Ces étranges "vaticanistes" que révulse l'impact du pape

 et qui refusent que les temps changent

La cover qui a exaspéré un microcosme...

 

Une dépêche nous informe que le pape François est sous le feu des critiques de journalistes "vaticanistes" : 

 

Mais que sont donc les « vaticanistes » ? « Des journalistes spécialisés dans la couverture des événements internes du Vatican, de la curie romaine, du pape et des évêques de l'Eglise catholique », affirme Wikipedia, qui ajoute : « plusieurs journaux français d'envergure nationale ont un vaticaniste ». Et précise : « le lieu de résidence privilégié d'un vaticaniste a toujours été la ville de Rome. »

L'expression « lieu de résidence privilégié » est un euphémisme. Il serait plus exact de dire que la profession de vaticaniste est un pittoresque petit métier romain  distendu aux dimensions de la médiasphère,  car « l'évolution des communications signifie que de nombreux vaticanistes peuvent ouvrir un blog pour transmettre leurs informations de façon virtuelle. » (ib.)

Encore faut-il qu'information il y ait ! Souvent c'est de la désinformation*... Quand on a la tête en forme de marteau, on voit tous les sujets sous forme de clous : le pittoresque de plusieurs vaticanistes tient à leur  art de réduire la vie ecclésiale aux intrigues de couloirs (ce qui revient à zapper l'essentiel), et de tirer l'actualité dans le sens de leurs opinions personnelles. Ces vaticanistes-là circonviennent le lecteur en abusant de leur rente de situation, qui fonctionne comme un argument d'autorité.

Prenons une dépêche d'hier. Elle nous montre « un groupe de vaticanistes critiques » tenant « conseil » dans la Salle de presse du Vatican. Au nom de quoi ces journalistes-là peuvent-ils se poser en « critiques », c'est-à-dire opposer des cartons rouges au pape ? Aucun d'eux ne répondra à cette question, parce qu'ils se trouvent, envers certains cercles du Vatican, dans une position aussi ambiguë  que Lhomme-et-Davet envers certains bureaux de l'Elysée. Après la mort de Paul VI, plusieurs vaticanistes eurent une telle aversion envers Jean-Paul II qu'on les surnomma « les veuves Montini ». Aujourd'hui c'est l'inverse : traumatisés par la démission du pape Ratzinger, d'autres vaticanistes sont allergiques au pape Bergoglio. Ils font tout pour lui savonner la planche auprès du public. Le malheur pour eux est que Benoît ne dit strictement rien qui puisse être interprété comme une critique de François (au contraire) ! Difficile dans ces conditions de jouer les « veuves », non seulement d'un pape qui n'est pas mort, mais d'un pape émérite qui se tait et ne laisse personne parler en son nom.

Autre malheur pour les « vaticanistes critiques » : François bénéficie de l'affection générale, y compris chez les Français.**

N'empêche ! Les marchands d'infos ont pour job de jouer sur les angoisses du public : leur intérêt est de fabriquer tous les matins de nouvelles raisons de s'angoisser... Marchands d'infos très particulières, les « vaticanistes critiques » comptabilisent tout ce qui, dans les paroles et gestes du pape François, est censé menacer l'image que les bons messieurs et les bonnes dames sont censés se faire de l'Eglise et de sa rectitude doctrinale.  

Ce que les journalistes « vaticanistes critiques » n'avouent pas au profane, c'est en fonction de quels critères ils tentent de jeter le discrédit sur le pape.

Les mêmes journalistes, lors des stériles pourparlers du Vatican avec Ecône, annonçaient tous les jours que Benoît XVI allait capituler devant la fière intransigeance lefebvriste.  À lire leurs papiers, on devinait où allaient leurs sympathies : à un schisme passéiste, étranger à la mission catholique au XXIe siècle.  On devine la même chose en voyant l'accueil  empressé qu'ils font à des livres contre Vatican II : ouvrages rédigés sur un ton académique et publiés à Rome, mais qui recyclent la propagande d'officines brésiliennes délirantes.

Ce rejet de l'Eglise réelle, cette apologie d'une Eglise fantasmée, expriment une attitude étrange de la part d'hommes de presse.

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* Bien entendu il y a (ou plutôt il y eut) de remarquables exceptions. Je garde par exemple une admiration émue à feu Joseph Vandrisse.

** Sauf à l'extrême droite et chez les néolibéraux.