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23/11/2014

Le Christ, roi de l'univers : pourquoi, comment ?

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« Tu le dis toi-même : je suis roi ! Si je suis né et si je suis venu dans ce monde, c'est pour rendre témoignage à la vérité. Celui qui appartient à la vérité écoute ce que je dis... » (Jean 18,37) :  


 

 

 

Le Nazaréen emploie le mot « roi », parce que Pilate l'a prononcé et qu'Il veut lui répondre. Mais il n'est pas roi au sens où l'entendent Pilate et les chefs judéens. Ceux-là par incompréhension de la Révélation en Jésus-Christ, et toutes les générations humaines ensuite à cause du péché d'origine, n'imaginent une royauté que politique au pire sens du terme : privilégier ses sujets et enchaîner ses ennemis.*

 

Or l'enchaîné, ici, c'est le roi. Il est en face de Pilate. Il lui répond « tu le dis » : c'est évasif... On sent sa réserve face au contresens inévitable. On sentait déjà la réserve de YHWH quand Israël réclamait un roi pour imiter le monde d'alentour : « C'est moi qu'ils rejettent, ils ne veulent pas que je règne sur eux » (1Samuel 8.7)... « Vous m'avez dit : 'non, c'est un roi qui doit régner sur nous' – alors que votre roi, c'est le Seigneur votre Dieu... » (ib., 12.12).

 

Le royaume de Dieu, ou plus littéralement son « règne » (basileïa dans le texte évangélique), est absolument autre chose qu'un royaume séculier. Il en diffère par sa nature, son origine, son mode de fonctionnement.

 

Ce « règne » est devenu présent parmi nous lorsque le Christ s'est incarné. Le « règne » est présent en la personne du Christ : à sa personne ressuscitée (ayant vaincu les puissances démoniaques pour éclairer les égarés terrestres), les hommes adhèreront par la foi et le baptême. Le Christ récapitulera tout en Lui, dit saint Paul. D'où le titre de « roi de l'univers », qui Lui est dû aussi puisqu'en Lui tout fut créé : « par lui tout a été fait », déclare le Symbole de Nicée-Constantinople. Le Christ est donc l'Alpha et l'Oméga, le Commencement et la Fin.

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 Le règne du Christ prépare le Règne eschatologique du Père à la fin des temps. Il germe ici et maintenant. Si nous voulons « appartenir à la vérité », c'est à charge, pour nous, d'écouter et de réaliser ce qu'Il nous dit dans l'évangile de cette fête du Christ « roi de l'univers » : Matthieu 25.31-46.

 

« Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siègera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » Alors les justes lui répondront : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? » Et le Roi leur répondra : « Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Alors il dira à ceux qui seront à gauche : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. » Alors ils répondront, eux aussi : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ? » Il leur répondra : « Amen, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. » Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »  

 

Pas question d'épopées, de parades identitaires ni de glorieux meetings... C'est clair, simple  et redoutable : le Christ nous commande un dévouement concret immédiat. Du caritatif, du « social ». Et même pas au nom de la foi, puisque, selon Jésus lui-même, ni les élus ni les damnés n'ont eu conscience que c'était à Lui qu'ils faisaient du bien (ou n'en faisaient pas)...

 

 Commentaire de Parole et Prière pour la fête du Christ Roi :    

« Il existe à coup sûr un paradoxe : la victoire du Christ sur la mort et le péché, et les représentations que nous en faisons dans le concret de notre vie. Les apôtres voulaient un messie fort et puissant à la manière des princes humains ; c'est un messie humilié qui est venu. Nous sommes d'accord pour dire que le Christ est vainqueur de la mort et du péché, et nous voudrions qu'il en finisse ici-bas avec le combat spirituel : celui de la présence insoutenable du péché en nous, de la domination des uns sur les autres, et finalement des règnes humains. Et nous disons : « Seigneur, viens mettre fin à tout cela, étends ton règne, manifeste ta puissance ! » Eh bien, le plus surprenant c'est qu'Il le fait. Il l'a fait une fois pour toutes par sa croix. Il le fait en chacun de nous par l'humilité, par l'abaissement, par l'acceptation de nos limites, par le don de nous-même, par le service, par l'abnégation. Puisse cette fête du Christ faire grandir en nous la foi dans la puissance transformante du Christ serviteur, par la puissance de sa grâce. » 

 

 

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* Ce fut ensuite le rêve de ceux qui déguisaient en christianisme leur soif de pouvoir. Viva Cristo Rey avait été le cri très légitime des chrétiens persécutés au Mexique. Ce cri fut usurpé par Franco. À son défilé de la victoire, le 28 mars 1939, la tribune était orné d'un gigantesque « victor », graffiti traditionnel des étudiants de Salamanque au XVIIe siècle, transformé par les franquistes en acronyme de Viva Cristo Rey. La garde musulmane de Franco était déployée au pied de ce symbole. Les hitlériens de la légion Condor défilèrent devant. 

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Le "victor" ("du Christ-Roi") sur la tribune. Au pied : "los Moros de Franco".

Ci-dessous : le graffiti traditionnel des étudiants de Salamanque.

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Commentaires

LA LEÇON DE L'EVANGILE

> La leçon de cet évangile m'a toujours troublé. C'est le contraire de notre instinct qui est l'auto-affirmation, la "grande gueule", la "parade" comme dit PP ici. Instinct qui contamine même le christianisme au cours de l'Histoire. D'où la grande repentance jubilaire de JP II, qui a tellement énervé certains ! Leur propre énervement face à une repentance évangélique devrait les mettre mal à l'aise devant cet évangile.
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Écrit par : philippe-gilles / | 23/11/2014

URGENCE

> « Chaque fois que l’avez fait… chaque fois que vous ne l’avez pas fait… ». La leçon est rude. Sans doute faut-il comprendre ce « chaque fois », comme l’urgence où nous sommes – où le Christ nous appelle –, d’une véritable conversion.
Et qui donc, selon cette Parole du Christ, pour nous enseigner très concrètement cette urgence : l’affamé, l’assoiffé, le démuni, l’étranger, le prisonnier, le malade, tous ceux qui reçoivent comme une écharde, dans leur chair et leur esprit, cette grâce d’ouvrir leur cœur au Christ et au prochain, dans l’état de faiblesse qui est le leur. Du fait de leur vie au jour le jour. De ce jour de plus qu’il leur faut passer, vivre, goûter, donner et partager dans un état de souffrance, de peine, d’humiliation, dans l’acceptation de leurs limites. Un jour, une croix… notre condition humaine ? Puissions-nous accueillir la grâce de la rencontre avec ces « petits », ou devenir l’un d’entre eux !
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Écrit par : Denis / | 23/11/2014

TOUT L'UNIVERS

>i la royauté du Christ n'est certes pas de ce monde, tout l'Univers sera soumis au Christ à la fin des temps. Dieu est Maître des temps et de l'histoire, l'Église l'a toujours compris ainsi.
Certes le Christ est humble et prend patience avec nous : nul besoin pour lui d'écraser l'autre par son pouvoir, afin de se rassurer ou de se prouver quelque chose. Mais tout lui sera soumis, tout sera mis sous ses pieds, et c'est aussi notre consolation : Dieu n'est pas un impuissant qui ne pourrait que se morfondre devant le mal. Dieu détruira le mal, sauvera ses élus et rejettera les damnés, voilà l'enseignement irréfutable de la Bible et de l'Église. Ca a déjà commencé, c'est encore en germe, et ce n'est qu'à la Fin de Temps que nous verrons l'accomplissement du Règne de Dieu.
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Écrit par : Xavier / | 24/11/2014

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