Tunis hue BHL

... et devrait huer Sarkozy : 

 

 

Scène de genre le 31 octobre à l'aéroport de Tunis : prévenus par tweets de son arrivée, plusieurs dizaines de manifestants rassemblés dans le hall ont bloqué BHL en lui criant  : « dégage ! » Les agents de sécurité l'ont alors exfiltré par une sortie de secours. Au micro de Shems FM, radio tunisienne, l'avocat Abdelaziz Essid a ensuite déclaré que BHL représentait « un danger pour la sécurité nationale » et qu’il était « urgent de connaître les raisons de sa venue et la partie qui l’a invité » ; selon Essid, BHL serait connu pour « ses positions contre les intérêts des peuples arabes, son engagement farouche ayant convaincu le président français Sarkozy d’entrer en guerre contre la Libye, et ses écrits sur les réseaux sociaux dans lesquelles il menaçait clairement de faire éclater la guerre en Algérie. »

De retour à Paris, BHL a donné sa propre version de l'affaire : c'était à la fois (a-t-il dit de façon légèrement contradictoire) « pas grand-chose » et... « un vent de haine et de folie » levé par des « fanatiques drogués à l'antisémitisme le plus enragé ». La seconde évaluation paraît démentir la première. D'autant que la venue de BHL à Tunis semble avoir exaspéré les gens les plus divers : les uns le traitent de « sioniste », mais les autres l'accusent d'être venu rencontrer les islamistes, et la plupart lui reprochent d'avoir « détruit la Libye ».

Sur le site de L'Express, Gilles Hertzog, aède de BHL dont il célébrait le « corps dandy » après le récital au théâtre d'Odessa, résume l'incident de Tunis : ce fut un « tsunami de bêtise sans précédent », mais (écrit-il en pur champignac) « on sait que la démocratie et la liberté d'expression font, au sortir de la nuit des tyrannies, ressortir tout un refoulé, une boue mal éteinte ». Comment éteint-on la boue, Gilles ?

Tout ça manque de sérieux. Si les Tunisiens veulent s'en prendre au véritable ravageur de la Libye, ce n'est pas BHL : c'est Sarkozy.

 

PS – Je recommande la page 24 du dernier Magazine du 'Monde', intitulée Les flops de BHL : « L'arrêt prématuré de sa pièce Hôtel Europe, faute de spectateurs, le démontre : on peut être un as de la promo et multiplier les échecs. A cet égard, Bernard-Henri Lévy affiche une constance rare, à l'écran comme à l'écrit... » Et de rappeler cruellement : 1. en 1997, Le Jour et la Nuit de BHL-Dombasle : film le moins vu de l'année (et « le plus con » selon Claude Chabrol) ; 2. en 2008, la promo « démente » mais l'échec en librairie du pseudo-affrontement BHL-Houellebecq, tiré à 150 000 par Flammarion+Grasset ; 3. en 2010, le flop ridicule d'un livre dans lequel BHL prenait « Botul » pour un véritable écrivain alors qu'il s'agissait d'un canular de l'agrégé de philo Pagès ; 4. en 2012, l'effondrement du film Le serment de Tobrouk (2420 entrées en France) en dépit de son lancement au festival de Cannes ; 5. en 2014, le bide à Paris de la pièce Hôtel Europe : malgré un emphatique lancement à Sarajevo et Venise, elle n'a pas tenu deux mois. Noter que l'article le plus dur contre cette pièce de BHL (« membre du conseil de surveillance du 'Monde' ») était paru dans... Le Monde,  deux jours après la générale du 11 septembre. La chroniqueuse Fabienne Darge s'y demandait « comment la surface médiatique de certains personnages de notre petite comédie intellectuelle française peut être à ce point inversement proportionnelle à leur talent »... Selon la journaliste, cette pièce se résumait en anecdotes « dénuées de sens », « considérations d'une banalité confondante », « pauvreté de l'écriture », « simplisme dénonciateur », et (chez le spectateur) « malaise devant la façon dont BHL met en scène son personnage... »  Conclusion : « Qu'il nous soit permis de trouver cela obscène, en plus d'être boursouflé. » La page du Magazine du 'Monde' de ce week-end comporte, elle aussi, la mention : « Bernard-Henri Lévy est membre du conseil de surveillance du 'Monde'. »