Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/02/2015

Pour déniaiser les libéraux-libertaires

 25f9c1066090c2cfc95ede1724322a54.jpg

Aurélien Bernier (La gauche radicale et ses tabous, Seuil 2014) et Cécile Lafontaine (Le Corps-marché, Seuil 2015) dans le dernier numéro de La Décroissance :


 

1.  Le débat sur le libéralisme

 

Introduction par le journal :

«  Le capitalisme n'est pas qu'un modèle économique, c'est un fait total qui englobe toutes les dimensions de la personne et de la société. Derrière la croissance économique on trouve la société de l'illimité avec toutes ses traductions : écologique, économique, mais aussi culturelle. C'est le libéralisme avec ses versants “de droite” et “de gauche”. Est-il possible de sortir de ce schéma binaire, qui reflète plus un système qu'une opposition, pour traduire les idées de la décroissance en politique ? »

 

Extraits de la réponse d'Aurélien Bernier :

 << Faute de parvenir à se détacher de certains mythes (la “mondialisation heureuse”, la croissance, la construction européenne...), [la gauche] est aujourd'hui incapable de proposer un autre projet de société. >>

<< Dans un premier temps, le libre-échange n'était qu'un outil pour repousser les limites physiques du productivisme en créant de nouveaux marchés à l'étranger et en décuplant l'exploitation de ressources à bas coût dans le Tiers-monde. Puis il est devenu, à partir des années 1960, le vecteur de la mise en concurrence des peuples. La libre circulation des marchandises et des capitaux a non seulement permis de recadrer les pays du Sud après leur tentative d'émancipation de l'après Seconde Guerre mondiale, mais aussi de rogner, grâce au chantage aux délocalisations et à la compétitivité, les acquis sociaux dans les pays développés. Pour les imposer, il fallait démanteler les pouvoirs de régulation des Etats, c'est-à-dire transférer les pleins pouvoirs aux multinationales en passant par des organisations intermédiaires (l'Organisation mondiale du commerce, l'Union européenne....). >>

 

Cette analyse, explique Aurélien Bernier, « devrait amener la gauche à plusieurs conclusions » :

a) Le libre-échangisme (libre circulation des capitaux, délocalisations) est le verrou qui empêche toute alternative : « il faut donc du protectionnisme », ce qui implique de s'émanciper de l'OMC et de l'UE.

b) Le productivisme qui détruit l'environnement est l'un des deux moteurs du capitalisme (l'autre étant la spéculation) : « un projet de gauche radicale repose donc à la fois sur la démondialisation et sur la décroissance. »

La gauche libérale fuit ces deux constats : prisonnière du modèle global, elle est tétanisée de ne plus savoir « comment agir pour répartir les richesses ». Changer de modèle, relocaliser l'économie, pouvoir décider de nouveau « quoi produire, comment et pour qui », impliquerait de rompre avec l'UE et de lancer « un vaste programme de coopérations internationales »... Ce dont la gauche libérale est incapable par définition.

Posons une question : la gauche et la droite étant deux sous-produits du même système économique voué à l'implosion, comment contourner l'obstacle ?

 

 

2.   Le corps, « matière première de la croissance »

 

Etant libérale-libertaire, cette gauche n'est pas capable de s'émanciper de la posture des  réformes « sociétales » : enfumage des moeurs voilant les complaisances économiques et (anti)sociales de l'Elysée-Matignon ! Les libéraux-libertaires ne voient pas – ne veulent pas voir – les intérêts industriels derrière les revendications biotechnologiques du LGBT : la PMA de complaisance, la GPA, bientôt comme en Angleterre la manipulation génétique...

Il suffit pourtant de consulter le rapport de l'OCDE intitulé La bio-économie à l'horizon 2020, et que Céline Lafontaine résume ainsi : « Dans un monde où la croissance risque d'être ralentie par l'épuisement des énergies fossiles, le vivant est une nouvelle source de profit. La possibilité de le transformer et de le manipuler permettra de poursuivre la croissance. Dans ce cadre, les processus biologiques dans leur ensemble doivent être exploités. Les organismes vivants sont considérés comme une ressource renouvelable et non polluante grâce à laquelle la croissance infinie peut continuer... »

L'entretien avec Cécile Lafontaine, comme le débat sur le libéralisme auquel participe Aurélien Bernier, sont à lire in extenso dans le numéro de février de La Décroissance.

  

 

  à suivre :  Pour déniaiser les libéraux-conservateurs.

 

Commentaires

PAS D'ACCORD

> Je note ceci : "pouvoir décider de nouveau « quoi produire, comment et pour qui »"
Ca fait un peu ex-URSS... Vu ce que ça a donné, je doute qu'un État tout-puissant chargé d'un contrôle total sur les productions du pays soit une meilleure solution.
En fait, vous parlez de contourner l'obstacle et vous avez raison : ni la gauche ni la droite n'ont la solution. Pas seulement parce que la gauche serait paralysée, mais parce que le contre-modèle dont elle dispose - à savoir le modèle socialiste - a déjà fait les preuves, je pense, de son échec.
Finalement, on revient toujours à la morale et donc à Dieu. L'Église n'est pas contre le libre-échangisme, elle est contre l'idole argent que prétend servir le libre-échangisme.

Xavier


[ PP à Xavier :
L'équivalent de l'URSS en 2015, c'est l'usine à gaz ultralibérale euro-atlantique, son gigantisme croissant, son mythe de l'illimité et sa fuite en avant permanente dans l'artificiel. Autant de traits communs au "socialisme réalisé" et au "libéralisme réalisé"...
L'URSS est morte de son artificialité.
Le casino financier en mourra identiquement.
Quant à "quoi produire, comment et pour qui", ça peut signifier une économie de proximité, relocalisée, revenue à taille humaine ! Tout le contraire de la planification soviétique...
L'Eglise ne serait pas contre le modèle économique actuel ? Je vous suggère de lire l'exhortation apostolique 'la joie de l'Evangile', paragraphes 53 et suivants : c'est loin de se réduire à de la morale. Le pape s'en prend aux structures de ce modèle et à la personne même de ses dirigeants. Quand un modèle économique est devenu structure de péché, on doit le changer !
Et ça, la morale n'y suffira pas ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Xavier / | 04/02/2015

LA CLASSE DOMINANTE

> "La Décroissance", (presque) toujours le ton juste et de la suite dans les (bonnes) idées. A noter également dans ce numéro l'évocation de la violence qui s'étend aussi au sein de la "contestation radicale": agression par un groupe LGBT contre Alexis Escudero,de Pièces et Main d'Oeuvre, et contre Marie-Jo Bonnet, pourtant dirigeante des "Gouines Rouges" (si, si, ça a existé!) dans les années 70, au motif pour ces deux dangereux réacs quasi-nazis de leur opposition à la GPA ; commando de "vegans" qui détruit le stock de viande prévu pour un banquet anarchiste etc...
Et aussi, deux bons articles critiques sur Charlie-Hebdo et l'unanimisme douteux qui a suivi le massacre du 7 janvier, en particulier celui de Vincent Cheynet. Après avoir rappelé que Charlie-Hebdo "n'a jamais hésité à s'en prendre avec la plus extrême violence symbolique aux personnes qui ne partagent pas son point de vue" et le soutien apporté à la guerre en Irak, à l'Européisme et l'Atlantisme de Philippe Val et de ses amis Fourest et BHL, choses que nous savons déjà tous sur ce blog, Cheynet conclut:
"Charlie-Hebdo était aussi devenu un des organes de l'idéologie dominante et incarnait la ligne "il est interdit d'interdire" fondement du libéralisme. Alors pourquoi ce déchainement politico-médiatique? réponse: c'est la classe dominante qui a été atteinte cette fois-ci. Apeurée, elle s'est déchaînée pour intimer à l'ensemble de la société de réagir".
On ne saurait mieux dire...
______

Écrit par : grzyb / | 04/02/2015

LA MÊME CHOSE

> à Xavier et PP - On ne peut pas distinguer l'outil et le péché, car c'est la même chose.
En effet, le culte de l'idole Argent c'est l'idolâtrie de l'outil. Adorer l'objet est la définition même
de l'idolâtrie. Or le libéralisme n'est rien d'autre que le culte de l'Argent, puisqu'il substitue en pratique la valeur vénale à toutes les autres valeurs.
______

Écrit par : Le Balp / | 04/02/2015

à GT

> d'accord, je coupe deux lignes !
______

Écrit par : PP à GT / | 04/02/2015

L'EURO

> La gauche française s'est complètement plantée, Aurélien Bernier l'explique très bien. Malheureusement je crois que Syriza est en train de se planter aussi. La restructuration de la dette grecque est sans doute une très bonne opération pour Mathieu Pigasse et la banque Lazard ( qui conseille la Grèce ). Mais pour le peuple grec, le salut passe avant tout par un retour à la drachme ; car la dette est une chose, mais le chômage de masse est en une autre.
Tant qu'elle n'aura pas une monnaie située à sa juste valeur relativement aux autres monnaies européennes, la Grèce ne pourra rien faire.
Et le problème est le même pour la France.
L'euro est une construction artificielle, mal ficellée, purement idéologique, qui au final s'est vite révélée dictatoriale ( c'est pour défendre l'euro « irréversible » qu'on a plongé la Grèce dans la misère totale )…
Pour répondre à Xavier, je dirais que l'euro me semble beaucoup plus « soviétique » que la possibilité pour un État souverain de décider, dans le cadre d'une stratégie industrielle réfléchie, motivée par l'intérêt général, de « quoi produire, comment et pour qui ».
Non seulement les blocages idéologiques de la gauche l'empêchent de mener les vrais combats, mais en plus ils nous entraînent dans la fuite en avant sociétale qui accélère notre déclin !
______

Écrit par : jean-francois / | 04/02/2015

Les commentaires sont fermés.