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08/08/2015

La petite marchande d'internet au secours du business

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Fleur Pellerin attaque le tribunal pour défendre le film Love 


 

 

A quoi s'occupe un(e) ministre de la Culture en régime libéral ? À soutenir le business. Principalement le e-business, d'où le surnom sévère donné à Mme Pellerin par les culturels : « la petite marchande d'internet ». Mais aussi le business au cinéma, y compris lorsqu'il s'agit d'un film pornographique plus brutalement racoleur que tout ce qui fut projeté jusqu'en 2015 : celui de Gaspard Noé, Love, sur le thème de la partouze.

Cette oeuvre avait électrisé le festival de Cannes, lieu où Mme Pellerin était venue montrer des bijoux ; mais sa violente complaisance a motivé son interdiction aux moins de 18 ans par le tribunal administratif de Paris, le 31 juillet. Voilà une atteinte au free market ! Mme Pellerin, cyborg programmé pour aller chercher dans son secteur la croissance « avec-les-dents »*, montre donc les siennes : elle vient de déposer un recours au Conseil d'Etat contre le jugement du tribunal.

Ce genre d'intrusion est rare de la part de l'exécutif, et fait une entorse à la posture hollandienne du « respect de l'Etat de droit ».

On pressent donc l'importance de Love par rapport au combat pour la croissance, qui a inspiré cette année l'intégration des revenus de la drogue et de la prostitution dans le calcul du PIB en Europe. Le résumé du film par le tribunal figure dans Le Monde du 8/07, en des termes anatomico-judiciaires plus hard que les moments les plus chauds du procès DSK. On attend avec curiosité la décision du Conseil d'Etat.**

   

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* disait le sherpa de M. Hollande.

** Cela dit, l'affaire est dénuée de sens puisque les "moins de 18 ans" vont beaucoup moins au cinéma qu'ils ne fréquentent la Toile, où ils peuvent voir des scènes aussi explicites que celles de Love : ce que n'ignorent ni Mme Pellerin, ni les juges. Pourquoi la ministre a-t-elle procédé à cette frappe anti-juges ? La réponse est à chercher du côté du manque de discernement des cyborgs : programmés pour réagir à certaines données, ils ne tiennent pas compte du paysage environnant.

 

> Plus sur Mme Pellerin ?  taper dans RECHERCHER : Fleur Pellerin,  ainsi que : Mme le ministre de la Culture.

 

Commentaires

BUSINESS

> Il s'agit en effet de business plus que d'art : France-Culture diffusait hier avec le compte-rendu de cette "affaire" les propos d'un coproducteur du film en question ; l'intéressé, si j'ose dire, outre se plaindre de ce que Mme Pellerin n'en faisait pas assez, se lamentait non pas pour une hypothétique atteinte à la liberté d'expression (*) mais pour les limitations que cette interdiction aux mineurs risquait d'apporter à l'exploitation du film. On ne saurait être plus clair : il s'agit d'argent, et Mme Pellerin est là pour en faciliter la circulation.

(*) En matière de liberté d'expression, il est nécessaire, avant de l'invoquer à tout propos, de se demander quel usage on peut en faire.
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Écrit par : sven laval / | 08/08/2015

AUSSI BAS

> Hallucinant ! Qu'en pense la ministre de l'Education Nationale ? A quand la projection imposée dans les lycées, sans doute pour leur faire connaître l'amour version 2.0 ? Je n'aurai jamais cru qu'on puisse tomber si bas, mais si ! Il faudra vraiment être c... pour voter PS ou LR aux prochaines élections...
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Écrit par : BCM / | 08/08/2015

DOPE

> Malheureusement, la culture ne se résume plus qu'à l'art contemporain, c'est à dire l'art scatologique dopé d'une surenchère financière.
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 08/08/2015

EFFRAYANT

> En matière de business culturel, Amazon vient de perdre un client ... Sans doute un des papiers les plus effrayants que j'ai lu depuis longtemps
http://www.nytimes.com/2015/08/16/technology/inside-amazon-wrestling-big-ideas-in-a-bruising-workplace.html?_r=0
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Écrit par : Luc2 / | 16/08/2015

Luc,

> merci pour cet article. Quand j'ai cessé d'être client Amazon, il y a quelques mois, j'ai expressément demandé la suppression de mon compte. Ce n'est qu'un geste, mais parfois, les gestes sont tout ce que nous avons. Le mieux est que ce mélange hystérique, pathologique d'arrogance et de brutalité professionnelle accouche d'une souris économique. Amazon vient (de façon inattendue, précisent savoureusement les articles de presse) de faire des bénéfices (quelques misérables millions), pour la première fois après une longue période de pertes considérables allant tranquillement jusqu'au demi-milliard par trimestre.
Ces guignols déments de la Silicon Valley ne sont que de sales gosses aux caprices absurdes épongés continuellement par la finance (donc par les peuples) et qui se prennent pour des génies visionnaires parce qu'ils achètent un milliard de dollars (qui n'existent pas pour de vrai) des logiciels bas de gamme et économiquement stériles comme Instagram, tout en rêvant, en libertariens adolescents, à leur micro-nations offshore.
Qu'on continue à célébrer ces demeurés fantoches comme des capitaines d'industrie à l'insolent succès montre, une fois de plus, le côté totalement fantasmatique de l'économie financiarisée (c'est à dire déréalisée).
http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20140408.OBS3079/micro-etats-villes-flottantes-le-projet-fou-des-nouveaux-maitres-du-monde.html
Quant à la prison professionnelle, Amazon est un exemple archétypique. Mais il y en a partout.
http://kotaku.com/report-konami-is-treating-its-staff-like-prisoners-1721700073
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Écrit par : Christian Vennec / | 17/08/2015

@ Luc2

> Excellent ouvrage sur la vie en "Amazonie", disponible...sur Amazon :
http://www.amazon.fr/En-Amazonie-Jean-Baptiste-Malet/dp/2818504430/ref=la_B005OC4N3O_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1439847981&sr=1-1
Je l'ai lu : assez terrifiant, c'est le moins que l'on puisse dire.
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Écrit par : Feld / | 17/08/2015

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