M. Valls et Mme Pellerin veulent la pub TV pour enfants

Les députés PS s'étant dérobés, la (bonne) proposition de loi EELV a été adoptée ! Ce crime de lèse-business irrite le gouvernement :

 

Public Sénat, 15/01 :  

<< Bonne surprise hier soir pour les écologistes à l’Assemblée nationale. La proposition de loi du sénateur Europe Ecologie-Les Verts André Gattolin visant à supprimer la pub des programmes pour enfants sur la télévision publique à l’horizon 2018 a été adoptée. Elle l’avait déjà été au Sénat. Le sénateur des Hauts-de-Seine s’attendait pourtant à un tout autre résultat. En commission, la rapporteure PS du texte l’avait vidé de sa substance en prévoyant d’abord un rapport sur la faisabilité de la mesure et son impact financier pour France Télévisions. Le rapport devait être remis en juin 2017, après la présidentielle… André Gattolin y voyait avant le débat le résultat du « lobby de France Télé » (lire notre article sur le sujet).

Mais hier soir, pour la niche parlementaire du groupe écologiste, peu de députés sont présents. L’hémicycle n’est pas loin d’être vide. Les députés écolo sont en revanche au quasi-complet et peu de socialistes ont fait le déplacement. [...]  Le texte est adopté, contre l’avis du gouvernement. « Il y avait un problème très clair de mobilisation des troupes », remarque André Gattolin, qui pense qu’un certain nombre de socialistes sont d’accord avec lui. Surtout que la pression s’est fait sentir : « Il y a eu beaucoup de gens, d’associations qui ont écrit personnellement aux députés de leur circonscription. »

La ministre de la Culture Fleur Pellerin a tenté en vain de convaincre les députés de ne pas adopter le texte. « Nous avons fait des efforts pour consolider ces entreprises de l’audiovisuel public. (…) Il serait totalement paradoxal qu’aujourd’hui le législateur viennent au contraire fragiliser considérablement cet audiovisuel public que nous nous efforçons de renforcer. (…) Derrière les ressources que vous envisagez de supprimer pour France Télévisions, il y a aussi des salariés, des techniciens, des journalistes, des entreprises d’animation qui font aussi le terreau créatif de notre pays », a fait valoir la ministre de la Culture Fleur Pellerin.

La PPL n’ayant pas été voté conforme au vote du Sénat, elle n’est pour autant pas adoptée. [...] Et en cas de seconde lecture, le gouvernement pourra tenter de mieux mobiliser sa majorité.

Qu’importe. Pour André Gattolin, c’est un joli coup : « Plus qu’une victoire politique, c’est une victoire sociétale car nous avons reposé ce débat. Ça répond à une attente forte de l’opinion. Même si ma loi ne passe pas, il serait vraiment très difficile de ne pas faire quelque chose dans les trois années à venir », selon le sénateur EELV.

[...] Un amendement qui vise à réguler, et non interdire, la publicité pour enfant sur les chaînes privées a justement été adopté à l’Assemblée. Il faudra voir si les sénateurs de droite et du centre, qui avaient aidés André Gattolin à adopter son texte au Sénat, sont prêts à suivre.

Sur le fond, les raisons d’appliquer la mesure sont pourtant nombreuses. « J’ai cinq enfants de tous les âges. Je vois comment un enfant ne fait pas la différence entre un contenu publicitaire et un programme normal. C’est sympa et ludique (…) mais on les leurre beaucoup. On les incite aussi au grignotage », souligne André Gattolin, qui a croisé la ministre après le vote. « Je l’ai vu, je lui ai fait bise et souhaité la bonne année. Mais je crois qu’elle était un peu embêtée et énervée », raconte le sénateur EELV. Fleur Pellerin n’entend pas lâcher l’affaire. « Le vote de ce soir ne clôt pas le débat », a-t-elle ensuite prévenu par communiqué : « je continuerai à me battre pour conforter les moyens et l'indépendance du service public de l'audiovisuel ».  >>

 

 

Mon commentaire :

► Sénateur EELV, M. Gattolin a cinq enfants. Je propose ce fait à la réflexion de cathos de droite persuadés (de naissance) que Malthus était un Vert... Je signale aussi que les sites cathos identitaires – dont l'un des thèmes-culte est la famille éducatrice – ont fait le silence sur cette affaire cruciale de pub pour enfants ; il est vrai qu'un autre de leurs thèmes-culte est le libéralisme économique.

► Ministre de la Culture, Mme Pellerin s'intéresse aux enfants autant qu'aux livres : c'est-à-dire pas du tout. Son seul souci est de protéger les budgets de l'audiovisuel public, qui dépendent de la pub c'est-à-dire du business privé. Les autres dimensions du problème (éducative, culturelle, etc) laissent de marbre celle que la gauche de gauche a surnommée « la petite marchande »... On mesure ainsi ce qu'est devenue la direction socialiste, et la probabilité d'une fusion de ces gens avec les centrismes après 2017.

► Pour l'histoire, rappelons deux discours du premier ministre de la Culture de la Ve République, André Malraux.

1964, Maison de la culture d'Amiens :

« Le destin de notre civilisation, c'est la lutte de deux imaginaires : d'une part, celui des machines à rêver, avec leur incalculable puissance ; et, d'autre part, ce qui peut exister en face de lui et qui n'est pas autre que l'héritage de la noblesse du monde... »

1965, Assemblée nationale :

« Nous sommes dans une civilisation qui devient vulnérable dans ses rêves, car ce qui est le plus puissant sur les rêves des hommes, ce sont les anciens domaines sinistres qu'on appelait "démoniaques", le domaine du sexe et le domaine du sang ; et, dans ces domaines, les dieux sont morts mais les diables sont vivants... »

La pub dans les programmes pour enfants ne véhicule évidemment pas de sexe ni de sang : mais elle se véhicule elle-même, en tant que pub, avec tout ce que cela suppose ensuite. Le formatage publicitaire des cerveaux enfantins doit être combattu. L'honneur des politiques serait de le combattre. Certains osent le faire ? merci à eux. La plupart n'osent pas. Beaucoup, au contraire, sont des servants du formatage ; Mme Pellerin en est l'exemple caricatural*... C'est ce qu'une partie des députés PS ont désapprouvé (sans le dire) en s'abstenant lors du vote de jeudi soir.

Dans Laudato Si', le pape François incrimine plusieurs fois les conditionnements mentaux de notre société du marketing ; le devoir des catholiques – et d'abord de ceux d'entre eux qui animent des médias – serait de marcher avec le pape. Nos amis cathos libéraux ne demandent sans doute pas mieux que de s'informer. Ils pourraient lire ceci, par exemple :

http://www.mamanpourlavie.com/mieux-consommer/thematiques-speciales/11553-les-effets-de-la-pub-sur-nos-enfants.thtml

 

 

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* Mme Pellerin est une synthèse du libéralisme, économique donc "culturel" : rappelons son intervention coléreuse (août 2015) contre la décision judiciaire d'interdire aux moins de 18 ans un film lesbien très explicite...