Le patriarche Cyrille rencontre le pape François le 12/02

Le pape relance l'oecuménisme à pas de géant :

L'autre semaine François annonçait sa décision de se rendre en Suède le 31 octobre pour le cinquième centenaire de la Réforme de Martin Luther : occasion historique, pour le Vatican, de changer la perspective sur une rupture qui n'aurait pas eu lieu si de part et d'autre on avait été attentifs à l'Esprit Saint, au lieu de mélanger quiproquos religieux et querelles séculières germano-italiennes.

Et ce matin on apprend l'événement considérable qui va se produire le 12 février : le pape François et le patriarche de l'Eglise orthodoxe russe, Cyrille Ier, vont se rencontrer pour la première fois. « Le Saint Siège et le Patriarcat de Moscou espèrent que cette rencontre sera également un signe d'espérance pour tous les hommes de bonne volonté », souligne le communiqué commun.

L'un des obstacles majeurs à l'évangélisation aujourd'hui, c'est le scandale de la division entre les chrétiens. Eux dont l'unité devrait être le principal témoignage de foi, d'espérance et d'amour, ils ont donné depuis des siècles le spectacle de divisions nées de querelles théologiques qui auraient pu être évitées ; divisions vite colonisées par des intérêts politiques, qui ont déchaîné en Occident les guerres dites de religion, et qui ont installé entre l'Ouest catholico-protestant et l'Est orthodoxe un mur d'incompréhensions et de soupçons réciproques. Edifié contre toute bonne foi, ce mur fut maintenu contre tout bon sens...

Nous devrions le savoir puisque l'homélie du dimanche nous le rappelle à intervalle régulier : notre existence de peuple chrétien ne se justifie que par la mission confiée par Jésus. « Allez et évangélisez tous les peuples ! ». Pour cela, a-t-il dit, « soyez un » ! Rien à voir avec une unité d'organisation comme dans la politique. Ni avec une unité d'opinions, relativiste ou intégriste... C'est une unité surnaturelle, qui ne peut s'obtenir qu'en regardant tous ensemble dans la même direction : c'est-à-dire vers le Christ.

Le désir de porter ce regard ne vient que de l'Esprit Saint. L'absence de ce désir serait le signe d'une indifférence des chrétiens envers leur propre vocation évangélique, vocation qui devrait être la seule chose au monde capable de les mettre en mouvement.

De ce désir d'unité et d'évangélisation, ne nous laissons pas détourner par on ne sait quelles fausses priorités, rassurantes ou belliqueuses. Nous ne sommes sur terre ni pour dénoncer, ni pour délayer, mais pour aider à découvrir le Christ : tout ce que nous ferions hors de cela (même si c'était au nom du Christ) serait insignifiant.

Nous devons tous être « un signe d'espérance pour les hommes de bonne volonté » ? la rencontre de François et de Cyrille aura lieu à La Havane, capitale de l'un des derniers Etats communistes. Pourquoi là ? parce que La Havane est une escale pour le pape vers le Mexique, et que l'évangélisation et la géopolitique s'entrecroisent sans se confondre... Cuba est un vieil allié de la Russie, n'en déplaise aux Américains ; le pape François a joué un rôle décisif dans le rapprochement de La Havane et Washington. A l'heure où le monde est ensanglanté de violences, les chrétiens donnent l'exemple du dialogue de paix. C'est ainsi (non par des cris de guerre) que l'on ouvre la porte au Christ.