Prions pour toutes les victimes de Lahore, et soutenons l'action du pape François

 

Ce que subissent les chrétiens d'Orient est sans commune mesure avec ce que nous vivons :

 

Soixante-dix personnes massacrées à l'explosif par un kamikaze dans le parc Gulshan-e-Iqbal de Lahore, dont 29 enfants et six mères. Motif : parmi la foule du parc, il y avait des chrétiens qui fêtaient Pâques ! Au moins quinze d'entre eux sont parmi les morts, annonce Radio Vatican. « Les chrétiens étaient notre cible », précise le communiqué des taliban.

Ces quinze ont donc été tués en haine de la foi : c'est la définition chrétienne du martyre. Et ils n'ignoraient pas ce qu'ils risquaient en y participant : les taliban avaient prévenu qu'ils allaient se manifester dans la capitale du Pendjab, ville natale du Premier ministre Nawaz Sharif.

Partagé entre le fanatisme des islamistes au Pakistan, le national-racisme du RSS* en Inde et les forces aveugles de l'argent, le sous-continent n'a que les chrétiens comme ferment de paix. Ceux de Lahore viennent d'être martyrisés pour le Christ un soir de Pâques.

Au Vatican, le pape François – immédiatement informé – a proclamé sa solidarité avec « ceux qui ont été frappés par ce crime ». Il a exhorté « les autorités civiles et toutes les composantes sociales de cette nation à mettre tout en oeuvre afin de rétablir la sécurité et de rendre la sérénité à la population, en particulier aux minorités religieuses les plus vulnérables ». Et il a appelé à prier « pour les morts de ces attentats, pour leurs proches, pour les minorités chrétiennes et ethniques de ce pays. »

Prions avec lui. D'abord et principalement pour les martyrs de notre temps, où le sang chrétien coule comme jamais dans le passé.

Prions aussi pour notre propre salut spirituel. Une tentation se fait jour en effet parmi nous depuis deux ans : nous prendre nous-mêmes pour des martyrs, comme si les attentats islamistes qui frappent l'UE avaient tué des chrétiens en tant que tels (ce ne fut pas le cas jusqu'ici), et comme si l'attitude des pouvoirs publics et des médias équivalait à une persécution. Sachons raison garder. Les catholiques français n'endurent que des lois sociétales, qu'ils désapprouvent mais qui ne les visent pas**. Ils endurent aussi les griefs et les ironies des médias (parfois injustes et absurdes, parfois seulement exagérés) ; mais entre le fait d'être brocardés et celui d'être massacrés à l'explosif, il y a un abîme.

On est donc pris de malaise quand on entend dire, un matin de Pâques 2016 comme cela m'a été rapporté hier : « Seigneur, secourez les chrétiens persécutés ou qui subissent la dérision... » Risquer sa peau par fidélité au Seigneur demande, oui, le secours de l'Esprit Saint pour une vertu héroïque. Mais « subir la dérision » ! Le catholique devrait s'en réjouir, Jésus le lui dit noir sur blanc : « heureux serez-vous quand on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi... »*** Il y a de l'indécence – ou pire – à se présenter nous-mêmes en victimes (de quoi ???), et à considérer les grosses vannes de France Inter comme l'équivalent des égorgements de Daech.

Prions pour les martyrs : les vrais.

 

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* « Du nazisme à l'indienne », disait déjà Nehru.

** Si même elles les visaient (ce qui n'est pas le cas), ils pourraient se souvenir de ce que prescrivent les évangélistes et saint Paul pour le comportement du chrétien dans l'épreuve.

*** Matthieu 5,11.