Les exploiteurs sont "des sangsues", déclare le pape

...dans une homélie particulièrement musclée :

Dans l'homélie de sa messe de ce matin à la chapelle de la maison Ste-Marthe, le pape François part de la lettre de saint Jacques (5,1-6) où l'apôtre proclame :

"...Et vous autres, maintenant, les riches ! Pleurez, lamentez-vous sur les malheurs qui vous attendent. Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille sera un témoignage contre vous, elle dévorera votre chair comme un feu. Vous avez amassé des richesses, alors que nous sommes dans les derniers jours ! Le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont moissonné vos champs, le voici qui crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du Seigneur de l’univers. Vous avez mené sur terre une vie de luxe et de délices, et vous vous êtes rassasiés au jour du massacre.Vous avez condamné le juste et vous l’avez tué, sans qu’il vous oppose de résistance..."

François applique ce texte à l'exploitation patronale du travail sous-payé "Ceux qui agissent ainsi sont de véritables sangsues et vivent en saignant les gens qu'ils font travailler comme des esclaves", martèle-t-il :  "Rémunérer le travail des gens à un salaire de famine pour mon profit personnel, c'est pire que le péché du riche de l'évangile qui ne remarquait pas le pauvre sur le pas de sa porte... Lorsque les riches exploitent les gens et que les pauvres deviennent esclaves, c'est un péché mortel... Il faut beaucoup de pénitence, beaucoup de restitution pour se convertir de ce péché !"

Le pape incrimine ce "trafic soi-disant civilisé" : "Ni vacances ni assurance santé, tout au noir, mais [l'exploiteur] devient riche..."  Partout dans le monde, dit-il, ça se passe ainsi : "Je veux travailler... - Bon, on te fait un contrat. De septembre à juin. Sans points de retraite ni assurance maladie. De juin à août tu es suspendu, tu n'as qu'à manger de l'air ; et en septembre on te réembauche."

François cite l'exemple d'une jeune fille qui n'a trouvé qu'un emploi au noir à 650 euros, de 11 heures par jour, et à qui on a dit : "Tu le prends ou tu t'en vas, il y en a d'autres derrière toi."

Le pape dénie le nom de chrétiens aux exploiteurs. Mais il étend également sa critique à l'hérésie nommée "évangile de la prospérité"  [NDPP - il s'agit d'une religiosité hyper-individualiste d'origine américaine, fondée sur l'idée que la foi enrichit et correspondant au formatage néolibéral des comportements]. En fait de christianisme, cette fausse promesse (a-t-il souligné) est "une chaîne qui prive de la liberté de suivre Jésus".