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11/03/2015

Maintenant Porochenko tente de calmer Washington !

 Char américain en manœuvreétats-unis,russie,ukraine

  Victoria Nuland, la 'neocon' d'Obamaétats-unis,russie,ukraine

Kiev reconnaît que les rebelles retirent leurs armes lourdes, mais Washington parle désormais un langage de guerre :


 

  

Washington débarque des blindés et des troupes en Lettonie, vers la frontière russe ! Ce fait se double d'une fièvre de langage des officiels américains : affirmant que la Russie envahit l'Ukraine et menace les pays baltes, leurs informations « sorties de nulle part » (selon le ministre russe Lavrov) sont un discours de casus belli. Londres surenchérit, jouant comme d'habitude le rôle de provocateur* : «  Poutine sape les règles de la paix en Europe », clame le ministre conservateur Hammond. Et d'enchaîner sur « Munich 1938 », comme si Moscou avait l'intention d'attaquer l'Ouest... Sans oublier le rôle du Polonais Tusk, homme de Washington à la tête de l'UE.

La manoeuvre américaine assujettit les Européens politiquement, au moment où le TTIP va les assujettir économiquement. Elle ne vise sans doute pas – souhaitons-le ! – à déclencher une guerre ouverte avec la Russie. Mais elle peut la déclencher, puisqu'elle consiste à la frôler et qu'elle en prend délibérément le risque.

Ainsi Washington plongerait l'Europe dans une guerre pour les seuls intérêts américains : la guerre que l'on avait réussi à éviter en 1950-1960 (quand l'URSS était une menace globale), éclaterait en 2015, quand la Russie cherche simplement à ne pas se laisser encercler par l'Otan ! Encerclement que les Etats-Unis construisent ouvertement depuis 1993, après avoir promis en 1991 de ne pas le faire.

Il faut écouter la propagande de guerre émise par la voix grinçante de Victoria Nuland, sous-ministre de M. Obama aux affaires européennes : la manipulatrice du putsch de Maïdan en 2014, celle qui disait à son ambassadeur à Kiev : « fuck EU ! ». Or Mme Nuland est la femme du plus dangereux des bellicistes neoconservative : Robert Kagan, concepteur dès 1998 de l'invasion de l'Irak**, installé aujourd'hui à Bruxelles... Depuis quelques jours, elle parle un langage encore plus violent que le général Dempsey. Affirmant – sans aucune photo satellite – que « des milliers de soldats russes » sont déployés dans le Donbass, elle suggère qu'une invasion si massive appelle une contre-invasion américaine. C'est avec ce genre de bidonnages que l'on déchaîne les cataclysmes.

Le plus extraordinaire, c'est que le président de Kiev, Petro Porochenko, tente de calmer les Américains ! « Nous constatons que les rebelles soutenus par la Russie ont retiré une partie considérable de leurs armes lourdes », soulignait-il à la télévision ukrainienne le 9 mars, parlant « d'avancées majeures dans l'application des accords de Minsk 2 ». M. Porochenko sait que l'Ukraine est au bord de l'effondrement économique...

C'est le moment que Washington choisit pour franchir une ligne rouge dans l'escalade verbale, et déployer une force d'intervention blindée à proximité de la frontière russe. L'opération s'intitule Atlantic Resolve : tout un programme. Son premier résultat est de démanteler le système de concertation militaire est-ouest : se considérant comme provoqué par Atlantic Resolve, le Kremlin annonce qu'à compter d'aujourd'hui 11 mars, il se retire provisoirement du traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE).

Counterpunch, le mensuel US d'Alexander Cockburn, lance l'alerte : http://www.counterpunch.org/. Selon ce magazine anti-establishment, Washington estime que le monde ne devrait pas contenir une chose comme la Russie mais seulement les Etats-Unis, « Etat hégémonique comptant plus de mille bases militaires à travers la planète, onze groupes navals et un budget militaire dépassant celui des autres grands pays ».

Pourquoi Washington veut-il la peau de l'Etat russe ? Parce que le président russe « a osé faire face à l'empire américain, ses doubles standards et son mépris des autres pays, cultures et valeurs ». Poutine est inacceptable aux yeux de Washington, en ce sens qu'il fait exister – par les moyens de la vieille realpolitik – une logique autre que celle de l'empire américain, alors que cet empire se croyait devenu depuis 1991 l'horizon indépassable de la planète. D'où l'offensive anti-russe de Washington, amorcée dès 1993, mais réellement déployée depuis la première élection de Poutine (2000)... Selon Counterpunch, « les efforts conjugués de l'Otan et d'une UE encore plus belliqueuse, afin de s'élargir jusqu'aux frontières russes, n'ont rien à voir avec la démocratie : ils constituent la propagation du pouvoir impérial sous couvert de démocratie. »

« Washington préparait depuis 1994 la venue de forces pro-américaines au pouvoir en Ukraine », expliquait l'ex-agent de la CIA Scott Rickard en mars 2014. Le magazine de gauche américain n'hésite pas à dire que Washington (coiffant Bruxelles) a parrainé le putsch de Maïdan en février 2014, et que la réaction géopolitique de Moscou était inéluctable. Il souligne que Mme Nuland était à Kiev peu avant le putsch. Ajoutons qu'elle ne se cachait pas de téléguider le très extrémiste futur Premier ministre Iatseniouk (qu'elle appelle affectueusement « Iat' »), épaulé par des troupes de nostalgiques de 1941... Les enregistrements téléphoniques ont été divulgués et jamais démentis.

Commentaire de Counterpunch : « Imaginez ce qui arriverait si des hommes politiques russes allaient au Mexique appeler un mouvement anti-américain à renverser le gouvernement élu et à le remplacer par des dirigeants pro-russes. Et si ce mouvement était en outre animé par des nazis, imaginez quelle serait la réaction des Etats-Unis ! » Dans une interview à CNN, le 2 janvier 2015, Obama a commis un lapsus révélateur en disant que les USA avait pu « faire transférer » le pouvoir ukrainien en des mains alliées, un an plus tôt.

Le résultat est le chaos. C'était peut-être le but recherché. Comme au Proche-Orient... Souvenons-nous que ce chaos (au travers duquel enfoncer les lignes d'acier du pouvoir impérial) est prôné par la stratégie de la déstabilisation permanente, théorie des néoconservateurs*** qui reviennent autour d'Obama après avoir tiré les fils de GW Bush.

 

______________ 

* Cf. les mensonges de Tony Blair en 2003 sur Saddam Hussein.

** M. Kagan avait écrit au président Clinton dès le 26 janvier 1998, pour lui expliquer que l'invasion de l'Irak était nécessaire aux intérêts américains. S'en sont suivis 2003 et le le chaos actuel. L'épouse de M. Kagan veut faire la même chose en Russie.

*** ici le mot « conservateurs » est un mensonge radical : les neocons ne veulent rien conserver, mais tout déstabiliser, condition du maintien du pouvoir mondial des USA dans les conditions du XXIe siècle. (Menteurs aussi, quoique différemment, les « libéraux-conservateurs » français : ils sont à la fois partisans du système économique et opposés en paroles à certains de ses effets sociétaux).

 

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Commentaires

INFORMATIONS

> Comment se fait-il que vous annonçiez des choses aussi grave... que les troupes américaines
soient déployées en Letonie vers la frontière russe.... C'est une déclaration de guerre....et
aucun journaux n'en parle !Je suis perplexe.....votre blog est sérieux alors?

Béatrice Péters


[ PP à BP - Tout le monde sait que des manoeuvres militaires américaines ont commencé depuis 48 h dans les pays baltes. Je vous rappelle aussi que je n'ai pas parlé de "déclaration de guerre", mais de manœuvre périlleuse... ]

réponse au commentaire

Écrit par : Péters Beatrice / | 11/03/2015

TROTSKISTES

> Si "même" M. Porochenko reconnaît que le cessez-le-feu commence à prendre effet, l'avantage est que les menées américaines ont des chances d'être mises en évidence.
Mais l'inconvénient, dans ce cas, est que M. Porochenko risque d'avoir maille à partir avec quelques mouvements "populaires" et "spontanés".
Votre note sur le caractère "conservateur" des "néocons" est des plus pertinentes : en cherchant le biographie de quelques-uns de leurs représentants, on trouve souvent une jeunesse révolutionnaire, à tendance trotskiste - goût pour la révolution mondiale ?
L'article de "Counterpunch" dont vous fournissez le lien amène lui-même à lire un article fort intéressant du "Spiegel" où il est question de l'embarras dans lequel sont plongés certains responsables européens (allemands notamment) et même de l'OTAN par l'attitude de l'aimable Mme Nuland et d'un tout aussi exquis général Breedlove :
http://www.spiegel.de/international/world/germany-concerned-about-aggressive-nato-stance-on-ukraine-a-1022193.html

SL


[ PP à SL:
- Sur Porochenko et les menaces qui le visent de la part des bataillons nazis ukrainiens : un article récent de 'USA ToDay' relate l'état d'esprit de ces nazis et leur désir de marcher sur Kiev. C'est l'un des éléments de l'atmosphère kiévienne en ce moment, dont nos médias parisiens refusent de parler.
http://www.usatoday.com/story/news/world/2015/03/10/ukraine-azov-brigade-nazis-abuses-separatists/24664937/?utm_source=feedblitz&utm_medium=FeedBlitzRss&utm_campaign=usatodaycomworld-topstories

- Vous avez raison de souligner les antécédents trotskistes des Neocons américains. Ce facteur explique non seulement leur polarisation obsessionnelle sur la Russie, mais la nature même de leur idéologie : la déstabilisation permanente remplace la révolution permanente. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Sven Laval / | 11/03/2015

PAS FORCÉMENT

> En envoyant des drones et des blindés outre- Atlantique, les Etats-Unis vont faire, en somme, la même chose que ce que font déjà les Russes en Ukraine. Histoire de montrer ses biceps. Mais cela n'aboutira pas forcément à l'affrontement armé.

Blaise


[ PP à Blaise - "Pas forcément", en effet. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise / | 12/03/2015

INGLORIOUS BASTERDS

> Mur du son enfoncé dans 'Libération' aujourd'hui 12/03, à propos de la Lettonie... où se déploient en ce moment blindés et fantassins américains :
"Prochaine date marquée par un feu clignotant : le défilé annuel du 16 mars des anciens de la légion lettone de la Waffen-SS, considérés par les nationalistes lettons, malgré leurs crimes, comme des combattants pour l'indépendance du pays."
"No comment", disent Victoria Nuland, le général Dempsey et le général Breedlove : inglorious basterds.
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Écrit par : trofim / | 12/03/2015

@ Blaise

> On va pas jouer au "cékikakomencé", cependant, il semblerait tout de même en matière d'initiative de déstabilisation et d'armement de l'Ukraine, Washington ait quelques longueurs d'avance sur Moscou. Il y a un petit bout de temps que des drones made in USA & Co font des ronds dans le ciel ukrainien. L'aviation de l'Otan également...
Il faudrait voir à ne pas inverser ni les préséances, ni les responsabilités.
En l'occurrence, l'attitude provocatrice et belliciste incombe très clairement à Washington. Oui, c'est parfaitement débile comme attitude, incompréhensible et parfaitement illogique, mais c'est la triste réalité.
Les faucons (de vrais...), à force de titiller la queue de détente, pourraient bien faire partir le coup fatal (d'autant qu'en Russie il y en a quelques-uns qui rêvent de revanches sur l'Ouest qui les a traînés plus bas que terre).
Non, une guerre n'a rien d'improbable quand on constate l'attitude lamentablement servile des pays de l'UE qui ont abdiqué toute réflexion autonome en même temps que toute souveraineté nationale.
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Écrit par : Réginald de Coucy / | 13/03/2015

OBAMA

> Obama a-t-il encore un poids? quand on voit le camouflet qu'a constitué le discours de Netanyahou au congrès, on est dubitatif.
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Écrit par : Pierre Huet / | 14/03/2015

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