Mot malheureux d'un cardinal

...aussitôt amplifié par la désinformation :

 

Depuis plusieurs trimestres, une campagne insidieuse à l'encontre du pape se développe dans certains milieux catholiques à Rome, à Paris et aux Etats-Unis. Cette campagne s'appuie sur des déclarations de prélats. L'un de ces prélats est associé à des officines : c'est le cardinal Burke, signataire d'un appel d'irresponsables émis par le groupe TFP.

Mais on s'étonne d'une phrase récente du très respecté cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Parlant devant l'institut Jean-Paul II, le cardinal aurait dit : « Même dans le rite du baptême, on ne mentionne plus le mot “foi” lorsque les parents sont invités à dire ce qu'on demande pour l'enfant à l'Eglise de Dieu. »

Proférée comme ex cathedra par le préfet de la congrégation compétente, cette phrase a l'air de dire que le rite catholique du baptême en 2015 a supprimé le mot « foi ». Et c'est ainsi que les réseaux ultras se sont empressés de le comprendre !

Or cette affirmation ne correspond pas au rite. Il suffit de cliquer par exemple sur le site officiel français

http://www.liturgiecatholique.fr/Le-deroulement-du-bapteme-selon-le.html

pour lire ceci :

« ...Ensuite s’instaure un dialogue entre le célébrant et le futur baptisé ou les parents : « ...Que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ? » : « La foi » - « Que vous apporte la foi ? » : « La vie éternelle »...

Voilà le rite catholique en 2015 : et le cardinal le sait mieux que moi !

On me dit : « le cardinal n'a pas pu vouloir affirmer que les paroisses et les diocèses ont supprimé le mot “foi” ; il a dû faire allusion à des pratiques déviantes, ici ou là. » 

Je ne sais pas ce que le cardinal a voulu dire. Je lis ce qu'il a dit, et ce que ça devient aujourd'hui chez les réseaux dits sociaux. Je vois l'effet produit. Des centaines de catholiques crispés vont répéter que les évêques occidentaux « suppriment la foi ».  Les catholiques crispés raffolent de ce genre de paniques soupçonneuses ! L'un d'eux m'affirmait il y a six mois que la forme ordinaire du rite de la messe avait supprimé le mot « sacrifice »... Il en était absolument convaincu, parce qu'il ne fréquente que le rite extraordinaire. S'il fréquentait aussi le rite ordinaire, il saurait qu'à chaque messe le mot « sacrifice » est solennisé plusieurs fois par le célébrant : « Que notre sacrifice, en ce jour trouve grâce devant Toi... » - « Prions ensemble, au moment d'offrir le sacrifice de toute l'Eglise... » - « Nous t'offrons pour eux ce sacrifice de louange... » - « Le sacrifice pur et saint, le sacrifice parfait... » - « le sacrifice de notre père Abraham et celui que t'offrit Melkisédek ton grand-prêtre, en signe du sacrifice parfait... » - « Le sacrifice qui nous réconcilie avec Toi... ». Sans oublier les diverses préfaces qui parlent du Christ « immolé », « autel, prêtre et victime ». Et naturellement les paroles de la consécration, ainsi que les nombreuses mentions de la mort-et-résurrection, du corps rompu et du sang versé...

Mais le catholique crispé n'en sait rien ni n'en veut rien savoir. Ce qu'il veut, c'est réactiver le plus souvent possible les très vieux slogans de Mgr Lefebvre, bien qu'il soit lui-même un « rallié » et se considère comme zouave pontifical – ou peu s'en faut, ce peu étant le respect attentif dû à l'enseignement du pape en exercice. Voilà le genre de public qui se jette sur des petites phrases, qu'elles soient équivoques ou juste malheureuses.

Ce que nous attendons des évêques et des cardinaux, ce ne sont pas des raisons (vraies ou fausses) de se faire peur : c'est qu'ils nous confirment dans l'élan de la nouvelle évangélisation !