23/09/2014
Une lettre ouverte de dix députés socialistes "pour que la France porte à haut niveau le débat sur la GPA"
Dire non à la GPA n'est pas une attitude "réactionnaire" ! Texte intégral de la lettre ouverte des députés socialistes :
<< Le débat sur la Gestation pour Autrui est désormais sur la place publique après la décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) du 26 juin dernier, qui enjoint à la France de donner un statut légal aux enfants nés par GPA à l’étranger.
Nous, députés socialistes, demandons que la France porte le débat devant la Grande Chambre de la CEDH, comme le permet l’article 43-1 de la Convention. Le délai expire le 26 septembre.
La GPA pointe une question humaniste, celle de l’utilisation du corps d’autrui au bénéfice d’un tiers, en dehors du risque mortel qui légitime les greffes de vif à vif.
La décision de la CEDH ouvre une autre question, celle de l’irruption d’un droit étranger dans notre droit national, au nom de leur “droit à une identité”.
Notre droit actuel ne suffit donc plus pour traiter de la situation juridique des enfants déjà nés ou à naître par GPA dans des foyers français. Il faut donc trouver une solution pour ceux qui sont déjà nés.
Mais pour l’avenir ? Devons-nous accepter que se construise ainsi, au fil de l’eau, une jurisprudence “cheval de Troie” qui, partant de bonnes intentions à l’égard des enfants nés par GPA à l’étranger, aboutirait de facto à légitimer un marché des mères porteuses, puis à légiférer en France ?
Si la maternité est un “état de nature”, rappelons tout de même qu’elle n’est pas sans risque pour la santé, physique et/ou psychologique de la femme. Pendant la grossesse, l’accouchement, les suites de couche, voire même à vie (ou à mort). Car, si certaines femmes enfantent sans difficulté ni séquelles, ce n’est pas le cas général, sinon pourquoi entourer médicalement la future mère et la nouvelle accouchée ? Pour préserver l’enfant ? Ou pour préserver aussi la mère ?
L’irruption de la GPA dans le débat national par le biais du statut juridique de l’enfant déjà né provoque, de fait, l’occultation de la mère porteuse, qui devient une sorte de “dame-jeanne” à accompagner afin qu’elle produise un enfant en toute sécurité. Sauf que la nature est imprévisible et que les conséquences biologiques, concrètes, de l’enfantement, - à long terme (prise de poids, maladie hormono-dépendante, “éventration”, stérilité post partum, etc.) ou à court terme (épuisement, abcès, et autres désagréments inopportuns)- sont supportées par la mère porteuse et elle seule.
Doit-on les ignorer une fois l’enfant né, la famille d’accueil comblée et la porteuse payée ? Une sorte de “pretium doloris” négocié à l’avance y pourvoirait ?
Enfin, que deviendra un enfant né par GPA s’il ne convient plus aux “parents sociaux”, comme les médias viennent de le rapporter, où des commanditaires australiens ont refusé un bébé porté par une jeune Thaïlandaise parce qu’il était handicapé ? Qui en aura la charge affective, financière, quotidienne, à vie ?
Sur un tout autre plan, devons-nous accepter que des pratiques étrangères (USA, Inde, Canada, etc) s’imposent à nous par l’élégante entremise d’une institution internationale (la CEDH) qui nous demande de statuer en droit pour des enfants nés par GPA à l’étranger, mais laisse pendante la question biologique, psychologique et éthique, celle des mères ?
Devrions-nous accepter sans rien faire un tel « Patriot Act » de l’intimité ?
En France, d’ores et déjà, des dispositifs permettent la prise en charge d’enfants dont la reconnaissance juridique n’est pas simple ou dont l’accompagnement parental n’est pas suffisant (accouchement sous X, adoption, mise sous tutelle, etc), dans le respect de l’intérêt de chacun. Il est donc possible de travailler à adapter à la marge notre droit aux évolutions de la société et de la science, mais nous pensons qu’il faut préserver la philosophie de notre droit, qui interdit explicitement la GPA, pour que nulle ingérence ne s’y niche subrepticement.
Nous, législateurs, sommes prêts à préparer une proposition de loi en ce sens, pour que la France ne soit pas emportée par une jurisprudence de l’air du temps. Pourquoi en effet faudrait-il accepter si facilement que, la science aidant, notre société rabaisse les femmes à un rôle de génitrice, de marchandise, comme si le travail d’émancipation conduit de longue date dans et par nos sociétés démocratiques n’avait pas eu lieu ? Comme si avoir un enfant était un droit...
Nous, députés socialistes, demandons que la France fasse appel de cette décision de la CEDH et se mobilise pour combattre toute forme de marchandisation du corps humain.
Les député-e-s socialistes
Anne-Yvonne Le Dain, députée de l’Hérault
Jean-Yves Le Déaut, députée de Meurthe-et-Moselle
Emilienne Poumirol, députée de la Haute-Garonne
Jean-Louis Gagnaire, député de la Loire
François Loncle, député de l’Eure
Bernadette Laclais, députée de Savoie
Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle
Marcel Rogemont, député de l’Ille-et-Vilaine
Gilles Savary, député de Gironde
Sandrine Hurel, députée de Seine-Maritime >>
12:24 Publié dans Europe, Idées, Social, Société | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : gpa, politique
Commentaires
USINE
> Dire oui à la GPA est une attitude réactionnaire!
La Thaïlande est en train de devenir une usine à bébés. Profitant des vides juridiques, tout un système fort lucratif de complicités mafieuses, s'est engouffré dans la brèche...
https://www.youtube.com/watch?v=17NHBFrB7H8
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Écrit par : Serge Lellouche / | 23/09/2014
DISCRIMINATION ENTRE HOMOSEXUALITÉS
> Le refus de la GPA crée une discrimination entre les homosexuels féminins et masculins.
Réserver les banques de spermes aux seuls hétéros crée une discrimination entre hétéros et homos.
Peut-on donc dissocier cette question de celle des banques de sperme (qu'il y ait don ou vente) ?
(et donc alors idem pour les ovocytes) !
On tente de résoudre des problèmes par la technique sans s'interroger de toutes les conséquences potentielles et ensuite on "découvre" les problème sociologiques créés par cette réponse. Il a été plus facile d'apporter une réponse technique qu'une réponse psychologique, mais à force de "monter les barreaux de l'échelle" sans réfléchir aux vraies questions induites, il arrive un moment où s'arrêter ou faire demi-tour devient problématique. (D'autant plus que les réponses techniques sont plus génératrices d'augmentation de PIB que celles psychologiques. La mesure de PIB est-elle un bon choix , c'est encore un autre débat).
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Écrit par : franz / | 23/09/2014
5 OCTOBRE
> Parfaitement, "Dire oui à la GPA est une attitude réactionnaire!".
Tous unis contre la GPA, le 5 octobre !
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Écrit par : Pierronne la Bretonne / | 23/09/2014
ENGRENAGE
> Ces députés ont raison, ils sont courageux, mais bien candides.
"devons-nous accepter que des pratiques étrangères (USA, Inde, Canada, etc) s’imposent à nous par l’élégante entremise d’une institution internationale (la CEDH)"
Oui, bien sûr.
Si les mots ont un sens, une cour internationale, c'est fait pour créer et appliquer des principes de droit qui s'imposent aux législations nationales. Les institution supranationales sont des engrenages dans lesquelles on ne sait pas ou mettre le doigt vous emmène.
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Écrit par : Pierre Huet / | 23/09/2014
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