Le 2/02, NKM propose qu'on enlève des enfants à leurs parents. Le 4/02, elle exprime "ses plus vifs regrets"

Symptôme d'une classe politique aliénée au médiatique :

 

Comme nous l'avions deviné sans aucun mérite (il suffisait de s'informer*), la situation scolaire à Mulhouse n'a rien à voir avec la description faite par Mme Kosciusko-Morizet à BFM-TV : description suivie, de sa part, de la monstrueuse idée d'enlever des enfants à leurs familles. En réalité les « dizaines d'enfants arrivant en retard à l'école à cause de la prière » n'existaient pas... Il n'y avait eu qu'un seul cas, ce cas était résolu, et il n'était pas ce que Mme KM avait cru comprendre. Mais le mal était fait : elle s'était ruée sur l'occasion de prendre une posture médiatique, de parler comme une journaliste, de commenter « à chaud » une « actu », fût-elle imaginaire, sans doute pour « continuer l'esprit du 11 janvier » (souci que personne ne partage en dehors d'un micro-milieu parisien).

Voyant tout le monde protester contre elle,  Mme KM a tenté de tourner la page en disant qu'elle n'avait rien à ajouter. Le buzz ne cessant d'enfler sur Twitter, elle a dû se résigner à faire ce communiqué... qui persiste néanmoins à voiler la vérité :

« J'ai affirmé publiquement il y a deux jours qu'à Mulhouse certains parents préféraient amener leurs enfants à la prière plutôt que de respecter les horaires de l'école publique auxquels ils sont comme tout autre astreints. Ces propos sont inexacts et proviennent d'une mauvaise interprétation d'une conversation avec le maire de la ville sur la situation délicate dans laquelle se trouvent certaines de ses écoles... En réalité, les signalements pour les retards répétés en question sont le fait de parents qui, après convocation, ont expliqué que se rendant eux-mêmes à la prière, ils n'entendaient pas accompagner leurs enfants à l'heure à l'école. Je précise donc que contrairement à ce que j'ai déclaré sur la foi de mauvaises informations, seuls les parents sont concernés et aucunement les enfants... J'exprime mes plus vifs regrets aux personnes qui ont pu se sentir blessées par mes propos. »

Elle aurait pu préciser que l'affaire était remontée jusqu'au rectorat de Mulhouse, qui avait infligé un démenti radical à Mme KM : les faits se résumaient à un seul cas, dans une seule école, après quoi il y avait eu « rappel à l'ordre de la famille par le directeur », et ce cas ne s'était « plus jamais produit ».

 Mme KM commentant précipitamment une actualité fausse, c'est le même phénomène que François Hollande réunissant une conférence de presse pour dire n'importe quoi à propos de Léonarda. Ou qu'Alain Juppé se hâtant de parler contre Benoît XVI (« ce pape commence à poser un problème ») pour faire comme les médias... C'est un symptôme de la dégénérescence de la fonction politique : moins elle se soucie de l'avenir, plus elle dévie vers le commentaire d'actualité et la posture à chaud.

Il y a tout de même une différence. Sur la carrière professionnelle d'une journaliste, une bourde comme celle de Mulhouse aurait des conséquences. Sur la carrière de Mme la vice-présidente de l'UMP (autopersuadée d'avoir un destin national), cette bourde n'aura aucune conséquence. Nous sommes régentés par des insubmersibles.

 

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* Sur ma note du 3/02 - En ce qui concerne l'horaire de la prière de l'aube dans les mosquées de Mulhouse, je ne m'étais trompé que de dix minutes : elle n'a pas lieu à 6h40 mais à 6h50, précise M. Zaoui, président de l'Association des musulmans d'Alsace. Il en tirait hier la même conclusion que nous avant-hier : « si cette prière est invoquée pour justifier un retard, c'est faux, il faut chercher le problème ailleurs. » Mme KM n'a pas cherché.