18/03/2019
Pierre Jova : “Les chrétiens face aux migrants”
Enfin l’enquête (objective et courageuse) qui s'imposait, sur le sujet qui déboussole tant de catholiques français :
« Les principes qui fondent les prises de position de l’Eglise sont ignorés de l’opinion publique et parfois des fidèles », constatait en 2017 une note interne de l’épiscopat français. Deux groupes de catholiques se déboussolent donc devant l’immigration. Les uns y voient “l’islam” venant déchristianiser la France (comme si la déchristianisation française n’était pas autochtone). D’autres disent “islam” pour ne pas dire “allogènes”, habillant ainsi de religion un réflexe ethniciste... Le premier groupe dit “ne pas comprendre” la position des diocèses et du Saint-Siège au sujet des immigrés ; le deuxième groupe qualifie cette position de “suicide” (et l’injurie sur le web). Seul un troisième groupe, celui des paroissiens consciencieux, accepte loyalement – non sans souci – ce que disent le pape et les évêques.
Il était donc urgent de faire un état des lieux. Le voilà : Les chrétiens face aux migrants, chez Tallandier. C’est un livre – très informé – de Pierre Jova, co-fondateur de Limite et journaliste au Pèlerin.
Il s’agit d’une enquête très complète auprès de toutes les sortes de protagonistes. Quatre volets, dix-neuf chapitres : Frontières (La route des cols – Un département sous pression – La guerre des Alpes) ; Rencontres (L’Erythrée arrive à Conques – Le sourire de Reims – L’éthique ignacienne – Lille, terre promise – Flandres iraniennes – Des Afghans chez Luther – Les femmes du Nigeria) ; Fractures (Catholique au Front national – L’étranger, signe de contradiction – Le boxeur des migrants [1] – Nuances protestantes – En uniforme face aux migrants – Les Eglises ont-elles abandonné le “petit Blanc” ?) ; Perspectives (Les chrétiens d’Orient, une passion française – Convertis de l’islam au christianisme : mythes et réalités – Un christianisme français métissé).
Pierre Jova a fait ce que personne ne faisait : il a rencontré toutes les sortes de protagonistes, du Nord au Midi. Il a essayé tous les points de vue. Il s’est placé en empathie avec toutes les expériences : celles du migrant et celle du chrétien qui l’aide ; celles du “patriote” angoissé par l’immigration et celles du croyant angoissé par la misère de l’immigré…
Ne s’affolent des “positions de l’Eglise” que ceux qui les connaissent mal et ne savent pas (ou ne veulent pas savoir) qu’elles sont ancrées dans l’Evangile. Pierre Jova donne la parole à l’évêque de Gap, Mgr Xavier Malle, ex-curé du sanctuaire marial de l’Ile-Bouchard : « Je reconnais que la migration pose des problèmes. C’est un drame pour ces jeunes et pour le continent africain qui voit partir ses forces vives. Mais je ne peux pas laisser ces jeunes à la rue ! », dit l’évêque. En août 2017, quand des migrants présumés mineurs commencent à affluer dans Gap, le conseil départemental débordé demande de l’aide au diocèse ; Mgr Malle ouvre en urgence des salles paroissiales, jusqu’à ce que l’Etat assure l’accueil de nuit… Entre les habitants qui supportent mal les migrants et les groupes d’extrême gauche qui voulaient l’entraîner dans le soutien illégal, l’évêque de Gap tient le cap de l’Eglise : « Il écarte, écrit Pierre Jova, la querelle sur la priorité à accorder aux “nôtres”, Français, ou aux “autres”, migrants : “En théologie, nous savons que le ‘ou’ mène à l’hérésie. C’est le ‘et’ qui est orthodoxe : vrai Dieu ET vrai homme. Migrants ET gens d’ici...” Dans ses prises de position, Mgr Malle évoque d’ailleurs tout autant les questions de bioéthique que la crise migratoire… Quant au reproche de ne pas s’occuper de nos pauvres, il réplique : “Je peux vous dire que les actions du Secours catholique et des autres associations envers les personnes qui ont besoin d’aide dans les Hautes-Alpes n’ont en rien diminué. Qui est prêt à venir donner un coup de main au Secours catholique ?”»
À Lille, la catholique Joséphine Toulemonde, engagée dans l’accueil des mineurs africains (qui affluent ici aussi), témoigne : « Je vois avant tout l’enfant, pas l’immigré. » Elle pense, comme le cardinal philippin Tagle après sa visite des camps du Moyen-Orient, que les personnes ne doivent pas être éclipsées par les nombres et les statistiques...
Vicaire général de Paris en charge de la solidarité [2], Mgr Benoist de Sinety explique à Pierre Jova : « L’Eglise n’est pas là pour gouverner les peuples, mais pour rappeler des choses essentielles. Je ne dis pas qu’il ne faut mettre aucune condition à l’entrée des migrants. C’est normal que l’Etat fixe des règles pour garantir l’unité nationale. Mais l’Eglise est là pour dire que rien ne peut justifier l’inhumanité dans l’accueil. » Elle ne demande aux siens rien de plus que de regarder l’immigré dans l’esprit de l’Evangile : si les catholiques « craignent que la France ne soit plus chrétienne », qu'ils « soient véritablement chrétiens ! », dit Mgr de Sinety.
L’enquête de Pierre Jova (comme toute la dure actualité assiégeant aujourd’hui l’Eglise) montre que le catholicisme occidental doit se réformer radicalement pour se rouvrir au plein Evangile, en un effort sur soi-même avec l’Esprit Saint. Si le catholicisme « se coupe des Français anciennement chrétiens et de ceux qui n’en ont même plus le souvenir », écrit le journaliste, ce n’est pas dans des excès d’ouverture aux migrants comme l’affirment « Laurent Dandrieu et ses comparses » : c’est « dans l’embourgeoisement, l’absence de transmission d’une foi vivante ». (Ajoutons que six ans après le soi-disant « réveil catholique » à droite, les séminaires sont toujours vides au bénéfice des business schools). Pourquoi les musulmans sont-ils plus évangélisés par les protestants, sinon à cause de la froideur introvertie de trop de milieux catholiques ? « Dans les autres dénominations chrétiennes tu n’es pas un anonyme », s’exclame (cité par le livre) un dominicain antillais, un soir à Notre-Dame des Buttes-Chaumont.
Pierre Jova cite l’ex-modérateur de l’Emmanuel, Laurent Landete : « Le problème, ce ne sont ni les musulmans, qui cherchent une réponse, ni les [protestants] évangéliques, qui les écoutent et témoignent de leur foi ; mais plutôt certains catholiques qui ont du mal à rencontrer, écouter, témoigner et proposer une réelle communauté humaine et avenante à ces personnes… »
C’est vivre l’Evangile qui l’a fait survivre, dit l’archevêque de Paris, Mgr Aupetit. Examen de conscience et discernement s’imposent à nous tous catholiques, au seuil de la troisième décennie du siècle, alors que de mauvaises additions du passé se présentent pour être réglées – et devront l’être, sous peine de faillite spirituelle en Occident. L’un des problèmes-tests (mais pas le seul) est celui des migrants. Ayons le courage d’admettre que, sous l’angle chrétien, le problème n’est pas « l’immigration » en soi puisqu’elle irrigue de plus en plus le christianisme en France et en Europe ! Je recommande la lecture attentive du chapitre IV de Pierre Jova, où des catholiques afro-antillais dans l’Hexagone diagnostiquent crûment notre « environnement ecclésial froid », nos « célébrations dominicales expéditives », notre « indifférence marquée ». Seule une revitalisation par le plein Evangile ramènera le petit monde catho français dans l’axe spirituel de la mission.
Pour que la sève circule à nouveau, souligne Pierre Jova dans sa conclusion, il faut cesser de boucher ses canaux comme on le fait, par exemple, en niant que « répondre présent aux appels de solidarité, de compassion et d’aide immédiate pour les migrants » fasse partie de « l’élémentaire mission » des chrétiens. Une avant-garde catholique, dit-il, est déjà « au premier rang dans l’aide concrète et pratique à ceux qui échouent sur notre sol ». Elle « retisse des liens entre arrivants et arrivés, ainsi qu’avec des “périphéries” aussi inattendues que les milieux laïques engagés dans l’aide aux migrants ». Il ne s’agit pas de rabâcher le vieux mensonge ultralibéral sur l’abolition des frontières et la liberté absolue de circulation : il s’agit d’assurer, en chrétiens, «des présences concrètes, physiques, personnelles, auprès de ceux qui souffrent ».
Je n’ai donné ici qu’un aperçu de la foisonnante enquête de Pierre Jova. Chacun gagnera à la lire. Les catholiques bien sûr. Les protestants, parce qu’elle est un exemple d’œcuménisme sur le terrain. Et les non-chrétiens, parce qu’elle montre en action le véritable regard chrétien, bien différent de ce que nos médias prennent pour de la « religiosité identitaire ».
► Pierre Jova, Les chrétiens face aux migrants, Tallandier, 318 p., 21,90 €
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[1] Le “boxeur” est Mgr de Sinety.
[2] et attaqué par l’imprécateur sédévacantiste de Valeurs actuelles, par le philosophe bergogliophobe Thibaut Collin, et par le groupe intégriste “Renaissance catholique” dont François-Xavier Bellamy est l’ami assidu.
10:55 Publié dans Idées, Migrants | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : migrants, catholiques
Commentaires
ENFIN
> Je sors l'acheter de ce pas. Enfin autre chose que les éléments de langage des deux camps extrêmes opposés !
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Écrit par : Toma Zrak / | 18/03/2019
RACINES
> L’enquête de Pierre Jova, cher PP, va-t-elle jusqu’à questionner la référence aux « racines judéo-chrétiennes » de la France et de l’Europe, remise samedi dernier sur la table par Les Républicains en vue des élections européennes ? (je lis en souriant votre 2e note qui savonne, en passant, la piste du candidat Bellamy).
Quitte à parler « racines », je vous l’accorde, soyons radicaux ! Et renvoyons, par exemple, les uns et les autres au ‘Sermon I de l’Annonciation’ de saint Bonaventure, prononcé selon la tradition à la Faculté des arts de Montpellier. Le cardinal franciscain y déploie une réflexion sur le mystère de l’Incarnation à partir de la prophétie d’Isaïe (Is 11, 1-2) : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur »… à noter que Bonaventure traduit « une fleur montera de sa racine », tout de même mieux, littéralement et littérairement, que le « rejeton » qui jaillit…
Or donc le Docteur séraphique dispose notre esprit à accueillir la révélation en son entier, dans la triade racine-rameau-fleur. Laquelle désigne clairement ici, chacun l’aura compris, la Vierge et son Divin Fils. Isaïe et saint Bonaventure à sa suite ne s’arrêtent pas vulgairement, comme nos politiciens, à la « racine ». Ils nous rappellent que si nous sommes juifs et chrétiens, nous devons tout prendre : la racine, le rameau et la fleur qui germent sur notre terre. Comme disait saint François : « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe »…
En vérité, pourquoi s’en tenir aux « racines judéo-chrétiennes » ? Même en tenant compte de la laïcité à la française, il devrait être possible à des responsables politiques d’exalter, bien mieux que les « racines », le bouquet judéo-chrétien de noblesse (paternelle et divine), de pureté/d’authenticité (maternelle et virginale) et d’élévation (christique et spirituelle) qui a fondé et couronné l’Europe et, la toute première en son sein, la France… elle-même légitimement fière de porter haut la Liberté (la racine paternelle), l'Egalité (le rameau filial) et la Fraternité (la fleur spirituelle qui nous invite à accueillir le pauvre, l'étranger, le migrant) !
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Écrit par : Denis / | 18/03/2019
@ Denis
> Quand on parle de "racines chrétiennes de l'Europe", il ne s'agit pas de racines au sens biblique et encore moins théologique ! Arrêtons donc de faire comme si nous ne comprenions pas ! Il s'agit au contraire simplement de dire que le christianisme est l'une des sources de notre culture. À moins de penser comme Macron "qu'il n'y a pas de culture française", que la culture est devenue individuelle, ou communautaire, on ne peut pas nier que l'appartenance à une culture ne concerne pas que les peuples inférieurs ou les minorités discriminées. Or la culture qui est la nôtre en Europe, comme toute culture, s'appuie forcément sur un passé, à la façon dont un arbre tire sa sève de ses racines, même si elles ne sont pas visibles. Et pour nous ces racines sont en particulier chrétiennes. Ça me semble évident, à moins de désavouer la majeure partie de nos ancêtres, ou de prétendre que nous nous sommes faits tout seuls, comme des dieux.
Guadet
[ PP à Guadet – Personne ne prétend ici que l'Europe n'a pas de racines chrétiennes. Ce que nous disons (avec toute l'Eglise depuis toujours) c'est que le christianisme est d'abord une question de FOI, et que la foi ne se réduit nullement à une histoire de racines. Et que la façon dont on parle aujourd'hui des "racines chrétiennes de l'Europe" véhicule souvent un message anti-évangélique, incompatible avec le christianisme... Il convient de ne plus céder à l'irrationnel et de faire preuve de discernement. ]
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Écrit par : Guadet / | 19/03/2019
APPUI
> Quand on ne peut pas s'appuyer sur des racines culturelles solides, on ne peut pas accueillir l'autre, parce que celui-ci apparaît comme mettant en danger son identité, son être. Quand on considère, dans l'histoire de l'humanité, les phénomènes de rejet, on se rend compte qu'ils correspondent à une période d'affaiblissement d'une nation, qui craint pour sa survie, comme l'Allemagne après la défaite de 1918 et les tentatives de révolution communiste.
Guadet
[ PP à Guadet - C'est ce que dit Pierre Jova dans son livre, avec tioute l'Eglise. ]
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Écrit par : Guadet / | 19/03/2019
IMPRÉCATEUR
> C'est qui, l'imprécateur sédévacantiste de Valeurs ? (Je ne lis pas ce torchon, Twitter suffit à maintenir mon urticaire).
Edel
[ PP à Edel – L'illustre auteur du gros pamphlet sur le "suicide de l'Europe", signé Laurent Dandrieu. (Gourou antipapiste de la Droite Catho Satisfaite d'Elle-Même. ]
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Écrit par : Edel / | 19/03/2019
à Guadet :
> C'est Benoît XIV, je crois, qui rappelait aux missionnaires en partance pour la Chine : "N'oubliez jamais que vous n'y annoncez pas l'Europe, vous y annoncez le Christ" ; la foi chrétienne implique en effet l'acceptation personnelle du Christ comme le Chemin, la Vérité et la Vie ; la croyance par simple mimétisme sociologique ou par souci identitaire s'appelle du pharisianisme.
N'oublions pas ce qu'expliquait son lointain successeur le pape François : "Quand j'entends parler des racines chrétiennes de l'Europe, j'en redoute parfois la tonalité, qui peut être triomphaliste ou vengeresse. Cela devient alors du colonialisme. [...] L'Europe a des racines chrétiennes [mais] il faut parler de racines au pluriel car il y en a tant..."
Mme Morano avait alors très peu apprécié.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 19/03/2019
à Philippe de Visieux
> Mme Morano qui ne fout jamais les pieds à l'Eglise est intransigeante sur les Racines.
Ça mange pas de pain (bénit).
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Écrit par : Bernard Gui / | 19/03/2019
QUESTIONS
> Aux missionnaires en partance pour la Chine : "N'oubliez jamais que vous n'y annoncez pas l'Europe, vous y annoncez le Christ"
J'y pense à chaque fois que je vois être organisée - à grands frais- une de ces initiatives d'évangélisation qui ressemblent à un salon RH, Marketing ou Bien Être à Las Vegas.
La conclusion qu'on peut tirer de ces coûteux rassos, c'est que seuls les Américains sont de vrais catholiques.
Be Americanized, be catholic !
Comment évangéliser si par ces américanismes continuels nous étalons un complexe d'infériorité ?
(d'autant que c'est le Bon Dieu qui a fait que nous sommes nés dans telle ou telle culture). Ne sont-ce pas les rabbins qui enseignent qu'il y a un ange qui veille sur chaque langue ? ce qui paraît logique puisque nous sommes appelés à dire la Vérité.
Et aussi comment intégrer des immigrés si nous ne nous aimons pas en tant que Français ?
Un jour j'ai écrit sur Twitter qu'à court terme, il fallait s'occuper des migrants qui sont déjà chez nous (faim ? on les nourrit ; dehors ? on les loge et on les aide à travailler) et à plus long terme de faire en sorte que chacun trouve dans son pays ce qu'il doit y trouver ce qui est une question de justice et d'abord de bon-sens.
Mgr Malle m'a répondu : "exactement".
Le circuit court, le développement intégral local, l'agriculture vivrière, la production naturelle... tout cela est rejeté par le libéralisme économique comme l'amour de la patrie est rejeté par le libéralisme politique ("le mondialisme")
On NE PEUT PAS être souverainiste, écolo-circuit-court et libéral; on NE PEUT PAS être catholique se penchant sur le plus faible et libéral ; et inversement, on NE PEUT PAS être écolo-circuit-court se penchant sur le plus faible et refuser d'être patriote : car puisque j'aime mon pays c'est donc pour moi une chose horrible que de devoir quitter le sien, je plains les réfugiés et je les aide. Je les aide car la fraternité est consubstantielle au patriotisme réel fondé sur la paternité de Dieu Créateur.
Un pour tous, tous pour un.
Une terre, tous terriens dit la morale naturelle; un Père des Cieux, tous frères & sœurs sur terre dit la Foi. Et on écrit alors "Un pour tous, tous pour Un" avec U majuscule car c'est de Dieu qu'il s'agit à travers le prochain.
N'avons-nous pas vus le désir de fraternité ÉVIDENT des rassemblements de novembre 2015 et ceux des Gilets Jaunes ?
Mais si nous sommes opposés au libéralisme, notre attitude ne se résume pas à "être contre".
Nous combattons souvent mais nous construisons surtout.
Le libéralisme fou est à l'origine des migrations massives car il a ruiné les pays d'origine des migrants.
C'est Francis Bouygues qui déclarait que l'immigration massive était une nécessité car "nous avons besoin d'un main d'oeuvre nombreuse et docile".
D'où une pression/lobbying très actif dès les années 70 de ce grand patron rejoint par tous les autres puis par la droite, puis le PS et la gauche en général (sauf, jusqu'en 81, le PCF) qui l'habilleront d'un répugnant déguisement humaniste.
Le même déguisement dont la gauche de Ferry & Blum avait affublé la colonisation.
Sur ce point la droite est cynique, la gauche est hypocrite.
Je constate que l'extrême gauche est l'idiote utile des Libéraux sur ce point : elle prône de manière très libérale la totale absence de contrôle. Ses groupes militants de l'ouverture des frontières- comme les Libéraux- portent d'ailleurs des noms anglais.
Mais est-elle si idiote ? n'est-elle pas fourbe ?
Vu comme un"bolcho-catho" par certains, Mgr Malle est à l'origine du passage en seconde des pèlerinages pour prier pour la France à l'Ile-Bouchard, considérés par d'autres comme de méchantes réactions de scrogneugneux d'extrême droite.
L'honnêteté leur commande, aux uns et aux autres, de se dire que ce doit donc être plus complexe qu'ils le croient et de se poser la question : et si c'était moi qui me trompais ?
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Écrit par : E Levavasseur / | 19/03/2019
@ Philippe de Visieux
> Je pense que Benoît XIV voulait dire qu'il fallait respecter la culture chinoise, de même que le pape François a dit qu'il fallait accueillir les migrants, tout en exigeant de ceux-ci qu'ils respectent aussi notre culture.
Et puis, encore une fois, il ne faut pas confondre "culture chrétienne" et "foi chrétienne".
Par exemple, on apprend souvent aux enfants des écoles publiques françaises la mythologie grecque : c'est très bien et ça n'en fait pas pour autant des polythéistes. En revanche, on s'interdit de leur apprendre les Évangiles et leur influence sur notre culture européenne, par souci de laïcité. On ne risque pas ainsi d'en faire des pharisiens, mais on en fait des ignorants, qui ne connaissent pas la foi de leurs ancêtres, et qui n'ont aucune idée du message du Christ. Ils ne risquent pas comme ça d'avoir une culture chrétienne "triomphaliste", je le reconnais, mais j'avoue que je vois mal l'avantage de cet effacement de mémoire pour l'Église, à moins de vouloir en faire une secte confidentielle.
Guadet
[ PP à Guadet – Ne mélangeons pas des problèmes différentes.
Il y a d'un côté la politique d'amnésie de l'Education nationale et la conception déviée de la laïcité (c'est ce dont vous parlez) ;
et il y a d'un autre côté la vague montante de prétendu identitarisme invoquant les "racines chrétiennes" dans une perspective non-croyante, donc non moins déformante quoique inverse de la précédente – et incompatible avec l'Evangile.
Il est nécessaire de bien distinguer les deux problématiques, et de ne pas attribuer à de faux "chrétiens" paganisants une ouverture spirituelle à laquelle ils tournent le dos.
Sans ce discernement : confusion, mauvaise foi et fausses polémiques.
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Écrit par : Guadet / | 19/03/2019
" cesser de boucher les canaux" de la sève.
> En lisant votre note, il me revient un vieux souvenir. C'était au début des années 1980, lors de l'émission "L'heure de Vérité" invitant le cardinal Decourtray. Après un bref reportage sur l'immigration à Lyon, Alain Duhamel lui demande: "Mais, ces gens, vous voulez les convertir?
- Non"
Impossible d'oublier le visage stupéfait de Duhamel!
Question: les mentalités de nos pasteurs ont-elle vraiment changé? Rassurez-moi, car je n'en suis pas sûr.
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Écrit par : Pierre Huet / | 20/03/2019
@ PP
> Je vous comprends mieux, et je vous fais confiance sur l'existence de " la vague montante invoquant les "racines chrétiennes" dans une perspective non-croyante" et sur sa nocivité.
Mais c'est tellement loin de ce que je rencontre moi : oubli de toute mémoire collective, ignorance parfaite sur l'existence d'une "culture française" ou de racines, quelle qu'elles soient, individualisme parfaitement assumé, chacun restant chez soi et se faisant sa religion personnelle. C'est arrivé à un tel point qu'il est en effet probable que ça produise par réaction l'effet inverse.
Mais il me semble qu'il vaudrait mieux lutter contre la cause que contre l'effet, en arrêtant de faire de nos enfants des techniciens incultes. Ça me semble surréaliste de parler de triomphalisme des racines chrétiennes, pour ce qui est de la France. Parmi les gens actifs comme moi dans ma paroisse, je ne vois que des personnes qui naïvement inculquent aux enfants ou aux catéchumènes une morale néolibérale parce qu'ils ignorent les mises au point du Vatican et tout ce qu'a produit la pensée chrétienne au cours des âges.
Guadet
[ PP à Guadet – Ce n'est pas à propos de "la France" que l'on parle de "triomphalisme des racines chrétiennes". C'est à propos d'un certain courant montant, très minoritaire dans le pays, mais qui menace d'entraîner une partie du public catholique loin de l'Evangile : dans la confusion mentale. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Guadet / | 20/03/2019
EXEMPLE
> Un exemple des contradictions au sein d'un même diocèse: des catholiques engagés, notamment au sein de l'enseignement catholique, pour empêcher l'expulsion de familles de migrants d'une maison diocésaine avant même la fin de la trêve hivernale. Opération réussie, mais ce ne fut pas sans bataille pied à pied:
http://www.lavoixdunord.fr/555083/article/2019-03-20/l-accueil-de-plusieurs-migrants-finalement-prolonge-la-maison-diocesaine
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Écrit par : Anne Josnin / | 21/03/2019
Cher Patrice,
> Fidèle lectrice de votre blog et de votre page FB, où se reflète régulièrement ce qui me sert de boussole, la Doctrine Sociale de l’Eglise, je suis stupéfaite de votre insinuation sur François-Xavier Bellamy le 18/03 à propos du livre de Pierre JOVA).
Deux de nos enfants le connaissent depuis bientôt 15 ans et l’ont très souvent approché. Son fort engagement dans le mouvement scout et au sein du conseil municipal de Versailles où il est adjoint au Maire, témoigne de sa volonté d’être au service des autres.
Créateur du mouvement « Unis pour servir », sur le site duquel, d’emblée, vous êtes accueilli par cette phrase « c’est proprement garder les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher », et des soirées de la philosophie (chaque lundi soir au Théâtre Saint-Georges, et auxquelles vous pouvez vous inscrire en ligne), on ne peut lui reprocher un quelconque sectarisme, une vision étriquée de l’existence.
Il est également intervenu de nombreuses fois aux sessions de Paray-le-Monial.
Qu’il ait accepté de dédicacer ses ouvrages (excellents !) lors d’une séance organisée par un groupe aux idées un peu « fermées », ne tient pas lieu de preuve d’un quelconque intégrisme de sa part, au contraire ! Une façon d’aller au contact d’autres milieux (« Cathos ne devenons pas une secte » …).
En ces temps de hautes turbulences, les divisions pour des querelles de chapelle ne sont guère de mise. Mieux vaut les ranger sous le boisseau.
Venant de vous, cette insinuation peut lui causer un préjudice, sans aucune justification.
Catherine Libert
[ PP à Catherine Libert
– Chère Madame, ce n'était pas une "insinuation" mais une constatation attristée. La présence de M. Bellamy aux réunions de 'Renaissance catholique' ne fait que les cautionner ; elle ne modifie en rien la ligne de ce groupe.
Et ce' n'est pas un groupe aux idées "un peu fermées" : c'est un groupe qui hait le pape François et s'oppose à la marche générale de l'Eglise.
M. Bellamy est allé deux fois en trois mois à des événements de ce groupe : c'est inadmissible, du point de vue des catholiques unis au pape.
Tant que de bons paroissiens traiteront ce genre d'accointances comme si elles étaient négligeables, le malaise (entretenu par ce type de groupes) progressera dans le catholicisme français.
Il s'agirait quand même de comprendre que le catholicisme n'est pas un parti politique (où l'on tolère tout et n'importe quoi de la part des membres du parti), mais qu'il est le corps du Christ : ce qui induit le devoir de loyauté envers le pape qui est l'organe régulateur de l'Eglise... ]
réponse au commentaire
Écrit par : Catherine Libert / | 21/03/2019
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