Hanouna. ]

réponse au commentaire

n'était pas celle – la seule – qui contenait un minimum de sens

Écrit par : Michel de Guibert / | 20/10/2020

à PP

> Oui, le dessin montrant un Mahomet disant « c’est dur d’être aimé par des cons », avait le mérite d’être drôle et de viser spécifiquement les islamistes.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 21/10/2020

KOZ

> Excellent article de Koz :
"Contre le fanatisme, la Sorbonne. Toute la Sorbonne."
Par-delà la réponse sécuritaire, et au-delà des caricatures…
… Toute la Sorbonne, dont la théologie.
http://www.koztoujours.fr/contre-le-fanatisme-la-sorbonne-toute-la-sorbonne
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Écrit par : Michel de Guibert / | 22/10/2020

LES VOIX DU BON SENS

> Bonjour Patrice de Plunkett, merci à vous pour la justesse de vos analyses sur la question.
Effectivement,"comment intervenir auprès de musulmans si l’on ne comprend pas leur religion ? ni d’ailleurs aucune religion…" ?
De fait, je trouve justement particulièrement interpellant de constater que des initiatives intelligentes, se proposant de répondre de manière pertinente aux demandes en matière d’information rigoureuse et dépassionnée sur la laïcité et le fait religieux, aient tant de peine à exister en France. Ainsi (vous les connaissez certainement) le site web « Faits religieux » (2012-2015), la lettre professionnelle « Laïcités et religions » à destination des agents publics (2015-juin 2016) et, dans le même esprit, la lettre électronique LaïCités (2016-2020), tous trois arrêtés par manque de ressources, témoigneraient-ils que soutenir ce type de projets ne serait pas prioritaire pour les pouvoirs publics ?
Ensuite, vous relevez qu'"au lieu du combat politico-culturel qu’il faudrait mener contre l’islamisme", l’Etat a choisi de "sacraliser Charlie Hebdo, et faire entrer ses dessins anti-Mahomet dans les programmes des lycées et collèges – avec les conséquences que l’on sait".
C’est bien parce que la liberté d’expression est précieuse, qu’il importe de donner à réfléchir sur les conséquences d’une liberté que l’on voudrait « totale » et « absolue », pour ne pas dire « sacrée ». Une formule à la Jacques Ellul dirait peut-être que « ce n’est pas l’usage de la liberté d’expression qui asservit, mais le sacré transféré à la liberté d’expression » ?
Et puisque l'on parle d'école, comme le souligne Corentin Voiseaux dans une pertinente note de blogue(« Intégrisme et fanatisme : avons-nous vraiment la bonne approche ? », 17 oct. 2020), le rôle de l’école n’est-il pas d’abord d’éduquer à la liberté de conscience et à l’éducation à l’altérité avant toute liberté d’expression ?
Fraternellement,
Pep's
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Écrit par : Pepscafe / | 23/10/2020

GUILLAUME de PRÉMARE

> https://fr.aleteia.org/2020/10/23/terrorisme-islamique-limpasse-du-droit-au-blaspheme/
La voix (et seule voie) de la raison dans ce texte, superbe de lucidité, de Guillaume de Prémare. À lire !
P.S. On aurait aimé entendre de tels propos de la bouche de prélats catholiques. Hier sur RND, l'évêque de Nanterre nous a servi beaucoup de platitudes : dire qu'il faut combattre l'islamisme et que le terrorisme est horrible, d'accord, mais on serait en droit d'attendre une analyse plus poussée de la situation actuelle, comme le font G. de Prémare et vous-même sur ce blog.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 24/10/2020

EXTRÉMISTES LAÏCISTES

> https://www.lepoint.fr/politique/laicite-48-personnalites-exhortent-les-politiques-a-insuffler-une-nouvelle-dynamique-24-10-2020-2397883_20.php

Les ultras du laïcisme publient une tribune dans le 'JDD' : enseigner serait pour eux "contribuer à l'émancipation et à la construction de la conscience des jeunes élèves". Émanciper de la religion, de toutes les religions, perçues par ces gens comme relevant de "l'obscurantisme".
Ne laissons pas s'installer ce courant, partisan de l'irréligion d'État bien davantage que de la laïcité modèle 1905.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 25/10/2020

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