Faux-jour de gloire pour M. Hollande

 

...encensé par son parti et chanté par les médias : 

 

 

► « Je suis fier de François Hollande », entonnait hier M. Valls. Cette acclamation digne du festival de Cannes était incongrue de la part d'un Premier ministre. Elle faisait écho (contradictoire) au mépris, non moins incongru, de M. Sarkozy le 12 juillet, sommant M. Hollande – à Bruxelles et en pleine négociation grecque – de s'aligner sur Berlin : étrange attitude de la part d'un ex-« chef de l'Etat » qui voudrait le redevenir... M. Valls et M. Sarkozy sont représentatifs de leur milieu : ces politiques qui ont déserté le champ politique, et qui se font les portiers de la finance. C'est ce qu'ils appellent « le réalisme » ; et lorsque l'un d'entre eux fait semblant de vouloir revenir à la politique, les autres l'appellent à « se ressaisir » (cf la campagne anti-Hollande des sarkozystes sur Tweeter depuis un mois).

► Reste que M. Hollande n'a pas de quoi se vanter. Il a signé ce que l'Allemagne a voulu et qui ne résout rien. Pourquoi ? parce qu'il a peur. L'Euroland est inexorable ; Athènes nous dit : « Berlin vous menace tacitement car votre position financière n'est pas meilleure que la nôtre. » M. Sarkozy aurait peur, lui aussi, s'il était à la place de M. Hollande... (pour l'instant il n'écoute que ses haines). Aucun de ces personnages n'est à la mesure des enjeux. Ils ne devraient jouer ni les triomphateurs, ni les donneurs de leçons.

 ► Notamment pas M. Hollande, en ce 14 juillet où il va présider un défilé politiquement absurde mais farci de signaux d'époque : la présence de l'armée mexicaine, qui est une armée de guerre civile ; la présence des unités françaises chargées de la « sécurité », contre un « terrorisme » qui commence à prendre lui aussi une allure de guerre civile* ; et l'absence des chars Leclerc, dont le contribuable français va payer le déploiement en Pologne  face à une menace de guerre étrangère  inventée par le Pentagone (et son M. Tusk, « président du Conseil européen »).

► Nous allons donc, toute la journée, entendre les joviaux présentateurs radio-télé nous parler des « allures victorieuses » de M. Hollande. Déjà hier, une journaliste, le voyant passer dans un couloir au milieu d'un groupe d'officiels, s'extasiait de « sa démarche de winner » – sur un ton qui devrait donner des soucis à Mme Gayet.

 

PS – Encore un point à la charge de M. Hollande : comment peut-il associer, d'une part, l'effort public en faveur de la COP 21, et, d'autre part, la rigidité pollueuse de M. Valls en faveur (par exemple) du projet d'aéroport inutile à Notre-Dame-des-Landes ? Comment l'Elysée peut-il parler de la COP 21 tout en négligeant ouvertement les sommets préparatoires, tel celui d'Addis-Abeba où se décident les « règles du jeu  économique, financier et commercial » pour l'avenir ? Dans une tribune indignée parue ce matin, Marc Dufumier (Plateforme pour le commerce équitable), Claire Fehrenbach (Oxfam France), Yvonnick Huet (Agrisud International) ou Bernard Pinaud (CCFD-Terre solidaire) constatent : « La trajectoire que prend la France depuis cinq ans semble bien contraire aux principes de solidarité et d'égalité que le pays dit défendre. » Cinq ans... Il y a donc continuité de M. Sarkozy à M. Hollande. Elle s'exerce entre autres dans « le sacrifice de l'aide publique dans ce secteur ». Aide publique, quelle horreur en effet : « l'adversaire c'est l'Etat », disent les libéraux.

 

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* Nos dirigeants n'auraient pas besoin de nous rassurer en faisant parader ces unités, si les services surveillaient les jihadistes connus (au lieu de les laisser frapper puis de courir après). Mais c'est un autre problème.