29/01/2015
La guerre, dernière issue pour le "leadership" américain ?
C'est ce que pense Gorbatchev dans sa déclaration à Interfax, relayée en Europe par la presse mais ignorée par nos dirigeants :
"War now ?" Le ton de la Maison-Blanche s'échauffe. Le ton du Congrès devient incandescent. A Paris, les commentateurs libéraux commencent à dire : "l'Europe doit entrer en guerre !" (France Culture hier matin)... Dans une déclaration à l'agence russe Interfax, Mikhaïl Gorbatchev, qui fut le dernier dirigeant de l'URSS, accuse Washington de « s'être égarée » et de « nous entraîner avec elle ». L'hostilité déployée par les Etats-Unis contre la Russie depuis dix ans a conduit à fabriquer de toutes pièces une nouvelle Guerre froide, susceptible de « tourner à une véritable guerre » comme le souligne Gorbatchev. En novembre dernier, il déclarait à Berlin : «On essaie de nous attirer dans une nouvelle Guerre froide. On voit de nouveaux murs. En Ukraine, c'est un fossé énorme que les Etats-Unis veulent creuser… Ils veulent commencer une nouvelle course aux armements. »
Nombre d'analystes estiment en 2015 que les dirigeants américains, voyant s'effriter le mythe de leur « leadership mondial » (auquel n'adhèrent plus que l'UE et le Canada de M. Harper), se sont enferrés dans une dangereuse géopolitique de la guerre : engrenage peut-être conforme aux intérêts économiques US, mais contraire aux intérêts vitaux de l'Europe - sans que les dirigeants européens soient capables de s'en apercevoir.
Cent ans après, et en remplaçant un nom de pays par un autre, il est temps de se rappeler ce que Maximilian Volochine* écrivait en 1915 dans son livre Anno mundi ardentis, réquisitoire contre la Première Guerre mondiale, en évoquant les causes économiques de la catastrophe :
« La guerre actuelle est née en Allemagne de la surproduction, laquelle, sans trouver à s'exporter, aurait fini par étouffer ce pays... Le matérialisme européen, en créant une culture de la machine toujours croissante et en multipliant la vitesse des moyens de communications et d'échange, a favorisé l'émergence d'immenses organismes industrialo-étatiques qui, naturellement, ne peuvent survivre qu'en se dévorant entre eux. »
Il écrivait aussi : « La guerre est pour l'Occident le Jugement Dernier de la culture européenne dans sa totalité. Mais l'Occident n'en a pas conscience...» Volochine avait vécu à Montparnasse et se définissait comme Européen.
* Maximilian Alexandrovitch Volochine, 1877-1932, poète et peintre russe.
10:39 Publié dans Europe, La crise, Russie-Ukraine-etc, USA | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : états-unis, russie
Commentaires
> Une bonne guerre a toujours relancé l'économie. Mais haïssons-la de toutes nos forces.
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Écrit par : collignon / | 29/01/2015
OBAMA
> Obama continue les néocons. Les présidents US ne sont que les servants du complexe militaro-industriel. Regardons cette réalité froide avant qu'elle ne refroidisse plusieurs millions d'Européens.
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Écrit par : churubusco / | 29/01/2015
CAMPAGNE
> Il est difficile de comprendre autrement la campagne de mensonges anti-russes qui fleurit dans les médias occidentaux.
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Écrit par : Guadet / | 29/01/2015
@ Churubusco
> Qu'Obama soit aussi interventionniste que Bush était aussi impossible à expliquer il y a 6 ans qu'il était impossible d'expliquer en 1992 que l'Union Européenne n'était en rien un rempart contre les Etats-Unis mais leur pied-à-terre.
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Écrit par : E levavasseur / | 29/01/2015
à E Levavasseur
> bien d'accord avec vous sur cela.
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Écrit par : churubusco / | 29/01/2015
ROUTE
> D'un autre côté je ressens une certaine sérénité : ça ne peut plus durer.
Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura pas des tribulations mais pour pénibles qu'elles soient, elles seront le signe de l'effondrement de cet ordre antinaturel des choses.
A la fin d'un pèlerinage, vous voyez le clocher du but de votre marche.
Vous savez que vous êtes sur la bonne route et que vous y serez bientôt mais en attendant, ça n'empêche pas les ampoules, le mal de dos, la soif, les tendinites.
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Écrit par : E levavasseur / | 29/01/2015
A E Levavasseur,
> c'est toujours impossible à expliquer aujourd'hui, parce que ce n'est pas vrai. Obama a retiré ses troupes d'Irak et d'Afghanistan. Il a refusé d'intervenir en Libye (même s'il a soutenu le fou Sarkozy) et en Syrie. De même en Ukraine, c'est l'UE qui a créé la situation et qui appelle la grande Amérique à son secours, laquelle aide un peu mais en traînant les pieds. Je ne crois pas du tout qu'Obama soit donc interventionniste comme Bush.
Que les services américains opèrent çà et là, évidemment. Que les multinationales servent leurs intérêts, évidemment. Mais avant d'accuser Obama de tous ces maux, il faudrait encore le prouver. On ne peut pas juste dire "c'est les Américains, ils sont tous et toujours comme ça..."
JG
[ PP à JG - Pas prouvé ??? Les conversations diplomatiques américaines, interceptées, divulguées et jamais démenties, établissent sans discussion possible que le Département d'Etat et la CIA furent plus qu'impliqués dans le putsch de Maïdan. Quant à l'OTAN, outil de la stratégie de "rollback" antirusse via la Pologne, c'est ouvertement l'instrument du Pentagone... Comment pourrait-on nier ces réalités connues de tous ? ]
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Écrit par : JG / | 29/01/2015
VOLOCHINE
> Je partage le jugement de Gorbatchev sur la situation actuelle.
Mais celui du peintre Volochine en 1915 me parait très biaisé. Russe francophile ayant vécu à Paris il pensait alors sans doute comme tous les Russes et tous les Français que l'Allemagne était seule responsable de la guerre.
Je conseille au contraire la lecture des "Somnambules" de l'historien australien Christopher Clark(Flammarion 2014 pour la version française) qui montre bien que le chemin vers la guerre n'est jamais univoque même quand on a l'impression qu'à peu près tous les acteurs contribuent au scénario fatal ...
girondin
[ PP à G. - Pardon, mais le texte de Volochine est intéressant dans la mesure où il incrimine l'ensemble des grands systèmes stato-économiques engrenés dans le monde capitaliste d'alors. L'Allemagne est simplement "plus en vue"... parce que c'est elle qui a déclenché la guerre ! Mais ses adversaires étaient logés à la même enseigne, comme Volochine le dit nettement. Ce en quoi il est plus lucide que la moyenne, surtout en 1915...]
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Écrit par : girondin / | 29/01/2015
VENT DE FOLIE
> L'exemple de la guerre de 14-18, aux causes si irrationnelles et aux conséquences si désastreuses pour l'Europe, montre que parfois un vent de folie traverse les peuples. Les Etats prennent un prétexte quelconque pour faire la politique du pire.
En sommes-nous là aujourd'hui, non seulement en Amérique, mais à nouveau en Europe ?
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Écrit par : jem / | 29/01/2015
PLUS DE DIX ANS
> Hélas oui, et depuis plus de 10 ans même : la folie a commencé dès la destruction de la Yougoslavie avec, c'est triste à dire, la reconnaissance de l'indépendance de la Croatie et de la Slovénie par l'Allemagne et le Vatican sans que soit d'abord réglé intelligemment le sort des minorités, en particulier les Serbes de Krajina.
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Écrit par : Pierre Huet / | 29/01/2015
Girondin à PP:
> je ne vois pas comment on peut écrire que "l'Allemagne a déclenché la guerre !".Je conseille à nouveau la lecture de Clark ...
girondin
[ PP à G.
Sans l'Allemagne, l'armée autrichienne s'enlisait en Serbie et l'affaire s'arrêtait là : Paris n'aurait pas soutenu une entrée en guerre de la Russie contre la seule Autriche. L'hégémonie de Berlin sur Vienne est le détonateur de 1914.
Vouloir disculper Berlin est donc contraire au fait historique, quel que soit l'angle commercial de Clark.
Par ailleurs, nous avons assez insisté ici sur l'insanité de cette guerre et sur la culpabilité de l'ensemble des protagonistes (France comprise) pour qu'on ne nous taxe pas d'unilatéralisme... ]
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Écrit par : girondin / | 29/01/2015
ALLEMAGNE
> L'Allemagne porte une très lourde responsabilité dans le déclenchement du conflit de 14-18, même si elle n'est pas la seule coupable. Cf. entre autres, Jacques Droz, "Les Causes de la Première Guerre mondiale", Essai d'historiographie, Le Seuil, 1973.
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Écrit par : jem / | 29/01/2015
à PP :
> je ne nie pas du tout que la main de Washington soit derrière Maïdan. Je me souviens même l'avoir déjà écrit en 2004 quand j'étais sur place...
Je réagissais à la locution "Obama (...) aussi interventionniste que Bush", commentaire qui lui même se référait à votre post parlant de GUERRE.
Il me semble que si Obama est "interventionniste", en l'occurrence ce n'est pas du tout à la manière de Bush, qui envoyait ses armées directement et violemment. Et je ne crois pas une seconde qu'Obama ait envie de faire la guerre, même froide, à la Russie. Ni que Poutine en ait envie lui non plus.
Sauf à ce que l'on n'ait pas la même définition de la guerre froide. Disons que nous ne sommes pas dans une course aux armements, et que deux adversaires ne se sont pas définis l'un l'autre comme ennemi à abattre absolument. En Ukraine, chacun avance ses pions, avec plus ou mois de finesse et de dissimulation, mais l'on ne verra pas demain des conseillers militaires américains ou russes oeuvrer au grand jour et manoeuvrer des armées.
Ou alors, j'aurai tout faux.
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Écrit par : JG / | 29/01/2015
ALLIANCES
> L'argumentation de Clark,très bien documentée,n'a rien d'un "angle commercial" ou de l'on ne sait quelle approche marketing.
Ce n'est pas la seule alliance germano-autrichienne qui est responsable de la guerre mais bien la simultanéité de deux systèmes d'alliance opposées qui a mécaniquement provoqué son déclenchement. Il ne s'agit pas de disculper Berlin ni aucune autre capitale:toutes ont joué leur partie,hélas en convergent tels des somnambules (le titre du livre de Clark ) vers le fatal suicide de l'Europe qui s'en est suivi.
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Écrit par : girondin / | 30/01/2015
OBAMA
> "ben t'es aveugle toi, Toto. Et sourd"
(Maurice Tilieux, 'Surboum pour 4 roues' collection Gil Jourdan)
Plus sérieusement :
Obama intervient non militairement/moins militairement mais à coups de dollars, de groupes de pression, de CIA.
Et s'il n'est pas intervenu en Syrie c'est parce que l'état-major de l'US Army et surtout son chef, Dempsey, y a opposé un NON ! très ferme.
www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/08/21/97001-20130821FILWWW00512-syrie-guerre-pas-souhaitable-dempsey.php
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Sur l'Ukraine et l'encerclement de la Russie, Obama n'a jamais renié la politique des "révolutions de couleurs" de son prédécesseur pour la bonne raison qu'elles ont été ordonnées par les industries américaines qui sifflent régulièrement la Maison Blanche : la "révolution des tulipes" au Kirghizistan c'est en 2010
Et dois-je vous rappeler le "fuck the EU" du département d'Etat ?
www.lepoint.fr/monde/le-fuck-eu-d-une-diplomate-americaine-06-02-2014-1789084_24.php
L'UE étant accusée de ne pas être assez agressive envers la Russie ?
Faites-nous donc la grâce de constater que nous sommes loin de dire "épidabor lézaméricains sé tous dé fachos qui veulent la guerre"
- On n'a jamais autant parlé de liberté d'expression ; cette notion est vide si le débat en reste à prêter des intentions
- voir le mal chez A ne blanchit pas B
- voir le mal chez A n'est pas condamner pas tout A ; une personne est tout un ensemble, alors un peuple ...!
Écrit par : E levavasseur / | 30/01/2015
LANCER UN SONDAGE
> Une guerre contre la Russie se prépare, le commerce avec elle a été détruit au grand dam de nos agriculteurs, sans oublier le Mistral, ainsi comme l'élite ne nous écoute pas,
je lance un sondage national , 3 réponses possibles :
"La France doit-elle sortir de l'OTAN?"
http://www.mesopinions.com/sondage/politique/france-sortir-otan/1822
Exprimez-vous, faites partager SVP, merci
salutations.
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Écrit par : Alexandre / | 30/01/2015
1914 - UKRAINE
> Sur 1914 : Les affiches de mobilisation étaient imprimées depuis plusieurs années.
Les Anglais ne supportaient pas de voir l'Allemagne se construire une flotte de guerre et voulaient en découdre depuis déjà qq années avant que la flotte allemande prenne trop d'ampleur.
Sur l'Ukraine :
Dans l'UE la quasi totalité des média ne répercutent que le point de vue de l'OTAN : on ne parle jamais des révolutionnaires de Maïdan comme de groupuscules nazis, les Ukrainiens de l'est (NB la capitale Kiev est dans la partie ouest), pour la plupart russophones, sont présentés comme des extrémistes séparatistes appuyés par des force russes et jamais comme des citoyens ukrainiens.
Choisir un vocabulaire, c'est prendre parti, ce n'est plus informer.
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Écrit par : franz / | 02/02/2015
ARMES
> Eh bien, oui, vous aviez raison et j'avais tort, j'avoue : http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150202.OBS1424/washington-envisage-d-envoyer-des-armes-defensives-a-kiev.html
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Écrit par : JG / | 02/02/2015
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