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27/02/2015

L'esprit du Carême (2)

  “La mystique chrétienne culmine dans la rencontre” :

christianisme 


 

 

<< La joie de Dieu surabonde dans l'engendrement. Il trouve ses délices dans le débordement de la “famille” trinitaire. Aussi l'homme est-il appelé fils de Dieu. Fils non par nature, mais par alliance et par grâce. Dans l'Esprit. Avec le Fils uique, par Lui et en Lui. Lorsque, en Christ, parle mystère de l'Incarnation, le fils de Dieu s'identifie aussi absolument avec le Fils de l'Homme, la condition humaine connaît sa radicale mutation. En rupture avec la “naturelle” paganité, s'ouvre la condition nouvelle des enfants du Royaume. Miracle d'Agapè ! Transfiguration de toute la réalité humaine et transmutation de toutes les valeurs. Le Fils de Dieu, en s'incarnant, se livre à l' “impure” prolifération charnelle, et du coup la revêt de la gloire divine. Le Verbe, en s'incarnant, se compromet avec la parole de hommes, et par là lui permet de n'être pas indigne du mystère de Dieu.

Jésus, devenu en tout semblable à l'homme excepté le péché, manifeste corporellement la miséricorde de Dieu. Le Fils de l'Homme, en son incarnation, confond la “sagesse” par la folie de la croix. Le mal, non plus évacué par négation, non plus contourné par fuite, non plus occulté par illumination, mais assumé dans toute l'épaisseur de son scandale. Car Dieu ne joue pas avec le mal. La gravité du mal l'affecte infiniment. Ce mal qui n'est pas d'abord éparpillement de multiplicité, ni complication de matière, ni défectuosité de construction, ni confusion ontologique, ni défaillance mécanique, ni fatalité cosmique, mais, en ses ultimes profondeurs, refus de l'Amour, ce mal ne peut mourir que crucifié avec Agapè. Dès lors, entre le mystère joyeux et le mystère glorieux de la mystique chrétienne, ne peut pas ne pas se célébrer, folie pour la mystique païenne, le douloureux mystère de la Rédemption.

C'est l'Autre qui sauve. Le salut n'est pas dans la recherche de la plénitude de soi, ni dans la conquête du vide de cette plénitude. Car en ces recherches et ses conquêtes n'est jamais visé que le “même”. La mystique chrétienne ne culmine pas dans l'illumination, ni dans la béance de l'illumination, mais dans la rencontre. La rencontre célèbre l'irruption de l'Autre qui vient par grâce. L'Autre, et avec lui tous les autres. Ils viennent déranger.

Contre cette irruption, jouent les mille défenses païennes en quête d'un absolu immobile, pur et impassible. Mais tel n'est pas l'absolu chrétien qui s'appelle Amour...

Agapè est finalement le discernement absolu. La Charité est l'ultime critère d'une mystique authentiquement chrétienne. >>

 

Gérard Eschbach o.p. : Jean Tauler – La naissance de Dieu en toi (OEIL 1986).

 

Commentaires

LE SALUT

> "Le salut n'est pas dans la recherche de la plénitude de soi"
C'est là que le christianisme est incompatible avec l'identitaire. Les cathos de droite peuvent réfléchir là dessus.
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Écrit par : angelo rossi / | 27/02/2015

@ angelo rossi

> Les identitaires et aussi tout croyant qui agit comme si Dieu était à son image et non l'inverse.
Identitaires, christo-guevaristes, nationaux-catholiques, cathos-mondains, catho-psychos (qui confondent bien-être et paix de l'âme), cathos-pépères (on ne veut pas d'histoire alors on fait comme si Dieu était bonnasse et nous demandait de rester dans notre coin).
Et je ne parle que des catholiques ; car honnêtement l'anglicanisme et les religions d'Etat en général, à quoi cela amène t-il fatalement malgré la pureté personnelle de bcp de membres de ces religions ?
La notion de "religion d'Etat" n'est pas compatible avec le catholicisme.
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Écrit par : E Levavasseur / | 27/02/2015

> Merci pour ce texte qui éclaire le "allez vers les périphéries" du pape.
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Écrit par : DV | 27/02/2015

Les commentaires sont fermés.