Croissance mondiale du chômage... "1% de la population accaparent les profits plus vite que prévu..."

Réalités du système libéral :

  

Le rapport de l'OIT

L’Organisation internationale du travail réunit des experts des gouvernements, du patronat et des syndicats de 186 Etats. Ses Prévisions sur l’emploi dans le monde en 2016 annoncent 2,3 millions de chômeurs supplémentaires. « Le marché de l’emploi n’en a pas fini avec les conséquences de la crise économique. Le monde du travail va désormais devoir faire face à la détérioration de la situation dans les pays émergents et la baisse du prix des matières premières », explique aux médias le directeur général de l’OIT, Guy Ryder. « La crise dure et le retournement dans les pays émergents est violent, alors que les amortisseurs sociaux, qui avaient joué un rôle important dans les économies occidentales, y sont plus faibles », précise le rapport. Il souligne que la précarisation de l’emploi « ne cesse de progresser » : 1,5 milliard de personnes, soit plus de 46 % de l’emploi total... « En Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, ce sont plus de 70 % des travailleurs qui occupent un emploi vulnérable ». On ne doit pas s'étonner de voir les migrations « économiques » s'amplifier ; les avocats du libéralisme sont donc les plus mal placés pour se plaindre de l'immigration !

 

L'OIT appelle les gouvernements à des initiatives qui contrediraient  le dogme libéral :

1. « renforcer les politiques en matière d’emploi et réduire les inégalités » (mais c'est le contraire, par exemple, de la ligne Gattaz-Macron-Valls-Hollande) ;

2. lutter contre la spéculation sur les matières premières et produits de base (« qui risquerait d’aggraver la situation budgétaire des grands exportateurs de ces produits ») ;

3. procéder enfin à la réforme financière – esquivée depuis 2008 – pour forcer les banques « à acheminer les ressources vers l’économie réelle et les injecter dans les investissements qui concourent au développement des entreprises durables et à la création d’emplois ».

Ces trois points sont en horreur à la bien-pensance, rivée – malgré les faits – au slogan selon lequel la dérégulation et le libre marché auraient « assuré la prospérité du monde et le développement des pays pauvres ».

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Le rapport d'Oxfam

Quarante-huit heures avant l'ouverture du Forum économique mondial de Davos, les experts de la célèbre ONG britannique Oxfam ont publié un rapport intitulé Une économie au service des 1% : « L'écart entre la frange la plus riche et le reste de la population s'est creusé de façon spectaculaire au cours des douze derniers mois. L'an dernier, Oxfam avait annoncé que les 1% posséderaient plus que le reste du monde en 2016. Cette prédiction s'est en fait réalisée dès 2015: un an plus tôt », indique le rapport. Il précise que « 62 personnes possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale » : en 2011, « ce chiffre était de 388 ».

Commentaire d'Oxfam : « On ne peut continuer à laisser des centaines de millions de personnes souffrir de la faim, alors que les ressources qui pourraient les aider sont amassées par quelques individus en haut de l'échelle... Depuis le début du XXIe siècle, la moitié la plus pauvre de l'humanité a bénéficié de moins d'1% de l'augmentation totale des richesses mondiales, alors que les 1% les plus riches se sont partagés la moitié de cette hausse. »

Oxfam, comme l'OIT (voir ci-dessus), appelle à des décisions qui rompraient avec la pensée unique libérale : noamment faire cesser « l'ère des paradis fiscaux ». Le rapport signale ironiquement que sur dix entreprises « partenaires stratégiques » de Davos, on en repère « neuf dans au moins un paradis fiscal ». La diplomate ougandaise Winnie Byanyima, directrice générale d'Oxfam International, est d'ailleurs à Davos cette semaine pour y interpeller les participants : « Nous devons interpeller les gouvernements, entreprises et élites économiques présents à Davos pour qu'ils s'engagent à mettre fin à l'ère des paradis fiscaux qui alimentent les inégalités mondiales et empêchent des centaines de millions de personnes de sortir de la pauvreté », annonçait-elle lundi.

La lutte contre les paradis fiscaux est l'un des chevaux de bataille d'organismes de l'Eglise catholique comme le CCFD ; les causes libérales de la situation décrite par Oxfam et l'OIT sont désignées (et prises à partie) par le pape François, notamment dans Laudato Si, Evangelii gaudium et le discours de Santa-Cruz. Chez les Français – longtemps cancres du catholicisme mondial dans ce domaine – les esprits commencent à s'ouvrir : les alertes du magistère sont enfin entendues. C'est loin d'être entièrement acquis, mais les progrès sont rapides.

 

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* La suppression de ces amortisseurs sociaux est actuellement l'un des objectifs des "réformateurs" néolibéraux.