31/03/2015
L'esprit de la Semaine sainte
"Ce Messie crucifié qui, depuis les origines, est folie pour les païens, reste, aujourd'hui, plus folie que jamais..." :
<< Qu'est, en effet, la croix sans transcendance, sinon absolu non-sens ? Elle qui ex-pose, elle qui est Exode absolu... La croix est crise de l'être dans toute sa largeur et dans toute sa profondeur. Elle est déroute de toutes les valeurs. Elle est faillite de toutes les logiques...
Ici la raison est impuissante... Comme si, dans le règne des libertés, les libertés seules gardaient pouvoir, sans aucune nécessité. Comme si la liberté ne pouvait être obligée par rien d'autre que par la gratuité. Comme si, pour être sauvée, une liberté était réfractaire à tout sauf à l'anéantissement de l'autre pour elle... Face à la solidarité d'iniquité, rien d'autre ne peut sauver que la solidarité de grâce nouée dans la communion mystique au Corps du Christ mort et ressuscité.
A partir du Christ, avec Lui et en Lui, le profond mouvement de la kénose* est profond mouvement de la vie mystique elle-même. Toi aussi tu dois connaître cette douloureuse rupture, cet exode hors de tes faciles euphories, cette traversée de ton néant, cette descente au-delà de toi, cette crucifixion qui te fait mourir pour ressusciter, divin, dans tes extrêmes profondeurs.
Quelles « valeurs », quelles créations, quels acquis, auront assez de poids pour traverser l'éternité ? A la stupéfaction de tous, cela se trouvera tout en bas de la divine descente, dans les bas-fonds de la kénose. J'ai eu faim. J'ai eu soif. J'étais malade. j'étais en prison... J'étais dans la détresse. Tu es venu. Tu as partagé. Tu as soulagé. Là est née Agapè pour l'éternité. >>
Gérard Esbach o.p.
(Jean Tauler – la naissance de Dieu en toi, OEIL 1986)
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* Kénose - "Du grec kenosis, dérivé de kenoô : vider, exténuer, réduire à rien. Etat d'abaissement du Christ tel qu'il est présenté dans Philippiens 2,7. St Paul y observe que le Verbe, dans l'Incarnation, a abandonné sa condition d'égalité d'honneur avec Dieu pour apparaître dans une condition de créature, c.-à-d. de dépendance totale, ou de servitude, envers Dieu, et ceci jusqu'à la mort, et à la mort humiliante de la croix." (Dictionnaire des mots de la foi chrétienne, Cerf 1989).
16:03 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Tags : christianisme, semaine sainte, pâques