07/04/2016
Eglise et pédophilie : pourquoi ne pas parler aussi clair que Jean-Paul II, Benoît XVI et François ?
Mgr Lalanne rectifie le 6 avril ses déclarations du 5 :
« La pédophilie est un péché épouvantable », disait Jean-Paul II. Elle fait partie des « péchés de l'Eglise », disait Benoît XVI. C'est une « monstruosité » et « un péché grave », dit François.
D'où l'étonnement et la lassitude des catholiques français, cette semaine, quand ils ont eu l'impression qu'une fois de plus des cadres de leur Eglise n'arrivaient pas à parler aussi clair que les papes.
Participant à un débat de RCF sur les pédophiles le 5 avril, Mgr Lalanne (évêque de Pontoise et responsable de la « cellule de veille » de la CEF sur la pédophilie) croit devoir introduire une nuance empruntée à la psychopathologie et à d'anciennes controverses théologiques. Il fait ainsi l'effet, à deux reprises, de douter que la pédophilie soit « un péché ». Aussitôt les médias et le gouvernement sautent sur l'occasion ; l'opinion s'enflamme, à commencer par les catholiques. D'où, le soir du lendemain 6 avril, ce rectificatif de Mgr Lalanne : « La pédophilie, dans tous les cas, est un péché objectivement grave, un crime atroce qui offense Dieu et blesse la dignité de l'homme. » Que ne l'avait-il dit la veille... Il n'aurait pas fourni, aux médias et à une ministre, la matière de vingt-quatre heures d'agitation anticléricale ; et, au Monde (8/06), l'occasion de lui rappeler que les papes n'éprouvent pas le besoin de compliquer le sujet.
Il serait si simple de parler et d'agir comme le pape François ! Dès 2014, celui-ci qualifiait de monstruosité, de péché grave et de «culte sacrilège» la pédophilie de prêtres : des enfants avaient été confiés à leur charisme sacerdotal, disait-il, mais «ils les ont sacrifiés à l'idole de leur concupiscence». Mettant en cause les esquives d'une partie de la hiérarchie épiscopale, le pape demandait pardon aux victimes pour «les péchés d'omission d'une partie des chefs de l'Église, qui n'ont pas répondu de manière adéquate aux dénonciations d'abus présentées par les familles et les proches de ceux qui étaient les victimes d'abus.» Et il ajoutait : «Il n'y a pas de place dans l'Église pour ceux qui commettent ces abus [les pédophiles]. Je m'engage à ne pas tolérer que du mal soit causé à un mineur par un individu, qu'il soit religieux ou autre.»
20:13 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : pédophiles
Commentaires
RATÉS
> Un nouvel exemple du décalage entre le langage de la morale de l'Eglise (tout à fait classique) et la compréhension du monde déchristianisé de ce temps. Mgr Lalanne a raté une occasion d'expliquer la différence entre " mal " et " péché " (à moins que sa déclaration ait été tronquée (tout à fait habituel !).
Mais c'est à l'évêque d'expliquer clairement les choses. Mgr Lalanne pourrait s'être montré un bien piètre pédagogue en l'occurrence ... au même titre que Benoît XVI avec cette histoire du préservatif " qui augmente le problème ".
J'ai encore du mal à comprendre de quoi il voulait parler, bien que j'apprécie Benoit XVI sur bien d'autres sujets.
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Écrit par : Roque / | 07/04/2016
FROID
> Les premières déclaration de Mgr Lalanne sont assez terribles et font froid dans le dos. Pourquoi un tel aveuglement, et même disons le franchement une telle incompétence ?
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Écrit par : BCM / | 07/04/2016
2e LETTRE DE PIERRE
> Toujours histoire d'abonder dans le parler-net de nos Souverains Pontifes, pourquoi ne pas commencer par le premier d'entre eux ?
Cette misérable affaire est une belle occasion de relire, par exemple, la Deuxième Lettre de Saint Pierre Apôtre (chapitre II), je précise, au cas improbable où les lecteurs de votre blogue ne seraient pas familiers de ce texte certes un peu délaissé par la Liturgie ces dernières années, que Pierre parle bel et bien des hommes d'Eglise:
" 01 Mais il y eut aussi des prophètes de mensonge dans le peuple, comme il y aura parmi vous des maîtres de mensonge, qui introduiront des hérésies menant à la perdition et renieront le Maître souverain qui les a rachetés. Ils préparent pour bientôt leur perdition.
02 Beaucoup les suivront dans leurs débauches ; à cause d’eux, suivre le chemin de la vérité fera l’objet d’outrages,
03 et dans leur cupidité, ils vous exploiteront par des discours factices ; leur condamnation est en cours depuis longtemps, et leur perdition n’est pas en sommeil. (...)
10 ceux-là surtout qui, par convoitise impure, suivent les inclinations de la chair et dédaignent la seigneurie de Dieu. Présomptueux, arrogants, ils outragent sans trembler les anges appelés « Gloires »,
11 alors que d’autres anges, supérieurs en force et en puissance, ne portent pas contre ceux-ci un jugement outrageant de la part du Seigneur.
12 Ces gens-là sont comme des bêtes privées de raison, engendrées par la nature pour être capturées et détruites ; outrageant ce qu’ils ignorent, ils seront détruits comme ces bêtes seront détruites ;
13 ils subiront l’injustice comme salaire de leur injustice. Ils pensent trouver leur plaisir à vivre dans les délices en plein jour, ils ne sont que taches et défauts, en se délectant de leurs tromperies quand ils font bombance avec vous.
14 Ils ont les yeux remplis du désir d’adultère et sont insatiables de péchés. Ils séduisent les âmes mal affermies, ils ont le cœur exercé à la cupidité : ce sont des enfants de malédiction.
15 Abandonnant le droit chemin, ils se sont égarés en s’engageant sur le chemin de Balaam fils de Bosor ; celui-ci fut heureux de recevoir un salaire d’injustice,
16 mais il reçut une leçon pour sa transgression : une bête de somme sans voix s’est mise à parler avec une voix humaine et s’est opposée à la folie du prophète.
17 Ces gens-là sont des sources sans eau, des brumes chassées par la tempête ; l’obscurité des ténèbres leur est réservée.
18 En proférant des énormités vides de sens, ils séduisent, par des convoitises nées de la chair, par les débauches, ceux qui viennent à peine d’échapper aux gens qui vivent dans l’égarement.
19 Ils leur promettent la liberté, alors qu’eux-mêmes sont esclaves de la corruption : on est, en effet, esclave de ce qui vous domine.
20 Car si des hommes, par la vraie connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, ont échappé aux souillures du monde, et qu’ils se trouvent à nouveau empêtrés et dominés par elles, leur état est pire à la fin qu’au début.
21 Il aurait mieux valu pour eux ne pas avoir connu le chemin de la justice que de l’avoir connu et de s’être détournés du saint commandement qui leur avait été transmis.
22 Il leur arrive ce que dit en vérité le proverbe : Le chien retourne à son vomissement, et : La truie, sitôt lavée, se vautre dans la boue."
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Écrit par : Aventin / | 07/04/2016
LIMPIDE EVANGILE
> Tout à fait d'accord.
Deux remarques complémentaires:
- il est piquant de voir les médias rétablir la notion de péché. Alors qu'elle est contesté pour tout : argent, sexualité, respect des pauvres...
- dans de nombreux autres domaines la parole des évêques claire manque souvent aussi: islam, Europe...
Quel chemin à faire (pour nous aussi) pour témoigner de l'Evangile, si limpide et tranchant !
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Écrit par : Ludovic / | 07/04/2016
SURPRENANT
> Consternant, attristant, surprenant aussi: chaque fois que j'ai entendu Mgr Lalanne, notre évêque du Val d'Oise, il s'est exprimé de façon posée, certes, mais précise.
Oui, pourquoi diable s'est-il lancé dans ces subtilités si mal venues, voulant, semble-t-il distinguer entre une attirance et un passage à l'acte?
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/04/2016
> Quelle pitié.
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Écrit par : FX / | 08/04/2016
@ Ludovic,
> oui, nos médias laïques tiennent curieusement à ce que le " péché " soit stigmatisé (au moins la conception qu'ils en ont).
Je vois ça avec un petit sourire. Cela ressemble au besoin puéril d'être rassuré sur ce " qu'il ne faut pas faire ", ce besoin d'avoir des " valeurs négatives " stables - estampillées par l'Eglise.
Et puis curieusement la prise en considération du " degré de responsabilité " des grands criminels ou des grands prédateurs n'est plus ici une " valeur positive ". La vision déchristianisée - laïque - aime l'idée de la damnation sans rémission. Rédemption = zéro.
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Écrit par : Roque / | 08/04/2016
L'ESPRIT SAINT
> Le problème est peut-être la manière dont les évêques sont cooptés... Pas sûr que les meilleurs n'aient pas été systématiquement mis de côté... Heureusement, l'Esprit Saint souffle malgré tout.
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Écrit par : Maud / | 08/04/2016
SOURCES
> Votre attitude sur ce sujet ô combien monstrueux a été irréprochable dès le début, que ce soit ici ou lors d’un débat de la semaine sur RND, alors qu’ailleurs on voyait trop souvent d’ergotages.
Le point culminant de ces discours incompréhensibles étant sans doute cet épisode. Se demander s’il y a péché et parler de cas par cas devant des actes aussi clairement coupables, comment est-ce possible ? Comment ne pas voir le mal à l’état pur, la contradiction absolue, la chute vers une subordination au diable pour un prêtre se livrant à ces actes abominables ?
Est-ce devenu proscrit de parler de péché mortel, de diable, de combats incessants devant les tentations, de jugement divin et de salut de l’âme ? Tout se dissout dans un verbiage sucré mais abscons.
Moyennant quoi, pour preuves des discussions à gauche et à droite, untel ne croit pas au péché originel, un autre à l’Immaculée Conception, un autre à la virginité perpétuelle de Marie, un autre à la présence réelle du Christ dans l’hostie, un autre au diable, à l’enfer et à la damnation...
Moyennant quoi on choisit, on fait son marché dans la Tradition, on devient perméable aux idéologies de ce monde, les catholiques de droites fiers de leur libéralisme, de gauche de la lutte des classes, et les traditionalistes enfermés dans leur tour de pureté. Quand allons-nous revenir aux sources de l’enseignement de Jésus-Christ et redevenir humblement réunis autour d’une foi simple et vraie ?
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Écrit par : JClaude / | 08/04/2016
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