Changer les valeurs pour changer les structures

C'est la "révolution culturelle courageuse" du pape François. Changer les valeurs demande du discernement, que nous trouvons dans la prière... Pour marcher avec le pape, lisons le P. Ceyrac s.j. :

 

 

► Les trois lectures de ce dimanche se rapportent à la prière de demande. Prier pour obtenir l'Esprit Saint : c'est une condition vitale pour marcher avec l'Eglise, lorsqu'elle prend une direction surprenante à nos yeux.

Un personnage rencontré hier me parle du pape d'un air dubitatif. Il me dit : "Vous le soutenez ?". Evidemment, je le "soutiens" ! J'ai d'innombrables choses à demander à l'Esprit Saint, mais pas de m'aider à "soutenir" François (ou plutôt à marcher avec lui), parce que les directives de François ne me heurtent ni ne me surprennent.

Tous ceux qui connaissent la pensée sociale de l'Eglise sont dans le même cas que moi. Ça fait beaucoup de monde.

Ceux qui ne connaissent pas la pensée sociale de l'Eglise (alors qu'ils croient la connaître) sont surpris par les directives de François. Nombre d'entre eux font l'effort : ils prient l'Esprit de les aider à la conversion nécessaire. Certains ne font pas cette demande. Ils restent dans l'incompréhension. Dommage pour eux. Aidons-les : comme dit Hans Urs von Balthasar, "sans prière on ne peut vaincre dans les luttes spirituelles. Nous devons tous prier et aider les autres à prier avec persévérance".

 

►  Ceux qui ne veulent pas comprendre François, et a fortiori ceux qui s'irritent de lui [*], l'accusent de "marxisme" parce qu'il demande que l'on change les structures d'iniquité économique et sociale. Ils ignorent que c'est ce que demandent les papes depuis la première encyclique sociale (1891) ! L'appel de l'Eglise dans ce domaine trouve un écho puissant dans le livre du jésuite Pierre Ceyrac (1914-2012), qui se voua à secourir la misère indienne et cambodgienne :

<< Le combat pour le troisième millénaire sera un combat pour l'homme, sa liberté, sa dignité. Nous ne pouvons plus accepter les inégalités monstrueuses qui existent entre les quelques 20 % qui ont presque tout et les 80 % qui n'ont presque rien. Inégalités qui divisent mais aussi qui tuent, ou, du moins laissent mourir des millions de nos enfants... >>

<< J'ai toujours pensé que pour changer l'univers qui est injuste (ce qu'Emmanuel Mounier appelait le "désordre établi" : c'est un désordre établi incroyable aujourd'hui, 20 % de l'humanité qui a tout et 80 % qui crève de faim, c'est ça l'humanité aujourd'hui) - que pour changer tout ça, il faut changer les structures : et pour changer les structures, il faut changer les valeurs... Qu'est-ce qui est important pour l'homme aujourd'hui ? C'est l'argent ou c'est l'homme ? C'est la banque mondiale d'Amérique ou c'est la vie d'un enfant ? Il faudra se décider un jour. Quelle est la priorité de ce monde ? >>

Ce livre est paru en 2015 chez Bayard.

 

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[*]  Ces ultras tentent d'ériger le cardinal Sarah en adversaire du pape. Il rejette ce rôle avec indignation, mais sa voix est couverte par la leur sur les "réseaux sociaux".