Catholiques : tous ensemble pour accueillir des réfugiés

 

Mon diocèse et ma paroisse répondent à l'appel du pape :

 

 

Que les médias ne s'en tiennent pas  à certaines apparences  fabriquées : le « pays réel » catholique français répond à l'appel du pape et des évêques.

Ce week-end, à chacune des messes dominicales, le curé de ma paroisse (diocèse de Nanterre) a développé les neuf points suivants :

1. les foules proche-orientales qui arrivent en Europe « ne sont pas composées de ''migrants'' mais de réfugiés » ;

2.  nos communautés prient pour eux ;

3. « prier ne dispense pas d'agir » ;

4. « ensemble nous pouvons apporter une réponse modeste mais réelle à ce problème » ;

5. le président en exercice de la CEF, Mgr Pontier, « demande à chaque diocèse de créer à cette fin une cellule de coordination » ;

6. l'évêque de notre diocèse, Mgr Aupetit, « appelle les paroisses à la mobilisation pour répondre à l'appel du pape et de la CEF » (une équipe diocésaine est désignée pour organiser l'accueil dans les Hauts-de-Seine) ;

7. en liaison avec l'équipe diocésaine, une réunion va se tenir rapidement dans notre paroisse (avec le CCFD, le Secours catholique, St-Vincent-de-Paul etc) pour décider de ce que nous allons pouvoir faire ensemble ;

8. « cette réunion est ouverte aux personnes non-paroissiennes désireuses de se joindre à l'initiative » ;

9. cette initiative fait partie d'une dimension constitutive de la foi :« la foi d'un catholique incollable sur les dogmes mais sans solidarité active avec son prochain ne serait pas une foi chrétienne, puisque le Christ a donné sa vie pour tous les hommes. »

 

 

Mon commentaire :

► Le langage du curé de ma paroisse est celui de l'Eglise catholique réelle : l'Eglise unie au pape et aux évêques.

► Remarquable bibliste par ailleurs, le curé de ma paroisse a introduit cette « homélie de mobilisation » en la liant à la deuxième lecture de la messe de ce dimanche, extraite de la lettre de saint Jacques (2, 14-18) :

Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? Supposons qu’un frère ou une sœur n’ait pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : « Allez en paix ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! » sans leur donner le nécessaire pour vivre, à quoi cela sert-il ? Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. En revanche, on va dire : « Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. [Toi, tu crois qu’il y a un seul Dieu. Fort bien ! Mais les démons, eux aussi, le croient et ils tremblent. Homme superficiel, veux-tu reconnaître que la foi sans les œuvres ne sert à rien ?] »

 ► Les autres lectures de cette messe vont dans le même sens. Isaïe (50, 5-9) dit : « Le Seigneur mon Dieu m'a ouvert l'oreille, et moi je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé ». Et surtout Jésus, dans l'évangile selon saint Marc (8, 27-35), dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celle des hommes ! ». Pourquoi cette parole sévère ? Parce que Pierre vient de prendre Jésus à part pour lui faire « de vifs reproches ». Que lui reprochait-il ? D'avoir enseigné (dit l'évangile) « qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite »... Pierre n'a pas été élevé dans ces idées-là : il lui faut un Messie royal et guerrier qui restaure, si j'ose dire, l'Ancien Régime ! Ses « vifs reproches » à Jésus expriment cette opinion de milieu social ; il est à deux doigts d'expliquer au Seigneur « qu'on n'est pas en théocratie » et que « l'autonomie du laïcat » permet de contredire le Fils de l'homme (pour suivre plutôt « la Tradition », avec les oremus d'un ou deux grands prêtres cotisant au parti). C'est pourquoi le Seigneur lui répond : « tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes », et va jusqu'à prononcer le nom de Satan...

Les « vifs reproches » de Pierre à Jésus font penser aux vifs reproches – pour ne pas dire plus – que des bien-pensants nourrissent envers le pape François. Il y a une manière de jouer les intransigeants qui équivaut à une dérobade ; une façon de chicaner les paroles du Christ (ou de son apôtre le pape) qui frôle la trahison. Chaque catholique, c'est-à-dire nous tous, peut avoir cette tentation : « être l'ami de Jésus seulement en temps de paix, pour devenir son ennemi en temps de guerre », disait saint Cyrille de Jérusalem ; la pire façon d'être son ennemi étant de se croire le plus réaliste* de ses amis, comme le fit Judas.

N'agissons pas en athées par gros temps quand nous nous proclamons catholiques par temps calme ! L'exemple du problème des réfugiés ramène cette tentation. Elle avait déjà montré son groin contre l'encyclique et le discours du pape à Santa Cruz : ne citer de l'encyclique que de rares (et brefs) passages inessentiels, ne pas citer du tout le discours de Santa Cruz... Ces jours-ci, la tentation était de ne pas dire un mot de l'appel du pape (et des évêques unis au pape) à accueillir « une famille de réfugiés par paroisse, sanctuaire ou communauté religieuse ». Certains sont même allés jusqu'à disserter en faveur de l'esquive et de la dérobade, le plus beau moyen de se montrer fidèle au pape étant sans doute de lui tourner le dos.

Notre catholicisme peut-il consister à contredire l'Eglise au nom de nos opinions ?

Evidemment non. Il y va de notre loyauté envers la mission du croyant sur cette terre, comme le dit Ezéchiel (36, 21-23) :

« La parole du Seigneur me fut adressée : "Fils d’homme, lorsque les gens d’Israël habitaient leur pays, ils le rendaient impur par leur conduite et leurs actes... Selon leur conduite et leurs actes, je les ai jugés. Dans les nations où ils sont allés, ils ont profané mon saint nom, car on disait : 'C’est le peuple du Seigneur, et ils sont sortis de son pays !' Eh bien ! tu diras à la maison d’Israël : 'Ainsi parle le Seigneur Dieu : Ce n’est pas pour vous que je vais agir, maison d’Israël, mais c’est pour mon saint nom que vous avez profané dans les nations où vous êtes allés. Je sanctifierai mon grand nom, profané parmi les nations, mon nom que vous avez profané au milieu d’elles. Alors les nations sauront que Je suis le Seigneur – oracle du Seigneur Dieu – quand par vous je manifesterai ma sainteté à leurs yeux.' " »

Et comme dit le P. Frédéric Louzeau** : « Si Dieu se préoccupe de l'honneur de son Nom, c'est qu'il a en vue le salut des païens. Tant que la Sainteté du Seigneur est défigurée à leurs yeux, les païens ne peuvent entrer dans la connaissance de Dieu qui conduit au salut. »

Ne soyons pas ceux qui défigurent la Sainteté du Seigneur, et auxquels Jésus dit avec tristesse : « Vos pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. »

 

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* Relisons Les grands cimetières sous la lune et Le chemin de la Croix-des-Âmes.

** La prière du mendiant (Collège des bernardins).