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19/03/2016

Au château de Versailles, trois bâtiments de Mansart ne seront (peut-être) pas transformés en hôtel pour émirs

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Faudra-t-il "le retour de Nicolas" pour réaliser cette affaire ? Ou se fera-t-elle avec un moins sarkozyste que M. Courbit ?


 

 

Il s'agit de trois bâtiments du XVIIe siècle, 2800 m2 dans l'enceinte du château de Versailles : le Grand Contrôle (des finances sous Louis XV), le Petit Contrôle, et le Pavillon dit des cent premières marches. Leurs fenêtres donnent sur la pièce d'eau des Suisses, le jardin de l'Orangerie ou l'aile sud du château.

En 2010, Jean-Jacques Aillagon, alors encore président de l'établissement public du château et du domaine national de Versailles, lance un appel d'offres pour « financer la rénovation » des trois bâtiments... en les concédant pour soixante ans à un groupe qui les transformerait en « hôtel haut de gamme ».

Installer des chambres à coucher, des salles de bains, des ascenseurs, un spa, une piscine (etc), a de quoi altérer n'importe quel monument historique. La « rénovation » serait donc irréversible ; irréparable, affirment les puristes du patrimoine.

L'affaire traîne un peu. En 2011, Catherine Pégard, conseillère politique de Nicolas Sarkozy, succède à Aillagon comme patronne de Versailles. En août 2015, elle lance un appel d'offres plus ambitieux pour les trois bâtiments. Vingt groupes hôteliers se portent candidats. Parmi eux, des entités aussi puissantes qu'Accor... Pourtant, celui qui l'emporte est le célèbre Stéphane Courbit, millionnaire producteur de télé (sa holding inclut la société de Cyril Hanouna), propriétaire de sociétés de jeux en ligne et de beaucoup d'autres entreprises dont quatre hôtels de luxe en France. Courbit n'est pas seulement un ami de Sarkozy (et l'un des invités du Fouquet's en 2007) : c'est aussi un ami de plusieurs chefs étoilés dont Alain Ducasse ; à eux deux, ils veulent ouvrir un restaurant gastronomique dans la future résidence hôtelière. Projet qui alourdirait encore les modifications irréversibles du bâtiment de Mansart...

La concession devait se conclure officiellement le 27 février. Elle n'a pas eu lieu. Au dernier moment, quelque chose a coincé quelque part. Alléguant le changement de titulaire au ministère de la Culture, le gouvernement a bloqué l'opération versaillaise : pour « réexaminer le dossier », dit la rue de Valois. Ce réexamen aurait-il lieu si M. Courbit avait eu d'autres amis que Nicolas Sarkozy ? On le saura quand les services de Mme Azoulay auront fini de réexaminer.

Reste à se demander où va le patrimoine historique, si la marchandisation des lieux continue à se développer au même rythme. Versailles n'est pas seul en cause, loin de là : mais c'est le plus frappant. Après les expositions d'art pour spéculateurs financiers, l'hôtel de luxe pour émirs. Et ensuite ?*

 

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* Sur la Toile, on s'attendait à voir la réacosphère protester contre la marchandisation de Versailles. Mais silence. Les permanents de ces sites sortent d'écoles de commerce, pas de l'Ecole des chartes... Témoin ce cercle « bourbonien » qui invitait il y a quelque temps M. Gérondeau (l'ami de l'industrie automobile) à faire une conférence contre l'écologie. Quel rapport avec l'Ancienne France ? Aucun.

 

13:31 Publié dans Ecologie, Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : patrimoine

Commentaires

NO LIMITS

> Le libéralisme c'est le "no limits" de la marchandisation. Toute limite est déclarée "étatisme voulant rouvrir les goulags".
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Écrit par : alasbar / | 20/03/2016

PIRE

> Il y a bien pire que cette histoire dans la calamiteuse gestion du patrimoine français. Ces bâtiments faisaient partie du domaine national de Versailles, mais pas du château de Versailles. Les défenseurs du château ont beaucoup d'autres sujets de plainte beaucoup plus graves. Des destructions sont pratiquées dans le château même.
Ceci n'est qu'un exemple :
http://www.latribunedelart.com/a-versailles-requiem-pour-le-pavillon-dufour-et-la-vieille-aile
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Écrit par : Guadet / | 21/03/2016

LA MARINE

> La marchandisation de nos hauts lieux (historiques) avait commencé, déjà avec celle du ministère de la Marine.
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Écrit par : Fondudaviation / | 22/03/2016

Les commentaires sont fermés.