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10/10/2015

Ils existent réellement (et ils sont très en colère)

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Je viens d'en rencontrer un :


 

Il y a des cas où l'on est consterné d'avoir raison. Par exemple, lorsque l'on se retrouve à l'improviste devant l'un des imprécateurs dont on lit les diatribes dans des magazines ou sur le web : ces « catholiques » décidés à haïr le pape François, parce qu'il leur a demandé de modifier leurs opinions économiques. Je parle de ces gens assez souvent : trop souvent, me disent certains... S'ils voyaient le spécimen que je viens de rencontrer, ils constateraient que ce que j'ai dit de ce courant était nécessaire. Pourquoi ? Parce que c'est un courant toxique lorsqu'il circule parmi des paroissiens sans méfiance.

La rencontre s'est produite  à une réunion de catholiques  engagés, dévoués, mais - pour certains - en partie déconcertés par la vigueur de Laudato Si contre le néolibéralisme et le productivisme. (S'ils sont déconcertés, c'est par la faute du long silence de paroisses françaises sur les positions économiques et écologiques de saint Jean-Paul II et de Benoît XVI ; silence qui fait croire au paroissien, en 2015,  que François innove  « en rupture » avec ses prédécesseurs).

Nous discutions donc tous de l'encyclique, quand un personnage énervé  est intervenu. Se disant « historien catholique» (?), il a déclaré : 1. que le réchauffement du climat n'existait pas, ou n'était pas dû à l'activité humaine ; 2. que les ressources de la planète n'étaient pas limitées, mais que (si d'aventure elles l'étaient) « le génie humain » saurait y suppléer pour maintenir la Croissance ; 3. et qu'il disait ça parce que, lui, il croyait en Dieu, que Dieu est maître de l'histoire, et que (par conséquent) douter de la durabilité indéfinie du système économique actuel  revenait à douter de Dieu.*

Je lui ai fait observer que l'encyclique disait autre chose.

Il a tonné : « Le pape se met le doigt dans l'oeil ! »

Et il a ajouté que lui-même (vrai croyant) ne voulait rien avoir à faire avec « des pélagiens ».

Je lui ai demandé s'il taxait le pape de pélagianisme, alors que tous les textes bergogliens prouvent le contraire.

Je n'ai obtenu en réponse qu'un déluge verbal où défilaient les slogans climato-négationnistes ; à la suite de quoi j'ai mis fin à la conversation.

Si cette rencontre avait eu lieu à la sortie d'une chapelle d'extrémistes, elle ne m'aurait pas surpris. Mais elle s'est produite au milieu d'une réunion de catholiques loyaux envers le Saint-Siège, parmi lesquels le furieux avait néanmoins ses habitudes... Il va falloir sortir de cette ambiance confusionniste, inconsciemment relativiste, qui met sur le même pied – entre chien et loup – le pape et n'importe quel énervé récitant en français les leitmotive anti-François de l'industrie pétrolière américaine. Pour en sortir, une seule voie : le travail d'équipe dans les paroisses. Lui seul peut rendre visible et palpable (donc sensible au coeur et à l'intelligence) le « penser-avec-l'Eglise » : sentire cum Ecclesia.

On n'est pas catholique contre le pape ; on n'est pas sincèrement catholique si l'on refuse la doctrine sociale de l'Eglise ; on refuse la doctrine sociale de l'Eglise si l'on refuse de comprendre qu'elle rénove le témoignage évangélique en l'appliquant aux données nouvelles à chaque époque de l'histoire. Et la réalité est la même pour tout le monde, n'en déplaise aux ultras furieux.

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* Verbatim. Je n'invente rien.

 

 

négationnisme climatique,bergogliophobes

 

Commentaires

PÉLAGE

> Il est magnifique d'accuser de "pélagianisme" le pape François tout en vantant unilatéralement le "génie humain" et en oubliant le péché originel: c'est assez... pélagien.
A propos, pour éviter de renvoyer maladroitement à des hérésies du lointain passé, cet "historien catholique" pourrait se documenter: vient de sortir au Cerf le livre de Winrich Löhr, "Pélage et le pélagianisme" (un ouvrage qui constitue en partie un prolongement de celui que j'avais moi-même commis il y a exactement dix ans).
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Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 10/10/2015

FAIBLESSE

> Le troisième argument de cet "historien catholique" est particulièrement effarant : en le caricaturant à peine, on pourrait en conclure que douter de quoi que ce soit serait douter de Dieu ; le choix est vaste quant au bien-fondé de situations absurdes, injustes ou dangereuses dont il serait alors impossible de douter sans douter de Dieu.
On peut en venir à se demander si de telles manifestations de colère de "leur" part et avec de tels arguments n'ont pas quelque chose de bon, qui est de révéler leur faiblesse. Naturellement, j'avance cette hypothèse sans savoir quelle a été la réaction à ces propos des autres personnes présentes.
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Écrit par : sven laval / | 10/10/2015

IGNORANCE

> De toutes façons, une conversion écologique pour nous - et réorientation pour les incroyants - n'a pas que la question climatique comme motif.
Il est même dommage que les médias se focalisent sur ce point qui peut être récupéré par des intérêts économiques, car d'autres désastres sont au moins aussi graves: les pollutions de toutes sortes des eaux potables par les médicaments aux "continents de déchets" sur les gyres océaniques le tout participant à l'extinction des espèces, du reste vous le savez bien. Ce processus à lui seul doit être combattu. Et il y en a d'autres! Si ce monsieur s'informait et avait lu l'encyclique, il le saurait aussi : que son argumentation se limite à la question climatique montre son ignorance.
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Écrit par : Pierre Huet / | 11/10/2015

QUI

> Qui, à part l’Église, se soucie vraiment du désespoir des agriculteurs ? « que l'homme soit placé au cœur du système économique et non la finance. Derrière chaque croix, il y a une vie brisée parfois dans la floraison de l'âge, la souffrance d'une famille en pleurs qui se croit coupable de n'avoir pas su détecter les signes. » disait ce matin dans son homélie Mgr Centène. Une messe était célébrée à Sainte Anne d'Auray en mémoire des agriculteurs qui se suicident chaque année.. Devant la basilique, 600 croix blanches avaient été disposées.
http://www.ouest-france.fr/suicide-des-agriculteurs-600-croix-disposees-devant-sainte-anne-dauray-3757581
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Écrit par : isabelle / | 11/10/2015

PAS PRIORITAIRE

> Quelque chose qui peut expliquer l'énervement de certains vis-à-vis de François (mon épouse a déjà entendu, au sujet de certains propos d'icelui : "est-ce vraiment cela que l'on attend d'un pape ? ") : le fait que, pour le pape actuel, la France n'apparaisse pas comme une priorité. Alors que ses deux prédécesseurs, très attachés à la "Fille aînée", étaient venus très rapidement lui rendre visite, il n'y a pas, semble-t-il, de visite programmée du souverain pontife actuel dans l'Hexagone.
Sans l'excuser, je comprends un peu ce désarroi de certains catholiques français qui, après la méga mobilisation de LMPT (dont les fruits eux-mêmes peuvent se discuter) se sentent abandonnés de tous. Abandonnés de beaucoup de leurs évêques ; abandonnés de leur pape...
Egalement : certains accusent notre pape de méconnaître le contexte français (voire même européen...) et de "zapper" le défi (euphémisme ! ) que constitue la confrontation à un Islam conquérant.
Sur ce dernier point, rions (et tremblons ! ) : un des mes proches vient de me faire part d'un lien vers la vidéo d'un prêche - à l'attention d'enfants- d'un imam brestois : à en croire le Prophète, ceux qui font et écoutent de la musique seront transformés en chiens ou en porcs après leur mort :
http://www.dailymotion.com/video/x37ol8w_extrait-de-la-musique-expliquee-aux-enfants-alwassat-29-tv_news
(Lien figurant dans :
http://www.atlantico.fr/decryptage/attention-imam-peut-en-cacher-autre-rachid-abou-houdeyfa-tareq-oubrou-benoit-rayski-2367820.html
Evidemment, après ça, les mouvements identitaires n'ont plus qu'à faire leur marché...

Feld


[ PP à Feld - Ne nous laissons pas impressionner. Ni par les uns, ni par les autres. Et dites à ceux dont vous parlez qu'ils cessent un peu de se poser en victimes... Il y a plus à plaindre que nous sur la terre ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 11/10/2015

Deus Ex Machina !

> Et Oui Mon Fils je viens vous sauver ! Moi, l'ingénieur (et mes pairs) nous allons faire jaillir de cette Terre finie une énergie infinie grâce à notre science !
Comme nous l'avons fait depuis des millénaires, passant de l'os de mammouth à la puce de silicium pour équiper le dernier i-Pad et i-Phone, nous allons donner à l'humanité, à partir d'une petite boule de matière finie et limité, flottant dans le vide cosmique (la Terre), une énergie illimité (et si vous voulez gratuite : c'est le même prix), ainsi que des ressources naturelles illimité : nourriture, fer, cuivre, or et argent : TOUT !
Mettez vous à genoux devant votre nouveau dieu : l'ingénieur !
Les lois de la physique et de la science n'ont pas de secret pour nous, nous allons les dompter, les soumettre et même les violer s'il le faut pour votre nouveau dogme : la croissance éternelle !
(et tous les hérétiques qui ne croient pas en nous on peut les brûler ? même le pape ?)
Je serais curieux de voir sa tête face à un tel discours (-:
Mais comme dit un proverbe paysan que j'aime bien : on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif.
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Écrit par : Bergil / | 12/10/2015

CHOSE COURANTE

> Cher Patrice, vous ne nous dites pas le plus important : quelle fut la réaction de l'assistance? Qu'il y ait un individu un peu "toqué" dans une paroisse est chose somme toute courante. C'est tout de même vous qui aviez le micro (et je m'en réjouis naturellement!).

Maud


[ PP à Maud - Eh non : je n'avais pas le micro, c'était une conversation de groupe... Et le reste du groupe (très bien élevé) a feint de ne pas entendre les beuglements de mon interlocuteur... ]

commentaire

Écrit par : Maud / | 12/10/2015

PAS D'INQUIÉTUDES

> Deux choses :
1. Sandro Magister joue à pourrir le pontificat actuel depuis le début, sans d'ailleurs qu'on puisse comprendre pourquoi. Cela dit, la publication d'une "lettre de treize cardinaux" que cinq ont niée avoir signée après va lui coûter un peu de crédibilité, et c'est pas plus mal. Il a beaucoup d'écho dans les milieux tradis et conservateurs et il y a fait beaucoup de mal : c'est lui, par exemple, qui a considérablement joué à aggraver la situation des Franciscains de l'Immaculée...
2. Cela dit, il y a vraiment du nouveau dans l'encyclique du pape. Les catholiques qui se demandent pourquoi le pape parle d'économie feraient mieux de se renseigner ; mais il est vrai qu'elle va plus loin (et c'est normal) que les précédentes. Je ne crois pas que 'Caritas in veritate' et 'Centesimus annus' contiennent des critiques aussi radicales de la théorie du ruissellement (sans parler des questions écologiques, où elles sont franchement beaucoup plus discrètes). Et on comprend que les catholiques souvent aisés soient destabilisés par une critique du modèle économique en lequel ils croient...
3. Bon, et tous les gens qui ont peur du bordel ambiant autour du synode ne sont pas d'infâmes bourgeois capitalistes qui se servent du synode comme cache-sexe. Tout en adhérant pleinement à l'enseignement social du pape, j'ai, en tant que jeune mariée, pas mal d'inquiétude vis-à-vis de ce qui se passe à Rome en ce moment.

Edel


[ PP à Edel :
1. Sandro Magister avait déjà joué à pourrir le pontificat de Benoît XVI en jetant de l'huile sur le feu lors des diverses "affaires". Sa seule motivation est la gloriole journalistique.
2. N'ayez pas d'inquiétudes sur le synode : le pape sait ce qu'il fait. Et le Saint-Esprit plus encore... Comment pourrait-Il ne pas être présent à son Eglise quand elle se réunit ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : Edel / | 12/10/2015

CHANGER LE PARADIGME

> Je trouve le raccourci entre les propos irraisonnés du « furieux » et la critique véhémente de la science et des métiers techniques comme ingénieur un peu facile et pas beaucoup plus fondé.
Pour commencer, les ingénieurs, chercheurs et même responsables intermédiaires – pour éviter le terme middle management – ne sont pas que des fous se prenant pour des dieux mais des employés qui font ce qu’on leur demande sans avoir beaucoup le choix – renseignez-vous sur le marché de l’emploi, y compris pour les plus jeunes.
Par ailleurs le fait même que nous puissions lire ce blog et échanger entre nous a demandé pas mal de découvertes en électronique, informatique et télécommunication réalisées par ces mêmes ingénieurs.
Nous devrions, plutôt que faire de l’opposition entre de différentes carrières et compétences, nous interroger sur qui tire les ficelles. Réponse évidente ceux qui détiennent les capitaux ; le pouvoir des actionnaires, individuels comme groupes d’investissement ou fonds de pension, est devenu exorbitant et incontrôlé.
On voit bien la faille dans le raisonnement des « vrais » libéraux : l’homme étant mauvais par nature, il convient de donner le minimum de pouvoir à l’État qui en usera et en abusera, la seule solution étant de laisser le plus d’autonomie possible aux individus. Or le libéralisme économique fait que nous confions un pouvoir presque total, sinon totalitaire, à un petit nombre d’actionnaires nantis sur lesquels nous n’avons aucune influence.
Si nous voulons changer le paradigme, faisons en sorte que les sommes folles qui circulent dans le système financier soient investies dans des projets servant le bien commun et non l’enrichissement effréné d’une petite caste sans se soucier de rien d’autre. La science ainsi financée pourrait au contraire nous sortir de l’ornière. Je doute pour ma part qu’un simple retour aux anciennes méthodes d’économie suffisent à réparer tous les dommages qui ont été faits, et nous apportent les sources d’énergie dont nous aurons besoin si nous voulons bien y réfléchir lucidement.
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Écrit par : JClaude / | 13/10/2015

@ PP

> "l'Eglise n'a pas à parler d'écologie, elle s'occupe du ciel pas de la terre". C'est exactement ce que disent nos détracteurs quand on prie pour la France. Bientôt ils nous diront qu'aimer son prochain c'est refuser d'aimer le monde. Un dangereux terroriste prêche contre l'amour de l'humanité en parlant d'amour du prochain : Jésus-Christ !
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Écrit par : E Levavasseur / | 13/10/2015

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