27/01/2015
Varoufakis, l'économiste atypique de la nouvelle Grèce
Crâné rasé, t-shirt, carrure d'athlète et double passeport (australien-grec), le mathématicien-économiste Yannis Varoufakis a l'air de sortir d'une série policière US. C'est le nouveau ministre grec des Finances :
Proche du parti Syriza, il enseigne l'économie à l'université d'Athènes, à celle d'Austin (Texas), et il conseille un groupe américain de jeux vidéo. Ce qui ne l'empêche pas de comparer le rôle de l'économie américaine à celui du Minotaure* et d'intituler son prochain livre : Alchimie à l'envers - L'Europe sur la voie de la désintégration. Portrait du personnage dans La Tribune (extraits) :
<< Le Minotaure planétaire
La carrière de Yanis Varoufakis a pris un tour nouveau avec la crise de 2008. Il publie alors un livre, Le Minotaure planétaire, qui développe une idée qu'il a élaboré dès le début des années 2000 : l'économie mondiale est structurée autour du double déficit américain. Ces deux déficits agissent comme un formidable « aspirateur » à liquidités. Les grandes économies en excédent, l'Allemagne et le Japon, puis, lorsque ces deux pays se sont essoufflés, la Chine, produisent de quoi alimenter ce déficit, puis ils recyclent les fruits de leurs excédents, donc de ce déficit, dans le système financier américain.
"L'ogre américain"
Ce système a été mis en place en 1971 après la fin de la convertibilité du dollar. Plutôt que de tenter de sauvegarder ses excédents, les Etats-Unis ont préféré organiser le monde économique autour de leur déficit. Il fait penser au mythe du Minotaure. [...] . Ce monstre, enfermé par Minos dans un labyrinthe construit par Dédale, réclamait de la chair humaine pour s'apaiser, comme les déficits américains réclamaient des excédents pour s'apaiser. Les Athéniens devaient ainsi sacrifier des jeunes gens au Minotaure pour maintenir le système. En tuant le Minotaure, Thésée a déterminé un changement de monde.
Nouveau monde, anciens remèdes
C'est ce qui s'est passé en 2008. Cette organisation du monde a cédé avec la crise de Lehman Brothers. Désormais, l'économie américaine ne peut plus fournir le moteur de cet "aspirateur" et Wall Street n'a plus la capacité à recycler les excédents du reste du monde. La crise n'est alors que l'incapacité du monde à comprendre que ce modèle ne fonctionne plus. En zone euro, Yanis Varoufakis estime que la pensée allemande, centrée sur les excédents, n'est qu'une relique du Minotaure. Tant qu'elle obsèdera la zone euro, celle-ci restera dans la crise.
Propositions pour la zone euro
[…] Yanis Varoufakis défend l'idée d'une solidarité interne qui serait le pendant logique du pacte budgétaire. Ses idées sont évidemment à l'exact opposé de celles de Wolfgang Schäuble et de sa vision morale de l'économie. Yanis Varoufakis défend une vision pragmatique et réaliste. >>
Réaliste... jusqu'à un certain point seulement ? Varoufakis semble miser sur un retour de la croissance européenne : hypothèse qui risque de le laisser à sec.
Il mérite en tout cas d'être encouragé pour cette vaillante proclamation :
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* The Global Minotaur – America, the True Origins of the Financial Crisis (Zed Books 2011-2013, traduit en cinq langues).
17:22 Publié dans Economie- financegestion, Europe | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : europe, économie
Commentaires
TOUS LES GAGES ?
> Vaillant ? L'histoire le dira ...
En attendant, on lira ici - http://www.upr.fr/actualite/europe/les-grecs-vont-maintenant-pouvoir-constater-que-syriza-est-un-parti-leurre - comment M. Tsipras a "au contraire donné tous les gages nécessaires à l’oligarchie euro-atlantiste pour l’assurer du caractère totalement inoffensif de ses slogans".
Une sorte de remake de "l'ennemi c'est la finance" façon François Hollande, qui s'en excusait le lendemain à la City ?
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Écrit par : Olaf / | 28/01/2015
LE PRINCIPAL DÉFI
> Parce que le principal défi pour la Grèce ce n'est pas le "diktat" bruxellois et la pression exercée par ses ses créanciers, c'est le fonctionnement oligarchique et clientéliste de l'Etat, son impuissance structurelle. Ce n'est pas des coupes budgétaires et le discours ultra-nationaliste et xénophobe de la classe politique, qui vont résoudre le problème : il leur faut d'abord assainir l'Etat. L'homme prévoyant bâtit sa maison sur le roc : malheur à celui qui prétend construire sur un terrain sablonneux.
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Écrit par : Blaise / | 28/01/2015
EN FINIR
> Le fait est que concernant le clientélisme, l'oligarchie, l'impuissance, le ridicule de sa classe politique (Papandréou et ses copines) la Grèce est la caricature de l'Italie qui est la caricature de la France qui est une caricature d'Etat.
Ce qu'il faudrait aussi c'est en finir avec la "pipolisation" des hommes politiques, idée créée par Kennedy qui posait avec femme et enfants et qui a été introduite en France par Giscard (qui posait sur ses affiches électorales avec sa fille, présentait ses vœux de nouvel an au coin du feu avec sa femme... grotesque !).
Cette volonté de paraître, de faire peuple, contribue beaucoup à la désagrégation de l'autorité de l'Etat d'autant que chacun sait que ce n'est que de la fausse simplicité soigneusement posée.
N'ayant plus d'autorité naturelle, les gouvernements sont obligés d'être autoritaires.
Ceux qui nous gouvernent n'ayant pas l'amour de la France, c'est-à-dire des Français, ils sont incapables d'éprouver du respect pour la fonction politique.
Ils n'ont pas "la mystique de l'Etat" parce qu'au préalable, ils n'aiment pas la France : comment alors pourraient-ils aimer son service ?
On se lance en politique pour être aimé des Français, pour être populaire et non pas parce qu'on aime les Français et qu'on désire servir.
Cela ne peut donc pas marcher !
Pour redécouvrir la joie du service d'autrui, il faut d'abord aimer autrui. Pour comprendre qu'on doit l'aimer, il faut encore comprendre que nous sommes faits pour former un ensemble.
Mais si l'on ne croit pas à la notion de "patrie" ?
Petite parenthèse puisqu'on parle des Athéniens : la Ligue d'Athènes, formée pour contrer la Perse, aurait dû se dissoudre après l'éloignement du danger. Mais au contraire, elle a été renforcée et Athènes en a fait un instrument de sa domination sur les autres cités grecques.
Comme l'OTAN après l'effondrement du Pacte de Varsovie.
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Écrit par : E Levavasseur / | 28/01/2015
TAKE CARE
> Petit exemple de l'imprégnation culturelle de l'empire américain : dans mon entreprise un panneau a été posé disant de faire attention de ne pas glisser à tel endroit. Comment est-il rédigé ? comme ceci : "portez attention" (= take care). Sic.
Si l'Invincible Armada n'avait pas brûlé, ce serait écrit comme ceci : "oeil"
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Écrit par : E Levavasseur / | 28/01/2015
ÉCONOMIE(S)
> Valéry Giscard d'Estaing 2,5
Sarkozy 2,2
Chirac 1,5
soit 6,2 millions d'euros payés par les contribuables pour assurer à ses individus secrétariat, sécurité...
Dans la plus totale opacité financière LMCU, non pardon, MEL (Métropole Européenne de Lille) dispose d'un stade "Pierre Mauroy" (en souvenir sans doute du fait que la décision prise pour la construction de ce stade a été prise le dernier jour de son mandat et est donc dans les faits illégale) qui a coûté plus de 360 millions d'euros... du moins, c'est le coût que donnent celles et ceux qui défendent ce projet totalement disproportionné.
Dans le même on apprend que :
- après une nouvelle série de coupes dans les subventions de l'État, 9 conservatoires risquent de disparaître dans ma région.
- que l'État va investir massivement 115 millions d'euros sur 12 DOUZE ANS pour sauver (le mot n'est pas trop fort, voir ci-dessous) le château de Fontainebleau.
Vous ne voyez pas le rapport ? Moi si.
Saviez-vous que le château de Fontainebleau est ouvert au public contre l'avis de la CSD !
Dossier de Presse du Ministère de la Culture (www.culturecommunication.gouv.fr) accédé via google en tapant "travaux urgents Fontainebleau" :
"Au terme de quatre années d’études qui ont mobilisé des moyens financiers (2,1 M€) et humains très conséquents, un bilan général a pu être dressé. Il révèle un état de dégradation et de vétusté préoccupant. Les conditions de sécurité incendie, de sûreté et de conservation des collections sont très médiocres et font courir un risque réel à leur préservation. Le château de Fontainebleau est ouvert au public en dépit d’un avis défavorable de la commission départementale de sécurité incendie. Les conditions d’accueil des visiteurs et les services qui leur sont offerts sur le site sont insuffisants et de médiocre qualité : espaces d’accueil réduits et inadaptés aux différents types de public, insuffisance des sanitaires, absence de centre d’interprétation, offre de restauration limitée à sa plus simple expression. Enfin, les conditions de travail des personnels de l’Établissement sont difficiles, ceux-ci ne disposant pas toujours des espaces et des équipements nécessaires au bon accomplissement de leurs missions : vétusté des postes centraux de sécurité, exiguïté de certains espaces, absence de lieux de stockage par exemple."
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Écrit par : Jean-Christophe / | 28/01/2015
@ Eric Levavasseur
> Entièrement d'accord avec toi. Et pour aimer la France, ainsi que ses concitoyens, il faut posséder une certaine éthique personnelle.
Une chose me frappe : les deux premiers présidents de la Vème étaient des hommes intègres, fidèles (il me semble) à leurs épouses. Pour les suivants... ce fut un peu différent (me semble-t-il également ! ). Des réalistes, auxquels ont succédé des cyniques. Et cela, forcément, a eu des conséquences sur le corps social.
ps : j'ai fini avant-hier le "Suicide". De la bombe ! En phase avec l'auteur : des 40 dernières années en France, il n'y a quasiment rien à sauver !
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Écrit par : Feld / | 28/01/2015
MOMENT M4
> ce matin, j'ai écouté, sur RND, quelques minutes de l'interview de Laurent Fourquet, qui parlait notamment de son livre "Le moment M4"
http://radionotredame.net/emission/le-grand-temoin/28-01-2015/
Franchement intéressant (moment M4 = le dernier âge (en date) de l'économie, depuis la "décision Nixon " de 1971 : la seule valeur qu'ont les choses est celle que leur donne le système d'échanges marchands).
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Écrit par : Feld / | 28/01/2015
LE TEMPS
> Seul le temps permettra de savoir qui la nouvelle équipe va tromper. Les électeurs grecs ou les autorités européennes ?
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Écrit par : Pierre Huet / | 29/01/2015
RAISONNEMENTS
> " la seule valeur qu'ont les choses est celle que leur donne le système d'échanges marchands"
Ce raisonnement commercial s'applique aussi aux enfants dans le ventre de leur mère : entrent-ils "dans un projet parental" ?
si oui, ils sont humains ; si non, ce sont des choses.
"le suicide"
> Zemmour a de bonnes remarques mais souvent ne va pas jusqu'au bout.
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Écrit par : E levavasseur / | 29/01/2015
> Cela fait vraiment plaisir de voir enfin, de temps à autre, certain(e)s journalistes faire preuve d'un peu de mémoire :
"Après la victoire de Syriza, Christine Lagarde, la directrice du FMI, a invité les nouveaux dirigeants à tenir les engagements de leurs prédécesseurs. « Il y a des règles internes à la zone euro à respecter. On ne peut pas faire des catégories spéciales pour tel ou tel pays », a-t-elle martelé. On serait tenté d’ironiser, rappelant qu’en matière de « catégories spéciales » Mme Lagarde, qui eut à gérer le fameux arbitrage Tapie alors qu’elle régnait sur Bercy, en connaît un rayon… Passons."
(Jean-Pierre Denis - Editorial pour 'La Vie')
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Écrit par : Emmanuel / | 30/01/2015
> "Joffrin : «Il faut donner une chance aux Grecs» " (libération.fr)
Jo... qui ?
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Écrit par : Marc / | 30/01/2015
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