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27/01/2015

François Hollande et la commémoration d'Auschwitz

Un discours digne mais lacunaire :


 

 

Le discours prononcé ce matin par François Hollande au Mémorial de la Shoah, à Paris, était celui que tout président de la République aurait prononcé à sa place. Discours plus digne, en tout cas, que celui de Jacques Chirac (1995) incriminant « la France » en soi – et rompant ainsi avec l'esprit de discernement de l'appel du 18 juin 1940, qui déclarait que le régime de Vichy n'était pas « la France » et s'en éloignerait de plus en plus... M. Hollande n'a pas répété la faute de M. Chirac. Ce sera porté à son crédit.

Nous commentions ce matin le discours du président au cours de l'émission-débat de Valérie Expert (LCI) : Gilles-William Goldnadel de France-Israël, Maurice Ulrich de l'Humanité et moi. Nous avons entendu tous les trois M. Hollande appeler à la mémoire et à la vigilance. Me Goldnadel avait mis en doute auparavant l'efficacité de l'effort accompli dans les écoles au cours des vingt dernières années pour parler de la Shoah. Si cet effort est inefficace il faudrait se demander pourquoi, au lieu de répéter indéfiniment la même promesse...

J'ai ajouté pour ma part ceci. Il y a un paradoxe dans le fait d'appeler à la mémoire en France, mais de fermer les yeux sur ce qui se passe en Ukraine : seul pays du Vieux Continent  où opèrent (avec la bénédiction de leur Etat) des partis et des groupes de combat se réclamant de 1941 directement et ouvertement ! Animés par les fils et petits-fils des chefs des groupes pro-nazis ukrainiens d'il y a 70 ans, exhibant des drapeaux et insignes de cette époque, réalisant des opérations sanglantes en Ukraine de l'Est, ces groupes sont imperturbablement qualifiés de « combattants pro-européens » par nos médias et interviewés par notre presse magazine (avec la bénédiction de notre Etat). Voir M. Fabius en 2014 faisant risette à M. Oleg Tyagnybok, père du slogan « à bas le juif Poutine », c'était – aurait dit Léon Bloy – de quoi faire hennir les constellations. (Photo ci-dessous). 

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 Pourquoi notre gouvernement ferme-t-il les yeux sur ce qu'il déclare par ailleurs intolérable ? Parce qu'il suit Washington dans sa nouvelle guerre froide, et que M. Obama montre un cynisme colossal dans le choix de ses sous-traitants.

Pourquoi suivons-nous aveuglément Washington ? Parce que M. Sarkozy nous a ramenés dans cette sujétion.

M. Hollande continue M. Sarkozy.

 

 

 

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Ce qu'on voit sur les murs de Kiev. 

 

Commentaires

DÉPORTÉS

> Le fait qu'on parle de "Shoah" et non pas de "déportation" est pour moi un problème car on oublie que les déportés ne l'étaient pas tous pour judéité mais aussi pour des motifs politiques, de résistance ou de guerre, de non conformité sociale ou physique (trisomiques etc) ce qui n'exclut pas de souligner le sort particulièrement effroyable et implacable réservé aux juifs.

DV


[ PP à DV :
- Le terme "Shoah" ne s'applique pas à l'ensemble de la déportation.
- Il est vrai que l'on parle plus de la déportation des juifs (arrêtés en raison de ce qu'ils "étaient"), que de celle des autres (résistants etc),arrêtés en raison de ce qu'ils faisaient.
- Le IIIe Reich n'a pas déporté de personnes trisomiques non-allemandes. L'"euthanasie" de personnes trisomiques n'a eu lieu qu'en Allemagne et pour des citoyens allemands.
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Écrit par : DV / | 27/01/2015

POURQUOI

> L'enseignement de la Shoah n'est inefficace que pour des collégiens issus de l'immigration musulmane.
Leurs familles leur ont inculqué que la Naqba est aussi grave que son synonyme la Shoah, mais que la France ne veut pas parler de l'une et privilégie l'autre.
Comment se laisseraient-ils convaincre qu'ils se trompent ?
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Écrit par : maksoud / | 27/01/2015

VOCABULAIRE

> Il y a beaucoup à dire sur le vocabulaire choisi. Un autre exemple est celui du terme "holocauste". Je me rappelle une bibliste qui contestait l’utilisation de ce mot pour parler de la Shoah car elle précisait qu'il signifiait "le sacrifice qui plait à Dieu". Il est donc impensable de parler d'holocauste pour parler de la Shoah.
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 27/01/2015

@ Arnaud Le Bour

> Juste pour préciser : 'holocauste' n'est pas mot pour mot le "sacrifice qui plaît à Dieu" (surtout dans le contexte : quelle horreur !).
Peut-être est-ce là une glose explicative issue de la tradition juive ?
Toujours est-il que selon le grec, 'holocauste' signifie simplement que tout ('holo-') est brûlé ('-causte'), ce qui signifie que le sacrifice est total, et que rien n'est consommé par les prêtres ou d'autres, ce qui signifie en d'autres termes que ce sacrifice n'est pas un sacrifice de communion.
Je ne suis pas sûr que cela change quoi que ce soit au problème, cela dit...
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Écrit par : Fernand Naudin / | 27/01/2015

HIER À L.C.I.

> Je regrette que votre intervention dans les dernières secondes de l'émission - relative aux événements de Toulouse qui n'ont pas suscité la même mobilisation de solidarité qu'au lendemain de l'attentat de Charlie Hebdo - n'ait pas donné suite à un débat sur ce "paradoxe".
Pourtant, de par sa pertinence, elle le méritait.
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Écrit par : Marc / | 27/01/2015

> Le discours de Mitterrand était plus digne : http://m.youtube.com/watch?v=owFF0K9-jcs
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Écrit par : Francois Lapierre / | 28/01/2015

LE VOCABULAIRE DE L'HORREUR

> Effectivement, "holocauste" mérite qu'on lui préserve sa signification biblique. Quant à "Shoah", c'est un choix lexical peut-être un peu maladroit, car c'est faire trop d'honneur à l'horreur nazie que de la vêtir d'un mot hébraïque.
Mieux vaut dire "Génocide" ou "Solution finale", ou même garder l'allemand "Endlösung".
Et ne pas faire passer en hébreu (la langue humaine dans laquelle l'Eternel accepta de dire lui-même son nom) l'abomination (au fond, innommable) qui fut pensée, nommée, ordonnée, planifiée en allemand sous le glaçant nom de code de "Solution finale".
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Écrit par : Jean-Marie Salamito / | 28/01/2015

INTELLIGENCE DES MAUX

> En fait, il ressort de ce qu'on entend autour de soi, que notre monde condamne les meurtres de gens pour ce qu'ils sont mais qu'il ne condamne pas vraiment les meurtres de gens pour ce qu'ils pensent, pour ce qu'ils croient.
Encore la preuve ce matin à la radio.
La loi met pourtant les deux insultes sur le même plan, il me semble.
Serait-ce parce que notre Etat est fondé sur le culte de la Révolution ? ce qui automatiquement fait que seuls ceux qui haïssent l'idée de religion s'y sentent parfaitement à l'aise, peuvent y faire leur chemin et finissent par être de ceux qui dirigent la vie intellectuelle ? disent ce qu'il faut penser ?
Serait-ce aussi parce que notre vie intellectuelle est caractérisée par une certaine omniprésence de penseurs idéologiquement marqués par l'athéisme, que la violence envers les gens qui ont des idées divergentes bénéficie systématiquement de cette indulgence dans les faits ?
Une sorte de haine culturelle, mondaine, de l'idée même de foi ? de pensée indépendante ?
Car notre Etat n'est pas fondé sur la république au sens étymologique mais sur la Révolution qui a vu l'affrontement des Français et sur l'exaltation d'un camp au détriment de l'autre.
Sans remonter jusqu'à la Révolution, serait-ce aussi l'héritage de la prise de pouvoir opérée par les compagnons de route sur la vie intellectuelle dans les années 50 ? puis sur l'université dans les années 70, après 68 ? puis la télévision après 81 ?
Autant de prises de pouvoir facilitées par la lâcheté et la prostitution au matérialisme de ceux qui aurait dû s'y opposer ?
Aujourd'hui ces gens ne représentent plus grand monde mais garderaient beaucoup d'influence parce qu'ils occupent les rouages ?
C'est ce que pense aussi le Père Peyrous.
J'ajouterais : pour durer, ils savent se prostituer aux dernières nouveautés (libéralisme dans les années 90, libertarisme dans les années 2000, atlantisme...)
Revenons au sujet.
Il y a une condamnation globale du nazisme mais en fait qui sait en quoi consiste le nazisme ?
Notre société en a une idée très vague.
Et d'ailleurs, approfondir notre connaissance de l'idéologie nazie amènerait à condamner Rousseau.
Je crois surtout que notre société le condamne parce qu'on lui a dit qu'il fallait le condamner.
Car dès que des éléments du nazisme /que n'auraient pas reniés les nazis, se présentent, ils sont condamnés si et seulement s'ils s'approchent du racisme.
La très grande sensibilité de notre société envers le racisme est certes souhaitable mais elle prend toute la place de nos préoccupations et exclut des maux tout aussi graves.
Le racisme c'est juger inférieur quelqu'un en fonction de sa couleurs de peau.
Quid du mépris des faibles qui caractérise l'économie d'aujourd'hui ? quid du mépris en fonction de la couleurs des idées, de la foi ?
Mais on n'en parle pas parce que cela n'entre pas dans les cases.
De la même manière, la "bourgeoisie" française qui condamne le remplacement des familles par l'Etat dans le marxisme-léninisme, s'empresse d'applaudir l'idée du remplacement de la vie familiale par la vie d'entreprise qu'engendre l'économie libérale.
Il n'y a pas de véritable intelligence des maux, on condamne une idée seulement en fonction de par qui elle vient.
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Écrit par : E Levavasseur / | 28/01/2015

L.C.I.

> Patrice, la vidéo de votre déclaration complète sur LCI sur " les racines morales du nazisme qui sont à trouver dans l'Europe de l'époque (avec un parallèle possible avec notre époque) est parfaitement introuvable sur le net. J'ai cherché mais aucun des liens ne semble fonctionner - sauf erreur de ma part.

Roque


[ PP à Roque
- Elle était annoncé sur le site de TF1, avec titre et fenêtre vidéo : mais l'encodage semble n'avoir pas fonctionné. Ce sont des choses qui arrivent.
- Valérie Expert en a twitté une phrase. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Roque / | 28/01/2015

PAS D'ACCORD

> Je partage votre analyse sauf à la ramener au niveau politicien Sarkozy ou untel.
Souvenons-nous, lorsque les soldats nazis sont arrivés en Ukraine, ils ont été accueillis en libérateurs, ce qui montre à quel point le peuple ukrainien avait souffert du système sanguinaire soviétique.
Ce déni par l'Occident, aujourd'hui encore, de cette tyrannie rouge ne peut que contribuer aux déviances d'une partie de la population ukrainienne.
L'Ukraine tampon dans l'espace entre l'Ouest et l'Est mais aussi une des nations à avoir subi deux systèmes tout aussi sanguinaires.

Guermond


( PP à Guermond :
Permettez-moi de vous répondre sur ces divers points :
1. On ne peut mettre en cause une politique sans mettre en cause ceux qui l'ont conçue et mise en œuvre...
2. Il faut distinguer deux choses en 1941 :
a) le réflexe éphémère d'Ukrainiens moyens s'imaginant - pendant quelques semaines - "libérés" du NKVD par l'armée allemande ;
b) l'attitude pro-nazie des organisations nationalistes d'Ukraine de l'Ouest, qui s'est prolongée jusqu'en 1945 et dont les mouvements nazis kiéviens d'aujourd'hui sont la prolongation en ligne directe.
3. Ces mouvements sont nazis tout simplement parce que leurs militants et leurs chefs sont les fils (et petit-fils) des militants et des chefs de 1941 : ils prolongent 1941 avec enthousiasme, jusque dans la judéophobie ! Ce phénomène Hibernatus a éclos avec le dégel de 1991.
4. Il n'y a en Occident aucun "déni" du traitement infligé par Staline aux Ukrainiens : cette sombre page d'histoire a fait l'objet de nombreux livres, colloques, articles et émissions. Les ligues, milices et partis ukrainiens nostalgiques de 1941 sont, au demeurant, indifférents à ce que peuvent penser les Occidentaux, dont ils ignorent tout... (Les Femen sont une preuve par l'absurde de cette ignorance. Et elles sont issues du milieu nazi ukrainien, comme l'a démontré le site 'Les Crises'). ]

réponse au commentaire

Écrit par : Guermond / | 28/01/2015

Guermond à PP

> Je suis en accord avec ce que vous dites, je distingue bien les 2 points mais condamner l'idéologie nazie infiltrée dans la société ukrainienne ne suffira pas à l'endiguer. La société ukrainienne est exsangue par tant de drames. D'ailleurs le communisme soviétique n'a pas été condamné avec suffisamment de force; quand fait-on mémoire, d'ailleurs, de toutes ces atrocités ?
Je crains que comme d'habitude nous faisions la leçon à tout le monde alors qu'une aide économique substantielle amènerait un vent de liberté mais c'est trop coûteux pour tous les Européens. (comme en Grèce, même si c'est différent).
La judéophobie doit être condamnée avec la plus grande fermeté et là-dessus, je suis complètement d'accord.
______

Écrit par : Guermond / | 29/01/2015

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