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31/03/2015

"L'économisme a remplacé la politique..."

Constat du sociologue Jean Viard :

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<< L'économisme a remplacé la politique, qui est bien autre chose qu'une croissance du PIB ou même un taux de chômage. Il est urgent d'observer, au plus près, les évolutions de nos vies privées pour penser autrement le monde du travail et de la politique. Chacun de nous est devenu mobile et souple, discontinu dans ses amours, ses logements, ses emplois, ses divertissements et ses convictions, mais l'ordre politique, lui, est de plus en plus rigide, bureaucratique, législatif. Le monde du travail est inégalitaire au possible, avec des emplois à vie  face à  des  emplois  à  la  journée ;     800 000 mamans délaissées vivent sous le seuil de pauvreté avec plus de 1 million d'enfants. Des territoires entiers se vivent abandonnés faute de discours et de politiques clairs sur les nouvelles relations entre puissantes métropoles, « quartiers » et ruralité... Et que penser de la vie vide que nous offrons à nos jeunes de banlieue ? Que penser d'un culte absurde de la longue durée du travail avec cinq millions de chômeurs ? >>

                                                                                       (Libération, 31/03)

 

Des moeurs privées aux moeurs publiques, c'est un tableau de la société telle que l'ont formatée les vingt-cinq dernières années. D'où vient ce formatage ? Du "nouvel esprit du capitalisme", puisque le modèle économique est devenu seul facteur déterminant dans le monde occidental. Viard ne le dit pas clairement. On lui connaît d'ailleurs un goût pour certains mythes des nineties ayant contribué au formatage : l'adaptabilité de l'individu au modèle économique, le surmoi "entrepreneurial", le slogan – usé – du "glocal"...

Mais puisque Viard est capable (contradictoirement) de prôner la politique, qui selon lui est "bien autre chose" que l'économisme, il devrait se demander pourquoi l'économisme a remplacé la politique ; et pourquoi la politique s'est laissée remplacer !  Le résultat de ce remplacement* est sous nos yeux :

- une politique devenue théâtre d'ombres**,

- des politiciens élus par un très petit nombre de votants,

- et le face à face convulsif entre des populations désemparées et des "dirigeants" abouliques. Un face à face qui devient dos à dos, puisque la moitié des Français ont refusé de voter le 29 mars.

 

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* L'économisme à la place du politique : voilà le vrai « grand remplacement », celui qui rend insolubles les problèmes d'aujourd'hui. D'où l'ineptie du slogan libéral « l'adversaire c'est l'Etat » (toute forme d'Etat) : ineptie parce que la « rigidité bureaucratique » (Viard) n'est pas l'Etat mais sa dégénérescence, parfaitement compatible avec l'économisme et ses algorithmes. Et que, sans Etat, la société libérale sera une guerre de tous contre tous.

** Ombres vides de sens, même et surtout lorsqu'elles sont surdimensionnées par les médias. L'article de Viard s'intitule judicieusement L'adieu au 11 janvier.

 

Commentaires

SUR LE DOS DES SALARIÉS

> L’économisme, tel que nous l’observons, consiste en l’occurrence à spéculer financièrement sur le monde du travail (et le dos des salariés), au profit des entreprises et en définitive de la Bourse.
Cet économisme prospère au gouvernement sous la houlette de Manuel Valls et d’Emmanuel Macron. Multiplication des emplois pas chers, baisse du coût moyen du salarié français. C’est la méthode Schröder, une politique qui va augmenter considérablement en France le nombre des prolétaires.
Ceux-ci, bien évidemment, ne voteront pas socialiste, comme du reste les victimes de l’ancien chancelier social-démocrate allemand se sont tournées vers le camp conservateur, lequel les a définitivement escroquées en tuant toute opposition, avec ses « grandes coalitions » droite-gauche (CDU-CSU et SDP) de 2005 puis de 2013.
A se demander d’ailleurs si MM. Valls et Macron – la montée du Front national aidant (et aidée) – ne caressent par un projet similaire !
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Écrit par : Denis / | 31/03/2015

FAISCEAU

> Ca fait plaisir de voir que certains ont trouvé des petites choses rigolotes, ça me permettra d'oublier que ma première idée a été un avion en piqué.
Merci aussi à PP de nous avoir décodé les intentions des concepteurs et de nous avoir apporté d'autres renseignements, améliorant ainsi notre culture.
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Écrit par : Bernadette / | 31/03/2015

LE PATRON D'AIR FRANCE

> Je ne comprends pas votre indignation. Puis-je me permettre de rappeler que l'économisme réformateur et moderne à tout prix et à tout coût est la condition sine que non pour rattraper le retard inacceptable de la France sur les grandes nations ? Un bon exemple via le patron d'Air-France KLM, dans sa causerie aux Entretiens de Royaumont. Outre la richesse de vocabulaire, la maîtrise grammaticale et l'aisance rhétorique du personnage, vous aurez droit à des arguments auxquels vous serez bien contraint de vous ranger. Ne vous cognez pas tout si vous avez l'estomac fragile : penchez-vous seulement, en 4:55, sur ses propos sur le travail des enfants. Vous serez bien contraint d'en conclure que le capitalisme décomplexé est une chance pour l'humanité et que les attaques anti-libérales sont des hystéries de parasites et de bons à rien.

https://vimeo.com/116748738

PS : je signais autrefois simplement "Christian", mais j'ai depuis quelque temps un homonyme sur le blog, j'ajoute un patronyme !
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Écrit par : Christian Vennec / | 01/04/2015

AMALGAME

> Un effet collatéral de cette dérive : des "articles du 1er avril" de plus en plus difficiles à distinguer des "sérieux" (entre guillemets, of course) ...
http://www.latribune.fr/economie/france/les-35-heures-c-est-fini-465560.html#xtor=AL-13
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Écrit par : Feld / | 01/04/2015

PROBLÈME

> Tiens, après la condamnation des curés et des octogénaires qui distribuent du pain aux clochards malgré les interdictions municipales dans les villes bourgeoises américaines, il était temps de s'en prendre au déjeuner des enfants pauvres.
http://nymag.com/daily/intelligencer/2014/03/paul-ryan-free-lunches-make-kids-soulless.html
Le problème, c'est que quand les gosses seront de nouveau à l'usine, comme le veulent Newt Gingrich et le président d'Air France-KLM, il faudra quand même bien les nourrir un tout petit peu, sinon la main-d’œuvre ne tiendra pas longtemps... Dilemme !
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Écrit par : Christian Vennec / | 06/04/2015

Les commentaires sont fermés.