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09/11/2016

Trump élu : les premières questions

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Entre le courant populaire qui l'a porté - et la politique qu'il suivra réellement, quel rapport ? Des dizaines de points d'interrogation :


 

 

Des paroles de campagne aux réalités ultérieures, que fera Donald Trump ?

Si l'on s'en tenait à ce qu'il a proclamé jusqu'ici, sa présidence serait obtuse dans certains domaines vitaux. Par exemple  le changement climatique, Trump se disant aussi négationniste et "driller happy" (foreur compulsif) que Koch Industries... Mais on connaît la versatilité du personnage.

Pour le reste, il a raison de dire que sa campagne "n'a pas été une campagne" mais "un mouvement" de la fraction souffrante du peuple : les "oubliés de ce pays". Autrement dit les couches sociales abandonnées, comme disait ce matin une infirmière afro-américaine : "Grâce à Trump le peuple a eu la parole et pas seulement  les grandes sociétés..."  Mais ces abandonnés, d'où vient leur abandon ?  De l'ultralibéralisme des élites, qui repose sur le pire mensonge : le dogme du trickle-down, ce "ruissellement" magique en vertu duquel enrichir les plus riches redescendrait en pluie d'or sur les pauvres !  Le "ruissellement" ne s'est jamais vérifié nulle part, constatait le pape François en 2013 dans Evangelii gaudium. Au lieu d'invectiver le pape pour son soutien aux migrants mexicains, Trump aurait pu se rendre compte que l'explication du "mouvement" qui allait lui ouvrir la Maison Blanche était donnée au paragraphe 54 d'une exhortation apostolique.

A ceci près qu'il y a un loup. Le dogme du trickle-down fut l'un des piliers du reaganisme (1981-1989), expérience de libéralisme "conservateur". Il fut le pilier unique du clintonisme (1993-2001), expérience de libéralisme libertin. Il eût été le pilier de l'hillaroclintonisme (expérience de libéralisme LGBT) si Hillary avait été élue... Mais Trump lui-même professe le dogme du trickle-down !  Ce qui limite ses capacités alléguées de grand chambardeur - et en dit long, peut-être, sur la suite.

Et d'autres points d'interrogation se lèvent par dizaines. En termes empruntés à Sanders (qui doivent rappeler le "communiste Roosevelt" aux plus durs des républicains), Trump annonce une politique de relance budgétaire et de grands travaux : ponts, routes, aéroports, télécoms.  Ce serait restaurer le rôle de l'Etat : donc rompre avec trois décennies d'ultralibéralisme. Le fera-t-il réellement ?

Trump a fait campagne sur le retour au protectionnisme économique. Mais il a choisi un fan du libre-échangisme pour vice-président : Mike Pence, partisan de tous les TAFTA possibles...

Par ailleurs Pence est russophobe et otano-belliciste. Alors que le Pentagone vient d'annoncer (via l'OTAN) la formation d'une armée de 300 000 hommes en Europe pour "faire face à la Russie", que pèseront quelques phrases de Trump sur la nécessité de discuter avec Poutine ?

Un mot des réactions françaises. Dans une classe politique qui voit tout à l'envers parce qu'elle marche sur la tête, M. Cambadélis s'illustrait ce matin en déclarant : "La leçon de ce qui vient d'arriver aux Etats-Unis, c'est qu'on aura Marine Le Pen en 2017 si la gauche ne cesse pas ses enfantillages". Les "enfantillages" dénoncés par M. Cambadélis sont les efforts de quelques leaders (Mélenchon, Montebourg) pour sortir la gauche de l'ornière libérale, où elle s'est embourbée pour imiter les démocrates américains ! Les gens comme M. Cambadélis, M. Hollande ou M. Valls sont la meilleure chance de Marine Le Pen.

 

 

12:19 Publié dans Idées, USA | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : trump

Commentaires

ILLUSION

> Je suis d'accord avec votre analyse.
De fait Jacques Ellul aurait pu dire que cette élection est un non-événement ( ce fut sa réaction au lendemain du 10 mai 1981). Et à cette époque d'ailleurs, tous les golden boys de Manhattan - dont Trump était l'un plus célèbres et adulés, y compris en France - façonnaient le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui. Alors finalement, il faut que tout change - ou en avoir l'illusion - pour que rien ne change...
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Écrit par : Patrick Pique / | 09/11/2016

@ P. Pique :

> donc "Much ado about nothing" ?
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Écrit par : Alex / | 09/11/2016

INTELLECTUELS

> Merci pour la prudence de l'analyse qui contraste avec beaucoup de cris médiatiques. C'est dans des moments comme celui là où l'on voit que l'objectivité journalistique n'est que fumée.
Un exemple quand même de lucidité sur France Inter ou Culture ce matin.
Le journaliste :
"Pourquoi n'y a t-il aucun intellectuel qui soutient Trump ?"(à la suite de la comparaison Trump/Mussolini soutenu par un courant de pensée).
Réponse d'un invité :
"C'est que tous les intellectuels sont enfoncés dans le libéralisme et que tant de gens ne s'y retrouvent plus"...
Ah si le mythe de l'intellectuel "sachant" pouvait enfin se terminer !
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Écrit par : Antoine R. / | 09/11/2016

ESPÉRONS

> Cette élection est au premier ordre un non événement
Espérons cependant que par rapport à certains sujets (guerres au Proche Orient, délires LGBT), cela sera un plus par rapport au camp démocrate.
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Écrit par : Ludovic / | 09/11/2016

AU FINAL

Relu cet article du 'Monde' (à qui il arrivait encore de se poser les bonnes questions), publié en 2009 :
« Servir Dieu ou l’argent ? » ( http://www.lemonde.fr/idees/article/2009/10/20/servir-dieu-ou-l-argent-par-marc-roche_1256320_3232.html ).
Conclusion du journaliste :
« … au final, l'argent, c'est des actions et des obligations. Des actions pour assurer le développement économique et bâtir la richesse de la nation. Des obligations pour moraliser sa détention ».
Trump sera jugé sur les actions qu’il posera et les obligations qu’il se fixera… et qui devront nécessairement être en rupture avec celles « made in Wall Street ».
Au palmarès du Dow Jones à 20 h 14 (heure française), ce 9 novembre, l’action JP Morgan gagnait 5,48% et celle de Goldman Sachs 4,79%…
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Écrit par : Denis / | 09/11/2016

L'APPAREIL

> Est-ce que l'électeur américain acceptera de se faire flouer si Trump ne réalise pas ses promesses, considérant que le Congrès est de son côté, républicain aussi (ce qui n'était pas le cas d'Obama) ?
Attendra t-il sagement 4 ans les prochaines élections pour manifester son mécontentement ?
J'ai cru comprendre que ses électeurs étaient un peu à cran, bien armés et heureux/fiers d'avoir pu enfin changer les choses.
Et comme pour le brexit : https://www.youtube.com/watch?v=7Ey0V10Zd5g
Pour l'heure, la stupeur et les interrogations des politiques et des journalistes n'ayant rien vu venir sont assez gouleyantes. Prédiction : dans 15 jours se sera fini, on n'en causera plus; et les 23 avril et 7 mai 2017 ils se reposeront les mêmes angoissantes questions. Ainsi sont-ils.
Bien aimé cette phrase, au vague parfum biblique, de Daniel Schneidermann :
"Et c’est à peine si ce vertige se panache de l’amère satisfaction de voir que l’appareil médiatico-sondagier, de ses grands patrons à ses soutiers, refusant jusqu’à hier soir d’envisager l’inimaginable, s’est une fois encore auto-persuadé que le monde était à son image."
http://rue89.nouvelobs.com/2016/11/09/donald-trump-president-etats-unis-depasser-vertige-265614
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Écrit par : Yann / | 09/11/2016

> Nos ancêtres ont connu le Père La Victoire et nous l'amère satisfaction.
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Écrit par : Yann / | 09/11/2016

OPTIMISME

> De la géopolitique optimiste :
http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/11/horreur-enfer-et-damnation.html#ob-comment-ob-comment-89317354
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Écrit par : Yann / | 09/11/2016

STABLES

> En Ukraine ils sont égaux à eux même, et donc stables pourrait-on dire :
https://fr.sputniknews.com/international/201611091028612886-ukraine-trump-internet-/
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Écrit par : Yann / | 09/11/2016

ÉCHAPPÉS AU PIRE

D'accord également avec votre analyse.
Quoi qu'il est soit, le fait que M. Trump soit le nouveau président des Etats-Unis d'Amérique, président de l'Empire euratlantique, n'est pas une mauvaise nouvelle pour nous. Très clairement, nous avons échappé au pire (à 100 % d'accord avec Roland Hureaux ! ) :
http://www.libertepolitique.com/Actualite/Decryptage/Si-Clinton-gagne
Evidemment, la guerre avec Russie qui nous était promise cesse simplement d'être certaine, pour n'être plus que probable. Ce n'est que "peace for our time", comme aurait dit l'autre.
En tout cas, une chose m'a frappé : c'est la place occupée par ces élections dans nos médias. Comme si c'était NOTRE président qui allait être élu ! Comme si les "présidentielles" françaises de 2017 n'étaient qu'un scrutin local, au terme duquel allait être désigné le gouverneur d'un des états fédérés de ce 51ème Etat des Etats-Unis qu'est l'Union européenne. Ce qui, quelque part, correspond peu ou prou à la réalité (d'ailleurs, aux présidentielles, il y a des primaires, comme aux élections impériales...).

Feld


[ PP à Feld - Bien vu. Le degré d'asservissement de la société française (pub-médias) envers les USA est atterrant. D'où l'hystérie sur Trump. Que va-t-on devenir si l'on ne peut continuer la rhétorique belliciste contre la Russie ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 09/11/2016

SITE RUSSE

Et là, superbe...
https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201611091028616958-trump-victoire-diplomatie-franaise/
Profitons-en, tant que la consultation de ce site est encore autorisée (lol) !
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Écrit par : Feld / | 09/11/2016

17 ANS

> 17 ans presque jour pour jour après la chute du Mur de Berlin, l'idéologie mondialiste est récusée par le peuple d'un grand pays. Après le désespoir de Billancourt, celui de Saint Germain des Prés.
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Écrit par : Pierre Huet / | 09/11/2016

L'INVERSE

> Je crois me souvenir qu'il y a eu un président argentin, il y a quelques années (après l'an 2000) qui a été élu sur un programme très social, avec d'immenses espoirs de la population, et qui une fois au pouvoir a fait ... exactement l'inverse (@PP : si vous vous rappelez de son nom ?).
Comme quoi les promesses n'engagent que ceux qui y croient, et pas seulement en France...
Cdt,

Bergil


[ PP à B. - De la part de Trump, tout est envisageable... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Bergil / | 10/11/2016

ELLES SONT PACIFISTES

> Bonjour,
53% des femmes blanches ont voté pour Trump. Les femmes, plus que les hommes rejettent la guerre, et le candidat le plus belliciste était la femme. En fait, Clinton a atteint le summum du féminisme en étant plus masculin que Trump.
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Écrit par : pascal / | 10/11/2016

"SORTIR DE L'IMPASSE NÉOLIBÉRALE"

> Pfiouuu ! Même sur un site boursier on se pose des questions, pas encore métaphysiques mais des questions quand-même :
http://www.abcbourse.com/marches/apres-trump-l-ue-doit-sortir-de-l-impasse-neoliberale_378910_PX1p.aspx
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Écrit par : Yann / | 10/11/2016

LA PETITE FILLE

> Dans le désarroi évident qui doit envelopper les chroniqueurs de 'Libé' comme ceux d'autres médias depuis hier, le journal a choisi de publier un dessin naïf, attendrissant et plein de bon sens :
http://terreur-graphique.blogs.liberation.fr/2016/11/09/monde-de-merde-par-sasha-2-ans-et-lulu-11-ans/
Il est en effet loin, le monde d'il y a vingt ans, de l'immédiat après-chute-du-Mur, où l'on proclamait la fin de l'histoire et l'avènement de la démocratie à l'échelle planétaire. 'Libé' n'en dit mot, c'est certain, mais la petite fille sur son chien se sentant seule devant tant de défis et de désillusions saura indéniablement trouver en Dieu l'Espérance d'un monde meilleur.
Gardons toujours à l'esprit, comme le rappelle le Saint-Père ou notre pape émérite, que « le chrétien authentique n’est jamais triste, même s’il se trouve à devoir affronter diverses épreuves, parce que la présence de Jésus est le secret de sa joie et de sa paix. » (Benoît XVI, 22 février 2009)
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 11/11/2016

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