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08/05/2017

Présidentielle - Leçons pour nous, catholiques [2]

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Deuxième leçon, l'impasse du catho-lepénisme :


 

Contrairement à ce qui se dit sur les sites ad hoc, d'un point de vue catholique le clan Le Pen ne valait pas "mieux que Macron". Il suffit de voir le genre de recrues auxquelles Marine Le Pen ouvrent les bras...

 

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L'EXEMPLE BRIGHELLI

 

Post de Cyprien Viet, sur Facebook, peu avant l'élection présidentielle 

<< Parmi les ralliements de ces derniers jours à Marine Le Pen figure Jean-Paul Brighelli, un professeur de lettres rendu célèbre pour son livre La Fabrique du crétin, un pamphlet contre le modèle scolaire actuel. Il est l'une des rares personnalités connues, dans la société civile, à avoir rallié le FN.

De nombreux cathos, comme Marion Maréchal Le Pen, se réjouissent de cette prise de guerre dont ils partagent les orientations anti-pédagogistes.

Mais les cathos pro-FN qui reprochent à Macron d'être soutenu par Pierre Bergé devraient aussi s'inquiéter du soutien de Brighelli à Le Pen...

Car ce que beaucoup ne savent pas, c'est que ce monsieur Brighelli est surtout un adversaire féroce de l'Eglise catholique et de l'enseignement catholique, qui ferait passer Peillon et Mélenchon pour des enfants de choeur !

S'il devenait ministre de l'Education d'un improbable gouvernement Dupont-Aignan, il ferait, pour le coup, de l'école une véritable fabrique de crétins ! Ce qui serait cohérent avec l'idéologie frontiste, qui aime les esprits malléables et dociles.

En 2006, une intéressante controverse l'a opposé au mathématicien Laurent Lafforgue, qui avait accepté de préfacer l'un de ses livres, avant de lire le suivant, Une école sous influence, ou Tartuffe-roi, et de se désolidariser de cet écrit violemment antichrétien.

Voici la lettre de rupture adressée par Laurent Lafforgue à Jean-Paul Brighelli. C'est un texte magnifique, la profession de foi d'un homme de science, qui dit tout son amour pour l'Eglise catholique... Le genre d'homme dont Dieu seul connait la droiture... C'est bouleversant !  >>



Lettre de Laurent Lafforgue au futur lepéniste Brighelli


<<  Monsieur,

Je suis au regret de ne plus pouvoir vous appeler "cher ami" comme nous en avions l'habitude dans nos échanges de messages, et comme vous avez encore l'inconscience, la bêtise ou l'impudence de le faire dans la dédicace de l'exemplaire de votre dernier livre que vous m'avez envoyé et que j'ai reçu hier. [...] Il dénonce l'islamisation rampante d'un certain nombre d'établissements scolaires et la montée des revendications identitaires. Mais, sur le fond, à travers son annexe de cent pages intitulée "Petite histoire des monothéismes" et des passages entiers du texte principal, il est surtout question d'insulter les chrétiens dont je suis, la foi religieuse en général, la foi chrétienne en particulier, l'Église catholique et jusqu'à la personne du Christ.

On peut deviner que, partant de l'intention de dénoncer les avancées de l'islamisme, vous vous êtes dit en cours de route qu'il était plus sûr de taper en même temps – et plus fort – sur le christianisme. Car, avec l'islamisme, on ne sait jamais, on
risque vite sa peau ; tandis qu'avec les chrétiens, on est tranquille, on peut les traiter d'assassins tant qu'on veut, on ne risque rien de notre temps. Et puis, dire du mal du christianisme, cela peut aider à faire passer la pilule du côté des islamistes.

Vous croyez que cette attitude est courageuse? Non, Monsieur, détrompez­-vous. Passons au fond et entendons­-nous : Selon la formule qu'on prête à Voltaire, «même si je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire», mais moi aussi ai droit à la liberté, et ce que vous écrivez rend impossible toute forme de coopération entre nous.

Si j'avais su que vous étiez en train d'écrire un tel livre, je n'aurais pas accepté d'écrire une préface pour le précédent. Vous saviez ce que vous alliez écrire ou aviez déjà écrit, et donc vous avez délibérément trompé ma confiance. J'ignore le statut juridique du livre préfacé par moi, mais je vous demande d'arrêter sa diffusion. Cherchez un autre préfacier.

[...]  Pas plus tard que cette semaine, et comme vous le savez puisque je vous ai envoyé mon texte, naïf que je suis, j'ai dit du bien de l'enseignement laïque – celui de la IIIe République – devant les responsables et les professeurs de l'Institut Catholique de Paris, devant un bon nombre de prêtres et de religieuses, devant deux évêques et un cardinal.

Le mot chrétien pour "dire du bien" est ''bénir''. J'ai appelé l'Église à bénir l'enseignement laïque et à le sauver. J'ai prié pour cet enseignement. Je ne regrette pas d'ailleurs d'avoir dit ce bien. Car c'est ce que je pense. Tout au plus ai­-je tu le reproche que j'aurais pu formuler contre l'école de la IIIe République – celui d'avoir été construite en partie pour détacher de Dieu. Mais j'ai fait l'effort de discerner le positif, et de passer sous silence le négatif, pour plaider devant l'Église la cause de l'enseignement laïque.

Quand je dis effort, c'est effort du coeur et effort de l'intelligence.

Quatre jours après, je reçois votre livre. Page 123, je lis : «La religion est l'opium des peuples et des mathématiciens». Et page 122 : «Mais nous savons bien que la foi est l'illusion ultime des mathématiciens». Si vous aviez usé de votre raison, vous auriez aussi pu observer que la valeur accordée à la langue et aux lettres est l'avant-dernière illusion des mêmes mathématiciens auxquels vous pensez, et vous vous seriez demandé si par hasard il n'y aurait pas un rapport entre cette avant­-dernière illusion et l'ultime. Seulement voilà : vous avez manifestement rangé votre intelligence au placard.

[...] Entendons­-nous encore : il est possible de critiquer les chrétiens de manière intelligente – comme Nietzsche dans certains passages, pas tous du reste –, mais ce n'est pas ce que vous faites. Vous ne répétez que des arguments mille fois ressassés depuis le XVIIIe siècle au moins, et les plus bêtes. Quelle naïveté dans votre vision de la science ! Quelle naïveté dans votre vision de l'antiquité non juive ! Quelle naïveté dans votre vision des religions d'Extrême­-Orient ! Quelle naïveté dans votre vision de l'Histoire ! On a l'impression que, pour tout cela, vous n'avez lu que les philosophes du XVIIIe siècle.

[…] Page 189 de votre pamphlet, je lis : «Les foules souffrantes qui se pressent à Lourdes ou à Fatima viennent y chercher, paraît­-il, une consolation à leurs misères. Mais j'aimerais bien savoir, parmi toutes les pathologies irréductibles qui les y amènent, combien ont été produites, d'une façon ou d'une autre, par le sentiment de culpabilité greffé en eux par la foi.»

Eh bien, sachez, Monsieur qui méprisez ces foules, que je suis moi­-même allé plusieurs fois à Lourdes, jamais encore comme souffrant, mais comme pèlerin. La dernière fois, cet été, je suis venu prier la Vierge Marie d'intercéder auprès de son Fils, mon Seigneur et mon Dieu, tout particulièrement en faveur de l'école.

Décidément, quel sens cela avait-il que vous me demandiez une préface ? Je lis encore quatre pages avant la fin de votre torchon : «Croire, c'est être atteint de crédulité, comme le syphilitique est atteint de vérole : à terme, l'un et l'autre ont la cervelle contaminée.» Puis, une page plus loin : «Je crois qu'un effort est nécessaire pour ranger la foi dans les poubelles de l'Histoire. Et je crois que cet effort est possible...»

[…] J'avais dit au début de mon intervention au colloque de l'association "Laïcité République" auquel vous m'aviez invité, Dieu seul sait pourquoi : «Que je dise tout de suite que je ne suis laïque que très partiellement. Dans la tradition républicaine, j'identifie cinq sens différents donnés au mot “laïcité”, et je n'adhère qu'à deux d'entre eux. Le premier sens est celui d'une hostilité à toute religion, plus particulièrement au christianisme, et plus spécialement encore au catholicisme. En décembre dernier, des amis qui habitent près de la place de la République entendaient des manifestants, qui commémoraient la loi de séparation de 1905, défiler sous leurs fenêtres en criant : “Mort à l'Église !” Je tiens d'autant plus à affirmer publiquement ma reconnaissance, ma fidélité et mon amour filial envers l'Église catholique, qui ne m'a jamais fait que du bien; si certains veulent tuer l'Église en France, ils devront me tuer avec. »

Et dans la version longue écrite, que je vous avais communiquée ultérieurement, j'avais ajouté :
« ... l'Église catholique, qui ne m'a jamais fait que du bien et m'a comblé du trésor le plus précieux, que je n'ai jamais trouvé ailleurs. Ceux qui professent la haine de l'Église, au point d'appeler à sa mort, n'imaginent pas quelle blessure ils infligent à ceux qui reconnaissent en elle l'Épouse du Christ. Ils devraient s'interroger sur les raisons et le sens de cette haine : l'Église n'exerce plus aucune domination depuis des lustres, n'a plus d'autres armes que celle de sa parole et de son témoignage que chacun est libre de rejeter ou d'accepter, prodigue son soutien et son aide aux personnes dans l'épreuve, développe chez ses fidèles des vertus civiques, et contribue à l'éducation d'une partie importante de la population. »

Vous avez bafoué tout cela. Donc, je le répète, toute forme de coopération entre nous est devenue impossible. En dehors de ce livre qui ne doit plus paraître préfacé par moi, il est exclu que nous nous retrouvions jamais à la même tribune.

Pas de formule de politesse.


Laurent Lafforgue   >>

 

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NDPP - Rallié à Mme Le Pen, M. Brighelli se sent à son aise au FN. Nombre de "cathos" aussi... (alors que le chrétien Lafforgue s'est vu dans l'obligation morale d'écrire au christianophobe Brighelli : "Toute forme de coopération entre nous est devenue impossible"). Le porte-à-faux des cathos d'ultra-droite équivaut aux porte-à-faux de chrétiens macronistes, etc ! C'est l'illustration de ce que ma note précédente décrivait dans son post-scriptum : l'invasion du relativisme dans les mentalités.

 

 

Commentaires

DISCUSSION

> Je connais bien Brighelli. Deux choses :
1) il s'est moins rallié à MLP qu'il n'a expliqué pourquoi il userait de son bulletin (comme Gaultier Bès du reste, apprécié de beaucoup ici : sa tribune dans La Croix était on ne peut plus claire, et le traiter de lepéniste serait stupide).
2) Il est en effet d'un anti-christianisme haineux et stupide (comme Méluche quand il ne s'adresse pas aux journalistes de FC), mais d'une grande lucidité a) sur les réformes désastreuses de Najat mais aussi de Chatel, Fillon etc., b) sur la collusion entre les "think tank" à la petite semaine de l'enseignement catholique sous contrat avec le libéralisme à la sauce éducative (recrutement et notation des enseignants par le proviseur, voire les parents d'élèves, destruction des concours d'enseignement, etc.). Quiconque a mis un pied dans l'enseignement sait que c'est stupide et n'est pas la source des problèmes. Pas grave : gauche et droite se pâment, relayées par l'APEL, l'enseignement sous contrat et même Anne Coffinier (dont les collèges et lycées hors contrat regorgent pourtant d'agrégés débauchés à Paris à prix d'or : je connais de brillants normaliens agrégés qui y enseignent et sont payés comme des CSP+).
Que Brighelli soit donc anathème, et ses imbécillités critiquées vertement comme vous le faites. Ce qui ne remet pas en cause un certain nombre de ses critiques lucides de l'enseignement catholique sous contrat, et du double jeu d'Anne Coffinier.

Maud


[ PP à Maud :
Sans doute, mais ce n'est pas de ça que parle ma note ni celle de Viet !
Ce dont nous parlons, c'est :
1. de l'arnaque au pseudo-"catholicisme" opérée par le FN
(vieille arnaque de leur part ! Je la dénonçais déjà aux temps des pèlerinages de Chartres de la fin des années 1980) ;
2. de la complaisance de certains ténors ultra-cathos envers cette arnaque...
Quant à GB, je n'ai pas lu son texte mais ce que vous me dites est inquiétant. ]

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Écrit par : Maud / | 08/05/2017

LIEN

> La tribune de GB dans 'La Croix' évoquée par Maud :
http://www.la-croix.com/Journal/Nous-avons-besoin-dune-alternative-radicale-mondialisation-liberale-2017-05-03-1100844384?utm_term=624294
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Écrit par : Feld / | 08/05/2017

@ Maud et PP

> De même qu'on ne saurait qualifier Yves Meaudre (fondateur d''Enfants du Mékong') de lepéniste-pétainiste, alors que, dans une 'lettre ouverte à ses enfants', publiée avant le premier tour, il a été encore plus clair que GB !

Feld


[ PP à Feld - Mais dans cette lettre (au contenu pour le moins... étrange), YM se déclare "maurrassien". Revoilà le pétainisme ! J'ai donc du mal à croire que la lettre en question soit authentique. ]

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Écrit par : Feld / | 08/05/2017

COMME ONFRAY

> Parfois M. Brighelli me semble illustrer le même problème que Michel Onfray : capable d'observations intelligentes sur certains sujets, il devient d'une stupidité crasse dès qu'il s'agit de religion. «La religion est l'opium des peuples et des mathématiciens» est un petit joyau de cet esprit bas de plafond qui s'empare des vieux laïcards, par ailleurs engoncés dans la futile idée selon laquelle "littéraires" et "scientifiques" sont radicalement incompatibles.
Bref, par bien des aspects et malgré ses qualités, M. Brighelli sent un peu la naphtaline. Que le Front dit national l'ait pêché dans ses filets est un signe du manque de sérieux de ce parti.

SL


[ PP à SL - Manque de sérieux aussi de la part de cathos se laissant draguer par le FN en déclarant : "écartons ce qui nous divise" (alors qu'il s'agit du Christ) !
La foi chrétienne est étrangère à un parti capable d'imposer à des "croyants" de cohabiter avec des christophobes enragés. Le fond de la question religieuse n'a jamais eu d'importance aux yeux du FN, ni aux yeux des identitaires en général. On peut se poser en "catho identitaire" tout en n'étant pas chrétien... ]

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Écrit par : Sven Laval / | 08/05/2017

@ Maud :

> je ne suis pas sûr qu'on puisse interpréter le texte de G. Bès comme un choix de voter Le Pen pour diminuer le raz-de-marée macroniste. Il savait que c'était plié, que l'ennemi à combattre c'est le techno-libéralisme de notre nouveau président... C'est pourquoi il ne parlait que de lui. Il insistait par ailleurs sur la légitimité du vote blanc... et sur la 'foire d'empoigne' hystérique des élections. Prudence, donc.
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Écrit par : Alex / | 08/05/2017

à Alex

> Oui, le texte de GB a l'air circonspect. Mais il entre dans le jeu de MLP sans voir ou vouloir voir que l'idéologie lepéniste ignore et méprise l'écologie intégrale. (De toute façon l'Eglise réelle "fait gerber" MLP, comme elle l'a dit élégamment).
Le lepénisme est productiviste rétro : ça n'a rien à voir avec 'Laudato Si'. Invoquer 'Laudato Si' pour justifier un ralliement déguisé au lepénisme, c'est un peu fort de café comme disait ma grand-mère. Quant à l'inexorable successeure annoncée de MLP, cette jeunette rabâche les rengaines contre les "Khmers verts" répétées ad nauseam depuis trente ans aux micros de Radio Courtoisie.
"Car comme disait le duc d'Elbeuf
C'est avec du vieux qu'on fait du neuf"
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Écrit par : JV Launay / | 08/05/2017

PAS DANS LE JEU

> Il n'entre pas dans le jeu lepéniste, puisqu'il explique qu'on peut faire barrage dans un sens ou l'autre sans adhérer au projet.
Quant à lire la tribune en comprenant qu'il tremble comme une feuille pour mettre une enveloppe vide dans l'urne... Un peu surinterprété quand même...

Maud


[ PP à Maud - Qui donc fait cette interprétation-là ? ]

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Écrit par : Maud / | 08/05/2017

LAURENT LAFFORGUE

> Magnifique lettre de Laurent Lafforgue !
Dommage aussi que trop peu de catholiques se soient investis dans le bon combat pour l'éducation. Si les Brighelli sont trop présents, c'est parce que nous leur avons laissé la place !
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Écrit par : Pierre Huet / | 08/05/2017

LES CATHOLIQUES

> Qu'on se rassure !
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/05/08/97001-20170508FILWWW00074-les-catholiques-ont-mis-macron-en-tete.php
Ah? ça ne rassure pas tout le monde?
Pas moi, en tous cas.

PH


[ PP à PH :
- Ça ne rassurera aucun de nous autres, abstentionnistes du second tour.
- Mais ça prouve que le "vote catho à droite et à l'extrême droite" n'était qu'un voeu des médias (qui d'ailleurs persistent à n'en pas démordre). Les Français de confession catholique votent, en gros, comme la moyenne nationale. ]

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Écrit par : Pierre Huet / | 09/05/2017

G.B. S'EST ABSTENU

> Au sujet de Gaultier Bès, une précision émanant de l'intéressé lui-même : il s'est abstenu. Quant à sa tribune dans La Croix, elle affirme explicitement qu'il y a des points rédhibitoires dans le programme de Le Pen, comme dans celui de Macron.

Marie


[ PP à Marie - Abstenu ? bonne nouvelle. Il a échappé au vertige qui en avait saisi d'autres. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Marie / | 09/05/2017

@ PP et JV Launay

> Abstention de GB: c'était parfaitement clair dans La Croix! Ce qui montre l'état d'esprit des moutons (pardon! de certains Français) conditionnés par Pavlov (euh... non, les médias): "si vous êtes contre Macron c'est que vous aimez Le Pen".
Et même, on pouvait vouloir réduire le triomphe certain de Macron. Mais elle a été tellement mauvaise! Interprétation de certains proches: "elle s'est sabordée" "elle a été menacée" etc.
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/05/2017

LE FOND DU PROBLÈME

> Si on en est arrivé à cette situation, c'est, bien sûr, en raison du dédain du drame que vit la partie de la France qui se sent mise en liquidation par la division internationale du travail qu'on nous annonçait dans les années 1980. Je me souviens d'une intervention de Jacques Toubon sur une radio libre vers 1990: Il fut implicitement admis qu'il y aurait des tâches nobles à conserver dans les pays développés, en fait, le bloc occidental, et des tâches subalternes à transférer dans les pays émergents pour les faire exécuter par des quasi esclaves..
Tâches nobles: ce qui met en relation, c'est à dire culture, médias, moyens de transport et, pour l'agrément de la vie, quelques produits de luxe. Economie fluide appuyée sur des "villes-monde" comme ils disent.
Tâches vulgaires: ce qui fait vivre au quotidien: agriculture, textiles et autres produits manufacturés. Economie de production régionale, fixée à des sites et des savoirs-faire transmis.
Séparation bien peu chrétienne entre le Corps et l'Esprit.
Et si je parle de dédain c'est parce que nous entendons ou lisons des commentaires du type "il faut enrayer la hausse du chômage , car ça fait monter les extrémismes -ou les populismes, ou le rejet de l'Europe etc - " Comme si le chômage de masse n'était pas en soi un drame! Notez que naguère nous avions le même bla-bla à propos de la corruption.
Mais pourquoi ne nous sommes nous pas défendu contre cette absurdité profondément antisociale et antiécologique?
Parce que presque toutes nos élites se sont mobilisée pour considérer, parfois de bonne foi naïve, toute protestation de "repli" de "nationaliste", les intellectuels jouant le rôle de gardiens du camp des prisonniers mentaux.
Ce qui est désolant, c'est que, à l'époque ou ils avaient encore une influence réelle, les catholiques ont eu un rôle important dans ce processus, via les partis démocrates-chrétiens qui se sont lancés à corps perdu dans le mythe de la construction européenne.
Simultanément, le "catholicisme populaire" fut décrié et un milieu militant très politisé s'empara du pouvoir réel dans l'Eglise de France occultant l'autorité spirituelle, minorité agissante ayant persuadé la hiérarchie qu'elle représentait les aspirations des fidèles, les intellectuels et les prolétaires en particulier, censés être un moteur de transformation de la société. C'est une des causes de la désaffection du milieu populaire et de la baisse de pratique de 90%. Après la bourgeoisie voltairienne, l'église a perdu les petites gens. Tel me paraît-être le processus de "gentryfication" du catholicisme, qui n'est heureusement pas total, en grande partie grâce aux arrivants d'Outre-Mer ou d'Afrique.
Quant aux cathos d'élite, après l'échec historique du socialisme réel, ils (ou leurs descendants et successeurs) n'ont retenu de celui-ci que le supranationalisme, chemin de leur convergence avec les financiers (pour ceux de droite) et les libertaires (pour ceux de gauche, car il y en a encore).
On peut certes ironiser sur les cathos BCBG fillonnistes de l'Ouest parisien mais arrêtons d'abord de pester contre les "populistes" à qui nous avons déroulé le tapis rouge depuis une génération.
Il ne faut pas se plaindre qu'il n'y ait pas de courant social et patriotique catho compatible (si, il y en a, mais de trop peu d'audience). Notre milieu dirigeant : hiérarchie, cadre des mouvements, intellectuels, publicistes, n'y tenait guère dans son ensemble.
Mal pensant, le petit peuple délaissé par les gens biens ne pouvait que se tourner vers qui écoute son angoisse, du moins vers ceux à qui les grands média donnaient largement la parole car ils servent de repoussoir pour discréditer le patriotisme.
Le texte de la CEF « Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique » manifeste une prise de conscience, elle est tardive et rédigée dans un style dépressif.
Rien est désespéré, même s'il a été consenti à beaucoup de mal.
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/05/2017

SOMEWHERE

> Pour continuer à comprendre ce qui se passe, peut-être, ce livre qui semble poser un diagnostic à la Guilluy, mais vu de Grande-Bretagne :
https://www.amazon.co.uk/Road-Somewhere-Populist-Revolt-Politics/dp/1849047995
D'après le journaliste de France Culture le recommandant au nouveau président élu, ce livre montre l'opposition entre "gens de partout" (élites métropolisées mondialistes) et "gens de quelque part" (périphéries enracinées)...
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Écrit par : Alex / | 15/05/2017

@ PH

> Sur les "tâches non nobles", Hamon n'apportait pas la bonne réponse, mais posait une bonne question qui n'a pas été débattue : dès aujourd'hui et encore plus demain, des robots réalisent des tâches qui avant été réalisée par des hommes, auxquels aucun autre travail n'est proposé...
Dans le même ordre d'idée en plus des chômeurs, nos sociétés "déclassifient" de plus en plus d'hommes déclarés inaptes au travail et quand on compare les taux de chômage des différents pays (bien que les critères soient différents !), il faudrait aussi y ajouter les taux de gens "inaptes" au travail (des laissés pour comptes de la société que l'on ne veut ni voir ni entendre) !
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Écrit par : franz / | 16/05/2017

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