20/05/2018
Palestiniens : un drame méconnu de trop de catholiques
Insigne diffusé en Cisjordanie lors du voyage du pape François
Je publie cette chronique de Guillaume de Prémare (Radio Espérance 18/05) en réponse à l'agressivité constatée sur Facebook - de la part de personnes se présentant comme catholiques - à l'encontre des Palestiniens. Agressivité dénuée de fondement, et contraire à la ligne du Saint-Siège sur le drame Israël-Palestine :
<< Une tragédie palestinienne
La Palestine est une tragédie perpétuellement continuée. Comme si tout un peuple était éternellement condamné à vivre sans patrie. Comment pourrait-il y avoir la paix quand la justice élémentaire est bafouée ? Les terribles événements de Gaza expriment cette inamovible réalité.
Le conflit israélo-palestinien est trop complexe et passionnel pour s’en faire une idée exacte à plusieurs milliers de kilomètres de distance. Pourtant, tant de pèlerins français viennent en Terre Sainte et il s’en trouve si peu pour aller véritablement à la rencontre de ce peuple chaleureux, accueillant et attachant.
Il existe ainsi, parmi les chrétiens français, une certaine méconnaissance du peuple palestinien, voire une certaine mésestime.
L’été dernier, dans la revue Terre Sainte, publiée par la Custodie franciscaine, le patriarche émérite Michel Sabbah, président de la commission Justice & Paix du diocèse de Jérusalem, regrettait cette indifférence : « Il semble que de nombreuses personnes qui se rendent en Terre Sainte aient quasiment oublié la situation. Elles se comportent comme si de rien n'était, comme si la paix régnait, comme si la situation était normale. »
Or, poursuit le patriarche, « le pays où nous vivons est en guerre. On ne peut pas feindre de l'oublier. La situation humaine ici n'est pas normale. A ce jour il y a un occupant et un occupé. Il y a des prisonniers politiques. Il y a de jeunes Palestiniens qui se précipitent vers la mort et se font tuer. »
Parmi ces jeunes Palestiniens qui meurent, il y a des musulmans ; et il y a des chrétiens. Si la cause palestinienne s’est en quelque sorte islamisée depuis l’émergence du Hamas, elle n’est pas en elle-même une question religieuse : « Le chrétien palestinien est palestinien. En Israël il est citoyen comme tous, et en Palestine il est sous occupation comme tous. », précise Mgr Sabbah.
Il indique alors que « sous occupation militaire, il doit comme toute personne humaine refuser l'occupation militaire », avant de mettre en garde contre la violence : « Pour ce faire, il n'est pas requis de mourir. Il n'est pas requis de tuer. Ce qui est requis, c'est de réclamer sa liberté, d'exiger son droit, et le droit de tous, à vivre dans la dignité. »
Cette réalité mérite d’être mieux connue des chrétiens en France. Pour cela, Corinne et Laurent Mérer, volontaires catholiques dans les territoires occupés de Palestine, ont publié récemment aux éditions Balland un témoignage éloquent, intitulé S’ils se taisent, les pierres crieront. Ils y décrivent notamment ce qu’ils ont découvert sur le terrain : « harcèlement, expéditions punitives, humiliations quotidiennes de la part des colons et des soldats de Tsahal, couverts par les autorités ».
Prendre conscience de cela ne doit pas servir à attiser les passions, mais bien plutôt à susciter une compassion et une sympathie pour ces palestiniens, musulmans et chrétiens, qui vivent une telle humiliation, mais aussi pour les nombreux israéliens qui désapprouvent la politique de leur gouvernement et souhaitent vivre en paix.
Demain samedi à 17 heures, veille de la Pentecôte, le diocèse de Jérusalem organise une « veillée de prière pour la Terre Sainte, pour la paix de tous ses habitants, pour toutes les victimes de ce conflit interminable ».
Puissent les chrétiens de France s’associer à la prière de leurs frères de Jérusalem. >>
Guillaume de Prémare
Chronique Radio Espérance du 18 mai 2018
18:56 Publié dans Monde arabe, Terre Sainte | Lien permanent | Tags : palestiniens