Morbide matérialisme

Halloween n'a pas encore été chassé de nos mentalités :

 

On avait, si j'ose dire, enterré trop tôt Halloween. Cette pseudo-fête morbide a perdu de sa visibilité dans les hypermarchés (qui l'avaient boostée naguère) : mais elle continue dans les écoles primaires, où des animatrices péri-scolaires – partant sans doute du principe « nous sommes tous des Américains » – persistent à grimer les petit-e-s élèves en zombis ou en diables ; j'en ai vu défiler la semaine dernière de petites troupes, bien encadrées. L'encadrement a-t-il conscience de la perversité de Halloween qui est une fascination pour la mort  en elle-même ? Non, il ne semble pas en avoir conscience.

Jusqu'ici, le folklore Halloween se limitait aux sous-produits de cette fascination de la mort physique. Désormais le sens radical s'affiche, avec la mise en vente de gadgets explicites. J'en ai vu un hier, installé sur le seuil d'une maison dans une rue de Garches (Hauts-de-Seine) : un crâne humain en plastique, trois fois plus grand que nature et illuminé de l'intérieur par une ampoule électrique. C'est le symptôme d'une polarisation sur le mortuaire en tant que tel, dans une société matérialiste qui encourage pourtant les gens à se dématérialiser par incinération après leur décès (les cimetières étant saturés). Société qui nie par ailleurs les dimensions sociales et spirituelles de la mort : de même que le climat managérial, lié au matérialisme mercantile, exige que les salariés refoulent leur douleur familiale...*

Le formatage des comportements par le système occidental est fondé sur le refoulement des fondamentaux de la condition humaine : rien d'étonnant à ce qu'il débouche sur l'absurde et le schizophrène.

 

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* Sur le formatage économiciste des mentalités, voir notre note d'hier.