Examen de conscience

 

à 48 heures de Noël :

J'ai déjà parlé de la montée (chez les "conservateurs") d'une sombre bergogliophobie, inconsistante sur le plan religieux mais symptomatique sur le plan mental. Le phénomène se circonscrit à certains milieux français et à deux milieux à l'étranger : 1. des "vaticanistes" romains, qui règlent des comptes de boutiques obscures ; 2. la droite américaine*, où des catholiques finissent par réagir comme les antipapistes texans.

La bergogliophobie vient en effet de la mentalité "libérale-conservatrice". Cette mentalité se veut "cathophile" parce que conservatrice***, mais elle est révulsée par la pensée socio-économique de l'Eglise. Pourquoi cette réaction se fait-elle sentir aujourd'hui plus qu'hier, où Jean-Paul II et Benoît XVI défendaient des positions semblables à celles de François ? Parce que François s'exprime en langage populaire : les libéraux-conservateurs ne peuvent donc plus nier cette pensée, comme ils le faisaient auparavant.

Ne confondons pas les gens mal intentionnés avec les simples inquiets ! Ces derniers croient simplement ce que racontent les magazines*** et les radios. Alors qu'il leur suffirait d'aller sur le site du Vatican, ou celui des évêques français, pour voir que le pape ne met évidemment pas en cause la doctrine de l'Eglise, et que les changements annoncés n'ont d'autre but que d'évangéliser les foules  qui ne savent plus rien du christianisme... Encourageons les inquiets à s'informer : ça dissipera leurs inquiétudes.

Il y a une troisième zone de malaise, mais très minoritaire : le micro-milieu de ceux qui n'ont jamais accepté Vatican II – que d'ailleurs ils n'ont pas lu. Ceux-là confluent sur Twitter avec les libéraux-conservateurs.

Pourquoi parler de ça, quarante-huit heures avant Noël ? Parce que le discours du pape à la Curie exige notre méditation. Ce qu'il reproche au haut clergé romain, nous pouvons nous le reprocher : à un moindre degré de responsabilités mais sous le même regard de la Trinité. Nous sommes tous guettés par les "maladies" dont François a fait l'énumération. Entre autres, la maladie de "l'orchestre à fausses notes" : si des milieux catholiques de l'Hexagone mettent leurs opinions politico-économiques sur le même plan que le Magistère – voire au dessus –, c'est notre péché collectif ! Même ceux qui ne le commettent pas en sont responsables, parce qu'ils n'ont pas pris les moyens de réveiller ceux qui le commettent – ou parce qu'ils les ont enfermés dans une erreur en tempêtant à l'excès (et ceci vaut pour moi). Que ce soit notre examen de conscience aujourd'hui, avant la lumière de la Nativité qui chasse nos ténèbres.

  

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* Celle qui a qualifié de « 100 % communiste » l'exhortation apostolique Evangelii gaudium.

** "Défendons toutes les valeurs" ("agressées par la gauche") : le free-market, les racines chrétiennes, etc.

*** lls devraient s'en garder. Le métier des magazines en matière religieuse est d'inquiéter à partir d'éléments gonflés, biaisés ou carrément faux. Pourquoi ? Parce qu'inquiéter fait vendre...

(Il y a aussi le facteur ignorance. L'Express.fr vient de nous en donner un bel exemple : cf la dernière partie de notre note du 21/12 sur le pape).