Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/12/2019

Une fiction qui en dit long sur l'ignorance du showbiz

LesDeuxPapes-Banniere.jpg

...et celle de la sous-culture médiatique :


Messages de Philippe de Visieux à notre blog :

<<  22/12 – Un mot à propos du film Netflix Les deux papes que j'ai regardé hier.  L'impression d'ensemble est une grossière déformation de la réalité historique, acceptable si l'on considère le film comme une fiction. Le collège des cardinaux est dépeint comme un groupe de grands électeurs aux motivations exclusivement politiques : dès le conclave de 2005, Ratzinger est représenté comme faisant tout pour être élu, fusillant du regard l'archevêque de Buenos Aires dans la chapelle Sixtine. Dans le film, on a voulu faire du pontife allemand le Panzerkardinal qu'il n'a jamais été : il incarne le méchant, alors même qu'il avait parlé de "couperet" à l'annonce de sa propre élection.  S'ensuit la scène totalement loufoque selon laquelle le "Rottweiler de Dieu" (que je ne peux en aucun cas associer à Benoît XVI) convoque Bergoglio à Castel Gandolfo en 2012 pour le questionner sur sa supposée permissivité à l'égard des homosexuels, des divorcés, etc., le premier accusant le second de ne pas défendre "la doctrine de l'Église" : Bergoglio se voit même reprocher par un "Rottweiler" agressif (donc pas du tout ressemblant) de ne pas habiter le palais épiscopal de Buenos Aires...

Puis, à la suite d'un long apprivoisement entre les deux hommes, l'Allemand prépare l'Argentin à lui succéder ; en retour, le second décoince le premier, allant jusqu'à lui enseigner le tango dans une cour du Vatican sous les yeux de gardes suisses hilares... avant que les deux ne se réconcilient et se prennent dans les bras. Le film se termine avec l'élection du pape François qui, ayant retrouvé son prédécesseur, regarde avec lui un match de foot Allemagne-Argentine en buvant de la bière.

Si l'on regarde ce film, il est préférable de le voir comme on verrait La chèvre ou Les bronzés : en n'associant pas ce tissu d'incongruités à la réalité. Non, le pape François ne brade pas la doctrine de l'Église ; non, Benoît XVI n'a jamais été un pape autoritaire et vindicatif... Les deux sont des hommes de prière : or cette dernière est la grande absente du film. C'est sans doute le plus grand reproche qu'on puisse lui adresser : ne décrire que des luttes politiques là où Benoît XVI et François laissent agir l'Esprit Saint.

Ma préférence va au remarquable film de Wenders, Un homme de parole, qui parle au cœur et qui n'est pas – on s'en serait douté – estampillé Netflix. >>

 

<< 23/12 – Un ami chinois, non catholique, vient de me parler du film Les deux papes qu'il a également regardé. Totalement ignorant de la réalité vaticane, il a cru en toute bonne foi que le film avait dépeint l'histoire telle qu'elle s'est passée ; il faut dire que le réalisateur a savamment mélangé images d'archives et fiction, sans pour autant avertir le spectateur qu'il ne s'agissait pas d'un documentaire. Résultat sur une personne non chrétienne : elle s'imagine que le pape François, amoureux des Beatles et danseur de tango, veut une Église 'cool', dans l'air du temps, tandis que son prédécesseur, autoritaire et réactionnaire, refusait toute évolution.

J'ai dû passer une bonne demi-heure à expliquer à mon interlocuteur que strictement rien n'oppose le pape émérite à son successeur, si ce n'est au plan de la personnalité : ce qui est tout à fait normal. Le pape François n'est pas 'cool', en ce qu'il entend nullement faire la moindre entorse aux enseignements du Christ au prétexte que ceux-ci seraient d'arrière-garde. Les deux papes sont évidemment sur la même ligne théologique.

Netflix prend des libertés avec la réalité historique pour gagner de l'argent : c'était déjà le cas avec The Crown, ça l'est avec ce film. On regrette qu'ils ne précisent pas d'entrée, en caractères gras, que "toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite". >>

 

 

Merci à Philippe de Visieux. Dans 'Les deux papes', je vois pour ma part la confirmation du trait le plus étouffant de la sous-culture médiatique liée au showbiz (et qui fabrique l'atmosphère de nos sociétés) : pour ne pas examiner les réalités, ce qui demanderait un effort, elle suit la facilité des ses propres réflexes. En ce qui concerne les religions, le réflexe consiste à zapper leur contenu fondamental (leur spiritualité) et à les regarder comme des partis politiques. Comme la seule grille politique des médias se limite à opposer le "progrès sociétal" (fun-LGBT) au "conservatisme" coincé, ça donne ce film. Et comme l'ambiance fabriquée par les Netflix se substitue à la réalité dans l'esprit des foules, les dégâts sont considérables. Ils vont jusqu'à des secteurs inexpected [*] de l'opinion : attendons-nous à voir Le Figaro et Valeurs Actuelles voir dans Les deux papes un "constat"... Peut-être même des médias catholiques aimeront-ils se sentir à nouveau "troublés", comme lors du coup Vigano ?           PP

 __________

[*]  comme on dit dans nos shopping centers.

 

 

5989871.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

 

Commentaires

"RESTAURATION"

> Hélas, pas surprenant!
Plus proche de nous, la construction et la restauration de ND de Paris vue par la télévision de sévices publics.

https://rcf.fr/la-matinale/notre-dame-de-paris-l-epreuve-du-documentaire?fbclid=IwAR23aXjBzSSZN7j7CL_p9cQvLazmAPwJD_11oW4HU40eB7h0bGDB17ZJCj0
______

Écrit par : PF. Huet / | 23/12/2019

'SODOMA'

> à partir du moment où des gens croient que Sodoma est une enquète...
le niveau papesse Jeanne

FL

[ PP à FL – Ou Roger Peyrefitte... (moins le style). ]

réponse au commentaire

Écrit par : E Levavasseur / | 23/12/2019

à Eric Levavasseur

> Les gens croient ce qu'ils VEULENT croire. Il y en a que ça arrange de croire que le Vatican est un backroom, parce que ça a l'air d'invalider tout ce que les catholiques disent de la sexualité reproductive. Et c'est bien le but du livre en question !
______

Écrit par : Andy Fizich / | 23/12/2019

UNE DEMI-HEURE

> cit : « J'ai dû passer une bonne demi-heure à expliquer à mon interlocuteur... »
Une demi-heure pour convaincre un non catholique, c'est vraiment peu... Cet ami chinois devait être très ouvert d'esprit, ou bien Ph. de Visieux doué d'un remarquable talent de persuasion... Ou peut-être les deux hypothèses se sont-elles rencontrées ? Par l'intercession de l'Esprit Saint ?
Il n'est pas impossible non plus que ce soit moins ardu d'enseigner à un non catholique sans idées arrêtées qu'à un catholique borné, égaré dans le conspirationnisme...
______

Écrit par : Fondudaviation / | 23/12/2019

"LE MOINDRE OUVRAGE"

> Merci de l’information.
Il suffisait de lire le moindre ouvrage de Benoit XVI pour comprendre que l’accuser d’être "Panzerkardinal" était aussi pertinent que d’accuser l’abbé Pierre d’être un SS.
______

Écrit par : Ludovic / | 23/12/2019

DISCUSSION

> Le personnage de Benoit XVI n'est pas à la hauteur de la profondeur du personnage, même joué par Anthony Hopkins... Jonathan Pryce est très très bon dans le personnage de Jorge Bergoglio (en plus il lui ressemble vraiment énormément physiquement). Après c'est une fiction, c'est quand même dit et cela a quand même été dit. Mais bien sûr cela reprend les poncifs qui veulent absolument opposer Benoit XVI et François. Pour autant j'ai trouvé que la mise en scène était très bonne (quelques scènes remarquable sur le conclave de l'intérieur de la chapelle Sixtine), les acteurs remarquables ( dans le rôle qu'on leur a dit de jouer..), et plutôt traité avec finesse pour ce qui est de la solitude et du dialogue qui se noue entre deux hommes très différents unis par un destin commun. Voilà ça s'arrête là, personnellement j'ai trouvé cela plutôt intéressant même si le film de Wenders est bien plus authentique (évidemment, cela ne se voulait pas une fiction mais un documentaire)...

PS: Tant qu'à citer ce qui sort de bien et de moins bien, signalons l'excellent hors-série du Figaro ( une fois n'est pas coutume mais là cela le mérite vraiment) sur Jésus-Christ. Remarquable et passionnant en tout point, réalisé en partenariat avec l'école biblique de Jérusalem. Et en tête de gondole sur les kiosques, je l'ai acheté et trouve que cela mérite d'être signalé. Et aussi un beau reportage sur les moines de Solesmes. Merci au Figaro de ramener la presse grand public vers l'essentiel en ce temps de Noël.
______

Écrit par : Marie-Do / | 23/12/2019

à Fondudaviation :

> Il s'agit d'un ami qui, me sachant croyant et se souvenant des longues discussions que j'engageais avec lui sur les grandes questions existentielles (quel est le sens de la vie dans une société pseudo-marxiste ayant fait du consumérisme et du matérialisme une quasi religion d'État ?), est tombé sur ce film et a trouvé excellente l'opportunité d'en savoir davantage sur cette religion catholique dont il ignore à peu près tout.
Ce que je lui ai dit en réponse est que ce film ne présente rien du christianisme. Pour aborder ce dernier, c'est Jean 1 et Matthieu 25 qu'il faut lire et méditer, pas les élucubrations Netflix ; évidemment, ces deux lectures sont moins rocambolesques qu'une pseudo 'réconciliation' entre un Benoît XVI supposément réactionnaire et un Bergoglio apparemment dans le siècle.
J'ai d'ailleurs fait remarquer à cet ami chinois que le scénario ne tenait pas : l'archevêque de Buenos Aires désabusé "implorant" le pape de le laisser prendre sa retraite en réaction à la supposée fermeté doctrinale de ce dernier, avec un dialogue totalement surréaliste entre "mon Église" (censée être progressiste) et "votre Église" (conservatrice) ; en 2012, Bergoglio avait 76 ans et avait effectivement remis sa démission à Benoît XVI comme tous les évêques le jour de leur 75 ans ; l'hypothèse d'un refus de celle-ci par le pape allemand au motif qu'elle aurait déstabilisé toute l'Église, rendant publiques leurs dissensions (selon le scénario Netflix), est fallacieuse : en 2012, personne ne s'intéressait à Bergoglio qui ne figurait même pas parmi les papabile l'année suivante.
Le réalisateur aurait dû savoir que même si Benoît XVI avait accepté la démission de l'Argentin, il n'aurait pas cessé d'être cardinal électeur jusqu'à ses quatre-vingts ans (en 2016), ce qui ne l'aurait pas empêché d'être élu pape : un cardinal-archevêque ne prend sa "retraite" véritable que lorsqu'il cesse d'être électeur.
J'ajoute que l'abondance de clichés a fait passer les deux derniers pontifes pour ce qu'ils ne sont pas : on est à la limite de la diffamation.
Cet ami a ainsi cru que le cardinal Bergoglio ignorait jusqu'à l'existence de Castel Gandolfo avant sa délirante "convocation pour insubordination" de 2012, demandant ébahi au chauffeur "ah ? Le pape a une maison de vacances ?", rappelant Louis de Funès ("comment Salomon, vous êtes juif ?") ; même cet ami chinois avait entendu parler de Gandolfo...
Il m'a dit avoir beaucoup ri en voyant Benoît XVI devant la série policière allemande 'Rex', les deux manger une pizza dans la chambre des larmes de la chapelle Sixtine ou entendre Benoît XVI critiquer les chaussures de Bergoglio, trop usées pour être présentables, alors que les siennes, rouges, étaient luxueuses. On nage en plein 'story-telling'.
Netflix crée du croustillant dans son propre intérêt, qui est de gagner de l'argent.
L'affiche elle-même est mensongère : "l'étrange cohabitation de deux papes que tout oppose" : d'abord, ce ne sont pas deux papes mais un seul en fonction et l'autre émérite, surtout ils partagent la même foi dans le Christ ressuscité, le même amour de l'Église, le même souci d'annoncer l'Évangile au monde. Aucune opposition en vue, donc, si ce n'est de style.
Étonnant, donc, que le Saint-Siège ait donné à Netflix son accord pour cette publicité géante en faveur du film, à quelques mètres de la place Saint-Pierre : la firme américaine a dû se montrer très généreuse !

https://mobile.twitter.com/AlbanMikoczy/status/1207956819257298948?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1207956819257298948&ref_url=https%3A%2F%2Fpublish.twitter.com%2F%3Fquery%3Dhttps%253A%252F%252Ftwitter.com%252FAlbanMikoczy%252Fstatus%252F1207956819257298948%26widget%3DTweet

PV


[ PP à PV – Sachant qu'au Vatican "l'air est plein de poignards", il serait intéressant de savoir quel subalterne a donné cet accord au réalisateur du film, et dans quelle intention en réalité.]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 24/12/2019

MENSONGES SUBTILS ET EMPOISONNEMENTS MAJEURS

> A la lecture de votre blog, je me suis astreint à regarder ce film. Il faut en effet comprendre la (les) vision(s) de l'Eglise et de la papauté que porte "le monde" et qu'il veut imposer "au monde". En l'occurrence, une vision déformée et militante.
On distille ainsi de subtils mensonges sur le célibat des prêtres qui ne serait que très tardif (XIIe) et tout à fait inutile et superflu... On a bien compris qu'il s'agit de donner l'impression que la foi chrétienne, que la doctrine, que la discipline pourrait être malléable et devrait être adaptée par des "progressistes", des "gentils" comme le serait François, et comme le "méchant" Benoit XVI ne l'aurait pas été (jusqu'à ce François le gentil le convertisse...).
Cette conception idéologique de la foi chrétienne qui devrait n'être qu'une grande distribution de bisous (et on ira tous au paradis après) est particulièrement illustrée par la scène des ridicules confessions croisées entre cardinal et papes, chacun confessant à l'autre (et non à Dieu) ses turpitudes, confessions qui virent au débat politico-religieux, à de gravissimes accusations voilées contre Benoit XVI (il aurait sciemment laissé faire les abus et crimes sur mineurs, à commencer par ceux du P. Maciel), et qui se terminent par des absolutions bâclées... Pas question de salut ici, et pas question du Christ non plus : la foi qui nous est présentée n'est au final qu'une vague injonction à la gentillesse et à la convivialité. Un bon chrétien, c'est une personne cool, sympa, et qui aime ce que "le monde" trouve aimable...
Tout cela pour en arriver aux deux empoisonnements majeurs auxquels veut procéder ce film :
► Montrer que l'Eglise ne serait qu'une structure de pouvoir (ce qu'elle n'est pas : elle est une réalité de communion) dans laquelle le chef, le 'conducator' au sommet de la pyramide, dirigerait selon son seul arbitraire. Comme si le pape était le PDG, l'employeur des cardinaux, des évêques, des prêtres, et que ceux-ci lui devraient donc des comptes... On se demande d'ailleurs ce qu'il aurait à diriger dans ce film, vu qu'il passe son temps entre promenades digestives et séries télé allemandes, accompagnées de fanta - un vrai emploi du temps de maison de retraite.
► Passer sous silence la réalité des pressions gigantesques - celles du monde lui même !- qui s'exercent sur le pape en sous-main, de manière plus ou moins occulte. C'est à cause de l'énormité de ces pressions que Benoit XVI a renoncé (et non démissionné, comme présentée dans le film). C'est exactement ce qu'il a dit : il n'avait plus la force de leur résister. Des pressions idéologiques, des pressions financières et d'abord et avant tout des pressions de pouvoir : on veut se servir de l'Eglise pour exercer un pouvoir sur le monde.
Mais le film se garde bien de citer les déclarations de Benoit XVI – pour faire de sa renonciation ce qu'elle n'est pas, à savoir une sorte de prise de conscience de ce qu'il serait un "has been", un vieux croulant réactionnaire devant laisser sa place à un autre plus "dans le coup" que lui, à un vrai progressiste, à un vrai gentil (et ce faisant, Benoit XVI en deviendra un gentil lui même, comme le montre la scène finale où il exulte avec François devant un match de foot).
Il y a bien d'autres mensonges dans ce film. Sur Benoit XVI, bien sûr, comme souligné dans votre blog et dans ses commentaires ; mais aussi sur François.
Mais les deux que j'ai mis en avant me semblent les plus dangereux. Ils révèlent à mon sens une hostilité qui va bien au delà de la seule "sous-culture médiatique".
______

Écrit par : Odon Lafontaine / | 24/12/2019

à Marie-Do

> Presse "grand public" : au vu des chiffres de ventes, ce qualificatif ne s'applique plus au Figaro depuis longtemps...
Disons plutôt "presse de niche"...
______

Écrit par : Luça / | 24/12/2019

SUR BENOIT XVI

> Une fois, j'ai demandé à mon neveu de sept ans ce qu'il voulait faire plus tard : il m'a répondu "trader". Même son père était dubitatif. Alors, s'il voit le film de Netflix, il voudra certainement devenir pape !
Plus sérieusement, une chose m'étonne, c'est la manière négative dont fut considéré le pape Benoît XVI, y compris par exemple par l'écrivain Philippe Le Guillou, qui a consacré tout un prétendu livre à la Rome vaticanesque, promettant de rencontrer des sommités religieuses, mais finalement n'ayant d'entretiens qu'avec trois pelés et un tondu.
Alors que Benoît XVI était sans contexte quelqu'un de remarquable intellectuellement. L'Eglise moderne lui doit beaucoup. Ses qualités éclipsent ses rares défauts, que l'infernal Le Guillou s'amusait à énumérer voluptueusement, dans ce bref essai dont je me suis débarrassé après lecture. N'est pas Roger Peyrefitte qui veut, puisque vous citez cet écrivain. Une bonne fête de Noël à tout le monde.
______

Écrit par : Bégand / | 24/12/2019

à Marie-Do :

> Joyeux Noël !
Comme vous, j'ai trouvé Bergoglio bien plus ressemblant que Benoît XVI : erreur de casting probable pour ce dernier.
En ce qui concerne la mise en scène du conclave, sans doute le réalisateur a-t-il voulu se montrer 'disruptif' : c'est à la mode et surtout c'est bon pour la vente.
Il me semble qu'un monde où tout peut être exhibé, où la transparence se veut totale, n'est plus vivable, en ce que l'homme a besoin d'une part d'intimité, d'un 'extra omnes' du for interne que même la disruption la plus injonctive ne saurait atteindre.
J'avais été choqué de voir, dans la première saison de 'The Crown', le duc d'Édimbourg rentrant au palais épuisé inviter sa jeune épouse à "se mettre sur ses genoux" (sic) pour lui pratiquer une fellation : certains trouveront cela 'fun' et excitant, pour moi c'est d'une vulgarité abyssale.
Souvenons-nous qu'en 1953, lorsque cette même reine Élizabeth fut couronnée à Westminster, la BBC refusa de filmer le sacre proprement dit, car le mystère de l'onction ne pouvait être ainsi exhibé à des millions de téléspectateurs ; je ne suis pas sûr qu'il en sera de même lors du prochain couronnement.
Il est bon que ce qui est censé se passer à huis clos le reste, que la part d'intimité sinon de mystère qui entoure certains événements allant d'un conclave (où le protagoniste n'est pas le pape élu mais l'Esprit saint) à l'acte conjugal soit tout au plus suggérée, mais en aucun cas exhibée comme c'est si souvent le cas.
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 25/12/2019

à Odon Lafontaine :

> Bonne fête de la Nativité du Seigneur !
Entièrement d'accord avec vous. J'y ajouterais tout le dégoût que m’a inspirée la « confession » de « Benoît XVI » selon laquelle il aurait couvert, par son inaction, les actes hautement répréhensibles commis par le fondateur des Légionnaires du Christ. Il s’agit là d’une affirmation qui relève de la calomnie pure et simple car les poursuites engagées en 2001 contre Maciel le furent par le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, non sans courage compte tenu des soutiens dont disposait le Mexicain à la Curie romaine ; devenu le pape Benoît XVI, il poursuivit sans relâche la lutte contre la pédocriminalité dans l’Église.
Il va de soi qu’un réalisateur ne peut s’abriter derrière la liberté d’expression pour porter de si graves accusations à l’endroit de faits (l’affaire Maciel) qui n’ont rien de fictifs : la question est trop lourde pour que l’on puisse tolérer de telles approximations.
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 25/12/2019

à Marie-Do

> Le hors-série du Figaro : avez-vous lu l'éditorial ? C'est un long délayage sournois du thème intégriste numéro 1, c à d : le christianisme aujourd'hui est majoritairement devenu un humanitarisme relativiste et mondialiste, heureusement in reste une poignée de purs qui maintiennent la religion de toujours, etc.
La ruse est que cet éditorial pervers chapeaute une série d'articles faits par des universitaires sérieux et allant dans le bon sens. Je doute qu'Olivier-Thomas Venard, par exemple, partage la vision parano-intégriste sur l'Eglise actuelle.
Il faut savoir que la petite équipe de ces suppléments du Figaro est très, très proche d'un groupe hyper-intégriste détestant le "pape mondialiste et humanitaire", etc.
______

Écrit par : Bernard Gui / | 26/12/2019

à Bégand :

> Joyeux Noël à vous !
« Plus sérieusement, une chose m'étonne, c'est la manière négative dont fut considéré le pape Benoît XVI » : en effet, c’est étonnant car le lire est toujours un émerveillement. Si le réalisateur des ‘Deux papes’ s’est permis de telles libertés, c’est peut-être parce qu’il savait que ni Benoît XVI ni le Saint-Siège ne l’attaqueraient ou n’attaqueraient Netflix en diffamation : c’est même tout le contraire puisque le Vatican assure la promotion du film sur ses murs ! Une mise en application de « si quelqu'un te gifle sur la joue droite... » ?
PV

[ PP à PV – "Assure la promotion" est un peu elliptique. "Permet l'affichage" ne serait-il pas plus indiqué ? Encore faudrait-il vérifier dans quelle mesure, et pourquoi...
Attention à ne pas fournir une "fake proof' aux complotistes anti-François. ]

réponse au commentaire

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux / | 27/12/2019

BENOÎT XVI ET SES ENNEMIS

> Benoit XVI a fait démissionner ou a déposé en cas de refus, 73 évêques, ceci pour cause d'argent ou de moeurs. Il a du se faire beaucoup d'ennemis parmi les gens peu recommandables.

@ Bernard Gui
> La tentation de réduire l'Église au temporel est de tout temps et atteint toute les familles de pensées. Pas sûr que l'éditorial vise le pape. Du moins, je ne l'ai pas interprété ainsi.
______

Écrit par : PF. Huet / | 27/12/2019

à PF Huet

> Connaissez-vous ces personnes ? Au recto c'est 'Le Figaro' ; au verso c'est un certain groupe ultra-intégriste connu, hostile au pape François depuis le début. (Je ne donne pas son intitulé pour éviter un droit-de réponse de son porte-parole).
Ces personnes croient que la charité universelle de François n'est que du "mondialisme humanitaire" donc franc-maçon etc. C'est pourquoi elles ont l'habitude de détourner contre François (de façon inqualifiable) la parabole de l'Antéchrist de Soloviev, qui met en scène une sorte d'empire mondial politiquement correct.
On n'est pas surpris de voir apparaître la référence à Soloviev dans un éditorial qui dissimule sa dialectique derrière beaucoup d'équivoque. Il incrimine un catholicisme délayé dans l'humanitaire, mais sans préciser :
a) s'il s'agit de ce que la société ambiante voudrait pour l'Eglise,
b) ou s'il accuse le Magistère d'en être l'instigateur.
Croyez-vous que cette équivoque est involontaire ?
Non, bien sûr, puisqu'elle s'accompagne de l'allusion rituelle au petit nombre des purs censés sauver la foi ! C'est signé. On entend ça depuis les années 1970, dont ces quadras semblent sortis tels Hibernatus. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Bernard Gui / | 27/12/2019

à Patrice :

> Vous avez raison, n'apportons pas de l'eau au moulin de ceux qui ne brillent pas par leur fidélité au successeur de Pierre.
Car des complotistes, il y en a !
Tout récemment, je discutais avec un ami catholique qui me disait être tombé sur un site canadien (reproduit ci-dessous) évoquant les armoiries choisies par Hans Urs von Balthasar lorsqu'il fut créé cardinal (sans avoir jamais reçu la pourpre, on le sait). Les deux triangles inversés font songer à une appartenance maçonnique donc, évidemment, l'auteur en conclut à un Balthasar en tablier : "une image vaut mille mots" écrit-il.
https://www.cqv.qc.ca/comment_notre_monde_a_cesse_d_etre_chretien
Et cet ami de tomber dans le panneau.
Pourtant, une simple recherche sur Wikipédia indique que la famille patricienne suisse Balthasar blasonne ses armoiries... "d'azur à un triangle d'or chargé de quatre petits triangles d'azur, les trois d'extérieur à une étoile du second".
CQFD : non, Balthasar n'a jamais été initié en loge !

PV


[PP à PV – Soupçonner Balthasar de relativisme maçonnique montre qu'on n'a jamais lu une ligne de lui ! Ce qui ne saurait étonner de la part d'intégristes, qui ne lisaient même pas les écrits de leurs propres gourous.
Par ailleurs, la chasse aux triangles (équivalent intégriste de la chasse aux pokemon) est devenue un tic des ignares depuis la mode des Illuminati sur Twitter, il y a quelques années. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Philippe de Visieux | 27/12/2019

à Bernard Gui

> "Dont ces quadras semblent sortis tels Hibernatus" : très juste ! Même quand ils ne sont pas quadras mais trentenaires comme les "jeunes conservateurs" qui surfent sur le jeunisme des médias. Leurs idées sont du 1986 vintage juste décongelé. La "droite décomplexée" : idée tellement vieille que tout le monde a oublié de quand ça date, donc ça paraît nouveau !
______

Écrit par : Henoch / | 27/12/2019

@ Bernard Gui

Sans doute suis-je trop candide.
Toutefois, ce que j'ai vu depuis un certain nombre de décennies m'a convaincu que "le petit nombre des purs censés sauver la foi " se rencontre partout.
Aussi, pour reprendre le mot de Jean-Pierre Denis, je me suis évadé des classifications et j'évite de flinguer ceux dont la sensibilité est heurtée, même quand je trouve qu'ils exagèrent.
Je ne voudrais pas que ma modeste prière devienne celle vue dans un génial dessin humoristique:
"Merci mon Dieu de ne pas m'avoir fait comme ce pharisien."
______

Écrit par : PF. Huet / | 27/12/2019

à PF Huet

> N'est-il pas un peu facile de traiter de "pharisiens" ceux qui ne partagent pas vos opinions ? Surtout quand, loin de juger la valeur morale d'autrui comme font les pharisiens, ils parlent simplement d'un fait ?
L'inversion accusatoire sur le "pharisaïsme du publicain" est un refrain intégriste depuis fort longtemps. On la trouvait dans un article de 'Fideliter' en 1987.
______

Écrit par : Bernard Gui / | 27/12/2019

PP à PFH ET BG

► Quand deux contributeurs en viennent à se traiter de pharisiens ou à se défendre de l'être, la discussion est fourvoyée. Je vous prie donc d'y mettre fin. Dans ce blog on ne fait pas de querelles ad hominem : on s'efforce de débattre sur des données objectives.
______

Écrit par : PP à PFH et BG / | 28/12/2019

à Patrice :

> Bien d'accord avec vous concernant la chasse aux triangles : j'ai d'ailleurs fait remarquer à cet ami sans doute un peu trop influençable que dans l'hypothèse absurde selon laquelle un vénérable maître devait accéder au cardinalat, jamais il ne choisirait de blasonner ses armoiries d'une manière aussi manifeste que celles de la famille Balthasar. L'appartenance maçonnique ne s'affiche pas, on le sait : un blason chargé de triangles a donc toutes les raisons de n'avoir aucun lien avec la franc-maçonnerie. Mais évidemment, il est beaucoup plus facile d'affirmer le contraire : l'effet 'scoop' marque davantage les esprits !
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 29/12/2019

TRIANGLES

> Des triangles avec ou sans le tétragramme en hébreu, on, en trouve beaucoup dans les églises (par exemple à St Louis en l'Ile à Paris) !
Encore un complot judéo-maçonnique ?
______

Écrit par : Michel de Guibert / | 30/12/2019

UN COST-KILLER, NOUVEAU SUPER-HÉROS DU PUBLIC ?

> https://www.nouvelobs.com/monde/20200103.OBS23021/carlos-ghosn-aurait-donne-son-accord-a-netflix-pour-un-biopic-sur-ses-demeles-judiciaires.html

À la suite des 'Deux papes', Netflix a déjà contracté des droits d'exclusivité avec un célèbre fugitif à multiples passeports !
Le film ne s'attardera sans doute pas sur l'opportunité pour un justiciable de refuser d'être jugé dans un pays où il a commis plusieurs infractions, mais de se concentrer sur ce que le public attend : la fuite dans une malle géante pour instrument de musique, le changement d'avion en Turquie, etc.
Le "cost killer" de Renault monnaye sa propre histoire !
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 04/01/2020

NETFLIX

> https://www.lefigaro.fr/international/la-justice-bresilienne-ordonne-a-netflix-de-retirer-un-film-controverse-sur-le-christ-20200109
Encore un exemple de l'imprégnation de l'idéologie LGBT dans la filmographie Netflix : le Christ est dépeint en gay car c'est vendeur, c'est 'fun', ça détend, etc. Proposer le sermon sur la montagne comme sujet d'un film serait autrement plus enrichissant, cela permettrait d'élever les âmes ! C'est visiblement au-delà du cahier des charges Netflix.
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 10/01/2020

AFFICHE

> https://twitter.com/NicolasSeneze/status/1218139385318838272

Une bonne nouvelle : l'affiche a été retirée !
______

Écrit par : Philippe de Visieux / | 20/01/2020

Les commentaires sont fermés.