06/03/2015
Face à l'antichristianisme de droite
...le réveil est urgent :
Nous avons déjà parlé du "refus de comprendre", propre à un certain public face à la rénovation de l'Eglise incarnée par le pape François.
Ce refus vient d'une posture psychique. Un certain public de droite souffre de confusion dépressive : son syndrome prend pour objet non seulement le religieux, mais tous les aspects de la vie en société. Tout voir en termes de menace, de perte, de lésion ; se poser en victime, cultiver des soupçons, chercher des significations cachées. Croire toutes les rumeurs du moment qu'elles sont malveillantes... Le conservateur ne comprend pas que l'Eglise veuille évangéliser le monde nouveau : il soupçonne cette mise à jour d'être un reniement.
Mais un reniement de quoi ? Ce public qui se dit "fidèle" ne place peut-être pas sa fidélité où il le croit. "Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur" (Matthieu 6:21) ... Où est le trésor des conservateurs ? On peut se le demander, lorsque l'on constate, au fil du web ou des "débats", l'absence de réaction de catholiques de droite face à des choses qui viennent d'une autre droite, christophobe celle-là, et qui devraient les faire sursauter. Pourquoi ferment-ils les yeux ? Parce qu'il y aurait plus important que l'Evangile ? mais quoi ? "l'urgence d'unir toutes les droites", même celles qui haïssent le Christ ?
Et les unir autour de quoi ? des "valeurs" ? Ce mot-là est à désinfecter. Il cache trop d'ambiguités toxiques. L'heure vient de se rendre compte que la cathophobie existe aussi à droite ; et que la cathophobie de droite est plus insidieusement contagieuse – pour des jeunes catholiques sans méfiance depuis 2013 – que la cathophobie de gauche. En outre elle repose sur un argumentaire menteur mais efficace : un storytelling pseudo-historique, déployé sans opposition dans un jeune public que ses études, hégémoniquement commerciales, n'ont pas immunisé dans ce domaine.
Il faut réarmer intellectuellement, moralement et spirituellement les milieux catholiques français face à ce qui les infiltre sur leur droite ! Nous y reviendrons.
19:50 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : droite
Commentaires
UNION DANS LA CONFUSION
> Les « valeurs », il y a même un magazine de droite qui s’appelle ainsi, – ce qui lui permet de jouer à fond sur l’ambiguïté sémantique : un tel mot désignant aussi bien les qualités propres à un être ou à une chose, les idéaux qui ordonnent la vie sociale et le jugement moral, que l’estimation du prix d’un bien marchand (et par analogie, en peinture et en musique, des degrés d’intensité ou de durée relatifs).
L’union des droites se fait donc au prix de la confusion des esprits, et pour le plus grand profit d’hommes et de femmes politiques en mal de réélection, ou de journaux en quête d'un lectorat évanescent.
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Écrit par : Blaise / | 07/03/2015
ANTICHRISTIANISMES
> Oui tout ceci est exact.Concernant la rumeur, je pense en particulier au succès dans les milieux cathos de celle qui concerne actuellement un emprisonnement supposé d'un fils Taubira pour meurtre (fausse info qui cache sans doute un scandale d'abus de pouvoir de ladite dame remontant en 2001 et concernant une condamnation plus vraisemblable d'un de ses fils pour complicité de vol ...).
Mais la crédulité de bon nombre de nos coreligionaires en la matière est navrante ...
Cela dit,il ne faut pas oublier pour autant un antichristianisme de gauche plus virulent que jamais, en particulier depuis le 7 janvier. Une lecture critique et approfondie de l'interview de Mélenchon dans "face aux chrétiens" de jeudi dernier serait bien révélatrice:c'est un monument !
girondin
[ PP à G. - L'antichristianisme de gauche étant attaqué jour et nuit sur nombre de sites de droite, les catholiques ne risquent pas de "l'oublier" ! ]
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Écrit par : Girondin / | 07/03/2015
ADULTES
> Comme je ne pratique guère, à une exception très épisodique près, les sites catholiques "de droite", c'est bien aux lecteurs de 'plunketthautetfort' que je m'adressais : je n'aimerais pas les voir finir hémiplégiques !
Girondin
[ PP à G. - Faites-leur confiance. Ils sont adultes. ]
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Écrit par : Girondin / | 07/03/2015
BRITISH
> L'anthropologue Talal Asad a étudié le discours sur les "valeurs" de l'Occident libéral, en relation avec son altérité musulmane. Son terrain d'investigation était l'Angleterre au moment de l'affaire Rushdie. Dans ce contexte, les "valeurs" du libéralisme étaient revendiquées comme les traits constitutifs de l'identité nationale, qualifiée d'« Englishness », ou plus largement de « Being British ».
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Écrit par : Blaise / | 07/03/2015
AU QUÉBEC
> Pas d'accord en ceci : la confusion entre droite traditionaliste, et/ou religieuse, morale, des valeurs etc... et droite économique, fiscale, libérale etc. n'a plus cours depuis fort longtemps, au moins depuis la fin de l'ère Reagan, en tous cas depuis Bush père où pour ma part j'ai commencé à voir clair.
C'est peut-être différent en France mais au Québec je ne connais personne qui soit un catholique conservateur ou traditionaliste qui s'y trompe encore: les deux partis de gouvernement qui se disputent l'extrême-centre ont chacun leur tour clairement répudié les voeux de ces catholiques depuis 20 ans.
Il faut dire qu'ici, le spectre du communisme n'offre plus un drapeau sous lequel un politicien pourrait rassembler des électeurs apeurés depuis une bonne trentaine d'années; en France l'histoire est différente. Mais, la France n'est pas le monde et donc, cela ne sert à rien de prétendre expliquer les préoccupations des catholiques en général à partir de ce que vous observez chez vous.
Benoît
[ PP à B. :
- Mais non, je ne prétends pas du tout généraliser ! La planète catholique est bien trop complexe pour qu'on puisse se le permettre... C'est en France que je constate la confusion entre le "conservatisme catholique" (qui est d'ailleurs autre chose que le traditionalisme) et l'idéologie économique libérale.
Confusion qui elle-même n'a débuté qu'au tournant des années 1980, et qui pourrait peut-être commencer, petit à petit, à se dissiper (à condition que les notables intello-catholiques français veuillent bien cesser de brouiller les pistes).
Il faut observer que la confusion catholicisme-libéralisme existe aussi aux Etats-Unis : d'où la violence de l'opposition au pape François dans ce pays.
Je me réjouis d'apprendre que cette confusion a disparu au Québec, en dépit de l'influence étatsunienne ! ]
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Écrit par : Benoît / | 07/03/2015
"CONSERVATEURS"
> D'ailleurs, les journalistes associent presque toujours les mots « conservateurs » et « catholiques ». C'est devenu chez eux un quasi automatisme.
Blaise
[ PP à Blaise :
- Il leur arrive aussi de parler de "catholiques progressistes" (devenu synonyme de "gay friendly"), ou de "catholiques réformateurs" (synonyme d' "agnostiques").
- "Conservateur" fait partie des mots à désinfecter en 2015. Il est pollué par son emploi simultané dans trois acceptions différentes, voire incompatibles. Sans compter le cas particulier du catholicisme, où il prend encore d'autres significations, variables selon le "lieu d'où l'on parle" : il peut vouloir dire "catholique croyant au Credo" (ce qui aurait un sens par opposition à "catholique progressiste") ; ou "catholique attaché à des formes sociales vieillies" (ce qui voudrait dire aveuglement) ; ou "catholique voulant imiter les 'conservateurs' américains" (ce qui ferait d'eux une simple subdivision de l'américanolâtrie hexagonale) ; etc. ]
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Écrit par : Blaise / | 08/03/2015
MOTS PIÉGÉS
> Tous ces mots sont piégés; cela fait penser à l'accusation portée contre Lubac, Congar, Montcheuil, de proposer une "Nouvelle théologie", alors même qu'ils avaient une connaissance bien plus approfondie de la Tradition que leurs détracteurs néo-thomistes.
Il n'en reste pas moins vrai que le clivage conservateur/progressiste, lorsqu'on l'applique à la réalité ecclésiale, et plus encore lorsque certains s'en emparent pour s'auto-désigner eux-mêmes, trahit un grave malaise, une fracture profonde. Et c'est un problème de ce genre qui paraît menacer le bon déroulement du Synode sur la famille.
Blaise
[ PP à Blaise - je viens d'avoir sur Twitter un échange problématique avec un journaliste de la presse catho, qui continue (en 2015 !) à vouloir interpréter les actes du magistère en termes de "réactionnaires" ou "progressistes". Comme si nous étions en 1950... C'est déconcertant d'anachronisme. ]
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Écrit par : Blaise / | 08/03/2015
@ Blaise
> Exact. Le journal dont vous parlez pleure sur la famille fragilisée, pleurniche sur le matérialisme ambiant... mais fait de la pub pour le travail le dimanche !
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Écrit par : E Levavasseur / | 09/03/2015
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