11/09/2016
Au plus profond des "périphéries"
Pour entrer dans la miséricorde du Père, il faut "sortir du camp" :
Quand le pape nous appelle à aller "vers les périphéries", il parle comme le Christ. Ce sont les trois paraboles de ce dimanche sur la miséricorde (Luc 15,1-32) : la brebis perdue, la drachme perdue, le fils perdu. Dieu ne cesse de chercher ceux qui sont loin de Lui : "Quand le Fils descend dans la plus profonde déréliction du pécheur, jusqu'à la perte du Père, c'est là la recherche la plus astreignante pour Dieu à l'égard de celui qui est perdu", souligne Hans Urs von Balthasar.
Si nous chipotions l'appel du pape à aller "vers les périphéries", nous serions plus éloignés de Dieu que ceux qui ne Le connaissent pas ! Nous serions ces croyants "corrompus" dont parle la première lecture : ceux qui "se font un veau en métal fondu et se prosternent devant lui".
Ces Hébreux d'Exode 32 (7-11,13-14) prétendent qu'en se fabriquant le Veau ils veulent seulement honorer l'Eternel : "fête pour le Seigneur !". En fait ils L'ont remplacé par un dieu de leur choix, pour qu'il marche avec eux et "fasse bonne figure" entre les dieux des puissances étrangères ; "bien entendu ils le font en or", souligne André Chouraqui. Nous leur ressemblons quand nous encensons "nos valeurs" substituées à l'Evangile... Que fait Moïse aux versets 19-20 ? Il brise les tables de la Loi : ces tables (disent les rabbins) sont devenues "un corps sans âme" si le peuple idolâtre ses propres valeurs en prétendant honorer Dieu. Puis Moïse brûle, pulvérise et disperse les cendres d'or du Veau : destruction totale ! ainsi finiront les valeurs narcissiques que nous avons le culot de confondre avec la foi chrétienne.
Etienne le premier martyr nous en avertit (Actes 7, 38-43)... << C’est Moïse qui a dit aux fils d’Israël : 'Dieu suscitera pour vous, du milieu de vos frères, un prophète comme moi'. C’est lui qui était présent lors de l’assemblée au désert, avec l’ange qui lui parlait sur le mont Sinaï et avec nos pères : il reçut des paroles vivantes pour nous les donner, mais nos pères n’ont pas voulu lui obéir. Bien plus, ils le repoussèrent. De cœur ils retournaient en Égypte,quand ils dirent à Aaron : 'Fabrique-nous des dieux qui marcheront devant nous. Car ce Moïse qui nous a fait sortir du pays d’Égypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé.' Et en ces jours-là, ils fabriquèrent un veau et offrirent un sacrifice à cette idole : ils se réjouissaient de l’œuvre de leurs mains ! Alors Dieu se détourna et les laissa rendre un culte à l’armée du ciel, comme il est écrit dans le livre des prophètes (Amos grec 5, 25-27) : "Des victimes et des sacrifices, m’en avez-vous présentés pendant quarante ans au désert, maison d’Israël ? Mais vous avez porté la tente de Molok et l’étoile de votre dieu Réphane, ces images que vous avez fabriquées pour vous prosterner devant elles. Je vous déporterai au-delà de Babylone !" >>
Dans le livre de l'Exode, le peuple se repent et Dieu étendra sur lui sa miséricorde : mais pour cela (33,7) tous "sortent", "hors du camp", vers la tente du rendez-vous... Pour être en présence du Seigneur, il faut "s'exiler hors de son camp", dit Chouraqui. Il faut "sortir vers les périphéries", dit le pape François. Quel catholique osera chipoter cet appel de Dieu [*] ?
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[*] "Le pape gagnerait à préciser sa notion de périphéries", a dit un présomptueux.
00:54 Publié dans Bible, Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : bible, christianisme
Commentaires
LE FILS AÎNÉ
> A l'homélie ce matin le vicaire de ma paroisse insistait sur le fils aîné de cet évangile : celui qui fait une crise contre la générosité du père envers le cadet revenu.
L'aîné bien dans les clous, c'est l'honorable monsieur qui croit vivre dans la maison du père mais fait tout par "devoir", pas par amour.
Et il se plaint que le père ne lui donne rien pour faire la fête : une fête non avec la maisonnée large, mais juste avec "mes amis", le cercle de ses copains (qui lui ressemblent et partagent ses valeurs, pas besoin de le préciser).
Et l'aîné refuse de rejoindre la maisonnée qui fête le retour du cadet perdu. L'aîné ne fait pas la fête avec n'importe qui : seulement avec ceux qui comme lui sont en règle avec la théorie étudiée en cercle d'études, et qui "ne lâchent rien".
Mais le père lui répond sans la moindre allusion à la théorie : il lui donne une leçon purement positive, d'amour familial, d'ouverture d'esprit et de miséricorde.
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Écrit par : barloy / | 11/09/2016
> Le père devrait faire attention : il va se faire traiter d'Antéchrist par la revue à laquelle est abonné l'aîné.
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Écrit par : torrebenn / | 11/09/2016
AUDACE
> Si tous les catholiques faisaient preuve d'autant d'audace et de courage pour évangéliser qu'en a fait montre certaine association naturiste pour promouvoir le naturisme ...aux périphéries (enfin presque, je ne sais pas s'ils auraient eu autant de succès à Versailles ! ), hé bien, on pourrait être heureux :
http://www.leparisien.fr/la-courneuve-93120/la-courneuve-les-naturistes-etaient-aussi-a-la-fete-de-l-huma-11-09-2016-6112285.php
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Écrit par : Feld / | 12/09/2016
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