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17/10/2016

Après le message du pape : impossible de voter libéral

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...si l'on prend au sérieux la doctrine sociale de l'Eglise :


 

 

Laudato Si' le disait nettement [1] : la pensée sociale catholique (qui jaillit de la foi en Jésus-Christ) nous fait un devoir : a) d'admettre la réalité avérée du changement climatique et de son "facteur anthropique" industriel, agricole etc ; b) de participer résolument à la mobilisation internationale pour changer ce système économique.

La lettre du pape au directeur de la FAO, message d'une énergie particulièrement directe, renforce encore cet appel.

Il n'y a donc aucune ambiguité. Il n'y a aucun recoin de ratiocination dans lequel puissent se barricader ceux des catholiques qui se posent en ultra-orthodoxes... pour cacher leur bisexualité idéologique : cathos le dimanche mais libéraux pendant la semaine, c'est-à-dire servants du système que le pape qualifie de "modèle de production à l'avantage de groupes restreints et d'une portion exiguë de la population mondiale". Système qui est la cause déterminante du changement climatique, dont souffrent en priorité les populations les plus fragiles.

Politiquement, voilà plusieurs centaines de milliers de catholiques français à la croisée des chemins. Pour qui vont-ils voter ?

Quasiment tous les candidats à la primaire de droite veulent aggraver le système ultralibéral...

L'un d'eux, le plus tapageur, clame que l'homme n'est pour rien dans le changement climatique. (Si M. Sarkozy est élu en 2017, Mme Mignon devra lui réécrire un discours de Latran qui glorifiera cette fois les juges de Galilée).

Détail qui gêne les cathos de droite : M. Sarkozy clame aussi que le seul vrai problème aujourd'hui est la démographie mondiale ; le négationnisme climatique l'amène ainsi à se faire malthusien ! 

D'où malaise chez les habitués des défilés pro-life, qui croyaient dur comme fer que tous les anti-natalistes étaient écologistes... Ils découvrent grâce à M. Sarkozy que les anti-écologistes sont les malthusiens les plus dangereux, parce qu'ils sont au pouvoir contrairement aux écologistes... Et encore, il y a des "décroissants" radicaux qui sont anti-malthusiens par conviction "décroissante" [2]. D'ailleurs Malthus fut l'un des fondateurs de l'économie libérale.

Quand les habitués des défilés pro-life découvriront ces choses (qui semblent leur être cachées depuis le commencement du monde), leur malaise les mènera au seuil de la conversion écologique - à laquelle tous les papes les appelaient depuis vingt ans.

 

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[1]  Après le message de Jean-Paul II du 1er/01/1990 - ou le discours de Lorette de Benoît XVI (2007) - qui l'annonçaient déjà.

[2]  Cf. la célèbre* prise à partie du sénateur Yves Cochet par le journal La Décroissance.

* sauf chez certains pro-life.

 

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Commentaires

LE CAS POISSON

> "Quasiment tous les candidats à la primaire de droite veulent aggraver le système libéral".
Sauf JF Poisson : ce en quoi on peut l'approuver.
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Écrit par : Anne-Sylvie Gr. | 17/10/2016

> Mais sur d'autres problèmes Poisson dévie de plus en plus par rapport à l'Eglise.
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Écrit par : Valery Bazin / | 17/10/2016

> Eh oui. "Catholique" en 2016 en France ça veut plus dire grand chose. La faute à qui ? peut-être à ceux qui ont l'autorité mais ne s'en servent pas ?
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Écrit par : frère Léon / | 17/10/2016

Frère Léon,

> à qui faites-vous référence, en parlant des autorités ? Au pape ? Aux évêques de France ? Mais ils parlent, fort et clair.
Il s'en servent, de leur autorité.
Ce n'est pas de leur faute si les pieux bourgeois ne les écoutent pas !
Ce n'est pas parce qu'on ne lit pas les encycliques ou qu'on préfère feuilleter "Les Échos" que lesdites encycliques n'existent pas.
Qu'on ne me dise pas qu'il faut des actions d'éclat, que les évêques en mitre devraient mener des manifestations dans la rue. Dans mon adolescence, on félicitait les évêques d'Amérique d'avoir ce courage que les nôtres n'avaient pas, mais ça n'a pas empêché l'éclosion triomphante des pseudo-cathos randiens aux États-Unis.
Non, faisant partie des catholiques à qui il a fallu trente ans pour découvrir la doctrine de leur Église, qui était disponible depuis le début, je refuse de mettre ma surdité sur le compte des pasteurs. Trop facile.
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Écrit par : Lucas / | 17/10/2016

VERSAILLES ET SES NOUVEAUX IMMIGRÉS

> Alors que Versailles est agitée par le projet d'installation de centres de demandeurs d'asile à proximité (Rocquencourt et Louveciennes) avec des réactions d'hostilité, je tiens à vous signaler deux messages positifs de :
- un citoyen de Louveciennes
- l'ordre des avocats de Versailles

" Louveciennes, le 28 septembre 2016
Il y aura probablement un avant et un après Villevert. Un avant avec son lot d’indignations, de
 refus inconditionnels, de refus nuancés, d’hypocrisies et de vraies angoisses. Oui, l’inquiétude est compréhensible. Non, elle ne doit pas céder à la peur, triste conseillère. Quant aux théories tendant à démontrer qu’il s’agit d’une manœuvre politicienne servant un hypothétique calcul électoral de basse-cour, quelle importance ? Personnellement, j’essaie de conformer mes actes à mes convictions et je me moque des éventuels pièges qu’on me tendrait. Ici, le sujet est d’importance –manifester ma solidarité envers des frères humains– et tellement supérieur à ces calculs étriqués de politiciens médiocres.
Une chance pour la fraternité
Je ne sais pas comment sera l’après Villevert mais je sais que la situation actuelle ne me laisse pas indifférent. J’affirme que ce camp de migrants qu’on nous impose à Louveciennes constitue une opportunité exceptionnelle de manifester les richesses que notre commune recèle en la plupart d’entre nous. Je me plais à croire que l’accueil de l’étranger est une valeur que nous sommes capables de partager et qui peut nous rassembler. Que la main tendue au frère qui se noie, quelque soit sa couleur, sa religion
et l’état de ses cotisations sociales, est une priorité absolue et un devoir moral.
Les media nous gavent de catastrophes humanitaires, voici que l’humanité démunie vient à nous.
Louveciennes a du coup l’occasion de s’impliquer dans un projet majeur, de déployer la bienveillance et l’intelligence de ses citoyens pour être exemplaire et digne. Oui, nous pouvons saisir cette occasion pour imaginer et construire, en partenariat avec d’autres opérateurs, un espace d’accueil pour migrants qui devienne un paradigme, un modèle du genre, une réussite dont nous pourrons être ers et qui inspirera la vie de nos enfants.
Pas de fraternité sans exigence
Cette expérience fraternelle à laquelle nous sommes appelés doit être accompagnée et soutenue par
 des mesures réfléchies et exigeantes. Pas d’angélisme, du réalisme. Le succès de l’opération en dépend.
 Il revient donc à nos élus municipaux d’établir les conditions qui permettront aux citoyens de cohabiter paisiblement et harmonieusement avec les migrants.
Je pense notamment aux conditions de sécurité, de vie sanitaire, de transports que l’État peut et doit garantir.
Je pense aux partenariats qui doivent être noués avec les ONG susceptibles d’intervenir dans le camp (alimentaire, santé, éducation, vestiaire, accompagnements de toutes sortes).
Je pense aux conditions dans lesquels les Louveciennois eux-mêmes pourront intervenir et se solidariser pour aider les migrants.
À cet égard, nous pouvons nous inspirer d’expériences réussies et positives comme celle de l’association de «Voisin d’ailleurs» à Ferrette dans le Haut-Rhin.
Alors oui, ce projet hors du commun qui nous est imposé est une chance historique pour notre commune. Plutôt que subir et maudire notre sort, nous allons agir avec générosité, humanité et dignité. Et je ne doute pas que nos élus sauront saisir l’occasion pour obtenir, auprès des pouvoirs publics, toutes les contreparties auxquelles nous pourrions bien légitimement prétendre.
Denis Allard "

" MOTION ADOPTEE PAR LE CONSEIL DE L’ORDRE
LE REFUS D’ACCUEILLIR LES DEMANDEURS D’ASILE A LOUVECIENNES ET ROCQUENCOURT : LE BARREAU DE VERSAILLES NE PEUT RESTER SILENCIEUX FACE A UNE ATTEINTE GRAVE A UN DROIT FONDAMENTAL
Depuis juin 2016, la préfecture de la région Ile-de-France procède à l’évacuation des campements parisiens de demandeurs d’asile fuyant la guerre ou la violence généralisée en mettant à l’abri, dans des centres d’accueil répartis sur l’ensemble de la région, plusieurs milliers de personnes afin de leur permettre d’effectuer, dans des conditions de vie dignes, leurs démarches d’admission au statut de réfugié.
Il s’agit de personnes qui ne sont pas en situation irrégulière et demandent asile à la France. Il s’agit de les accueillir temporairement, pendant la durée de l’instruction de leur demande. Et il convient de rappeler que l’Ile-de-France n’est pas concernée par l’accueil des demandeurs d’asile de Calais.
Le préfet des Yvelines, dont le département compte 1 446 000 habitants, prévoit d’ouvrir 835 places d’accueil, alors que, sur 4 823 places déjà ouvertes en Ile-de- France, seules 433 existent dans les Yvelines, réparties sur quatre centres situés à Bonnelles, Versailles, Mézy-sur-Seine et Triel-sur-Seine, sans qu’aucun fait de délinquance n’ait été relevé entre les résidents et les habitants des communes voisines depuis une année.
Cet effort, au demeurant très mesuré, devant être poursuivi par l’accueil dans notre département de 402 personnes supplémentaires, le préfet envisage l’ouverture de deux autres centres à Louveciennes et Rocquencourt, dans des locaux inoccupés de l’Institut National de Recherche en Informatique et Automatique (I.N.R.I.A.), dans lesquels seraient accueillis quelques dizaines de demandeurs d’asile.
L’annonce de l’ouverture de ces deux centres a provoqué des réactions de rejet de certains yvelinois, malheureusement relayées par des élus de la communauté d’agglomération de Versailles Grand Parc qui regroupe 19 communes, lesquels menacent même de saisir la juridiction administrative pour empêcher la poursuite de ce projet d’installation d’un « important camp de migrants », confondant ainsi migrants économiques fuyant la misère et demandeurs d’asile fuyant les persécutions.
Seules les organisations catholiques, l’évêque de Versailles, la Ligue des droits de l’homme et quelques organisations progressistes tentent avec difficulté de faire entendre une voix différente, pour faire face au défi de la fraternité.
Le Conseil de l’Ordre du Barreau de Versailles rappelle que le droit d’asile est un droit fondamental reconnu, tant par des textes de droit international et européen, que par l’alinéa 4 du Préambule de la Constitution de 1946 et l’article 53-1 de celle de 1958, sa valeur constitutionnelle ayant été confirmée par le Conseil constitutionnel dans ses décisions des 9 janvier et 17 juillet 1980
Il considère que l’accueil humain et fraternel des demandeurs d’asile est une composante de l’effectivité du respect de ce droit fondamental, d’autant plus que l’Europe et la France se sont engagées à accueillir une petite partie des réfugiés fuyant le conflit syrien et irakien, dont l’immense majorité sont d’ailleurs dans les pays voisins et dont près de 4 000 hommes, femmes et enfants ont péri en tentant de traverser la Méditerranée.
Pour toutes ces raisons, le Conseil de l’Ordre du Barreau de Versailles déplore les réactions de citoyens et élus des Yvelines voulant s’opposer à l’ouverture de deux centres d’accueil et d’orientation de demandeurs d’asile sur les communes de Rocquencourt et Louveciennes.
Il demande aux autorités administratives de l’Etat de ne pas céder à une pression gravement attentatoire au droit d’asile, lequel fait partie des principes fondamentaux de notre République.
Adoptée à Versailles, le 3 octobre 2016 "

Le premier message a conduit à la création d'une association Accueil Réfugiés 78 (AR78) hier dimanche 16 octobre 2016.
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Écrit par : JR Larnicol / | 17/10/2016

SUJETS

> Valéry Bazin, sur quel sujet Poisson dévierait nettement de l'Eglise ?
Cohérent dans son anti libéralisme sociétal et économique, je ne vois pas a priori.
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Écrit par : Ludovic / | 17/10/2016

PAS D'ACCORD

> Intéressant votre titre. Mais aussi paradoxal que ça en ait l'air, il existe aussi des catholiques libéraux qui ne ressemblent pas aux caricatures que vous en faites. Nathalie MP par exemple, je pense qu'un débat/discussion entre vous deux serait intéressant.
Par contre, j'ai beau essayer d'être de bonne foi, mais je ne comprend pas comment le système français peut être décrit ultralibéral alors que les gens sont de moins en moins libres de dépenser leur revenu comme ils l'entendent puisque l'Etat qui pense mieux qu'eux en dépense la majeure partie à leur place???

Ace


[ PP à "Ace" :

- Veuillez nous dire en quoi c'est une "caricature".
- Sur le libéralisme : je vous suggère de lire l'exhortation apostolique 'Evangelii gaudium', qui est encore plus sévère que moi. Le moins que puissent faire des catholiques est de marcher avec le pape : 'ubi Petrus, ibi Ecclesia'. Sinon dans quoi tombe-t-on ?
- Sur l'Etat : ne vous laissez pas prendre aux apparences. Le libéralisme n'est ni la libre entreprise ni le moins d'impôts : c'est la marchandisation de tout, et le règne de la sphère financière déconnectée de l'économie réelle. Et l'Etat actuel est au service de cette extension permanente des domaines du marché (il en dépend pour continuer à fonctionner).
L'extension permanente des domaines du marché est condamnée par les encycliques sociales depuis toujours : notamment depuis 'Centesimus annus' de saint Jean-Paul II.
Si vous rejetez ce que je dis, peut-être aurez-vous confiance dans la revue 'Permanences', publiée par Ichtus dont le délégué général écrit ceci (numéro de septembre-octobre) :
"Quand le post-politique s'impose, l'Etat finit par devenir le simple auxiliaire de puissances non-politiques. Ainsi, le champ d'intervention de l'Etat peut très bien s'élargir toujours plus alors qu'il a perdu la main au plan politique. L'hypertrophie de l'Etat se conjugue alors avec le fait qu'il devient en quelque sorte un nain politique..."
Prémare signale que "le danger serait de considérer que l'Etat étant dénaturé, il convient de le vider encore du peu de substance qui lui reste". Or c'est ce que prônent les catholiques libéraux, sans voir qu'ils tombent dans le piège... et qu'ils tournent le dos à la doctrine sociale de l'Eglise, qui insiste sur le rôle irremplaçable de l'Etat quand il sert le bien commun. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Ace / | 18/10/2016

Ace,

> l'Etat ponctionne, mais au profit de qui ?
Le CICE, par exemple, coûte un point de PIB par an, ne crée aucun emploi ni aucune richesse, profite de façon totalement négligeable aux PME et TPE (j'en parle en connaissance de cause) mais enrichit grassement les actionnaires, les hauts salaires et les investissements dans les pays à bas coût de main-d’œuvre des grosses entreprises du CAC 40.
Tout à fait d'accord, cet argent est mal dépensé par l'État : parce qu'il est dépensé au profit exclusif des puissances d'argent et au détriment de l'économie réelle et de l'intérêt général.
"Il y a beaucoup d'impôts, donc on est dans un pays anti-libéral" est une analyse un peu insuffisante...
______

Écrit par : Lucas / | 18/10/2016

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