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23/12/2019

Culture officielle ou désinformation ?

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Notre-Dame de Paris, l’épreuve des siècles : étrange “documentaire” produit avec l’aide de la région Ile-de-France et diffusé par France 2 le 18/12. Face à cet autre exemple de sous-culture médiatique (cf note précédente), l’édito de Mgr Benoist de Sinety, vicaire général de Paris, est une opportune mise au point (RCF 19/12). J"y ajoute quelques lignes :


 

 

Le texte de Mgr de Sinety :

https://rcf.fr/la-matinale/notre-dame-de-paris-l-epreuve-...

 

<<  Une bande de copains, le regard hilare, se tenant presque par l’épaule comme une équipe de foot au soir de la victoire. C’était l’image finale du documentaire diffusé hier soir par France 2, censé relater l’histoire de Notre-Dame. Il s’agit certainement d’une prouesse technique, où l’image 3D amplement  utilisée et soutenue par une bande-son qui n’a rien à envier à celle de la série Game of Thrones, retraçait plus de huit siècles d’histoire…

Tout débutait de manière bien sympathique : la figure du premier évêque fondateur, Maurice de Sully, longuement évoqué, nous rassurait d’emblée sur le sérieux de l’entreprise.

 Mais un détail aussitôt inquiétait : à la place de l’habituelle croix pectorale, l’évêque bâtisseur se voyait affublé d’un médaillon rond probablement plus proche de l’ordre du temple solaire (on n’ose pas penser à une loge !) que de la foi en Jésus Christ.

Les minutes du documentaire s’égrènent, agréables comme un dessin animé, les scènes de construction se veulent pédagogiques. La fiction se mêle à l’histoire sans que jamais le commentaire ne juge utile de le signaler... Les personnages de Victor Hugo sont évoqués sans être nommés, au premier rang desquels un prédicateur au visage de Savonarole, un chanoine violeur, une Esméralda blonde... les églises chrétiennes du Moyen Âge semblent par ailleurs ne réunir que des moines et des crânes tonsurés...

Comment dès lors prétendre faire œuvre d’histoire si la légende et les faits avérés sont traités à parts égales, si le romanesque est mêlé au réel ?
Les bâtisseurs nous sont présentés comme des hommes allant « au bout de leurs rêves », de leurs visions, sans que ne soient mentionnées, en aucune manière, ni les raisons de leur entreprise, ni jamais, au grand jamais, l’idée même que la foi en Jésus-Christ puisse en être l’inspiration, le ressort, et au final la clé de son succès. 

Comment le dire en termes choisis : il y en a marre de voir ce que la sécularisation produit comme inculture crasse. Qu’une chaîne publique ait dépensé autant d’argent pour ce qui n’est au bout du compte qu’un docu-fiction en pensant faire œuvre d’histoire laisse pantois.

Qu’on me comprenne bien : je suis aux antipodes d’un réflexe corporatiste ou d’un discours identitaire qui n’ont à mes yeux aucun sens, car ils sont le contraire de ce qu’est l’Évangile.

Mais je réclame simplement et fermement que la vérité soit dite, qu’elle soit montrée, car elle n’est pas simplement une opinion parmi d’autres. La cathédrale Notre-Dame est un fruit de la foi chrétienne. Elle est cela avant toute autre dimension symbolique. C’est faire œuvre d’histoire, de bon sens et de sincérité que de le reconnaître.

Oui, il est vraiment temps que dans notre pays, nous soyons les témoins persévérants et fidèles de cette Lumière qui révèle aux sages leur ignorance et aux puissants leur pauvreté.

Joyeux Noël à tous !  >>

[ Fin de la reproduction du texte de Mgr de Sinety ]

 

 

Mon commentaire

► Ce film a coûté 3 millions d’euros et s’intitule ‘Notre-Dame de Paris, l’épreuve des siècles’. Il est du scénariste Emmanuel Blanchard, auteur notamment des documentaires ‘Bokassa Ier empereur de Françafrique’ (2011) ou ‘Les plages des sixties’ (2010). Le résultat est ce que décrit Mgr de Sinety. Il y a deux raisons à cela : 1. Pour évoquer l’histoire de la cathédrale, Blanchard avait pris un expert en compagnonnage et techniques de construction – mais visiblement pas un expert en christianisme… 2. Ayant pour objectif de “bouleverser le format traditionnel du documentaire”, Blanchard a tout misé sur la 3D, les capteurs infrarouges et les images de synthèse. L’origine et la signification de la cathédrale passaient donc au second plan : les bâtisseurs de Notre-Dame étaient allés “jusqu’au bout de leur rêve”, pas besoin d’en savoir plus... Ajoutez à cela une pincée de polémique dans les images d’animation (prédicateur forcément sinistre, nef remplie de “crânes tonsurés”) : c’était l’idée du passé que les BD pseudo-médiévales d’il y a vingt ans mettaient dans la tête du lecteur ado ; un Moyen Âge où des clercs morbides auraient imposé au peuple une religion inhumaine... Mais alors, pourquoi ce peuple a-t-il construit les cathédrales ? Posée comme ça, la question ne trouve pas sa réponse dans le film. Elle la trouve chez Dan Brown (version hard) ou chez Frédéric Lenoir (version loukoum). Total : ce n’est pas de l’histoire.         PP

 

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Commentaires

LOUKOUM

> Auriez-vous la gentillesse d'expliquer votre expression "Frédéric Lenoir (version loukoum)" ?
Merci d'avance, cher Patrice, et joyeux Noël.

bernard


[ PP à Bernard – N'y voyez aucune animosité de ma part envers la confiserie ottomane ! "Loukoum" ici n'est qu'une allusion à la nature molle et sucrée de la pensée-Lenoir...
Et joyeux Noël à vous, Père ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : bernard / | 24/12/2019

SANTA KLAUS

> Un autre bel exemple d'inculture crasse: ce "petit plaidoyer pour Santa Klaus" que j'ai découvert en ouvrant mon journal local ce matin et que je ne résiste pas à vous faire partager. "Envisager ce bon Samaritain et ses rennes qui volent", écrit l'auteur, "c’est s’ouvrir à l’imaginaire, stimuler son esprit et doper sa créativité. Croire à ce bienfaiteur et à son traîneau rempli de cadeaux, c’est s’éduquer aux plus belles bontés, aux plus universels partages, aux plus grands altruismes". https://www.letelegramme.fr/debats/petit-plaidoyer-pour-santa-claus-24-12-2019-12466320.php
Je ne m'étais jamais rendu compte avant de lire cette sorte d'éditorial à quel point le père Noël avait pu devenir l'un des éléments du "credo" ou de l'"évangile" (aussi pauvre que sucré) de notre monde, dont Google et Amazon sont sans doute de grands saints.
Ceci dit, Joyeux Noël, le vrai, celui qui commence par Isaïe : «Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière...».
______

Écrit par : JM / | 24/12/2019

> Je n ai pas vu ce film. Quelle est l ambiance musicale ? Y entend on du grégorien ?
______

Écrit par : Roger / | 25/12/2019

L'INVENTION DU PÈRE NOËL

> Oui, joyeux Noël à tous. Et je ne suis pas en retard, nous sommes toujours dans l'octave de Noël. Un jour augmenté d'une veillée, ce n'est pas suffisant pour entrer pleinement dans le mystère de Noël.
Et pauvre Santa Klaus (saint Nicolas) que nous fêtons chez nous dans le Nord et aussi dans l'est, en Lorraine ce me semble, transformé par artifice commercial en agent de paganisation.
Saint Nicolas vient chez nous le 6 décembre, jour où l'Eglise le fête. Il vient soutenir les efforts de conversion des familles, et tout particulièrement des enfants dont il était un grand protecteur de son vivant, en vue de Noël. Aux enfants sages, il apportait un cadeau (il n'y en aurait pas à Noël)et pour ceux qui n'était pas sages, des poireaux et des oignons (le poireau et l'oignon sont réputés drainer hors du corps les humeurs mauvaises, causes de la méchanceté). Sens symbolique : jeûne (une soupe plutôt qu'un repas plus agréable) et pleure tes péchés.
Dans d'autres régions c'était l'Enfant-Jésus qui apportait un cadeau aux enfants sages, mais alors le 25 décembre, jour de sa venue sur terre.
Ceux ayant rejeté la foi se trouvaient devant un dilemme : ils ne pouvaient pas cautionner ni saint Nicolas ni l'Enfant-Jésus. Donc pas de cadeau ces jours-là ? Ils ont vite compris qu'il fallait que leurs enfants aient une fête quand même, sinon ils risquaient d'être attirés par la religion. D'où l'invention d'un lutin, fusionné ensuite avec saint Nicolas pour devenir un personnage nommé Père Noël ou Santa Klaus selon les pays.
______

Écrit par : Bernadette / | 26/12/2019

CE QUI SE PASSE AU MONT SAINT-MICHEL

> https://www.paj-mag.fr/2019/12/20/epic-mont-saint-michel/

Un EPIC au mont Saint-Michel ! Certains craignent que l'abbaye passe sous le contrôle de cette nouvelle structure, "à la Chambord", où l'État a imposé un EPIC pour "pour rationaliser la gestion et faire des économies" et "monter Chambord en gamme" en y ouvrant un quatre étoiles, etc. : en y créant une sorte de Disneyland afin d'attirer encore davantage de touristes et ainsi 'optimiser le produit' pour parler en Macron-compatible.
Prenons garde car le maire de Chambord dénonce la muséification de sa commune : il serait tout à fait malvenu que le mont Saint-Michel subisse pareille 'optimisation'. Nul doute que votre chère "fée des grèves" apprécierait fort peu la chose.

https://www.franceinter.fr/emissions/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-17-octobre-2017

PV


[ PP à PV – Exact. Le problème-clé est la bagarre entre les trois entités du syndicat mixte (Bretagne, Normandie et département de la Manche) contre le gouvernement qui veut alourdir leur charge financière pour faire face au futur "déficit structurel", inévitable paraît-il, de l'ensemble barrage-navettes.
Hervé Morin (pdt du syndicat mixte) ayant dit non à cet alourdissement, le plan B du pouvoir est de prendre une partie des bénéfices de l'abbaye (qui dépend de l'Etat).
Si cet argent est soustrait au développement de l'abbaye, celle-ci tentera-t-elle de compenser la perte en se "Disneylandisant" ? Le danger est là.
Ce serait un exemple de plus de malfaisance d'un Etat devenu l'outil du business. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 31/12/2019

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