Sarkozy : et maintenant, il est climato-négationniste !

Ça non plus, "ça coûte pas cher" :

 

 

Nicolas Sarkozy croit battre Alain Juppé en s'identifiant à la droite la plus microcéphale. Il en prononce - l'un après l'autre - tous les mots de passe. Dernier en date : le déni scientifique... Marianne hier : "Invité cette semaine devant un cercle de patrons, Nicolas Sarkozy a dévoilé une nouvelle facette de sa pensée politique : il a viré climato-sceptique."

Pourquoi a-t-il fait ça ? pour imiter la droite américaine. L'un des dogmes de celle-ci consiste à nier le fait avéré du réchauffement climatique, "inventé"  - bien entendu - par une conspiracy anti-américaine ; Donald Trump précise : "inventé par les Chinois". Les fondamentalistes texans ajoutent : "Croire que l'homme puisse abîmer la création est un péché d'orgueil...[*] "

L'ultra-droite française a adopté depuis dix ans ces slogans US, dont elle a fait ses emblèmes ; M. Sarkozy adopte aujourd'hui (au moins le temps d'une primaire) les emblèmes de l'ultra-droite française.

D'où ces vaticinations devant le groupe de patrons : "Ça fait 4 milliards d'années que le climat change... Le Sahara est devenu un désert, c'est pas à cause de l'industrie... Il faut être arrogant comme l'homme pour penser que c'est nous qui avons changé le climat..." 

On sent qu'il a entendu Trump (disant en septembre 2015 : "Je ne crois pas au changement climatique, c'est juste la météo, ça a toujours été comme ça, le temps change, il y a des tempêtes, de la pluie et des belles journées").

On sent aussi que quelques ultracathos - donc anti-François  - sont encore dans les environs de M. Sarkozy : à qui d'autre emprunterait-il l'argument (d'ailleurs hérétique) selon lequel l'homme ne saurait être fautif ? Argument que j'ai entendu ad nauseam, lors de réunions de travail ici et là depuis plusieurs années ;  argument qui consterne les scientifiques, écoeurés d'un tel déni de réalités.

On sent surtout que M. Sarkozy est une girouette. Signataire de la charte Hulot et organisateur du Grenelle de l'Environnement en 2007 [**], puis dévitaliseur (à partir de 2009) de tout ce qu'avait demandé le Grenelle ; puis lâchant à la FNSEA : "l'environnement ça commence à bien faire" (1er novembre 2011) ; puis choisissant (2015) l'écolophobe Maud Fontenoy comme future ministre de l'Ecologie !

Que les écologues se rassurent : M. Sarkozy n'est pas plus écolophobe qu'écolophile. Il n'a aucune espèce de conviction, dans ce domaine ni dans les autres. Il était aussi peu sincère envers Nicolas Hulot en 2007 qu'il le fut en 2013 avec M. l'abbé Grosjean sur la loi Taubira ;  la seule différence fut que Hulot, lui, s'en doutait. Lancé aujourd'hui dans une surenchère à l'affichage ultralibéral-conservateur (vers le zéro mental), croyant ainsi dépasser "Juppé le centriste" d'ici le 20 novembre, l'ex-président de la République croit s'offrir des habits neufs. Ça donne aussi la mesure de l'époque.

 

ps / Que les ultra-cathos ne se réjouissent pas trop vite. Selon son directeur de campagne (le très libéral Gérard Darmanin), M. Sarkozy a ajouté à sa tirade climato-négationniste l'argument anti-nataliste : "Nous serons 11 milliards dans quelques années, là l'homme en est directement responsable, et personne n'en parle !"  Les malthusiens ne sont pas où l'on croit.

 

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[*]  Ces littéralistes bibliques ont-ils lu la Bible ?  Elle dit en de nombreux passages (à commencer par la Genèse, 4,10-12) que la violence humaine blesse et révolte le reste de la création.

[**]  En 2008 encore il proclamait que la France avait "une obligation de résultat" dans la lutte contre la dégradation de la planète : réchauffement inclus.