19/02/2016
Après la déclaration oecuménique François-Cyrille
Un pas en avant, salué par (presque) tout le monde :
Outre la foi commune, la déclaration du pape et du patriarche de Moscou exprime une profonde convergence d'analyse, sur le malaise dans la civilisation et sur la voie chrétienne pour en sortir. Ce document est disponible notamment sur notre blog (note du 13/02) ou sur le site orthodoxie.com*, qui donne en complément l'appel** de l'Eglise orthodoxe russe à ses fidèles – conviés « à rejeter leurs craintes » vis-à-vis de Rome.
Le seul écho défavorable vient d'Ukraine. Habitués depuis la guerre froide au soutien inconditionnel de catholiques ouest-européens, et liés au pouvoir actuel à Kiev, des chefs de file uniates crient à la « trahison » parce que le pape argentin relativise leurs revendications.
L'hostilité des uniates envers François est évidemment encouragée par le gouvernement de Kiev. Ce n'est pas pour surprendre. Insolite, en revanche, est l'appui des Semaines sociales de France à la campagne kiévienne contre le rapprochement du Vatican et du Patriarcat ! Publiée le 18/02 sur le site La tribune des Semaines sociales, une longue et virulente tribune*** reprend tous les arguments kiéviens ; usant d'un vocabulaire décalé, elle qualifie même d'« échec retentissant » la rencontre de La Havane – qu'elle accuse de confusion politico-religieuse à la russe. Ce grief sonne un peu faux, dans la mesure où l'hostilité envers la rencontre Cyrille-François n'existe qu'à Kiev et pour des raisons nationalistes : confusion politico-religieuse au moins égale à celle dont les Semaines sociales (bizarrement inspirées) taxent l'événement de La Havane.
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* http://orthodoxie.com/category/lire/declarations/
** http://orthodoxie.com/leglise-orthodoxe-russe-appelle-les...
*** http://latribunedessemaines.fr/lechec-funeste-de-la-havane/
19:12 Publié dans Oecuménisme, Russie, Russie-Ukraine-etc | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : christianisme, oecuménisme, russie
Commentaires
WIKIPEDIA
> Rien d'étonnant à cette tribune quand on lit la page wikipédia consacrée à son auteur :
"Antoine Arjakovsky a travaillé au ministère des Affaires étrangères français de 1989 à 2002 en tant que directeur du Collège Universitaire Français de Moscou et directeur-adjoint de l'Institut Français d'Ukraine. Il fut également attaché de coopération éducative à Kiev. En 2004, il a créé et dirigé l'Institut d'Études Œcuméniques au sein de l'Université catholique ukrainienne dont il reste à ce jour directeur du Conseil d'administration et Senior Fellow.
En 2000, il a défendu à l'École des hautes études en sciences sociales (Paris) sa thèse de doctorat. Celle-ci portait sur « la génération des penseurs religieux de l'émigration russe. La revue La Voie (1925-1940) ».
Depuis septembre 2011 il codirige avec Antoine de Romanet le département « Société, Liberté, Paix » du pôle de recherche du Collège des Bernardins à Paris. Il a publié plusieurs ouvrages consacré à l'histoire de la pensée chrétienne orthodoxe et a enseigné dans plusieurs universités européennes et américaines: Académie Mohyla de Kiev, Université Lomonossov de Moscou, Université catholique de Louvain, Centre Sèvres, Notre Dame University...
En 2013 il lance au Collège des Bernardins un nouveau site de formation continue à la culture éthique et religieuse avec le soutien de l'ensemble des responsables de culte et de l'Observatoire National de la Laïcité en France [www.agapan.fr]
En 2014 Il reçoit au Sénat le prix "Grégoire Orlyk" de la revue 'Perspectives ukrainiennes' pour son livre "Russie-Ukraine: de la guerre à la paix ?"
https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Arjakovsky
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Écrit par : Alex / | 19/02/2016
L'AUTEUR
> Concernant la tribune virulente des SSF, voir ce que dit la fiche Wikipedia au sujet de son auteur...
Ses tribunes dans 'Le Monde' et 'Le Figaro', concernant la situation ukrainienne en 2014 (liens dans la même fiche Wikipedia), dénotent clairement un positionnement nettement pro-UE et anti-Poutine.
À son crédit, il n'a apparemment rien d'un va-t-en-guerre irresponsable comme vous en avez dénoncé sur ce blog. Vu son CV, je me garderai bien par ailleurs de mettre en question sa connaissance de l'Ukraine et de sa culture. Toutefois, le fait de citer José Manuel Barroso pour situer "l'âme de l'Europe" témoigne à mon sens d'un tragique manque de discernement !
Dans l'ensemble, son constat d'échec m'apparaît globalement à côté de la plaque. Les deux patriarches n'ont pas prié ensemble publiquement (en privé, peut-être ?), et voilà "invalidé" "le travail de plus de 35 ans de dialogue œcuménique entre les deux Eglises", rien que ça !
Pas un mot des persécutions staliniennes ? Nul ne dit que ce n'est pas important... juste hors-sujet ?
La cerise : accuser le pape d'avoir court-circuité le patriarche œcuménique de Constantinople, et ainsi saboté d'avance le concile panorthodoxe ! Il suffit de voir le degré d'acrimonie avec lequel Sa Béatitude a répondu à cet n-ième coup de poignard romain :
https://twitter.com/EcuPatriarch/status/698236938898243586
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Écrit par : Albert Christophe / | 20/02/2016
- L'auteur est d'origine ukrainienne uniate. A Paris il milite en faveur du régime actuel de Kiev.
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Écrit par : Trofim / | 20/02/2016
LE CARDINAL
> En tout cas le cardinal Vingt-Trois a dit le contraire de cette tribune des Semaines sociales : entretien à Radio Notre-Dame, diffusion du 20 février.
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Écrit par : Emmeline / | 20/02/2016
"AUCUN SENS"
> Le "soutien inconditionnel" des catholiques d'Europe aux uniates d'Ukraine était naturel autrefois, non seulement pour la guerre froide mais parce que les uniates étaient persécutés spécifiquement, par l'URSS athéiste.
Aujourd'hui il n'y a plus d'URSS. Le problème entre Kiev et Moscou n'est pas idéologique et encore moins spirituel : ce sont deux Etats nationaux qui s'affrontent.
Il n'y a aucune raison chrétienne et catholique de soutenir l'un plutôt que l'autre.
Garder en 2016 le réflexe anti-russe de 1956 n'a aucun sens et c'est anti-oecuménique.
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Écrit par : LM Boullanger / | 20/02/2016
ILS ONT TOUT FAUX
> De Jean Boissonnat à Michel Camdessus, et aujourd’hui l’ex-haut fonctionnaire européen Jérôme Vignon, il me semble que les Semaines sociales de France se sont toujours positionnées comme un club élitiste, parfaitement soumis à l’économie libérale, européiste à tout crin, permettant surtout aux gouvernants en place, aux politiciens et patrons de sensibilité chrétienne de se rassurer à bon compte, de se regarder être bons.
Pour moi, ils ont tout faux.
Leur appui à l’auteur du billet sur « l’échec funeste de La Havane » est une erreur de plus. Celui-ci invoque José-Manuel Barroso, les manifestants de Maïdan et les chrétiens de toutes confessions communiant de manière œcuménique « au même calice » à l’appui de sa dénonciation de la rencontre de Kirill et François. Et conclut en s’insurgeant contre le non-respect de la hiérarchie orthodoxe par le Vatican, Kirill n’étant que « le n°5 » dans cette hiérarchie. C’est ridicule.
La raison de sa fureur réside, on l’a compris, dans le soutien indirect que constituerait la rencontre François-Kirill à la politique conduite par la Russie, laquelle a le tort de ne pas être validée par Bruxelles et Washington. Mais qui croit encore, à part les dirigeants des Semaines sociales de France, à la bienfaisance de la politique étrangère euro-américaine, que ce soit en Ukraine ou au Proche-Orient ? Même Laurent Fabius n’y croit plus, sans quoi, il serait toujours en poste !
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Écrit par : Denis / | 20/02/2016
LE PASSÉ ET L'AVENIR
> On peut comprendre les positions des gréco-catholiques d'Ukraine et de leurs amis (Antoine Arjakovsky) tant ils ont souffert sous le régime communiste en URSS, y compris hélas parfois par l’Église orthodoxe.
Mais il serait irresponsable de leur part de se focaliser sur leurs souffrances passées pour ne pas voir que la voie juste de l'oecuménisme passe par la communion des Églises, la κοινωνία (koinonia), et non par le "rattachement" à Rome.
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Écrit par : Michel de Guibert / | 20/02/2016
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