07/05/2015
Les rémunérations folles, réfutation du dogme libéral
Ces pluies d'or ne correspondent à aucune performance :
On connaît le refrain des idéologues libéraux, répété ad nauseam sur leurs sites :
1. les « entrepreneurs » méritent des rémunérations illimitées car « ils prennent des risques » ;
2. l'argent déversé sur les riches retombe mécaniquement sur les pauvres.
Double mensonge. En effet :
1. Les rémunérations illimitées ne vont pas à ceux qui prennent des risques : elles vont à ceux qui n'en prennent pas. Elles sont conçues non seulement pour supprimer les risques, mais pour faire de l'existence de ces managers (qui ne sont pas des entrepreneurs) une pluie d'or et de pétales de rose – quels que soient leurs résultats économiques... Après tant d'autres du même tonneau, prenons le cas de M. Varin : malgré son bilan désastreux chez PSA, il avait légalement droit à une «retraite chapeau » de 21 millions d'euros* ; les syndicats ont jugé cet argent immérité au vu du bilan de M. Varin (fermeture d'Aulnay, 8000 suppressions de postes). Devant la violence de l'indignation, M. Varin a déclaré qu'il y renonçait. Son niveau de vie ne courait d'ailleurs aucun « risque », puisque ce monsieur allait devenir PDG d'Areva (où 3500 salariés allaient être licenciés)... Mais avait-il réellement renoncé à une retraite chapeau de la part de PSA ? Non : on apprend qu'il va recevoir, malgré tout, 300 000 euros annuels ! (En plus de son salaire de PDG d'Areva : ce qui est une « retraite » assez singulière). Détail : pour pouvoir accorder légalement cette retraite-bis à M. Varin, auquel il manquait deux mois d'ancienneté, PSA lui a ficelé une « mission d'assistance » de deux mois. M. Macron nous fait savoir que « cette retraite est conforme au code Medef » ; tout est dit.
2. Que les riches soient de plus en plus riches, n'empêche pas les pauvres d'être de plus en plus pauvres. Le mensonge libéral du trickle-down (le « ruissellement » de l'argent) ne vaut donc pas un clou : il n'a été « vérifié nulle part », comme dit le pape François dans La joie de l'Evangile. Terre promise de nos petits Parisiens expat', l'Angleterre de M. Cameron incarne le mensonge du trickle-down : on y compte désormais 117 milliardaires (dont la fortune globale a encore augmenté* en 2014), mais le revenu moyen des Britanniques stagne depuis 2010 et les pauvres s'appauvrissent : 1,1 million de personnes vivent des banques alimentaires, progression de 18 % en 2014-2015. Le travail à peine salarié touche un emploi sur 17. Constat de Duncan Exley (organisation caritative Equality Trust) : « Nous sommes le pays au monde où les inégalités sont les plus prononcées, et ce fait devrait nous faire honte » (Libération, 07/05). De 2005 à 2015, « le top 1 % de la population britannique s'est enrichi de 100 % » : non dans l'économie réelle, mais au casino global. Comme dit aussi le pape François, il serait temps de cesser de croire niaisement « dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant ».
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* Ce genre de contrat prétend dissuader les managers d'aller chez la concurrence. Au vu des résultats de M. Varin, en faire cadeau à la concurrence eût été plutôt une arme pour PSA.
** Les membres de la rich list britannique en 2015 ont au moins 100 millions de livres (136 millions d'euros). En 2014, c'était 85 millions.
10:37 Publié dans Economie- financegestion | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : économie
Commentaires
'LIMITE'
> C'est peut-être le bon post pour vous demander si vous avez quelconque atome crochu avec ce nouveau projet ?
https://twitter.com/RevueLimite
Ou si cette tendance-ci vous semble encore trop frileuse avec l'écologie non spécialement chrétienne.
P.
[ PP à P. - Je les connais et je les encourage. ]
réponse au commentaire
Écrit par : perlapin / | 07/05/2015
IMAGE
> J'ai cliqué sur le lien "revue Limite" posté par Perlapin et suis assez surpris d'y trouver un logo (une jeune fille en bandana criant un slogan) qui fut longtemps, et reste encore sous diverses variantes, celui d'un groupuscule formé autour de la revue "Rebellion" fondé il y a plus de 10 ans par des admirateurs toulousains de Limonov et de son parti national-bolchevique, soutenu par Alain de Benoist et compagnons de route plus ou moins critiques de Soral. J'espère qu'il ne s'agit que d'une coïncidence, ou d'un détournement volontaire, mais en ce cas dans quel but? ( voir le site rebellion.hautetfort.com).
Guigui
[ PP à Guigui - Posez-leur la question, mais :
1. je passe mon temps moi-même à détourner des images, sans importer leur idéologie avec ;
2. pour connaître un peu les animateurs de cette nouvelle revue, je peux garantir que ce n'est pas leur couleur ! ]
réponse au commentaire
Écrit par : Guigui / | 07/05/2015
QUELQUES DIZAINES DE PERSONNES
> Même si Varin n'a pas été si mauvais que cela,[ses "erreurs" stratégiques" étant 1- d'avoir beaucoup moins délocalisé que d'autres, Renault ou Volkswagen par exemple 2-d'avoir subi l'effet des sanction contre l'Iran], on ne peut qu'être perplexe sur ces rémunérations et, derrière ceci, le mode de désignation des dirigeants des grands groupes.
Ceux-ci , pourtant bien occupés, sont présents dans plusieurs conseils d'administration et se tiennent mutuellement par la barbichette.
C'est donc un milieu extrêmement réduit de quelques dizaines de personnes se cooptant. C'est ce mécanisme qui serait intéressant à bien connaître.
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/05/2015
FIGARO
> Intéressant article du 'Figaro' sur le sujet: http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/05/07/20002-20150507ARTFIG00355-les-salaires-des-patrons-du-cac-40-de-plus-en-plus-contestes-par-les-actionnaires.php
Je retiens ceci:
«Lorsque les résultats de l'entreprise sont bons, la direction explique que c'est parce que le président a été performant. Mais quand ils sont mauvais, c'est à cause du contexte économique défavorable et donc que le patron n'y est pour rien. Et malgré cela, le variable du président augmente quand même. C'est incompréhensible pour les actionnaires.»
Pile je gagne, face tu perds.
C'est un beau métier que celui là: irresponsable sur toute la ligne.
Que demander de plus ?
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Écrit par : ND / | 07/05/2015
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