26/10/2016
CETA etc : l'exemple du sérieux wallon devrait faire honte aux élus du reste de l'Union européenne
Seuls les élus de Wallonie ont épluché les 2344 pages du traité :
...alors que ceux du reste de l'Europe s'apprêtaient à l'adopter les yeux fermés ! Ce qui ne les a pas empêchés - ainsi que plusieurs journaux de référence - d'ironiser hargneusement sur "les Belges".
La désinvolture de nos élus est d'autant plus condamnable que la position wallonne est modérée, comme le constate Matthieu Croissandeau dans L'Obs :
"Les griefs des pourfendeurs du traité interpellent. Car Magnette et les siens ne sont opposés ni à l’Europe ni même à la mondialisation. Ils réclament simplement davantage de garanties pour préserver les services publics, l’environnement ou l’agriculture d’une compétition débridée dont on mesure chaque jour les dégâts sur l’emploi ou l’industrie européenne. Bref, une véritable régulation ! C’est en ce sens que leur démarche répond à un problème de fond..."
En fait les élus wallons n'élèvent que la protestation minimum : ils disent, seuls en Europe, ce qu'auraient pu et dû dire tous les élus européens s'ils avaient daigné étudier le contenu du traité. Mais ils n'ont pas daigné. Certains se sont peut-être laissé convaincre que le CETA allait "heureusement" donner les mêmes résultats que le TAFTA-TTIP, trop controversé désormais pour passer sans encombre... Résultats trop fortement escomptés par les multinationales pour ne pas séduire aussi une partie de la classe politique, qui ne cache plus ses liens incestueux avec le big business. Même s'il s'agit de consacrer la suprématie des groupes privés transatlantiques sur les gouvernements et les lois nationales...
Les autres peuples d'Europe peuvent donc dire merci aux Wallons, seuls à faire ce que tous les autres auraient pu et dû faire. Comme l'écrit Croissandeau :
"L’avenir dira si nos voisins wallons auront raison de ce projet qui les effraie tant ou s’ils finiront par céder à la pression. Après tout, ce ne serait pas la première fois dans l’histoire de la construction européenne… On refit bien voter les Irlandais après leur non au traité de Lisbonne, comme on finit bien par s’asseoir sur celui des Français au référendum sur le traité constitutionnel de 2005. C’est la deuxième leçon qu’il faut tirer de cet acte de résistance. L’Europe ne peut plus continuer à fonctionner dans cette opacité et ce vide démocratique abyssal. Notons, à ce sujet, que le Ceta ne faisait qu’aggraver les choses puisqu’un alinéa prévoyait de pouvoir appliquer par anticipation certaines mesures du texte avant même sa ratification par les différents Parlements nationaux… Autant de bonnes raisons de remercier les Wallons d’avoir tiré le signal d’alarme !"
La gaillarde, second emblème de la Wallonie.
17:36 Publié dans Europe | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : wallonie, europe, ceta
Commentaires
DIALOGUER, MAIS PAS SOUS LA MENACE
> Les élus wallons et leur Président ont fait leur boulot. Ils méritent le titre d'hommes et de femmes politiques, eux. Je retiens du discours de Paul Magnette, une idée: on ne négocie pas sous la menace. Au-delà, il appelle au débat, et à mon sens au dialogue.
Il vaut le coup de l'écouter en entier; c'est là: https://www.youtube.com/watch?v=B5GhqxWeqzQ
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Écrit par : ND / | 26/10/2016
TOUCHE 'D'ACCORD'
> Si les élus sont analphabètes ou que leur calendrier est si chargé, autant balancer ces textes en opensource. Il y aura bien quelques prolétaires décroissants dans l'Europe ayant du temps pour leur surligner les passages importants, afin d'au moins faire résonner quelques mots dans les discussions twitteriennes.
En plus, pas d'application d'introduction de ces traités dans les magasins. Ces traités tels quels ne tiennent pas sur un rectangle-téléphone. Seule la touche "d'accord" a la bonne taille.
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Écrit par : Théophile / | 26/10/2016
ATTILA
> "L’avenir dira si (...)"
L'avenir n'a pas duré bien longtemps. Les pressions ont eu raison des Wallons récalcitrants.
Toutes les digues sont emportées les unes après les autres. L'ultra-libéralisme poursuit ses conquêtes et, comme avec Attila, après lui, l'herbe que l'on croyait plus verte ne repousse plus (sûrement Monsanto...).
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Écrit par : Réginald de Coucy / | 28/10/2016
POLITICIEN ?
> Malheureusement, les événements nous montrent qu'il ne s'agissait que d'une manœuvre politicienne.
Magnette, le ministre-président de la région wallonne appartient au parti socialiste francophone.
Ce parti est acquis depuis les années quatre-vingt-dix au néo-libéralisme.
Son homme fort, Elio Di Rupo, a été, de 1994 à 1999, ministre des entreprises publiques (entre autre) et, à ce titre, responsable de leur privatisation!
Magnette a joué un bon coup de com':
- il se dote d'une image d'homme de gauche (alors que, dans les sondages, le PS se fait tailler des croupières par le PTB, parti de gauche, dans l'opposition et qui a le vent en poupe)
- il détériore un peu plus l'image du gouvernement fédéral de Charles Michel (ce qui n'est pas très compliqué...), gouvernement dont sont exclus les socialistes et qui, pourtant, leur ressemble comme deux gouttes d'eau.
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Écrit par : pascal / | 29/10/2016
LE PARLEMENT WALLON EST COHÉRENT
> Réginald, je n'en suis pas si sûr. J'ai lu le document négocié préalablement à l'accord du parlement wallon et les réserves émises (au sens juridique du mot "réserves") sont cohérentes avec les déclarations initiales du parlement.
Personnellement, j'aimerais qu'on soit plus fortement hostile au libre échange "per se" et que le CETA soit purement et simplement annulé, mais telle n'était pas la position du parlement wallon. Depuis le début, sa position tenait au refus de l'ISDS, à la défense des services publics et à la protection de différents secteurs économiques contre l'ouverture aux produits nord-américains. C'est très exactement ce qu'obtient le document signé par les Wallons.
Si ces éléments sont toujours présents dans le CETA signé par l'UE et le Canada, le parlement wallon prévient qu'il s'opposera à la ratification.
De la même façon que les libéraux ont injurié le parlement wallon pour ne pas avoir accepté n'importe quoi sans discuter, voilà que les anti-CETA les insultent pour avoir "capitulé". Non. Le parlement wallon s'oppose toujours à certains éléments (qui sont d'ailleurs les plus scandaleux, ceux notamment qui font que cet accord n'est pas seulement un traité de libre échange mais un traité d'assujettissement formel de l'Etat aux puissances privées). Il n'a donc nullement capitulé. Il continue son opposition selon les formes légales et selon ses déclarations initiales, c'est-à-dire selon des principes qui ne sont pas forcément les miens mais qui ne sont certainement pas ceux de la Commission : l'histoire n'est pas terminée.
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Écrit par : Lucas / | 29/10/2016
RADIO VATICAN
> Un malaise (subjectif?): décalage entre les critiques vigoureuses formulées sur RND lors du débat de vendredi tant par vos interlocuteurs que vous même et auxquelles j'adhère sans réserve, et le ton soulagé des informations de Radio Vatican qui suivaient.
PH
[ PP à PH - Je n'ai pas entendu ça. Mais c'est à Radio Vatican, en juin, qu'un invité dénonçait le double langage des gouvernements de l'UE en matière de libre-échange, sans que le journaliste songe à le contredire. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 30/10/2016
SUBSTANCES
> Ce qu'il faudrait aussi savoir, c'est si cet accord ne risque pas d'occasionner des pressions pour autoriser certaines substances nocives ; le Canada libéral et progressiste se prépare déjà, semble-t-il :
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/10/29/20002-20161029ARTFIG00008-l-ecole-du-cannabis-derniere-recette-antichomage-du-canada.php
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Écrit par : Sven Laval / | 30/10/2016
OTAGES
> On notera par ailleurs l'objectivité admirable avec laquelle le service public présente la question...
https://www.franceculture.fr/emissions/lesprit-public/la-loyaute-lunion-europeenne-limmigration-en-france
Cette idée que "la petite Wallonie" tient en otage un demi-milliard de citoyens européens, idée que l'on entend partout, est stupéfiante, si l'on considère que les citoyens en question n'ont jamais été consultés (et on se demande bien pourquoi...).
Et si c'était la minuscule Commission qui tenait en otage le demi-milliard de citoyens sommés d'obéir et de se taire ?
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Écrit par : Lucas / | 31/10/2016
ÉNORMITÉ
> PP, vous rendez-vous compte de l'énormité que vous avez écrit: seuls les élus de Wallonie ont épluché les 2344 pages du traité. Voilà qui devrait faire hurler n'importe qui: en clair nos élus signent des traités sans les lire. Ah ben moi je vais négocier des traités et les leurs faire signer dans ce cas... A quoi servent donc les élus, dans un tel cas de figure? Il me semble bien qu'il y a ce que l'on appelle le "contrôle démocratique" des gouvernements dans une démocratie. Apparemment les Parlements ne veulent plus l'exercer. Fort bien, nous n'avons pas besoin de ces gens-là.
Il semblerait que les Parlements vont avoir à se prononcer sur le CETA, à partir de maintenant. Ils ont donc une session de rattrapage, pour revoir leur copie. C'est à lire là: http://www.lemonde.fr/economie-mondiale/article/2016/10/30/le-ceta-traite-de-libre-echange-entre-l-union-europeenne-et-le-canada-a-ete-signe-a-bruxelles_5022713_1656941.html
Même si en réalité, vu ce que l'on lit sur internet, ils ont l'air beaucoup plus préoccupés à l'idée de se faire payer une montre de luxe, ou des vacances avec toute leur famille au Qatar, par je ne sais quel émir...
Enfin tout cela nous vient de Bruxelles. On s'interroge: à quoi sert l'Europe?
Scandale avec la Commission Santer: http://conflits.revues.org/814
Scandale avec la Commission Prodi: http://www.lesechos.fr/26/09/2003/LesEchos/18997-044-ECH_scandale-eurostat---romano-prodi-sauve---ses---commissaires-et-son-institution.htm
Scandale avec la Commision Barroso: http://www.lesechos.fr/monde/europe/0211317075786-bahamas-leaks-le-scandale-qui-eclabousse-lex-commissaire-europeenne-neelie-kroes-2029376.php
Depuis Delors (dont je n'apprécie aucunement les idées), toutes les Commission, sans exception, finissent dans la délinquance financière.
Dans n'importe quel pays, sauf peut-être une République bananière cela aurait fini en révolution. Avons nous encore besoin du "machin de l'Europe"? Qui contrôle l'Europe?
ND
[ PP à ND - Mais oui, j'ai écrit cette énormité qui n'est qu'un constat ! Les élus wallons ont montré qu'ils étaient désormais les seuls en UE à croire dans leur responsabilité d'élus... Ceux des autres parlements ne sont que des enregistreurs, soucieux de leur avenir en cas de non-réélection. (Ce qui ne les empêche pas de distribuer des leçons de morale aux simples citoyens). ]
réponse au commentaire
Écrit par : ND / | 31/10/2016
@ PP
> Cela avait un peu un côté "humoristique" quand je disais énormité. Mais en même temps, nous en arrivons à nous habituer à ces énormités qui sont quand même vraiment des énormités.. Et c'est là que c'est grave. Un Parlement qui ne lit pas les textes qu'il vote... c'est proprement ahurissant. Quand on songe à tous les débats sur le 49-3, etc... alors que lorsqu'on leur donne la possibilité d'étudier un texte ils n'en font rien.
Quand on connaît un peu l'histoire de la naissance du parlementarisme c'est un comble. C'est effectivement à se demander si comme vous le dites ils se soucient de leur non-réélection.
Mais on se demande bien ce qui leur passe par la tête: voter un texte sans le lire. La loi Taubira, ils l'ont lue... Là on a des textes qui sont au moins aussi important, et ... rien à faire.
Je l'ai écrit et le ré-écris: nous n'avons pas besoin de ces gens là. La prochaine fois qu'on parlera 49-3 je me dirais que tout cela est de la foutaise intégrale. Ce que je vais bientôt finir par penser en permanence lorsqu'il s'agit de la classe politique.
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Écrit par : ND / | 31/10/2016
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