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13/05/2015

Hollande et Fidel : du 'people', juste pour les caméras

castro,hollande

 

D'accord avec Médiapart (12/05): la séquence Hollande-Fidel était "un non-sens politique". Et d'accord avec Libération  (13/05) : "l'entourage du président de la République n'a pas cessé de survendre un 'moment historique' ”.  Réflexions :


 

Le non-sens a été commis délibérément,  et dans l'intention précise de réaliser cette survente médiatique. La survente était l'objectif : pur marketing où se dissout ce qui restait du politique. L'événement survendu était du pur people : mettre en scène la rencontre avec une « icône » (comme disent les commerciaux), c'est-à-dire une image « connue pour sa notoriété »*. Là, c'était Fidel, people anthume, parce qu'on ne peut pas faire un selfie avec le Che, people posthume ; mais la barbe de Fidel a perdu tout sens politique, de même que la tête du Che, aujourd'hui vendue en t-shirt à des millions d'exemplaires dans les hypermarchés du monde qu'il disait combattre. Il fallait voir les titres de nos médias durant les vingt-quatre heures qui ont précédé le selfie : « Hollande va-t-il rencontrer Fidel ? »... Ces journalistes qui disent « Fidel », comme si leurs papas avaient fait la zafra de los diez millones** en 1970, ne savent rien de Castro ni d'ailleurs de Guevara (qu'ils prennent pour une sorte de baba), sauf que ces icônes sont connues pour leur notoriété.

Quant à M. Hollande... A aucun moment de son existence politique – si ces deux mots ont un sens en ce qui le concerne – il n'a manifesté d'attrait pour ce que d'autres appelaient « l'expérience cubaine ». En 2003 encore, dans Le Nouvel Observateur, il qualifiait le régime cubain de « cauchemar » et le déclarait « injustifiable ». A l'époque flamboyante du castrisme le jeune M. Hollande étudiait à HEC. Ensuite on le trouve dircab de Max Gallo puis Roland Dumas, ce qui ne mène pas loin à gauche. Au sein du PS il fera courant commun avec Me Mignard (avocat d'affaires) et l'ex-jéciste Le Drian, et il présidera le club de Jacques Delors : ce qui ne mène pas non plus à lever les fusils contre l'impérialisme. D'autant qu'en 1996, M. Hollande est aux Young Leaders, programme de formatage américain en France fondé par Gerald Ford... On voit à qui on a affaire ! Lorsque M. Hollande nous dit en mai 2015 qu'il lui fallait rencontrer Fidel parce que celui-ci a « fait l'histoire », cette explication manque de crédibilité.

Ensuite, avec la syntaxe embarrassée qui le caractérise, il nous explique qu'il ne pouvait pas ne pas aller voir Fidel Castro parce que celui-ci a été président cubain et que lui, Hollande, est président français. On pourrait lui objecter que le même argument aurait dû le conduire à Moscou le 10 mai avec Mme Merkel, M. Poutine étant le président russe ; mais ce serait une discussion inutile. En réalité l'entrevue accordée par Fidel (très vieux people)  à M. Hollande (sourire commercial face aux caméras) ne se justifiait par rien d'autre que par le désir de M. Hollande de venir avec... les caméras. Et par le fait que Fidel, malgré ses guerres, ses prisons et ses lois anti-gays, a gardé le statut de people que M. Poutine a perdu – à cause de sa loi anti-gays, de ses prisons et de ses guerres. Quelle est la différence entre Fidel et Vladimir Vladimirovitch ? Washington se réconcilie avec La Havane, pas avec Moscou.

 

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* Les people « constituent une nouvelle élite, une caste dont le principal mérite, souvent, est d’être connu du plus grand nombre : “Je suis surtout connu pour ma notoriété”, affirmait Warhol.»  http://www.horschamp.qc.ca/spip.php?article554 

** ...de toneladas de azucar, bien sûr.

 

Commentaires

> Comme disaient Fernandez y Hernandez, "San Theodoriens, je vous ai compris !"
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Écrit par : Secundum Lucam / | 13/05/2015

L.G.B.T. CUBA

> En ce qui concerne les lois "anti-gays", c'est un peu –présentement- illégal.
Le regain de prestige de Cuba auprès de la (rive) Gauche est dû en grande partie à l'efficace action de la nièce du camarade Fidel, Mme Mariella Castro.
Qui fait appliquer à Cuba les recommandations de Mme Hillary Clinton, concernant les droits spécifiques des LGBT. Y compris le "changement de sexe" remboursé par la Sécu locale.. Et ce, n'en doutons pas, de façon tout à fait démocratique, après concertation avec la "société civile".
http://www.legrandsoir.info/mariela-castro-le-gouvernement-des-etats-unis-est-preoccupe-et-occupe-par-le-mouvement-lgbt-cubain.html
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Écrit par : Radon / | 13/05/2015

Les commentaires sont fermés.