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26/01/2015

Les réactions de Paris à la victoire électorale de Syriza

Alexis Tsipras, le vainqueur

 europe

 En France, division à droite et contorsions à gauche :


 

Syriza est un acronyme : Sunaspismós Rizospastikís Aristerás, ''Rassemblement de la gauche radicale''... Internationale et drapeaux rouges ont salué son triomphe électoral hier soir à Athènes. Sur Twitter, notre droite bourgeoise s'irrite : n'est-il pas risible, fulmine oncle Hubert, qu'on en soit encore là ? Suit forcément l'évocation du Goulag, etc.

Mais sur ce coup-là, la droite bourgeoise n'est pas toute la droite. Même pas à l'UMP... Henri Guaino : ''Si ça pouvait faire réfléchir l'Europe et la faire revenir sur ses dogmes, ce serait un mal pour un bien.'' Xavier Bertrand : ''Syriza gagne, ce n'est pas une surprise : trop d'austérité en Grèce et faillite d'une classe politique. Il ne faut pas s'étonner que les électeurs fassent un autre choix. (...) Vous pouvez demander des réformes structurelles, mais vous ne pouvez pas demander trop et saigner un peuple." Et Christian Estrosi, dans un tweet plus militant que politiquement honnête : ''C'est un vote contre l'austérité, la même que les socialistes français veulent nous imposer.'' Du côté de la droite souverainiste, Nicolas Dupont-Aignan proclame sa joie : "Malgré les désaccords que nous pouvons avoir avec Syriza, nous nous réjouissons du sursaut national qui a amené le peuple grec à rejeter, avec ses dirigeants incapables, les directives du FMI, de la BCE, de la Commission et la soumission aux injonctions de Mme Merkel." Marine Le Pen se réjouit quant à elle ''de la gifle monstrueuse que le peuple grec vient d'administrer à l'Union européenne'' *».

Voyant que même à droite on réagit ainsi, oncle Hubert va-t-il ouvrir les yeux ? On ne lui demande pas de croire à Tsipras ; on l'encourage à admettre une chose qui n'est pas toujours décente et qui s'appelle la réalité. Tant que les divers pays d'Europe seront officiellement en démocratie, le suffrage du peuple désignera leurs dirigeants... Cette réalité paraît regrettable à un nombre croissant d'oncles Hubert européens, qui appellent de leurs voeux un régime de techniciens financiers protégés par des agences de sécurité ; les frères Kouachi ont beaucoup fait pour hâter cette solution, mais on n'en est pas encore là. Force est donc d'admettre la réalité d'hier soir : à force de saigner, le peuple grec a fini par se révolter. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce qui vient de se produire en Grèce va se reproduire ailleurs.

Ça ne veut pas dire que Tsipras réussira quoi que ce soit ; ça veut simplement dire que les peuples ne se laissent plus faire. Le principe de réalité oblige à faire ce constat.

Oncle Hubert a le choix : comprendre ça, ou continuer à croire (pour combien de temps ?) que les réalités humaines sont solubles dans les éléments de langage.

Quant à la gauche française, elle se contorsionne. Jean-Luc Mélenchon fait semblant d'avoir gagné un scrutin, oubliant qu'en France il a été éliminé au profit du FN par les électeurs ouvriers. Les hollando-vallsiens font semblant de ne pas voir que le scrutin grec a liquidé le PASOK, parti-frère du PS social-libéral. François Hollande veut croire que la victoire d'une gauche-de-gauche annonce « la poursuite de la coopération étroite entre nos deux pays » ; mais à moins que Tsipras ne se couche aussi, on voit mal la « coopération » d'un dirigeant debout avec un dirigeant couché. Pour Bruno Le Roux, « ce scrutin constitue pour François Hollande un point d'appui supplémentaire pour discuter avec l'Europe... » Comme si Hollande avait jamais voulu « discuter avec l'Europe » ! Jean-Christophe Cambadélis (au nom du PS) parle de « bonne nouvelle pour le peuple grec'' : mais mauvaise nouvelle pour le premier secrétaire de Solférino, qui va voir son opposition interne remonter en puissance... Par exemple Benoît Hamon, l'ex-ministre évincé, qui claironne : ''Ce dimanche, le peuple grec a choisi souverainement de prendre un autre chemin que celui de l'austérité. C'est une très grande source d'espoir pour tous ceux qui croient encore qu'Europe et progrès sont conciliables. Ce chemin doit maintenant inspirer la gauche française...'' (bonne route, camarade). D'autres encore, tels Jean-Paul Huchon, ''se réjouissent de la victoire'', à Athènes, de ''forces de gauche'' dont le programme est l'inverse de ce que M. Huchon fait en région parisienne. Etc.

A l'heure où les Grecs mettent au pouvoir des anti-libéraux**, le parti de MM. Hollande, Le Roux, Cambadélis, Huchon, etc, vote la loi ultralibérale de M. Macron (notre note d'hier). Néanmoins ce parti fait semblant d'applaudir le vote des Grecs... Comme M. Valls nous le disait la semaine dernière, les mots n'ont plus d'importance.

 

_______________ 

* Marine Le Pen : « Le débat de l'élection grecque, c'est le débat de la liberté : est-ce qu'on veut être libre ? Ça, ce n'est ni de droite ni de gauche. Avec l'UE nous ne sommes plus libres ni de notre politique d'immigration, ni de notre politique monétaire, ni de notre politique budgétaire, ni de notre politique législative. » Sans préciser que Tsipras ne contredit pas l'UE en matière d'immigration et de monnaie unique.

** quitte à risquer des désillusions : c'est un autre aspect du problème.

 

12:41 Publié dans Europe, Politique | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : europe

Commentaires

RÉALITÉS

> c'est ça le problème aujourd'hui : à gauche et à droite on a coupé le contact avec les réalités. Les discours servent à décrire un monde imaginaire.
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Écrit par : A. Landry / | 26/01/2015

PREMIUER SIGNE

> Premier signe bizarre : ratant d'un siège la majorité absolue, Tsipras se choisit comme allié non pas le PC grec mais le petit parti nationaliste et souverainiste des "Grecs indépendants" ! Comme si Mélenchon devenu un gros parti s'alliait non avec le PCF mais avec Dupont-Aignan.
Qu'en penser ?
Que Tsipras n'est pas du tout Mélenchon.
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Écrit par : Hadjistavros / | 26/01/2015

MÉLENCHON

> Mélenchon, tout de même : il était touchant, sur BFM-TV dimanche soir, de l’entendre parler « bien commun » et reconnaître que la vie d’un élu de la nation, c’est « une croix » (répété trois fois), tout en s’exaltant sur la victoire de Syriza !
Aurait-il dans son viseur l’électorat – de niche – « gauche sociale-chrétienne » ?
Il a aussi refusé de répondre à une question sur sa foi religieuse (il est vrai crypto-maçonnique et très hypothétique), parce qu’un élu de la Nation n’aurait, selon lui, pas à en faire état !
Reste qu’il a été convaincant sur le chapitre du respect de toutes les religions, sur ce point je le crois sincère, et pas du tout obtus comme la plupart de ses ex-allés du PS.
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Écrit par : Denis / | 26/01/2015

PLUS OU MOINS DEBOUT

> Tsipras debout ? mais il paraît qu'il ne veut pas sortir de la Zone Euro. Comment va-t-il faire en voulant le beurre et l'argent du beurre ?

PH


[ PP à PH
- Oui, enfin, debout... par rapport à Hollande, un escargot est debout.
- Cela dit, Tsipras s'est allié, non au PC, mais au petit parti de droite souverainiste des "Grecs indépendants". C'est curieux. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 26/01/2015

@ Denis

> M. Mélenchon déteste les chrétiens assez clairement. Son discours, visible sur le lien http://www.dailymotion.com/video/xcfyee_j-l-melenchon-n-aime-pas-les-chreti_news , montre tout sauf du respect. Celui qui a la patience de tenir les 5 premières minutes constatera sans équivoque que le raccourci (sempiternel, jamais dénoncé, menteur et peut-être prochainement homicide si on n'arrête pas la surenchère des mots) "catho=nazi" constitue toujours son fonds de commerce.
Désolé, mais j'aurai du mal à croire à l'avenir à un quelconque revirement de sa part, au point où il en est rendu.
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Écrit par : Fernand Naudin / | 26/01/2015

INTÉRESSANT

> "Tsipras s'est allié, non au PC, mais au petit parti de droite souverainiste des "Grecs indépendants". C'est curieux" : curieux, certes, mais intéressant ; peut-être cela ne donnera-t-il rien, mais au moins voilà une tentative (qu'elle soit désintéressée ou non, nous ne pouvons le savoir) de sortir des mécanismes partisans. Nous verrons bien.
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Écrit par : sven laval / | 26/01/2015

ALLIANCES

> Ni curieux ni étrange. Cela montre tout simplement que la souveraineté est le sujet de rassemblement que privilégie Alexis Tsipras.
Ce sont des alliances qui ne nous étonnent que parce-que nous nous sommes accoutumés au sectarisme dont notre vie politique nationale est entachée.
Syriza ne fera pas aux Grecs - en tout cas je l'espère - le coup de l'enfumage des réformes sociétales comme nous avons pu le voir, hélas, en France et en Espagne, avec les honteuses trahison que nous connaissons.
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Écrit par : François Lapierre / | 26/01/2015

@ PP

> Curieux, peut-être pas tant qu'il n'y paraît, la démarche de Tsipras ayant un côté indépendantiste. Ce côté "union nationale" est plutôt sympathique.
Cela commence aussi en France dans certains groupes ou on voit communistes et royalistes travailler ensemble.
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Il vous arrive à vous même parfois de dire que les notions de Gauche et de Droite ont de moins en moins de sens.

Écrit par : Pierre Huet / | 27/01/2015

JUNCKER !

> Mépris sans borne pour les souffrances des autres...
"Juncker : «Il n’y a pas de nécessité urgente à agir» sur la dette grecque"
J'attends le jour où cet escroc en bande désorganisée va aller donner une leçon d'économie aux Grecs.
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Écrit par : Etienne / | 27/01/2015

@ Fernand

> La difficulté avec Mélenchon, c’est son bourrichon (tout remonté). Comme tous les grands affectifs, il se laisse parfois entraîner.
Rapport à la foi chrétienne, je pense que le bon Mélenchon est dans cette interview à lavie.fr :
http://www.lavie.fr/actualite/france/jean-luc-melenchon-la-foi-est-une-brulure-20-02-2012-24392_4.php
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Écrit par : Denis / | 27/01/2015

Les commentaires sont fermés.